Dieu a donné à chacun des hommes un Ange pour le garder ; oseroit-on en sa présence, je ne dis pas commettre le crime, mais oublier les loix de la décence & de la pudeur ? […] Il commet le premier péché, prélude, essai, ébauche de ceux qu’il va faire commettre ; comme celui qui prepare un repas goûte le premier les alimens qu’il va servir, les assaisonne, les combine, pour flâter le goût des convives, dont il juge par le sien.
.° de paroître consentir positivement au péché, ne fut-on pas dans le dessein de le commettre ; 2.° de faire positivement tout ce qui peut y faire tomber un autre. […] Mais appeler le galant, l’attaquer, le flatter, exciter ses désirs, lui promettre toute sûreté, dire qu’on se rend, qu’on lui accorde tout, fermer les portes, regarder de tous côtés pour commettre l’adultère sans risque ; quelle leçon pour les femmes & les filles !
Le métier de Comédien est une sorte de prostitution, & la prostitution une sorte de comédie, même avec ce désavantage, que le théatre offre, représente, enseigne, embellit avec le plus grand éclat le crime, que les autres ne font que commettre en secret avec ignominie : l’un est le vice hydeux & dans les ténèbres, l’autre le vice paré de graces & couvert de gloire. […] Il ne fait pas plus de grace à ceux qui fréquentent les spectacles, soit à cause des péchés qu’ils y commettent & de ceux auxquels ils s’exposent, soit en se rendant complices de ceux des Comédiens, qu’ils autorisent & entretiennent, juge les uns & les autres indignes d’absolution, & blâme les Casuistes & les Confesseurs relâchés qui leur administrent les sacremens, contre la fausse décision des Casuistes, qui n’y trouvent qu’un péché véniel dans plusieurs.
Le théâtre fut-il par lui-même indifférent, il devient très mauvais par la multitude des péchés qui s’y commettent, qui en sont inséparables, dont il est l’occasion prochaine ; pensées, paroles, regards, actions, parties de plaisir, esprit de malignité, d’irréligion, les péchés en sont les préludes, le cortège, les suites ; c’est évidemment un scandale public, une source intarissable de fautes : quelle sanctification des fêtes ! […] Les péchés que vous y commettez, vous en font perdre le mérite.
C’est à peu près le même effet que dans D Quichotte : ces passions représentent, nourrissent, raniment, excitent des passions réelles ; ce sont deux cordes à l’unisson : les vibrations de l’une se repétent dans l’autre, & dans l’occasion font faire les mêmes extravagances & commettre les mêmes crimes.
Je ne parle point du crime, que vous commettez en preparant ainsi le poison, que vous présentez ensuite a toute la terre, je ne parle point des pechez des autres, dont on doit neanmoins vous redemander un compte si rigoureux.
Mais ceux qui sont en autorité pour gouverner les peuples, ne sont pas moins coupables, lorsqu’ils ne travaillent point à détruire cet abus, et qu’ils ne donnent aucun secours aux âmes qui leur sont commises, pour les retirer de ces pratiques dangereuses, et de ces engagements, dans lesquels ils voient qu’elles périssent malheureusement.
Nos rois sont les protecteurs des saints canons ; ils sont en outre les ministres de Dieu sur la terre, et ils doivent employer toute leur autorité, toute leur surveillance pour que l’Eglise, commise à leurs soins, ne tombe pas dans l’anéantissement, par l’effet de la non-exécution des décrets des conciles de la part des ministres de la religion.
Et comme vous ne sçauriez voir ces sortes d’abominations, vous ne sçauriez non plus regarder, ny ceux qui les commettent, ny ceux qui ont le front d’y assister. […] Enfin, ils nous pressent de leur dire ce que l’on y trouve de si mauvais, & en quoy consiste précisément le péché qu’on y commet. […] Les spectateurs péchent, en participant au crime des Comediens, & en leur fournissant dequoy le commettre ; & c’est icy qu’a lieu cette maxime de saint Paul, que ceux qui consentent au mal, sont aussi coupables que ceux qui le font.
Leur portrait seul porte le virus, & leurs faveurs en communiquent un autre qu’Apollon célébre moins que Mercure ; ce n’est pas la politique farouche de Saint Paul qui défend de commettre le moindre péché, pour empêcher un plus grand mal, non sunt facienda mala ut eveniant bona ; les courtisannes d’Italie souffertes par la police, comme un mal inévitable, sont moins zélées que nos actrices. […] Ignore-t-on les péchés innombrables que ces leçons voluptueuses font commettre ? […] L’histoire nous rapporte plusieurs traits semblables des statues qu’il a fallu mutiler ou couvrir pour arrêter les excès que la vue des nudités faisoit commettre.
