Ceux qui ont mieux rempli l’objet de la leçon ont encore fait plus de mal ; ils se sont mariés, par les raisons de convenance recommandées, avec des femmes plus vieilles qu’ils n’aimaient pas ; mais comme, en général, ils appartenaient à la seconde et à la troisième écoles, et qu’ils n’étaient pas en état de renoncer aussitôt à leur goût pour les jeunes ils en ont pris pour maîtresses, et ont vécu avec elles dans un commerce doublement illégitime, d’où il est résulté des enfants adultérins, des bâtards, qui n’avaient pas d’état, que la société ne savait à quel rang placer ; qui déshonoraient ou troublaient les familles. […] Pour éviter ce ridicule, elles ont abandonné les livres, et se sont lancées dans les affaires ; leurs boudoirs ressemblaient à des cabinets d’agence ; elles voyaient des hommes d’état, des politiques ; on les rencontrait souvent aux audiences des ministres ; mais leurs démarches, qui étaient souvent heureuses et utiles, ont été qualifiées de menées, et leurs personnes traitées d’intrigantes et encore tournées en ridicule.
La préface peint très-bien l’état actuel des arts & du théatre ; on y trouve bien de jolies choses, qui ne sont pas originaires de Novogorod. […] Les Japonnois font un traitement pareil à toutes les comédiennes ; mais ce n’est qu’après leur mort, par mépris pour leur état, & non par superstition ; ils trainent leur cadavre dans les rues, ne l’enterrent pas, mais les laissent pourrir sur un fumier, comme un chien.
On y décrie tous les états, tout le genre humain. […] C’est une cruauté : on prive par là de toute la douceut de la société, souvent de la fortune, de l’état, d’un établissement.
Malheur aux époux qui cessent d’en sentir l’aiguillon ; c’est une preuve qu’ils vont tomber dans la léthargie de l’indifférence, & qu’ils ne se réveilleront de ce triste état que pour se haïr. […] Des loix sévères, réprimantes, ne seront jamais aimées par des Histrions ; on en a donné la raison plus haut : il faut donc trouver des Acteurs que leur condition, leur état, leurs espérances obligent à penser différemment de ces gens-là.
Dans l’une c’est un mélange des deux sexes et de tous les états, y va qui veut. Dans l’autre ce sont des gens connus et choisis ; point de mélange de sexe, les états mêmes sont séparés pour mieux proportionner l’instruction, Ecoliers, Artisans, Messieurs, Ecclésiastiques.
Il n’y aurait que les libertins qui pussent voir les pièces déshonnêtes ; les femmes de qualité et de vertu en auraient de l’horreur, au lieu que l’état présent de la Comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d’un poison aussi dangereux et plus caché que l’autre qu’elles avalent sans le connaître, et qu’elles aiment lors même qu’il les tue. […] « Si donc la Comédie en l’état qu’elle est présentement, est si opposée aux maximes du Christianisme : n’est-ce pas encore ajouter crime sur crime, que de choisir le saint jour du Dimanche pour la jouer ?
Le simple Citoyen instruit par la renommée, se dira à lui-même que la Religion n’est pas seulement un frein pour le Peuple, mais qu’elle gouverne tous les états.
La raison nous parle au defaut de l’Ecriture, nous n’avons qu’à nous consulter nous-mêmes, & à faire un peu de reflexion sur nôtre état, pour nous éloigner de ces jeux, qui le deshonorent.