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7. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

L es partisans du Comédien, pour lui accorder une considération qui ne lui est pas dûe, se fondent sur l’esprit de discussion & d’analyse qu’ils prétendent lui être nécessaires ; sur l’intelligence qui doit lui découvrir tous les rapports de son rôle, ceux des autres rôles avec celui-là, & ceux de tous ces rôles avec l’objet principal du Poëme ; sur les finesses de son art, sur les coups de théatre que le Comédien tir de son propre fond, sur la grandeur d’ame, & les entrailles essentielles à l’Acteur tragique ; sur la déclamation & les bienséances scrupuleuses qu’ils ont seuls introduites au Théatre, & sur la profonde connoissance qu’ils en ont. […] Mais il ne lui faut pour cela que la portion d’intelligence accordée au commun des hommes. […] Accordons, si l’on veut, que la représentattion découvre au Poëte une perfection d’harmonie qui avoit pu lui échapper.

8. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

On paie mal une partie des sujets nécessaires ; on les abandonne à la dépravation de leurs mœurs ; on la protège même en quelque sorte, pour les dédommager du peu de salaire qu’on accorde à leurs talents. […] S’ils ont quitté les farces indécentes pour des Poèmes dictés par la raison et la sagesse, on doit donc les traiter en honnêtes gens et leur rendre les privilèges qu’on accorde dans la société à tous les bons citoyens. […] On porta trop loin l’estime qu’on leur accordait : on réforma cet abus par un Edit. […] J’ai partagé avec nombre de mes Confrères les témoignages glorieux de l’estime, et de la bienveillance de graves Magistrats, d’illustres Militaires, de Princes, de Princesses qui font profession de ne les accorder qu’à des gens dont les mœurs sont pures et la conduite irréprochable. […] La distinction accordée aux Atellanes, prouve toujours que les lois ne s’élevaient pas contre les spectacles comme mauvais en eux-mêmes, ni contre des Acteurs honnêtes gens, et des Pièces où les mœurs étaient respectées.

9. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Elles sont naturellement bienfaisantes ; cependant elles n’accordent pas le don des richesses à ceux qu’elles aiment, elles les gardent pour elles. » Point d’Actrice qui ne travaille de toutes ses forces à confirmer cette idée ; les registres de la police sont chargés de leurs exploits ; la Salpetrière, les Madelonnettes, le Refuge, sont peuplés de ces héroïnes ; dans tous les quartiers où elles habitent, les voisins chantent leurs louanges. […] Les Empereurs Chrétiens commencèrent d’abord par accorder cette liberté à quelques particuliers, comme une récompense ; enfin ils en firent une loi générale. […] La première grâce fut accordée aux Actrices qui dans une maladie mortelle avaient reçu le baptême ou les derniers sacrements, et en étaient revenues ; mais comme on ne doit pas se fier à leurs paroles, il faut avant que de leur accorder aucun sacrement, examiner avec soin si véritablement repentantes, elles agissent dans des vues de religion, que le Juge des lieux y envoie un Commissaire ; et si elles donnent de bonnes preuves de leur sincérité, qu’on les leur accorde, pourvu que l’Evêque le juge à propos : « Ante omnia diligenti observatione, an pro salute animæ poscant, Judices Inspectoribus missis sedulo observent si tamen antistites probaverint. » (L. […] Ainsi à Venise, à Naples, à Rome, les femmes publiques ne peuvent qu’après un certain temps de service se retirer avec pension : trop heureuses qu’on la leur accorde par charité pour le reste de leurs jours ; ou sans métier et sans grâces, elles seraient sans ressource, et mourraient de faim. […] Il ne l’aurait pas dû, puisque la bonté ou la malice morale des actions humaines est uniquement du ressort de la conscience ; il se serait borné à accorder la tolérance, pour éviter un plus grand mal, jamais à en attester l’innocence, qui n’était point de son ressort.

10. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES MATIERES. » pp. 229-258

Page 29 Les prêtres s’efforcent de persuader aux hommes et aux gouvernements peu éclairés, que l’ignorance est le partage nécessaire du peuple, qu’il est dangereux pour l’Etat et pour la religion de lui accorder une instruction approfondie. […] Page 62 Réflexions sur la protection impuissante accordée à l’Espagne. […] De la protection spéciale, sanctionnée par le Pape, accordée aux comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle et par l’autorité temporelle. […] Page 135 La sépulture est refusée à Molière par le curé de Saint-Eustache, et lui est accordée par le curé de Saint-Joseph. […] Page 170 Réflexions sur l’obéissance que les prêtres accorderont toujours de préférence aux souverains pontifes.

11. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

 » Et quoiqu’il n’ait pas coutume de parler à son désavantage, il avoue que les Spectacles faisaient de si grands changements dans son cœur, qu’il en retournait non seulement plus avare, plus ambitieux, plus amateur des plaisirs et du luxe : mais encore plus cruel et moins homme ; parce, dit-il, que j’ai été avec des hommes ; « Avarior redeo, ambitiosior, luxuriosior, imo vero crudelior et inhumanior, quia inter homines fui. » Que l’on prouve si on le veut, que les Comédies qui se jouent aujourd’hui ne peuvent causer que des passions innocentes, et des sentiments raisonnables, qu’on en conclue qu’il n’y a aucun danger, que ceux qui les représentent, nous communiquent les mouvements qu’ils expriment ; cela ne s’accorde point du tout avec l’expérience ; et s’il était ainsi, les gens du siècle pour qui elles sont faites, ne s’y divertiraient nullement. […] Accordons à la coutume qu’on peut aimer les divertissements et les rechercher ; mais aussi ne saurait-on dénier que les plaisirs criminels ou dangereux, tels qu’on a prouvé qu’est celui de la Comédie, ne soient défendus.

12. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Le Souverain doit avoir plus de soin d’accorder ses intérêts avec son devoir, et ses passions avec sa raison, que sa voix avec son Luth. […] Si bien qu’il y avait de la Politique dans son harmonie, et pendant qu’il accordait son Luth avec sa voix, il songeait à réunir les esprits de ses Sujets, et à mettre une parfaite tranquillité dans son Etat.

13. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Réformons les abus, rien n’est plus facile, je le répète, et gardons nous de rejetter un moyen que la Providence nous accorde de rendre la vertu précieuse, aimable et facile à pratiquer. […] Comme dans notre société on me faisait l’honneur de m’accorder quelque préférence pour le talent, on me chargeait communément des rôles les plus difficiles dans quelque genre qu’ils fussent, jusqu’à ce que Mr. le Kain vint prouver à la societé qu’on pouvait mieux jouer que moi, le rôle d’un Héros. […] Si la bonne foi a tant à souffrir dans toutes les professions, si les devoirs de la Religion s’accordent si peu avec l’intérêt de ceux qui les exercent il n’est donc qu’un seul état où l’on puisse se supposer à couvert des tentations : c’est l’Etat Ecclésiastique. […] Plus le Parterre le verrait sensible aux suffrages qu’on accorderait à sa vertueuse Epouse, plus il s’efforcerait, en lui en prodiguant de nouveaux, de lui faire sentir qu’il aurait deux objets en vue. Quel spectacle attendrissant pour le Public, qu’un Héros enchanté des talents de sa femme, qui paraîtrait se contenter pour toute récompense de ses services, des applaudissemens qu’on accorderait à ce qu’il aurait de plus cher !

14. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. […] Pour appuyer des prétentions aussi excessives, cette secte impie et régicide, accorde encore aux prêtres le droit d’employer des anathèmes et des excommunications dont les effets sont civils, politiques ou matériels dès ce bas monde, et peuvent susciter des guerres de religion ; ils se croient autorisés à employer enfin tous les moyens, même les plus criminels et les plus inhumains, pour parvenir à leurs fins.

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