.… que si une fois ou plusieurs après la présente séance du Parlement, quelqu’un ou quelques-uns sur le Théâtre à la Comédie, etc. par plaisanterie ou par irréligion, parlent ou se servent du saint Nom de Dieu, ou de Jésus-Christ ou du Saint Esprit, ou de la Trinité, Noms qui ne doivent être prononcés qu’avec respect et avec révérence ; ils payeront pour chaque faute commise en ce point dix livres sterlingz d’amende : la moitié de ladite somme à Sa Majesté Royale, à ses héritiers ou successeurs ; l’autre part pour celui ou ceux qui poursuivront pour le même sujet, à quelque Chambre de Justice que ce soit à Westminster : sur quoi nul prétexte de non comparaître, nul crédit, nul offre de serment pour affirmer le contraire, ne sera reçu. […] Mais, en quelle contrée du monde et par quelles gens ces impiétés se commettent-elles ? […] « Parce que la sentence ne se prononce pas si tôt contre les méchants, les enfants des hommes commettent le crime sans crainte.
« On commet, dit-il, un grand abus dans la République en souffrant les comiques, ce qui est une perte de la République des plus pernicieuses. […] La grossière simplicité de nos pères ignorait ces raffinements, y courait moins de risque, y commettait moins de fautes ; nous sommes pour le moins aussi faibles, et plus habilement attaqués ; nous nous défions, nous nous mesurons moins, et les embuscades sont plus nombreuses, mieux masquées, et plus adroitement concertées.
Tous les crimes que les païens même défendent, ne se commettent qu'avec les ouvrages de Dieu. […] L'homme lui-même, qui commet tous les crimes, n'est-il pas l'ouvrage et même l'image de Dieu ?
C’était encore, disait-on, un amusement qui les empêchait de commettre de plus grands crimes, et qui les détournait des cabales et des conspirations.
Bien éloignés de convertir le cœur, ils le corrompent encore davantage au contraire ; & les peintures qu’on en fait, donnent plus d’envie de commettre le crime que le douleur de l’avoir tant de fois commis. […] Tels sont les fruits de malédiction que portent partout ces indignes spectacles, & les péchés que l’on commet seulement pour en aimer le peril.
Vous vivez au milieux des dangers, que vous courez, & faites courir, & que votre fard augmente au milieu des péchés que vous commettez, ou faites commettre, & que votre fard multiplie, & vous êtes tranquille, pouvez-vous trop gemir ?
S'y prêter, s'y plaire, les nourrir, les attirer, les faire naître, c'est se mettre dans la nécessité de pécher, c'est déjà commettre le péché. […] Le plaisir du théâtre est précisément le contraire de la contrition, son esprit, son langage l'opposé de celui de la pénitence ; l'adultère, le meurtre, l'intrigue, la fourberie, la vengeance, etc. qui jouent constamment les plus grands rôles, elle s'en accuse, les déteste, et voudrait au prix de tout les anéantir, elle n'y pense qu'avec horreur, fallût-il mourir mille fois plutôt que de les commettre ou de s'y exposer.
Pierre, parlant des libertins qui regardent les femmes, dit que leurs yeux commettent continuellement le crime : Oculos incessabilis delicti. […] Cette fable est pleine de bonnes instructions, une tête de femme parée est une vraie tête de Meduse ; elle le deviendra un jour très réellement dans l’autre vie en punition des péchés qu’elle a fait commettre. […] La fable des trois Furies revient à peu près au même dans les métamorphoses des filles, dont Ovide rapporte un grand nombre ; on voit communement leur visage & leur corps rendus difformes, en punition des crimes que ses attraits & sa pature ont fait commettre.
Mais vous à qui Dieu a accordé une plénitude de grâces et le pouvoir de dompter toutes vos passions, ne vous mariez pas, l’état du Mariage augmentera vos devoirs envers Dieu plus on se propose de devoirs à remplir, plus on s’expose à commettre de fautes : ne vous mariez pas, vous ferez encore mieux. […] Tous les Censeurs du Théâtre approfondissent ma profession, ils en cherchent les moindres détails, c’est à elle qu’ils attribuent toutes les fautes qu’avec un cœur corrompu, ceux qui l’exercent commettraient dans tout autre. […] Missionaire Jésuite donc le Zèle sans bornes fera la gloire de son Ordre dans l’esprit de toutes les personnes d’une véritable piété, ne l’ai-je pas entendu, dis je, en prêchant sur le mariage, regretter de ne pouvoir appeler les choses par leur nom, et de ne pouvoir faire naïvement la peinture des impudicités qu’on rougit, disait-il, de nommer par un scrupule de bienséance toute mondaine, mais qu’on ne rougit pas de commettre, tant il est vrai, ajoutait-il, que le monde est parvenu au dernier degré de corruption !
Les fautes qu’on fait contr’elles, étant les mêmes qui se commettent à l’égard des caractères ; les principes que nous avons donné pour ceux-ci doivent servir pour celles-là.
Toute la rimaille que ces badins viennent déclamer sur leur Echafaud, n’est souvent remplie que de fables ridicules, où n’y a autre vérité, sinon qu’ils publient en vers, les vices qui se commettent en prose dans les maisons : ce qui ne peut agréer aux personnes raisonnables.
