Ce même Auteur suivant la disposition dans laquelle il était d’élargir la voie du salut, contre la parole expresse de l’Evangile, excepte encore le cas de la coutume ; permettant la danse aux jours de quelques fêtes particulières, lorsque l’usage en est déjà établi : Mais ceux qui seront véritablement entrés dans les sentiments de l’Eglise, et qui seront animés de l’Esprit qui l’a conduite dans l’institution de ces solennités, souffriront encore moins cette exception, que les autres ; Car ils seront persuadés que les témoignages de la joie Chrétienne, qui est une joie toute spirituelle, et toute en Dieu, ne sauraient s’accorder avec ces danses mondaines.
Cet opéra fut composé par trois Abbés, & sans forcer le texte, on peut dire que l’Évangile n’a pas parlé d’eux, en disant : Quand vous serez deux ou trois assemblés en mon nom, je serai au milieu de vous. […] Les anathêmes de l’Évangile, les exhortations des Prédicateurs, les réflexions des livres pieux, ne portent donc plus qu’à faux, & ce n’est pas sans doute pour le dix-huitieme siecle qu’un Dieu a dit de fuir le monde ; car enfin le monde est aussi réformé que le théatre. […] Elle a mis le livre de la Genèse en drames, comme la Reine de Navarre Margueritte y mit tout l’Évangile, à l’instigation du Ministre Roussel.
Paul : ce grand Apôtre, cet homme ravi en extase jusqu’au troisième Ciel, ce vaisseau d’élection choisi pour porter l’Evangile par toute la terre, ce grand S. […] C’est Jésus-Christ qui le dit dans l’Evangile, et le Prophète Roi remarque que la gloire de la Fille du Roi est au-dedans d’elle-même. […] Vous avez raison, c’est la juste idée que le saint Evangile, saint Paul, et tous les Pères nous en ont donné.
Toute leur vie est-elle conforme à l’Evangile de J.C. […] Enfin la vie d’un Chrétien est, selon l’Evangile, une vie de mortification, d’insensibilité, et de mort à tous les vains plaisirs et les fausses joies du monde. […] Esprit, qui la vivifie ; ils n’ont plus aucune part a ses prières : mais ils sont comme des sarments desséchés, qui ne tiennent plus au cep, qui n’en reçoivent plus le suc et la sève ; et ainsi ils ne sont plus bons qu’à être jetés au feu, comme nous dit l’Evangile.
La comparaison que fait Montaigne des offices de dévotion avec les « ébattements du théâtre », en les mettant sur la même ligne de l’utilité publique, n’est pas assurément puisée dans l’Evangile. […] Chacun s’en forme des idées à sa mode, où le goût et l’intérêt sont plus consultés que la raison et l’Evangile. […] Il compare cette convention à la stipulation des intérêts tolérés en certains Parlements et en certains pays, comme en Hollande, etc., quoique rejetée dans d’autres, et généralement condamnée par l’Eglise ; ce qui appuyant son raisonnement, par la comparaison très appropriée des Comédiens et des usuriers également pernicieux aux familles, également condamnés par les lois de l’Evangile, caractérise parfaitement l’illégitimité du théâtre, qui aussi bien que l’usure, malgré la tolérance, est véritablement mauvais et défendu en conscience.
Ainsi pleine d'erreurs qu'elle croit légitimes, Sa tranquille vertu conserve tous ses crimes. » Voilà l'Evangile du théâtre. […] Faut-il qu'à la faveur des talents le vice ait le droit de parler plus haut que les lois, et de faire taire l'Evangile ? […] Le brodequin et le cothurne ne sont pas moins opposés à l'Evangile qu'à Zénon ; le plaisir est le mobile du cœur, la source de ses égarements et de ses malheurs ; le devoir de l'homme est de réformer ce goût dépravé, par l'amour des biens spirituels et la soumission à son Dieu : « Gustate, et videte quoniam suavis est Dominus.
» Mais laissons ces idées lugubres, toute vraies qu'elles sont : le théâtre s'embarrasse-t-il de l'Evangile ? […] C'est une espèce d'automate, un perroquet qui redit ce qu'il a appris, qui répéterait des impiétés, comme des textes d'Evangile, et qui les répète en effet, quand son personnage le demande, de la même bouche dont il vient de prononcer des sentences, passe du théâtre aux foyers, de la tragédie à la farce, aussi peu croyable dans le bien que dans le mal, dans les promesses que dans les menaces, dans les flatteries que dans les injures. […] Au reste, nulle maxime chrétienne, nulle règle évangélique, nul rapport à Dieu, nul mérite pour l'éternité ; patriotisme, humanité, magnanimité, quelques grands mots, l'Evangile du théâtre ne passe pas, n'atteint pas la loi naturelle, et n'est bon qu'à nourrir l'orgueil et la corruption, mais ne corrigera aucun vice, ni ne donnera aucune vertu, encore même ces faibles étincelles de raison étouffées sous un tas de cendres, sont à peine aperçues un instant.
Pour moi je dis que les vertus de Théâtre sont des crimes selon l’esprit de l’Evangile ; et quand on y entendrait quelque chose de bon, il est bien souillé par l’impureté des lèvres et des imaginations à travers lesquelles il passe.