De sorte qu’on ne saurait trop s’étonner qu’il se trouve dans notre siècle des Auteurs qui osent s’élever contre une tradition si ancienne, si constante et si uniforme, et qui entreprennent d’affaiblir une doctrine si bien établie, par de petites distinctions aussi faibles que ridicules. […] » Sur ces règles si saintement établies pour l’utilité des Chrétiens, par la tradition de tous les siècles, il est aisé de voir quel jugement on doit faire de la Comédie qui a pour titre le Festin de Pierre ; comme il n’y en a point qui soit plus remplie d’obscénité, d’impureté et d’impiété, on peut dire qu’elle porte sur le front sa condamnation.
Ceux-ci, établis d’abord à l’hôtel de Flandre, puis à l’hôtel de Bourgogne, obtinrent en 1548 un arrêt du parlement qui les confirmait dans tous leurs privilèges, sous la condition de ne jouer que des sujets profanes, licites et honnêtes. « C’est ici , dit l’auteur, le troisième âge de l’existence des comédiens en France et l’origine certaine des comédiens de nos jours : car il est bien avéré que les confrères étaient de vrais comédiens, montant sur le théâtre et débitant des scènes. […] En effet, on refuse d’admettre le corps de l’illustre auteur de Tartuffe ; mais en même temps on inhume, dans nos églises mêmes, Turlupin, Gautier-Gargouille, Gros-Guillaume, et plusieurs autres : en 1689, à l’époque où les comédiens français vinrent s’établir dans la rue des Fossés-Saint-Germain, nous voyons les capucins, cordeliers et Augustins de ce quartier leur adresser d’humbles suppliques pour avoir part au prélèvement qu’ils faisaient sur leur recette en faveur des indigents.
On doit conclure encore, après avoir lu cet Ouvrage avec attention, qu’il peut être utile aux Poètes & aux Musiciens des différens Spectacles, qui de nos jours semblent trop souvent vouloir négliger les règles, en cherchant à se distinguer par des nouveautés singulières, sans songer qu’ils s’écartent alors de ce qui plaît réellement ; puisque les règles ne sont établies que d’après ce qui charme généralement les hommes éclairés.
Ce soin en effet les regardait, parce qu’au prince seul appartient le droit d’établir et de maintenir la discipline civile, et c’est aux prêtres et aux évêques à s’y conformer et y obéir.
Qu’on y joigne encore les enchantements et l’ensemble du spectacle, on ne pourra s’empêcher de convenir qu’il n’y a point de comparaison à établir entre la représentation animée et la lecture tranquille d’une pièce dramatiqueas.
Les Gymnastiques y furent apportés par Enée, lorsqu’il s’y établit avec sa Colonie de Troyens fugitifs. […] fut dans cet esprit de réduction que Valentinien, Valens, et Gratien par une Loi de l’an 372. « ordonnèrent que les jeux seraient seulement représentés dans les Villes où ils avaient été établis d’antiquité, » et défendirent de les transférer en d’autres lieux.
Je ne comprends pas comment les Jésuites, nouvellement établis à Paris, qui faisoient profession de suivre les statuts de l’Université, & qui ne négligèrent rien pour s’y faire agréger, oserent, & purent même impunément introduire le théatre dans les Collèges, sous les yeux de l’Université. […] Vainement par une sévère pénitence la piété ravit l’un & l’autre au théatre ; l’empire des passions y étoit établi. […] C’est un jardin public, où on ne plante pas d’arbres fruitiers, mais des allées, des parterres, des bosquets, des jets-d’eau, des statues ; mais est-il permis d’y semer des herbes & des fleurs venimeuses, & d’y établir une école épicurienne ? […] C’est à quoi conduisent les principes par-tout établis de cette morale lubrique, qu’il faut obéir à l’amour, que c’est le privilège du bel âge & tout le bonheur de la vie, que ses chaînes sont préférables à la liberté, ses loix à la raison, ses douceurs à la vertu. […] On dit que la crainte faisoit les Dieux ; je dirois plutôt que c’est l’amour des femmes, tel qu’il est traité dans les romans & sur le théatre, où cette folle passion a établi le plus puissant empire.
Le respect qu’on avait alors pour ceux qui venaient de visiter les lieux saints, ne faisait rien espérer que d’édifiant, et le Cardinal Lemoine crut faire une bonne œuvre en fixant à Paris de telles personnes par une Confrérie qu’il établit dans l’Hôtel de Bourgogne. […] « Que pour changer leurs mœurs, et régler leur raison, Les Chrétiens ont l’Eglise et non pas le Théâtre. » Mais pour ne pas laisser ces autorités sans montrer le fondement solide sur lequel elles sont établies, entrons dans les raisons et dans les réflexions, qui nous feront apercevoir que l’Ecriture ne saurait être représentée sur le Théâtre des Comédiens sans y être altérée et corrompue. […] Le but de toute l’Ecriture est d’établir qu’il faut renoncer à soi-même, mépriser les richesses, n’aimer et ne craindre que Dieu : « Ecoutons la fin de toute parole, dit l’Ecclésiastique, Craignez Dieu, observez ses Commandements, c’est là tout l’homme. […] » Si vous expliquez quelque endroit de l’Ecriture, dit encore ce saint Docteur, et que votre explication n’établisse pas la charité de Dieu et du prochain, vous n’entendez pas l’Ecriture, vous n’en prenez pas bien le sens. « Quisquis igitur scripturas divinas vel quamlibet earum partem intellexisse sibi videtur, ita ut intellectu non ædificet charitatem Dei et proximi nondum intellexit. […] Fut-il jamais de lieu moins propre que le Théâtre à établir, que tout ce qu’on ne fait pas pour Dieu est une cupidité condamnable ?