Tout semblait leur être permis, et foulant à leurs pieds les divins préceptes de Jésus-Christ et la morale chrétienne et évangélique la plus pure, la mauvaise foi et le parjure ne leur coûtaient rien et ils commettaient, sans honte comme sans remords, de pieuses fraudes de pieuses calomnies, de pieux empoisonnements, de pieux assassinats, non seulement juridiques mais même de guet-apens et le tout pour la gloire de Dieu, pour l’intérêt de la religion, et en général pour le plus grand bien de la fin spirituelle.
) qu’il n’y a point de véritable liberté dans l’homme, & qu’on ne peut se former aucune idée de ce mot appliqué à la volonté , Phédre & Oedipe nous apprennent que le Ciel punit l’homme des péchés qu’il lui fait commettre. […] Qu’ils soient donc déracinés ces arbres maudits qui ne nous présentent qu’un fruit justement défendu, puisque le meilleur n’en vaut rien : oui, quand nous n’aurons plus à verser des larmes sur un faux Joas, nous n’en serons que plus disposés à nous laisser efficacement attendrir sur une infinité de véritables Lazares en faveur desquels de vils animaux semblent nous reprocher une insensibilité qu’ils n’ont pas : quand, à l’ombre de ces arbres de la science du mal, une Précieuse, un Petit-Maître n’apprendront plus à se corriger d’un ridicule, eux & deux mille avec eux, n’y apprendront plus à commettre tous les vices. […] Vous nous défendez de les nommer, & l’on nous apprend à les commettre. […] Tu n’aurois pas à compter au grand jour des vengeances, de toutes les infamies qui se commettent dans ton quartier : que peux tu donc imaginer de pis ?
Si maintenant la coutume l’emporte, si l’abus prévaut, ce qu’on en doit conclure, c’est tout au plus que la comédie doit être rangée parmi les maux & les désordres que l’on défend toujours, & que l’on ne laisse pas de commettre. […] Deux Conciles d’Arles défendent de recevoir les acteurs à la Pénitence, s’ils ne renonçent à une profession qui ne s’applique qu’à inspirer des crimes, & qui est coupable de tous ceux qu’elle fait & qu’elle peut faire commettre. […] Désordres & libertés qui se commettent dans les assemblées de bals. […] A ces spectacles on met bas la pudeur, on devient plus hardi à commettre le crime, on apprend à faire ce qu’on s’accoutume de voir. […] Désordres & libertés qui se commettent dans les assemblées de bals.
Et ne faudra-t-il pas les rendre responsables de la surabondance des désordres, qui se commettent ces jours-là Troisieme objection. […] Si quelque fois il arrive qu’on sévisse contre les petits, tandis que les plus grands commettent impunément les mêmes fautes, s’ensuit-il que les crimes de ceux-ci ne soient plus crimes, parce qu’on les tolére ? […] je veux, ajouteriez vous, que ce jeune homme n’ait pas été la victime de son étourderie ; mais en a-t-il moins péché, en se mettant dans l’occasion prochaine de le commettre, & a-t-il moins été un sujet de scandale à ceux qui ont été témoins de sa conduite ? […] Illicites & criminels, parce qu’ils nous mettent en péril de nous déranger, & qu’en y assistant, on s’expose au danger de commettre les fautes les plus graves. […] Illicites &c, parce qu’on y accuse le Ciel, de punir des crimes, qu’il fait commettre aux hommes, qu’on prétend même n’être pas libres ; comme dans Phedre & dans Œdipe.
Si ce principe donc, que j’ay avancé, est recevable, l’application en étant faite à la comedie, je vous laisse le jugement du peché, qui se peut commettre en y allant, l’effet, qui part d’un principe, tenant toûjours de la nature de son principe.
C'est une manière d’agir dont les tartufes ne se peuvent défaire et qui passe pour un des plus grands crimes que l’on puisse commettre, puisqu’il est malaisé de rendre la réputation à ceux à qui on l’a une fois fait perdre, encore que ce soit injustement.
S’il se trouve des fidèles qui fréquentent à la fois les sacrements et les spectacles, ne peut-on pas dire avec plus de vraisemblance que cela arrive non pas parce que les confesseurs permettent les spectacles à leur pénitents, mais parce que les pénitents n’en parlent pas à leurs confesseurs et vont quelquefois jusqu’à dire, au risque de commettre un sacrilége : Je me garderai bien de parler de tout cela à mon confesseur, il finirait bien par m’interdire tout amusement. […] » Ces personnes pèchent grièvement, dit un célèbre théologien*, qu’on n’accusera pas de rigorisme, parce qu’elles coopèrent au péché mortel des comédiens, qui sont eux-mêmes cause des péchés que commettent les spectateurs.
mais la fortune dérangée par tant de dépenses, la santé altérée par tant de molesse, la famille corrompue par de si mauvais exemples, la conscience blessée par tant de péchés que l’on commet, tant de péchés que l’on fait commettre, tant de passions qu’on allume, tant de dépravation qu’on occasionne !
