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31. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau, qu’une pareille Pièce jouée devant des gens en état de choisir, ne fit plus de Mahomet que de Zophire. […] Dans la Grèce, une honnête femme ne se montrait point en public ; parmi nous, elle y paraît avec décence ; un état qui l’y oblige peut donc être un état décent. […] Rousseau prend la chose à rebours, et de la honte attachée à l’état de Comédien, il veut tirer une preuve contre les mœurs de cet état, et contre celles des spectacles. […] Dans la Grèce, les Comédiens étaient des hommes libres, et leur état n’avait rien de honteux ; M. […] Or, si cet état peut être honnête, il est de l’équité, de l’humanité, de l’intérêt des mœurs de l’y encourager.

32. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

.° dans l’état légal et stable des charges publiques, des mariages et des successions, 2.° dans leurs liaisons passagères avec la société, leur décoration, leur habitation, leurs honneurs, leurs amitiés, etc. […] Roscius et Æsopus n’étaient pas plus esclaves que Floridor et Baron, ni plus infâmes, et la loi n’a eu aucun égard à leurs talents ni à leur naissance, mais au vice de leur état. […] Jamais dans le choix d’un état un homme sage n’a mis en délibération s’il prendrait celui-là. La première règle de la vocation est de ne pas prendre un état mauvais par lui-même, et personne qui ne donne d’abord pour exemple celui de Comédien. […] quelle punition ne mériteraient pas les insultes qu’elles font à la vertu, si elles n’étaient à l’abri sous le privilège de leur état ?

33. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 2 : Livre VI, chap. 7] » p. 590

Finalement ce que Lavatier apporte de saint Athanased, s’entend infailliblement des ames damnées non de celles qui sont sauvées ou en état de salvation. Car sa raison est que Dieu ne veut pas que ceux qui sont dedans les Enfers retournent comptere ce qui se fait en ces lieux, afin d’obvier au malheur qui en pourrait sourdre : Les damnés qui retourneraient au monde, souffleraient ès entrailles des hommes la fureur et la rage des tourments qu’ils endurent : Ainsi les Poètes Tragiques feignent que l’Ame de Thyeste sortant des Enfers, brouille et renverse tout l’état de sa famille, met en trouble sa maison, acharnef Egiste à vengeance, incite à fureur Clytemnestre, lui souffle le venin de jalousie en l’Ame, et la fait meurtrière de son mari : et l’acte commis, pousse Oreste à venger sur Egiste et sa mère la mort de son père, et les tuer tous deux, afin qu’après leur mort, il fût tourmenté de l’horrible regard des Erinyes et Furies qui lui représentent devant les yeux l’énormité et gravité du délit perpétré.

34. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

C’est l’ouvrage d’un homme d’esprit qui n’a point l’usage du monde, du moins dont son état tient le génie enchaîné dans un cercle étroit de sévère bienséance. […] Je sens, dit l’Actrice à la Dame, qui j’ai des torts avec vous ; mais mon état en est l’excuse. […] eh qui excusera l’état qui sert d’excuse au crime ? […] Ce que l’on blâme dans celles de votre état, n’est pas cette foiblesse dont tant de femmes ont à rougir. […] Ce seul titre l’annonce, son état ne laisse pas même l’idée de la vertu.

35. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Son état m’afflige et me presse. […] Votre état est venu de là. […] … Mais ce procédé violent provient peut-être de votre état ! […] Vous êtes dans l’état d’un homme dont j’ai lu autrefois l’histoire. […] Cet état n’eût été que triste, et il y aurait eu du remède, si un malheur plus grand que son principe, n’avait dû le perpétuer.

36. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

On la cite à tous propos, on la sait par cœur, elle a formé nombre de proverbes, ce qui sans doute fait son éloge, mais non pas celui de l’état auquel tout le monde se croit en droit d’en faire l’application. […] La bonne police ne devrait pas souffrir qu’on livrât cette profession auguste à la risée du public, non plus que l’état ecclésiastique et religieux. […] Ces habits consacrés à l’état, et destinés à le faire respecter, doivent-ils être profanés par une ridicule mascarade ? […] Mais outre les raisons communes de conscience, que n’exigent pas d’eux l’élévation et les fonctions de leur état ? […] Cependant on perd le goût et l’esprit de son état ; les devoirs qu’on n’aime pas, se remplissent toujours mal.

37. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Zaïre répond qu’elle s’accoutume de plus en plus à son état, qu’elle ne connoît que le Jourdain & Orosmane, que le reste est pour elle un vain songe. […] Les Interlocuteurs de ce premier Acte, sont enveloppés d’un nuage épais, qui laisse entrevoir avec peine leur état, & les raisons qui les font agir. […] L’état de ce personnage, n’est pas bien constaté. […] Elle y mêle des reproches & des conseils, qui tendent à faire ressouvenir Zaïre de sa Religion, de l’état où elle est réduite, & de ce qu’on fait pour elle. […] Voilà le premier acte de la Tragédie de Zaïre, où les personnages sont sans cesse opposés à l’âge, à l’état, aux intérêts qu’on leur donne, & à eux-mêmes.

38. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Ce n’est pas un des Pères, mais tous d’un consentement unanime ; ce n’est pas pour un temps, mais de siecle en siecle ; ce ne sont pas des gens foibles, mal instruits, peu éclairés, mais les plus grands hommes ; ce n’est pas par voie de conseil & de perfection, mais comme un précepte rigoureux ; ce n’est pas pour certains états, mais pour tout le monde, non par des raisons particulieres, mais par les mêmes raisons que nous employons. […] Qui est plus en état de juger s’il y a du mal, les Peres, les Conciles, les Saints, vos Pasteurs, ou vous ? […] Oui, il y a péché de vous exposer sans nécessité au danger de perdre la grace ; péché d’autoriser par votre présence des assemblées où toute la morale de l’Evangile est renversée ; péché dans la complaisance que vous y prenez, quand vous seriez exempt de passion ; péché dans les suites inévitables, pensées criminelles, désirs honteux, rendez-vous infames, mysteres d’iniquité ; péché dans la perte du temps, on n’en trouve point pour des exercices de piété, & on passe les heures entieres à des amusemens frivoles ; péché dans le mauvais usage de l’argent qu’on y dépense ; péché dans l’état où ils mettent notre ame, dissipation d’esprit, éloignement des choses de Dieu, froideur pour la priere, amour du monde, &c. […] Ceux-ci, parlant à tous les états, se renferment plus exactement dans les bornes rigoureuses de la loi, pour être à portée de tout le monde. […] Ce n’est pas dans les Vies des Saints qu’on trouvera des amateurs du théatre ; ils furent tous ses ennemis, non-seulement ceux que l’amour de la solitude ensevelit dans les déserts, ceux que le zèle transporte au-delà des mers, ceux que la charité dévoue au service des pauvres, mais ceux même que leur état, leur grandeur ou leur dépendance tiennent enchaînés au milieu du monde, & qui versent des larmes sur les fleuves de Babylonne.

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