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324. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Si l’on ne voit pas dans les autres Cours, des troupes d’Acteurs d’Opéra-Bouffon, comme dans l’Empire, la difficulté d’en trouver de passables en est la seule cause. […] Je conseille aux Acteurs de ce Spectacle charmant de le faire écrire, en grosse lettres d’or, sur le rideau de leur avant scène. […] On est si accoutumé à voir la Scène-moderne remplie de savetiers, d’une troupe de manans, de misérables laboureurs, qu’on ne peut s’empêcher de s’écrier, lorsqu’il paraît un Poème à ce Théâtre dans lequel on fait agir des Acteurs d’une condition un peu distinguée ; nous serons donc enfin dans la compagnie d’honnêtes gens !

325. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

La manière qui consiste dans les termes, et les actions avec lesquelles les Acteurs expriment les pensées et les desseins convenables aux personnages qu’ils font. […] Qui peut douter que ce monstre ne les anime de sa présence et de son esprit dans ces actions scandaleuses, où il peut faire encore ce qu’il a fait autrefois, tournant dans les Comédies la Religion Chrétienne en ridiculeBaronius en ses Notes sur le martyrol. au 14 Avril [Baronius, Martyrologium romanum, Rome, 1586, p. 166] [Baronius, à propos de l’acteur Ardalion, affirme que les païens représentaient sur le théâtre les actes des chrétiens pour s’en moquer. […] Apolog. 28 [Tertullien, Apologétique, chap. 28] Baronius en ses Notes sur le martyrol. au 14 Avril [Baronius, Martyrologium romanum, Rome, 1586, p. 166] [Baronius, à propos de l’acteur Ardalion, affirme que les païens représentaient sur le théâtre les actes des chrétiens pour s’en moquer.

326. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Elle fait encore un effet plus malin sur le cœur que sur l’esprit, car si elle gâte ce dernier, elle corrompt l’autre en y excitant les passions et les remuant avec d’autant plus de promptitude et de vivacité, qu’elle y trouve de correspondance, c’est là son but et sa fin principale, c’est ce qui lui attire les applaudissements des spectateurs, la plupart acteurs secrets dans la pièce ; autrement ils s’ennuient, ils languissent, ils s’endorment, et comme dans la lecture ou le chant des Psaumes, on entre dans tous les mouvements et les saintes passions du chantre sacré, qu’on prie avec lui, qu’on gémit, qu’on se réjouit, qu’on passe de l’espérance à la crainte, de la tristesse à la joie, des plaintes aux remerciements, de la frayeur à l’assurance, du trouble à la paix, ici on entre encore plus naturellement dans les divers mouvements des acteurs introduits sur la Scène, le lecteur ou le spectateur est transporté hors de lui-même, tantôt il se sent le cœur plein d’un feu martial, et s’imagine combattre, tantôt agité de mouvements plus doux, il est amoureux, il estime, il craint, il désire, il n’y a point de passion dont il ne sente les atteintes et les émotions. […] Otez les auditeurs, vous ôterez les acteurs, c’est pour vous, dit saint Chrysostome, qu’un Chrétien se fait bouffon, et renonce par là à la dignité du nom qu’il porte, vous ne faites aucun scrupule de contribuer à faire vivre dans l’abondance, et même dans le luxe des gens qu’il faudrait laisser mourir de faim et qu’on devrait lapider, voudriez-vous que vos enfants ou quelqu’un de votre famille exerçât un art si honteux, ne les désavouerez-vous pas aussitôt ?

327. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

Nous avons considéré, sous le point de vue politique et celui de la législation, le délit que commet un prêtre, qui anathématise la profession de comédien, qui en exige l’abjuration, et qui, lorsqu’un acteur vient à mourir subitement, lui refuse les prières à l’église et la sépulture en terre sainte. […] Le prêtre qui refuse les prières de l’église et la sépulture à un acteur, pour le seul fait de sa profession, commet un véritable délit envers les lois civiles et ecclésiastiques, c’est ce que nous avons déjà prouvé dans le chapitre précédent, en parlant de MM les procureurs du roi, dont le devoir est de s’opposer à de pareils abus. […] Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les acteurs, de l’anathème qui résulte de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de la création des comédiens du troisième âge, les prêtres ont rempli des rôles, dans les mystères que ces mêmes comédiens représentaient.

328. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

On y voit le mouvement de la charité chrétienne, qui oblige cet illustre Saint à exposer sa vie pour la défense de la pureté de cette Sainte, tellement obscurci par la passion feinte, que l’auteur met dans ses paroles et dans celles de la Sainte, qu’on ne sait non plus que les Acteurs qu’il introduit sur le Théâtre. […] , il n’y a rien de Dieu, et dans un temps où tous ses sens sont occupés à se repaître du vain plaisir qui se présente à eux, et où ses pensées sont appliquées aux gestes, aux paroles, et aux mouvements des Acteurs ? […] De sorte que l’on peut dire que chacun en sa manière y joue son personnage, et que bien souvent les Acteurs ne font que représenter ce qui se passe secrètement entre les personnes qui les regardent.

329. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

Femme, Rivale, Actrice, on devine aisément  Si sa colère fut modeste.

330. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

majesté ayant estimé à propos de réunir les deux Troupes des Comédiens établis à l’Hôtel de Bourgogne et dans la rue de Guenegault à Paris, pour n’en faire à l’avenir qu’une seule, afin de rendre à l’avenir les représentations des Comédies plus parfaites, par le moyen des Acteurs et Actrices auxquels elle a donné place dans ladite Troupe : Sa Majesté a ordonné et ordonne, qu’à l’avenir lesdites deux Troupes de Comédiens Français seront réunies pour ne faire qu’une seule et même Troupe, et sera composée des Acteurs et Actrices dont la liste sera arrêtée par Sadite Majesté ; et pour leur donner moyen de se perfectionner de plus en plus, Sadite Majesté veut que ladite seule Troupe puisse représenter les Comédies dans Paris ; faisant défenses à tous autres Comédiens Français de s’établir dans ladite Ville et Faubourgs, sans ordre exprès de Sa Majesté.

331. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Je ne puis soutenir, par exemple, que Néron se cache pour entendre la conversation de son rival : il n’y a rien de plus trivial, ni de moins convenable à un grand sujet ; je le répète encore, tout ce que Junie fait et tout ce qu’elle dit, pourrait être dit et fait par les Acteurs intéressés dans l’action : Britannicus en ferait confidence à Narcisse, et celui-ci le rapporterait à Néron ; ainsi la Pièce ne perdrait rien du côté de l’intérêt. […] Il est aisé par là de reconnaître que plusieurs des Tragédies modernes sont mal nommées, et que d’autres le sont exactement : par exemple, dans Héraclius, c’est ce Prince sur qui tombe la catastrophe, quoique ce soit Phocas qui meure ; parce que l’action et tout le mouvement des Acteurs n’ont pour objet que la reconnaissance du fils de Maurice, et non pas la punition et la mort de Phocas, sur lequel cependant on dit abusivement que la catastrophe tombe. […] D’un autre côté, si les Tragédies (comme quelques Modernes le prétendent) devaient toujours être nommées du nom de l’Acteur qui y meurt, nous serions bien embarrassés comment nommer la Tragédie qui s’appelle Médée ; serait-ce Créuse, Créon, les Enfants, Jason même ? […] Peut-être ai-je eu tort de l’avoir tant estimée ; et, en effet, il n’est pas impossible que les traits surprenants et les coups de Théâtre, fréquents dans cette Pièce, m’aient fait illusion ; puisque les Acteurs ne courent pas moins le risque d’être séduits, que les Spectateurs.

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