Elles n’oublient rien pour se conserver l’air de jeunesse, elles veulent tromper les hommes, & je ne sais si elles n’espèrent pas de tromper la mort, elles veulent toujours être l’objet de l’amour des hommes, afin d’avoir part à tous les plaisirs quand la vieillesse a répandu ses caractères sur leur tein, elles tirent le rideau dessus pour la rendre invisible ; vous les voyez ces femmes idolâtres du monde & de la volupté ensevelir leurs têtes sous un amas de poudre pour confondre la blancheur de leurs cheveux avec cette blancheur étrangère ; elles comblent avec du fard les enfoncemens de leur visage, elles ombragent les rides de leur front avec des boucles, des rubans, des dentelles ; ce qu’elles font de plus prudent, c’est d’embaumer leur corps avec des parfums pour arrêter l’odeur qui sort de leur cadavre : dans cet équipage elles se mêlent dans toutes les sociétés, dans toutes les parties, au bal, à la comédie, elles y tremblent de foiblesse, à peine distinguent-elles les couleurs, après avoir été les idoles du monde, elles le châtient des crimes qu’elles lui ont fait commettre ; ce sont des spectres qui le poursuivent, il les fuit, il en a horreur. […] Qu’on en conclue du moins l’horreur du péché dont les effets sont si tristes, & l’éloignement d’un spectacle pernicieux où il s’en commet un nombre infini.
Si ce principe donc, que j’ay avancé, est recevable, l’aplication en estant faite à la comédie, je vous laisse le jugement du péché, qui se peut commettre en y allant l’effet, qui part d’un principe, tenant toûjours de la nature de son principe.
Déesse Flore par des Jeux Scéniques, que l'on croyait célébrer d'autant plus dévotement qu'ils étaient célébrés honteusement, et toute la Ville voyait, entendait et apprenait cette manière d'apaiser leurs Dieux, si effrontée, impure, détestable, immonde, impudente, honteuse, et qui doit donner de l'horreur à la véritable Religion, ces Fables voluptueuses et criminelles écrites contre leurs Dieux, ces actions déshonnêtes, inventées avec autant d'iniquité que de turpitude, et commises avec plus d'abomination, et dont les Acteurs furent privés des honneurs publics par les sentiments de la vertu Romaine, et du droit de suffrage dans les assemblées, on connut leur turpitude, et ils furent déclarés infâmes. » Où l'on ne peut pas dire que ce grand Saint parle d'autre chose que de l'infamie des Mimes et Farceurs des Jeux Scéniques, à cause de leur impudence.
Y considère-t-on jamais les crimes par opposition à la loi éternelle et à la sainteté de Dieu qui rend ceux qui les commettent dignes des flammes de l’enfer.
Il reconnaît néanmoins que la matière est délicate, et pour ne pas trop se commettre : « Il veut, dit-il, faire parler en sa place l’incomparable Saint Thomas. […] J’avoue qu’il y a deux choses qui rendaient la Comédie ancienne très criminelle, qui ne se rencontrent plus dans la Comédie d’aujourd’hui ; savoir l’idolâtrie, et cette impudence horrible qui allait jusqu’à faire paraître des femmes toutes nues sur le Théâtre, et à y commettre des infamies qui ne méritaient que les ténèbres. […] On n’y fait plus aussi paraître de femmes toutes nues ; mais celles qu’on y fait paraître, n’y montrent encore que trop de leur nudité ; et leurs parures, leurs gestes, leurs allures mesurées, et toutes leurs autres manières étudiées sur le tendre, donnent à la vérité moins d’horreur, mais elles n’inspirent peut-être pas pour cela moins d’amour : et si on n’y commet plus les dernières infamies, on y tient au moins des discours, surtout dans les farces, qui en font assez imaginer. […] « C’est, dit saint Charles au chapitre 12 de son Livre contre les danses, ce qui a donné lieu aux abus déplorables, et aux désordres qui se commettent en ces saints jours. […] Le Docteur a prouvé plus haut l’innocence des Comédies d’aujourd’hui, parce que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques, ne font point de scrupule d’y assister : et présentement il en prouve la bienséance, parce que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques n’y assistent pas ; et que même, selon lui, ils ne peuvent y assister sans commettre un péché mortel : de manière que le voilà lui-même devenu le scrupuleux, et érigé en Directeur des Evêques.
