Le Soldat chante son Officier & son camarade ; le Seigneur à la Cour fait un couplet contre son concurrent & son Prince ; l’Écolier au Collège chansonne son Régent & son condisciple ; la Harangère dans les halles, le Paysan à la campagne, criaille ses grossieres gentillesses.
Je comprends que les gens de bien qu’on forceroit à y aller, que leur charge obligeroit d’y accompagner le Prince, comme Naaman, par l’avis du Prophète Elisée, accompagnoit le Roi de Syrie son maître au temple des Idoles, pourroient, en détestant ce culte sacrilège, élevant leur cœur à Dieu & l’adorant seul, être excusables & acquérir des mérites en faisant les fonctions de leur charge, de même que plusieurs Vierges Martyres ont remporté de grandes victoires jusque dans les lieux infames où les tyrans les faisoient traîner.
Car ce Prince les força d’y passer les nuits aussi bien que les jours, & par une molesse & une barbarie, inconcevable, il fit continuer ces combats aux flambeaux : Xiphil. in Dom.
La Tragédie nationale aurait ici le même effet, si nous célébrions nos grands hommes ; ces Drames ne pourraient qu’échauffer dans nos jeunes Citoyens l’amour de la gloire, du Prince* & de la Patrie.
Un françois, maître-d’hôtel du Prince & anglomane, en étoit l’inventeur. […] Quels éloges ne mérite pas le religieux Prince qui arrête ces désordres, & en punit les auteurs !
défendent point, que les Prélats ne s’y opposent en aucune manière, et qu’elle se joue avec le Privilège d’un Prince qui gouverne ses Sujets avec tant de sagesse et de piété, qui n’a pas dédaigné d’y assister lui-même, et qui ne voudrait pas par sa présence autoriser un crime dont il serait plus coupable que les autres ; puisque, selon saint Chrysostome, celui-là ne pèche pas tant qui fait le mal, que celui qui lui commande de le faire, ou qui l’autorise par ses applaudissements. […] Or est-il que, selon saint Thomas, les jeux honnêtes sont permis ce jour-là même pour soulager l’esprit et lui donner du repos, qui n’est autre chose, comme ajoute le même Père, que le plaisir qu’on prend à ces sortes de jeux : il s’ensuit donc par une conséquence nécessaire que la Comédie étant du nombre des plaisirs honnêtes, comme nous l’avons assez prouvé, elle ne doit pas être plus défendue le Dimanche, que les plaisirs qui en tel jour ne sont pas défendus ; surtout puisqu’elle ne se joue que dans in temps propre, et que, grâce au zèle des Evêques, à la vigilance des Pasteurs, à la piété du Prince, et à la dévotion des Fidèles, les Théâtres ne s’ouvrent qu’après que les Eglises sont fermées, et qu’on ne peut plus abandonner les saints Mystères pour courir aux Spectacles : d’où je conclus que ce n’est point un péché d’aller le Dimanche à la Comédie.
Ainsi quand ils n’avaient assez bien joué au gré de ce Prince des ténèbres, il apparaissait à quelqu’un, et lui commandait d’en avertir le Magistrat, afin de recommencer et rhabiller les fautes, menaçant de peste et de tout malheur, si on y faillait. […] Ou de quelle sorte de tromperie parle cette objection : Un Prince terrien, qui aurait défendu le port des armes, sans exception, se contenterait-il d’un qui étant convaincu, d’y avoir contrevenu, répliquerait, que l’ordonnance ne se doit entendre, que de ceux qui portent les armes, pour assassiner leurs voisins ?
Quelle espérance reste-t-il donc à ce transfuge qui abandonne son Prince pour passer vers l'ennemi, qu'une mort certaine ?