Quand je vois un Néron, un Narcisse, certain que je ne serai jamais un Scélérat, je ne crains rien pour moi-même, je ne crains que pour Britannicus & Junie : quand je vois Œdippe & Phedre, je crains pour moi-même, parce que je puis commettre involontairement de grands crimes, & je puis par foiblesse m’abandonner à une Passion criminelle en la détestant. […] Aristote va plus loin, & après avoir dit qu’il faut qu’une action s’acheve ou ne s’acheve pas, & que ceux qui la commettent agissent ou par ignorance ou avec connoissance ; il ajoute : « De ces manieres la plus mauvaise, c’est lorsqu’un homme veut faire une action horrible avec connoissance de cause, & qu’il ne l’acheve pas, car il n’y a rien en cela que de Scélérat, & il n’y a point de Tragique, [n’y ayant point de sang répandu] aussi il arrive peu qu’on représente rien de cette Nature. […] La seconde de ces manieres, & qui est meilleure que l’autre dont je viens de parler, c’est lorsqu’un homme agit avec connoissance, & qu’il acheve l’action ; mais le meilleur de bien loin, c’est lorsqu’un homme commet quelqu’action horrible sans savoir ce qu’il fait, & qu’après l’action il vient à reconnoître ce qu’il a fait, car il n’y a rien là de méchant & de Scélérat, & cette reconnoissance a quelque chose de terrible & qui fait frémir. έκπληκτεκον.
Mon intention a été de. traiter la question suivante : Une personne qui va au spectacle commet-elle un péché mortel ?
Nous ne nous proposons ici de parler que des fautes qui se commettent de nos iours, contre quelques parties du plan, où de la Fable Tragique.
Les personnes sur qui on ne prend point d’exemples, ne sont guéres coupables que de leurs propres péchez : mais ceux qui passent pour vertueux, sont souvent responsables de bien des fautes qui se commettent par des Ames foibles, qui n’ont pas la force de résister aux mauvais exemples.
Paul ne dit-il pas que non-seulement ceux qui commettent, mais encore ceux qui favorisent le péché, méritent la punition ?
Si l’on présume qu’on est en droit de faire leurs procès, il faut condamner les plus célèbres Auteurs, qui n’ont pas craint de commettre les mêmes fautes : ces grands Hommes sont les seuls coupables, puisqu’ils ont donné le prémier éxemple de l’oubli des règles.
C'est une croyance commune et qui semble être née avec le Christianisme, que ceux qui prennent les divertissements du Théâtre et des autres Spectacles introduits parmi les Anciens, commettent une impiété contre la sainteté de l'Evangile, et un crime contre l'honnêteté des mœurs.
A la fête de la Circoncision (qui est le premier jour de l’an) les leçons de matines sont prises d’une Homélie de Maximeah anciennement Evêque de Trènes, celui qui tint longtemps caché chez lui Saint Athanase fugitif d’Alexandrie, laquelle Homélie il a faite des Calendes de Janvier, y reprenant toutes les observations Gentiles qu’aucuns Chrétiens retenaient et imitaient encore des deux espèces dont nous venons de parler, savoir est et de divination, et des jeux mondains et séculiers, faisant mention entre autres des déguisements qu’on fait des sexes, savoir est des hommes en femmes et des femmes en hommes, et autres : mais on peut voir aujourd’hui que ce sont les moindres maux qu’on y commet.
A-t-on besoin de la Sorbonne, pour sentir que l’innocence y court les plus grands risques, qu’on s’accoutume du crime, qu’on apprend à le faire réussir, qu’on est invité à le commettre, que bientôt on aime, on estime ce qu’on a vu peindre & entendu louer, & couronner du succès. […] Depuis l’introduction de ces jeux, Hérode fut bien plus méchant & commit les plus grands crimes.
Ils le sont en effet : il n’y a point de danse publique, point de bal où il ne se commette mille péchés ? […] Les abus de la danse, quels qu’ils soient, méme les baladoires (voilà bien de l’étendue) seroient encore moindres que l’abus de la Religion dont nous parlions (c’est-à-dire, les péchez innombrables d’impureté qui s’y commettent font un moindre mal que la sévérité indiscrete du confesseur qui l’interdit), s’il y en a, votre devoir est de tâcher de les prévenir (sans doute ; mais comment prévenir l’effet certain d’une occasion prochaine qu’en la quittant ?)
Enfin dans tous les lieux destinés à tous ces vains ébattements se trouvent ensemble les Démons et tous les monstres de l'Enfer, ils y président, parce qu'on les y adore, et le Chrétien qui participe à cette superstition, commet un sacrilège, parce qu'il entre dans la société de ceux dont le culte religieux et les Fêtes lui donnent tant de plaisir. » Et après une longue exagération des malheurs de l'Europe, par les incursions des Barbares, il s'emporte contre ceux de Trèves, qui demandaient à l'Empereur les Jeux du Cirque et du Théâtre, dont voici les plus belles paroles tirées d'un grand discours oratoire qu'il en fait, « Et quoi, leur dit-il, Vous souhaitez les Jeux Circenses après votre défaite, après le saccagement de votre Ville, après tant de sang épandu, après la servitude, après les dernières calamités d'une Ville prise et reprise par quatre fois !
Et qui commet ces désordres, sinon les insolents qui s’y trouvent, et les ennemis des belles actions ?
A faire un discernement exact de ce qu’ils ont de faible et de solide, de la justice ou de l’injustice des causes qu’ils défendaient ; et à rechercher les fautes qu’ils ont commises dans l’art où ils se sont tant exercés.
Comme les empêcher de s’occuper, c’est les empêcher de mal faire, deux heures par jour, dérobées à l’activité du vice, sauvent la douzième partie des crimes qui se commettraient.
D’ailleurs il a cru instruire par-là plus efficacement les hommes de cette importante vérité, que ceux qui commettent de grands crimes, ne sont pas à couvert au milieu de leur famille, et; que Dieu pour rendre leur châtiment plus terrible et; plus exemplaire, les punit par la main même de leurs enfans ; mais cela ne suffit peut-être pas pour le justifier. » En effet lorsqu’au cinquiéme Acte Oreste tue sa mere, on entend Clytemnestre lui adresser ces tendres paroles : Mon fils ! […] Il veut qu’on agisse sans connoître et; qu’on reconnoisse son crime quand il est fait, ou bien qu’on soit sur le point de le commettre ; mais qu’on le reconnoisse avant l’execution, ce qui empêche qu’on ne l’acheve. […] Vous auriez raison de dire que c’est le propre d’un cœur vicieux que de sentir un certain plaisir quand il voit commettre une mauvaise action. […] Une plaisanterie, mauvaise si vous voulez, échauffe tout à coup votre bile, et; transporté par un délire frénétique : Les Spectateurs, vous écriez-vous, sortent complices des crimes qu’ils ont vû commettre sur la Scene. … Qui ne devient pas filou soi-même en s’intéressant pour un filou ? […] Mais enfin le goût du vin n’est pas un crime, il en fait rarement commettre (rarement !
Un Dieu mourant avoit moins de peine à souffrir qu’il n’a d’horreur des péchés sans nombre qu’une Actrice commet & fait commettre.
Si ils sont peu nombreux, ce n’est pas même la peine de commettre une injustice. […] C’est cette belle maxime qui faisoit que l’on privoit un homme de sa liberté, et de l’usage de ses facultés intellectuelles, pour prevenir un prétendu délit qu’il auroit pu commettre ; on le punissoit enfin pour n’être pas obligé de le punir25.
« J’avoue que d’épouser deux maris pour sa satisfaction, c’est commettre un énorme péché d’incontinence ; mais de le faire pour la paix de l’esprit, ce n’est pas plus que de s’enivrer par forme de remède. […] Mais, comme Dieu n’use pas de son pouvoir absolu pour nous réduire, et qu’il laisse aux hommes l’usage de leur liberté ; il est sûr que la reconnaissance et l’obéissance qui lui sont dues se perdent à mesure qu’on affaiblit son autorité par le mépris de ceux à qui elle est commise en ce monde.
N’est-ce pas en quelque sorte le plus grand péché qu’on puisse commettre ?
On sort du spectacle le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, et l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le théâtre. » C’est là qu’un chrétien vient apprendre à commettre des crimes qu’il a sous les yeux et qu’il est forcé de considérer avec complaisance.
Les grands canons, les falbalas, les vertugadins, les criardes, les paniers, les juppes piquées, les linges multipliés, ce n’est que grossir le volume, se donner un air d’embonpoint qu’on croit devoir embellir ; les toiles transparentes, des moyens de montrer des nudités, sur lesquelles on fonde les espérances de conquête, & avec lesquelles on ne réussit que trop à faire commettre le péché. […] Notre ivresse n’est pas si grossiere, elle n’a pas le même objet, les goûts sont différens ; mais j’ose dire que la plupart de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions, paîtris de vices, apres y avoir pris les libertés, entretenu des pensées, formé des desirs, jeté les regards, tenu les discours, présenté les objets, formé les intrigues les plus mauvaises, c’est-à-dire, commis & fait commettre des péchés sans nombre contre la pureté.
Ne souffrez pas qu’il y ait parmi vous un seul homme oisif ; rendez à la terre les bras qu’elle vous redemande… Si vous ne remédiez promptement à ces excès dont vous frémissez, c’est en vain que vous vanterez la sévérité de vos Loix, & votre Police admirable ; le mal ne fera qu’empirer de jour en jour : en effet, en tolérant la mauvaise éducation que l’on donne à la jeunesse dans les Tripots du Boulevard, en souffrant que ses mœurs se corrompent sous nos yeux, & en punissant les crimes qu’elle commet dans un âge plus avancé, crimes que nous aurions dû prévoir & prévenir par la suppression de tous les objets dangereux ; dites-moi si ce n’est pas élever, au milieu de nous, des scélérats, pour avoir le plaisir de les condamner, un jour, au supplice ? […] C’est assez nous faire entendre que ces Trétaux sont des endroits plus que suspects, puisqu’ils servent de réfuge aux coquins. 2.° Ces Spectacles contiennent, pendant plusieurs heures du jour, les oisifs, qui sans ces objets de distraction, commettraient de grands désordres. […] Je conviens que si l’on supprimait tout-à-coup les Trétaux, la Jeunesse oisive, qui trouve une distraction conforme à son goût dans ces lieux impurs, se répandrait sur le pavé de Paris, & y commettrait mille désordres. […] Si l’on se contentait aux Trétaux de débiter une morale lubrique, quoique ce fut déjà un crime affreux, peut-être les jugerait-on avec moins de sevérité ; mais du débit on passe à la pratique ; & j’ai été plus d’une fois témoin des indécences révoltantes, commises à la face du Public, par les Chouettes de Vénus, qui sont payées pour y jouer leur rôle, & l’on fait comme elles s’en acquittent !
S’il restait encore quelque doute, ces remarques n’en doivent plus laisser qu’un moraliste, publiant aujourd’hui qu’il ne faut pas commettre tel excès, voluptueux ou avantageux, dont la multitude des gens qui l’entendent n’ont aucune idée, est aussi imprudent, aussi maladroit que s’il leur disait qu’il ne faut pas aller dans tel endroit prendre son trésor qui y est caché.
Quiconque quitte sa femme pour en prendre une autre, commet un adultere, & l’expose à la devenir.
L'Eglise a toujours condamné avec indignation ces profanes extravagances ; elle a enfin réussi à les bannir du lieu saint, il n'en reste que quelques légers vestiges dans les processions de la ville d'Aix, dans quelques Communautés de filles, où le jour des Innocents les Pensionnaires sont les maîtresses, dans plusieurs paroisses de campagne, où le jour du Patron on fait des cérémonies singulières, surtout dans les folies du carnaval, dans les bals et les comédies ; ce que l'Eglise n'a jamais pu abolir, non plus que les vices qui les produisent, et les crimes qu'ils font commettre.
Là se donnent les rendez-vous, se nouent les intrigues, s’entretiennent les commerces, se commettent mille péchés. […] Ces assemblées prophanes, par les crimes qui s’y commettent, les intrigues qui s’y forment, les feux impurs qui s’y allument, les folies qui s’y font, l’indécence qui y regne, le luxe & le faste qui s’y étalent, les objets licentieux qui s’y présentent, ces assemblées prophanes, toutes formées par le vice, sont certainement, si l’on peut employer ces termes, le bal des démons, la danse des damnés, le salle de l’enfer, plutôt que l’image des chastes joies du paradis.
où se sont commises les plus grandes débauches : il est juste qu’il serve à expier la débauche). […] Elle censure quelque vice & le tourne en ridicule ; mais l’indécence des actrices & des paroles, les décoration des objets, en font commettre de plus grands ; les tableaux qu’on y voit, les aventures qu’on y joue sont l’opposé de ceux de Hogard.
qui lui fait avancer cette proposition, « Qu’aller à la Comédie après le Baptême, c’est apostasier de la foi, et commettre une prévarication mortelle contre le Symbole et les Sacrements célestes. » « In spectaculis quædam apostasia fidei est, et à Symbolis ipsius et cælestibus Sacramentis lethalis prævaricatio. » C’est pourquoi il apostrophe ainsi les Chrétiens. […] Tout de même en allant volontairement à la comédie, l’on devient coupable de toutes les mauvaises pensées qu’on y peut avoir par hasard, et de tous les péchés qu’on n’aurait pas dessein de commettre ; parce que c’est de sa propre volonté et de plein gré qu’on y est allé.
Vous voulez commettre un homicide ; choisissez ou le fer, ou le poison, ou la magie. […] « Vous ne tuerez point, vous n’adorerez point d’idole, vous ne déroberez point, vous ne commettrez point d’adultère.
Le lieu où il débite ces maximes, les personnes sur qui elles tombent, et la méthode de s’en servir laissent un chemin facile au vol, et il n’en coûtera pas plus dorénavant pour le commettre qu’il en coûte à un pestiféré pour communiquer son mal aux autres. […] Il prétend cause d’ignorance de tout le mal qu’il a pu commettre, et se contente de dire qu’il ne saurait qu’y faire, que tout ce qu’il a écrit est imprimé : ce qui prouve parfaitement que son impudence est égale à ses autres qualités. […] « Il nous est défendu d’être témoins des combats de vos Gladiateurs, de crainte que par notre présence nous ne devenions complices des homicides qui s’y commettent. […] Le meilleur moyen de vous justifier à l’égard du passé est de vous écarter du péril à l’avenir. » Encore un endroit de saint Chrysostome ; c’est dans la Préface de son Commentaire sur l’Evangile selon saint Jean. « Que sert de tracer ici une peinture exacte de chaque désordre qui se commet aux spectacles ?
Les Théologiens de toutes les écoles conviennent unanimement que c’est un péché de regarder avec complaisance des peintures, des statues obscénes ; à plus forte raison de les garder pour les avoir toujours à portée de les étaler aux yeux du public, de les répandre dans les livres ; c’est un vrai scandale qui rend l’auteur comptable devant Dieu de tous les péchés que ces figures indécentes font commettre à l’infini.
L'on laisse sur les Autels un Dieu qui se donne à nous pour nourriture, et l'on va se repaître de la viande du Diable : L'on va commettre des adultères par la vue, l'on va applaudir à sa perte ; et lors que l'on se réjouit ainsi dans ses prospérités, l'on ne songe pas à ces paroles que Dieu prononce par la bouche du Prophète, vous serez perdus pour vos péchés, et les autels du ris et de la réjouissance seront abattus.
et combien d’indécences n’y commettent pas les jeunes gens qui les peuplent, que rien ne distingue, et moins que tout le reste la gravité et la modestie ?
Mais Néron aima le théâtre, Néron fut comédien : c’est là qu’il apprit, qu’il goûta, qu’il commit les plus grands excès.
4°, Que comme le péché que commettraient les Ecclésiastiques en allant à la Comédie serait un péché de scandale qui les rendrait responsables de plusieurs autres péchés, où tomberaient ceux qui auraient cru pouvoir suivre leur exemple ; de même aussi les Laïques qui font profession de piété, et à qui la Comédie ne ferait aucune mauvaise impression ne laisseraient pas d’offenser Dieu, et d’être coupables de bien des péchés, parce que plusieurs esprits faibles pour qui la Comédie est un poison mortel ne se déterminent quelquefois à y aller, qu’à cause qu’on y voit aller des personnes qui passent pour pieuses.
On apprendroit qu’on peut commettre de mauvaises actions : voilà tout. […] Il n’y avoit point de Theatre à Sparte ; il auroit corrompu leurs mœurs : des personnages imaginaires représentant la difformité des vices eussent été dangereux ; mais ils faisoient enyvrer leurs esclaves pour instruire leurs enfans ; mais ils permettoient, ils encourageoient même le vol réel, pour se rendre plus soigneux & plus adroits ; c’est-à-dire, qu’il falloit qu’une partie des citoyens commît de mauvaises actions pour l’édification de l’autre.
Qu’il est dangereux de commettre de la sorte sa vertu ! […] Ainsi trahir ses serments, outrager ceux à qui l’on doit la lumière, et ne point récompenser une abomination commise, tout cela va de pair au sentiment d’Aristophane.
Cinna se représente toutes les horreurs du crime qu’il va commettre ; mais si Emilie l’ordonne, il faut qu’il assassine Auguste, de même que le Maréchal d’Hocquincourt prenant un couteau, disoit au P.
« Qu’apprend-on dans Phèdre et dans Œdipe, sinon que l’homme n’est pas libre, et que le ciel le punit des crimes qu’il lui fait commettre ?
Il parle d’abord des infamies qui se commettaient sur les bords du Tibre dans la fête de la grande Déesse, et il remarque que les Comédiens étaient chargés de ce cérémonial, et s’en acquittaient si bien que leurs propres mères (c’est beaucoup dire) auraient eu honte d’entendre dans leurs maisons ce qui se disait dans les rues : « Scenicos ipsos domi suæ proludendi causa coram matribus suis agere pudet, etc. » Il passe de là au théâtre.
Sur quoi on demande si ces Religieux commettent en cela quelque péché, et quel il est ?
On voit bien des incestes de fait ou d’imagination sur la Scène ; mais Corneille a marché par une autre route : il a supposé Léonce fils de Maurice, et par conséquent frère de Pulchérie ; par là les deux Amants sont saisis de la crainte de commettre un inceste, s’ils donnaient leur consentement au mariage que le Tyran leur propose ; et cette réflexion détruit en eux jusqu’à la moindre étincelle d’une tendresse suspecte, puisqu’ils ne se regardent que comme frère et sœur.
Ce n’est donc pas contre le spectacle qu’il fallait écrire, mais contre les sottises qui s’y commettent. […] Que des Chefs aussi respectables que le Gouverneur de Paris et les quatre premiers Gentilshommes de la Chambre, chargés de la conduite des spectacles du Roi, croient leur gloire intéressée à ne commander qu’à des citoyens et non pas à des gens proscrits ; qu’ils daignent appuyer de leur sollicitation auprès d’un Sénat aussi éclairé qu’équitable, et parmi les principaux membres duquel ils sont comptés, la Requête des Comédiens d’aujourd’hui pour faire cesser la proscription dont on punit en eux la mémoire de crimes qu’ils n’ont jamais commis et que la Police les empêchera toujours bien de commettre, il est facile de présumer que cet Auguste Corps ne balancera point à prononcer en leur faveur : interprète indulgent des lois, il en adoucit toujours la rigueur dès que la moindre circonstance l’autorise à les mitiger.
Ce puissant général, véritable monarque, est bien assuré d’être ponctuellement obéi de tous ses sujets, leur ordonnerait-il de commettre les plus grands crimes pour l’intérêt de la société de Jésus, et sous le spécieux prétexte de venger la religion ; au moindre signal, ils se permettraient, au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, d’assassiner ou d’empoisonner sans remords les souverains, les grands personnages et les particuliers les plus obscurs.
Est-ce-là une raison de le commettre ? […] Un coup-d’œil, un instant, un acte de consentement suffit pour le commettre.