/ 261
90. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

En effet, s’abandonner alors à la joie, et se plonger sans reserve dans les plaisirs des mondains, c’est faire voir avec la derniere évidence qu’on regarde les maux de l’Eglise avec un œil fort indifferent, ce qui marque une disposition d’esprit tout à fait profane, et trés-opposée à tout ce qu’il y a de plus essentiel à la veritable regeneration.

91. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Art de Sémiramis, miracles de Linus, Charmes d’Anacréon, prestiges de Vénus, Plaisirs touchans des pleurs, sentimens de la joie, Tout ce qui plaît, qui charme, à ses yeux se déploie ; Elle cède, elle perd un reste de fierté, Et prépare son cœur à l’infidélité. […] Ayant reçu, dit-il, la supplication des filles de joie de la grande Abbaye de Toulouse, qui se plaignent que les Magistrats les gênoient en les obligeant de porter des cordons & chapperons, ce qui les empêchoit de se vêtir à leur plaisir, & leur attire plusieurs injures, il leur octroie, & à celles qui leur succéderont en ladite Abbaye, la permission de porter telles robes & chaperons qu’il leur plaira. […] Jamais les filles de joie ne furent ni si nombreuses, ni si libres, ni si hardies ; elles disent avoir obtenu je ne sais quel brevet qu’on ne s’est pas embarrassé d’approfondir, qui les soustrait à la juridiction municipale des Capitouls, & les soumet à quelque Inspecteur général de la police du théatre qui demeure à Paris, & qui exerce par ses Lieutenans, amateurs indulgens. […] Trois ans de souffrances continuelles ont été terminés par la mort la plus courageuse, la plus soumise la plus édifiante, parmi des douleurs effroyables qu’elle souffroit avec joie ; elle n’eût désiré de vivre que pour prolonger sa pénitence ; dans ses derniers momens elle sit une espece de confession publique des désordres de sa vie, sur-tout de ceux qu’elle avoit donné au théatre.

92. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

On voit souvent un fonds de tristesse à travers un air de joie & un ris forcé, ou un fonds de joie à travers des pleurs affectés & une tristesse factice ; mais l’un & l’autre règne dans tout le visage. […] Ganik regardé à même temps de profil par deux personnes à droit & à gauche, paroîtroit à l’un accablé de tristesse, à l’autre plein de joie. […] Les Romains par d’autres vues avoient une infinité de masques de toute espèce, qui représentoient toute sorte de personnes, vieillards, jeunes gens, &c & toute sorte de sentimens, joie, tristesse, fureur, &c.

93. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

La Compagnie qui sert maintenant le Roi en cette sorte d’exercice c’est des plus excellentes que l’on ait vues il y ad longtemps : mais entre tous les personnages ceux qui emportent le prix pour représenter naïvement les passions humaines et les impriment dans les spectateurs émouvante à la joie, à la tristesse, à la colère, au regret, à l’amour comme il leur plaît jusques à tirer des larmes des yeux les plus arides, et à ébranler les courages les plus fermes et les plus constants, il n'y en a point qui égalent une jeune fille appelée Rosoria de l’âge de dix-sept ou dix-huit ans et un jeune homme Toledan appelé Fadrique âgé de vingt-quatre ou vingt-cinq. […] Tant y a que comme au ciel il y a grande joie entre les Anges sur un pécheur qui vient à la pénitence.

94. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

tout le monde ne cherche-t-il pas la joie ? […] Tels étaient les sentiments de joie que me donnaient les amants sur le théâtre, lorsque par leurs intrigues ils faisaient réussir leurs désirs, ou de tristesse lorsque quelque accident venait à les séparer, quoique ce ne fussent que des fictions : « In theatris congaudebam amantibus, cum sese fruebantur, cum autem sese amitebant quasi misericors contristabar. » Aujourd’hui j’ai plus de pitié de celui qui se réjouit dans son crime, que de celui qui regrette une félicité méprisable et une volupté pernicieuse. […] Qui voit les Acteurs avec joie, ne verra le Sauveur qu’avec douleur : « Videbunt Salvatorem, et contristabuntur. » (Epist.

95. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

L’âme ne trouve rien en elle qui la contente ; elle n’y voit rien qui ne l’afflige quand elle y pense ; c’est ce qui la contraint de se répandre au dehors, et de chercher, dans l’application aux choses extérieures, à perdre le souvenir de son état véritable : sa joie consiste dans cet oubli, et il suffit, pour la rendre misérable, de l’obliger de se voir et d’être avec soi. […] Les passions extravagantes des amants que des obstacles séparent, l’expression désordonnée de l’amoureux délire des héros, les joies et les tourments de l’amour, les descriptions enflammées et les actions immorales, les amoureux transports des acteurs, toutes choses qui entrent pour beaucoup dans la composition de nos tragédies les plus sages et les plus décentes, tout cela, je le demande, est-il compatible avec une religion qui fait une obligation de la pureté du cœur ? […] Voulons-nous trouver les sources abondantes d’une innocente joie et du véritable contentement, aussi bien que les moyens d’étendre les limites de notre intelligence et la science de notre propre cœur ?

96. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Si le dessein de la Comédie est de corriger les hommes en les divertissant, le dessein de Molière est de les perdre en les faisant rire ; de même que ces Serpents, dont les piqûres mortelles répandent une fausse joie sur le visage de ceux qui en sont atteints. […] Les Vierges et les Martyrs ont paru sur le Théâtre, et l’on faisait couler insensiblement dans l’âme la pudeur et la Foi, avec le plaisir et la joie. […] Je ne vis personne qui eût mine d’honnête homme, sortir satisfait de sa Comédie ; La joie s’était changée en horreur et en confusion, à la réserve de quelques jeunes Etourdis, qui criaient tout haut que Molière avait raison, que la vie des Pères était trop longue pour le bien des Enfants, que ces bonnes gens étaient effroyablement importuns avec les remontrances, et que l’endroit du fauteuilu était merveilleux.

97. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

En éffet, considérez un peu leurs divers amusemens, vous vous appercevrez qu’ils remplissent des vues bien opposées ; ils servent à faire naître la joie, & procurent de solides avantages.

98. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VII. » pp. 36-41

Ce n’est pas que sur le pied où en sont aujourd’hui les choses, il ne soit difficile que sa Sainteté en fasse éclater son juste ressentiment avec fruit ; mais le Héros n’en sera que plus à plaindre, et les gens de bien, mes Pères, au lieu de prendre part à la joie profane de votre ridicule Ballet, gémiront de voir un homme qui selon l’expression de l’Ecriture, « abandonne son propre lieu, et devient comme un oiseau qui quittant son nid », court risque d’être foulé aux pieds des passants.

99. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

C’est de cette récréation folle, et déréglée que parle Job, lorsqu’il dit, expliquant la conduite, et la manière de vivre des pécheurs, « qu’ils se réjouissent au son du Tambour, et des autres Instruments, et qu’après cette vaine et courte joie ils se précipitent dans les enfers en un moment ».

100. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

S’ils le sentoient, se livreroient-ils à cette joie insensée ? […] L’homme sage au contraire, qui sait donner un frein à cette passion, & comme un athlète plein de courage sait la combattre & la vaincre, en ressent la plus pure joie.

101. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Cette Dame, exposée à tous les regards, les soûtenant avec modestie & majesté, dissimuloit par une joie ouverte sur le succès de ses élèves, celle que lui donnoient des applications si flatteuses. […] Après avoir fait leurs vendanges, les paysans de l’Attique se livroient à la joie bachique, buvoient, chantoient, crioient, comme des buveurs dans un cabaret, se jetoient des brocards, se tournoient en ridicule, se contrefaisoient, comme nos batteliers de la Loire, du Rhône, de la Garonne, &c. qui se disent les injures les plus grossieres & les paroles les plus obscènes (dont pourtant on n’a pas honte de s’amuser ; c’est un croquis du théatre). […] Là le Grec, né moqueur, par mille jeux plaisans Distilla le venin de ses traits médisans : Aux accès insolens d’une bouffonne joie La sagesse, l’esprit, l’honneur furent en proie.

102. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Voyez ce père tendre, qui s’épuise de travail, pour qu’un jour son fils & sa fille reçoivent de sa main, en le bénissant, un bien plus considérable au jour de leur mariage ; c’est que pour lui, le plaisir d’être le bienfaiteur de ses enfans, est le plus doux de tous : jetez enfin les yeux sur l’homme assis au dernier degré, voyez-le durant la semaine se livrer aux plus rudes travaux ; c’est qu’il entrevoit qu’ils doivent, au bout de six jours, lui fournir le moyen de s’abandonner à la joie. […] Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. […] si les plaisirs qu’il nous procurera, dérivent de notre nature ; si le père y voit briller les talens de son fils ; si le fils goûte l’inexprimable plaisir d’ennivrer de joie le cœur d’une tendre mère ?

103. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Il continue par saint Augustin, qui remarque dans le troisième Livre de ses Confessions, Chapitre 2. qu’encore qu’il n’y ait rien que de feint dans les Représentations, l’on ne laisse pas de prendre part à la joie de ces Amants de Théâtre, lorsque par leurs artifices ils font réussir leurs impudiques désirs ; qu’on ne prend pas de plaisir dans les Comédies si l’on n’y est touché de ces aventures Poétiques qui y sont représentées, et dont cependant on est d’autant plus touché, que l’on est moins guéri de ces passions. […] Je ne puis vous trop recommander cet avis, ni vous exprimer comme il faut, les maux que causent les Chansons malheureuses qui font tout le divertissement et toute la joie de ceux qui suivent les maximes du siècle. […] » Vous voyez par ces paroles de l’Apôtre, qu’il n’est pas permis aux Chrétiens de dire la moindre parole non seulement déshonnête, mais même peu sérieuse, ou qui tienne pour peu que ce soit de la bouffonnerie, bien loin d’en faire toute leur joie et tout leur divertissement.

104. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Ce n’est pas se réjouir dans le Seigneur d’en faire une matière d’amusement ; le véritable objet de la joie Chrétienne, c’est le souvenir de ses miséricordes, la vue de ses bienfaits, l’espérance de la félicité éternelle : « Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi, in domum Domini ibimus. » Ce n’est pas, il est vrai, un langage à tenir aux Comédiens ; ils le prendraient pour un délire. […] Les bouffonneries les impiétés, vous inspirent-elles donc une sainte joie ? […] Sans doute on ne parle pas toujours morale, mais il n’est jamais permis de la proscrire ; on n’alarme pas toujours le pécheur, mais on ne doit jamais l’aveugler ; on ne prêche pas toujours la pénitence, mais il ne faut jamais en détourner ; on peut inspirer l’amour et la joie au juste, mais jamais la dissipation, la folle joie, l’amour profane, et ce n’est que par un abus sacrilège qu’on emploie à l’entretenir ce qui ne fut fait que pour le réprimer.

105. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Quelqu’un nous dira peut-être que l’Ecriture qui contient des instructions si mortifiantes pour ceux qui aiment le monde, contient aussi des Histoires admirables et qui peuvent plaire à toutes sortes de personnes : Qu’il n’est pas toujours nécessaire d’intimider les pécheurs, et que c’est toujours un bien de leur faire trouver de la joie dans le récit de l’Histoire Sainte. […] Dieu approuve ses ajustements et ajoute même de nouveaux agréments à sa beauté ; quelle joie pour une assemblée, qui ne sait presque s’entretenir d’autres choses que de parures, d’ajustements, et des avantages de la beauté ? […]  » Ne faut-il pas dire au contraire de ceux qui travaillent pour le Théâtre, ou qui le fréquentent, qu’ils admettent les passions honteuses, pourvu qu’elles soient cachées, admittunt occulta dedecoris, toute leur joie est d’avoir inventé de nouvelles manières de les déguiser, pour faire trouver agréable ce qui aurait fait rougir, ambulantes in astutia, ne craignant pas même d’altérer l’Ecriture, adulterantes verbum Dei. […] Car outre qu’Origène nous a dit qu’il ne faut s’en nourrir que dans les lieux saints, « In loco sancto edi jubentur », le Prophète Jérémie qui regarde les divines paroles comme « la nourriture de son âme et la joie de son cœur », ajoute d’abord après, que la parole de Dieu lui a appris à ne pas s’asseoir avec ceux qui jouent Jerem[ie]. 15. 17.

106. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Chacun à son tour : ils sont maintenant dans la joie ; nous sommes dans la tristesse. […] Disciple de Jésus-Christ vous êtes trop délicat, si vous prétendez avoir du plaisir dans le siècle ; ou plutôt vous êtes insensé, si vous regardez la joie de ce monde comme un véritable plaisir. Les philosophes n’ont donné le nom de plaisir, ou de volupté, qu’au repos, et à la tranquillité de l’âme : c’est cette tranquillité qu’ils regardent comme le fondement de leur joie, de leurs divertissements, et de leur gloire. […] Quelle sera en ce jour la joie des anges, la gloire des saints, la récompense des justes, et la magnificence de cette nouvelle Jérusalem, où ils iront régner éternellement ? […] Ou si vous voulez, quel objet de joie et de plaisir, en voyant tant de célèbres monarques, que l’on disait régner dans le ciel, pousser d’affreux gémissements au milieu des profondes ténèbres de l’enfer avec leur dieu Jupiter, et avec la foule de leurs favoris ?

107. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Notre Siècle ne s’est pas seulement orné d’un Spectacle digne enfant de la joie ; la Littérature fait d’un autre côté des progrès qui achévent de combler sa gloire.

108. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

pourquoi y faire notre joie de notre douleur ? […] Le Jeu est-il le père de la joie, ou la joie est-elle la mère du Jeu ? […] est-ce la joie ? […] C’est trop relever le Jeu de le mettre en parallèle avec la joie, dont il n’est que le valet, et un valet qui n’est nécessaire qu’à certaines occasions : S’il était le père de la joie, il ne la troublerait pas, comme il fait souvent : partout où il serait, partout il l’engendrerait ; où nous expérimentons que ce serviteur infidèle lui fausse tous les jours la foi, et qu’au lieu de la défendre, il la combat. […] Ce Prince qui avait été travaillé d’une assez longue infirmité d’esprit, ayant quelque commencement de santé en voulut donner la joie au public de l'avis de ses meilleurs amis, y pouvait-il avoir une intention plus légitime ?

109. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

en connaît-on beaucoup, qui affectionnés au sermon et à l’office de la paroisse, après les avoir ouïs ; aillent perdre à la comédie dans une si grande effusion d’une joie mondaine l’esprit de recueillement et de componction, que la parole de Dieu et ses louanges auront excité ?

110. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Le Chef du Corps-Municipal vint de Besançon avec les Compagnies bourgeoises, se rendit chez la Rosiere où se trouverent les Juges & le cortege tout formé, la prit par la main & la mena à l’Eglise avec celle qui avoit l’accessit : le Curé la reçut à la porte de l’Eglise & lui fit ce petit discours : Vous avez grand sujet de vous réjouir, ma chere fille, puisque ce jour est pour vous un jour de triomphe, mais votre joie doit être sainte ; c’est moins à vous qu’à la vertu qu’on rend hommage, & vous devez l’honorer en vous par une modestie soutenue. […] Mais il ne fait jamais goûter une joie plus pure, plus sincere, plus innocente, plus glorieuse à la vertu.

111. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

On doit donc regarder l’invention de la musique comme un présent que Dieu nous a fait pour l’employer à chanter sa gloire, à lui exposer nos besoins, à le remercier de ses dons, à manifester notre joie dans la prospérité, à dissiper nos chagrins dans nos afflictions, à soulager nos peines dans nos travaux, à exciter enfin l’ardeur martiale dans le cœur des combattants.

112. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Depuis l’enfant au berceau qui répand des larmes, ou sourit au plaisir & s’exprime par des accens de douleur ou de joie, jusqu’au soldat qui marche aux combats & court à la victoire ou à la mort au son des instrumens, tout est musique & harmonie dans la nature. […] Il est ridicule qu’à des assemblées où chacun se rassemble sans se connoître, & en achetant seulement le droit de s’y rendre, des gens qui ne se sont point encore vûs & qui ne se reverront peut-être jamais, se livrent aux transports de la joie, dont la danse est l’expression. Cette joie n’est bientôt plus que celle de la volupté ; & l’honneur y est en grand danger, malgré la présence de quelques parens & celle du Magistrat, que M. […] Cette expression ne prouve rien pour l’Acteur, il seroit ridicule de penser qu’il fût possible que l’héritier présomptif d’une couronne n’eût d’autre exercice que l’emploi de Comédien ; mais avec quels applaudissemens, avec quelle satisfaction, avec quels transports de joie les spectateurs verroient des jeunes élèves de l’Ecole Militaire & de S.

113. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Œdipe apprend la mort de Polybe, Roi de Corinthe, dont il croit être le fils ; il mêle à sa douleur quelque espèce de joie, puisqu’il voit tomber par là cet Oracle, qui lui avait prédit, qu’il serait le meurtrier de son père ; mais il apprend en même temps, qu’il n’est point fils de Polybe ; et cette nouvelle emmène le dernier secret de sa destinée : Il se trouve fils de Laïos, qu’il a tué, et de Jocaste qu’il a épousée. […] Afin qu’un événement dont l’issue doit être triste et funeste, fasse tout son effet sur l’esprit du spectateur ; il faut que le Poète dans les premiers Actes le remplisse d’espérance, et d’une certaine joie, que lui cause la prospérité de ses Héros ; un revers qui le fait tomber tout à coup dans le malheur, excite de grands sentiments par un retour de passions contraires. […] Un homme féroce et sanguinaire se repaît de spectacles cruels ; les plaintes, les cris, les gémissements des malheureux ne sauraient l’attendrir ; il n’est point touché des maux qu’il fait souffrir aux autres, et il goûte une joie barbare, quand il voit les autres tomber dans de grandes infortunes. […] La fin des pièces dramatiques est d’exciter en l’âme plusieurs passions tour à tour, la tristesse, la joie, la douleur, l’espérance, le désespoir : Ces passions entrent dans l’âme par les yeux, et par les oreilles, par les spectacles, et par les récits ; lorsqu’on fait voir au spectateur, quelque objet pitoyable, ou qu’on lui raconte quelque Histoire tragique.

114. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Ces préceptes nous obligent à n’aimer que Dieu ou ce qui tend à lui, n’avoir joie, ni tristesse, ni autre passion que pour lui ou pour son service, ne penser qu’à lui ou à ce qui est référé à lui, n’agir que pour lui ou pour ce qui peut réussir à sa gloire ; et vous m’avouerez que ce n’est pas pour Dieu que vous allez au bal, car on n’y pense point à Dieu ; vous n’y avez point d’affection ni de passion pour Dieu, rien ne s’y fait qui tende à sa gloire, ni de près ni de loin, ni médiatement ni immédiatement : vous m’avouerez que l’argent que vous donnez pour les violons, les comédiens et les cuisiniers, soulagerait notablement un pauvre ménage.

115. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

le divertissement innocent d’une joie pure & simple ne peut-il vous suffire ? […] En effet, n’est-ce pas là que l’on remue tous les plus grands ressorts de l’ame ; tantôt ces terreurs, qui préparent aux joies inopinées ; tantôt ces suspensions dans l’attente des grands événement ; tantôt ces tristesses que produisent les éclatants revers ? […] Ici la joie éclate, ailleurs les larmes coulent ; & dans ces pieces qu’on nomme saintes, dans ces pieces où l’on ne cherche qu’à s’édifier & à s’instruire, Seigneur, vous le savez, si ces pleurs sont pour vous !

116. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Tous burent rafade au bon Roi ; il eût été plus noble de faire tout-à coup sourdre une fontaine de vin, d’un coup de baguette ; on porta de tout côté la santé du Roi avec les acclamations les plus vives, au milieu des cris de joie, & d’applaudissemens, la musique exécutant divers morceaux choisis, ne put se faire entendre, ni les acteurs continuer au milieu de cette fête bachique, mais il n’y eut point de désordre. […] quel amer assaisonement de la volupté, de la joie & de la crainte !

117. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

 30), que le dernier avénement de ce Seigneur triomphant, la joie des Anges, la résurrection des Saints, le règne des Justes, la nouvelle Jérusalem ! […] Voyez dans la religion une multitude de malades guéris par miracle ; & si vous écoûtez la raison & l’intérêt de votre salut, jugez de ce qui doit vous donner plus de joie, un cheval qui court, ou un malade guéri.

118. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre V. De la Musique ancienne & moderne, & des chœurs. De la Musique récitative & à plusieurs parties. » pp. 80-93

Les Grecs, dit l’Auteur ci-dessus, avoient « des vers & des chants pour la plainte & pour la douleur, pour la colere & pour la joie.

119. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Elle éxcitait des ris, non èxtravagans, mais de ces ris légers, doux mouvemens de l’ame, qui dénotent qu’on est charmé de ce qu’on voit, de ce qu’on entend, & qui prouvent mieux la joie que des éclats qui partent toujours sans réfléxion : voilà quelle est la véritable Parodie ; le Cyclope d’Euripide, la seule qui soit parvenue jusques à nous, aurait dû nous l’apprendre.

120. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Huitième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 287-295

. *** partageait notre joie ; elle augmentait notre félicité, en nous en vantant le prix.

121. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Le véritable plaisir d'un Chrétien consiste à se priver de tous les plaisirs passagers ; à attacher son cœur au lieu où se trouvent les véritables délices ; et à se faire de Jésus-Christ l'unique objet de ses consolations, et de sa joie.

122. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Qui saurait connaître ce que c’est en l’homme qu’un certain fond de joie sensuelle, et je ne sais quelle disposition inquiète et vague au plaisir des sens qui ne tend à rien et qui tend à tout, connaîtrait la source secrète des plus grands péchés.

123. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Ceci achève de nous prouver que des incidens prévus, & une catastrophe que tout le monde sçaurait, causeraient autant de trouble, de compassion ou de joie, que des événemens ignorés. […] C’est à quoi l’on fait très peu d’attention ; l’on fait chanter à la fin des Opéras-Bouffons un personnage qui n’a souvent nulle envie de prendre part à la joie générale.

124. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Ils parurent tout-à coup dans leurs loges, leur aspect imprévu remplit tout le monde de joie ; mais lorsque après avoir marqué sa satisfaction, l’Impératrice annonça elle-même cet heureux évenement, avec cette beauté qui la caractérise ; les acclamations redoublerent, les Ministres, les Ambassadeurs volerent à sa loge ; parterre, emphithéatre, loges, acteurs, danseurs, tout étoit dans l’ivresse. […] Son amour pour la S… lui a fait oublier sa Demasse, celle-ci avoit succedé à la Florence, danseuse de l’opéra, & lui faisoit infidélité en faveur de Baron, fameux comédien ; elle l’a avoué, il lui a ôté un fils qu’elle lui avoit fait, & tous les présens dont il l’avoit comblée, elle a tout rendu avec joie, s’estimant fort heureuse de se donner toute entiere à son cher Baron. […] On vit des hommes sauvages, des Rois de la fêve mêner grand joie.

125. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

On confond dans les fêtes les exercices qui font le culte de Dieu, les prieres, le sacrifice, les cantiques, les cérémonies, avec les marques de la joie qu’excite l’objet qu’on y célebre. […] C’étoit un transport de joie de se voir possesseur de l’Arche qui avoit comblé de biens la maison d’Obededom. […] C’est-là qu’il a joui d’un plaisir délicieux, douce récompense de sa justice & de son affabilité ; c’est-à-dire, des applaudissemens de joie de tout le peuple.

126. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Mais l’orgueil ne suit pas cette route ; le premier mouvement est de joie, le second d’estime pour soi-même, le troisiéme d’indifférence & de dédain pour les autres.

127. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Ce langage n’est point en la seule bouche de Moliere, c’est le refrain périodique du Théâtre ; l’original est dans l’Ecriture ; mais c’est le langage de ces impies que la Justice divine abîma en un déluge de feu, dans les délicieuses contrées de la Pentapole, puisque la1 vie est si courte, disoient-ils, & notre fin incertaine, usons des créatures, enyvrons-nous des vins exquis, que notre jeunesse ne se passe point sans en avoir cueilli la fleur ; prenons les roses du printemps pour nous en faire des couronnes, avant qu’elles se fanent ; que tous les lieux de délices retentissent de nos douces clameurs, & portent les marques de notre joie & de nos excès.

128. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables.

129. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

L’innocente joie aime à s’évaporer au grand jour ; mais le vice est ami des ténèbres, et jamais l’innocence et le mystère n’habitèrent longtemps ensemble. […] Où est la pure joie et la véritable allégresse ? […] Non, il n’y a de pure joie que la joie publique, et les vrais sentiments de la Nature ne règnent que sur le peuple. […] Tant pis, si le peuple n’a de temps que pour gagner son pain, il lui en faut encore pour le manger avec joie : autrement il ne le gagnera pas longtemps. […] Vois-tu ces bons Genevois ; ils sont tous amis, ils sont tous frères ; la joie et la concorde règne au milieu d’eux.

130. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Desorte qu’ils entrent sur la Scène, dans des mouvemens de colere, quand ils doivent paroître ennivrés des impressions de la joie, ou de celles-ci, quand leur rôle demande ceux-là.

131. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Le but de l’Eglise en rassemblant ses enfans, n’est pas de les attrister, par des idées sombres, & de les tenir immobiles plusieurs heures de suite, dans une posture gênante : elle cherche au contraire à les remplir d’une joie pure, dans la célébration des Fêtes, pour leur rapeler les bienfaits de Dieu ; Héliot (Hist. des Ordres Monastiques) raporte que les persécutions ayant troublé la sainte paix des Chrétiens, il se forma des Congrégations d’hommes & de femmes qui, à l’exemple des Thérapeutes, se retirèrent dans les deserts ; là ils se rassemblaient dans des hameaux les Dimanches & Fêtes, & y dansaient pieusement en chantant les prières de l’Eglise.

132. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XII. Du Dimanche et des jours des Fêtes. » pp. 54-66

Ce qui est encore expressément marqué dans les Livres des constitutions Apostoliques, qui nous apprennent que les jours des Fêtes ne sont établis que pour le culte de Dieu, et afin que nous nous souvenions de sa naissance dans la chair, de sa mort, et de sa résurrection, et qu’étant remplis d’une joie toute spirituelle dans la vue de ses inestimables bienfaits, nous l’honorions par des actions de grâces, et par des œuvres de vertu.

133. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Partout où se rencontrent la danse, la musique et les transports d’une joie effrénée, les femmes s’oublient de leurs devoirs, les hommes sont saisis d’un esprit de vertige : c’est un sujet de tristesse pour les anges, c’est le sanctuaire des démons et leur grande fête27. » Saint Isidore de Séville, qui vivait au septième siècle, appelle le théâtre un lieu de prostitution, theatrum idem et prostibulum.

134. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Ainsi la flûte & le flageolet avoient leur langage, c’est-à-dire sans doute, qu’ils y avoient des airs, des mouvemens qui exprimoient la joie, des airs tendres & languissans, des airs tristes & lugubres, ce qui se trouve dans tous les pays, parce que la nature l’enseigne, aussi bien que les gestes, les regards, les inflexions de la voix Les filles y étoient si accoutumées, qu’elles entendoient leurs amans, & leur rendoient réponse à la premiere entrevue, & souvent se rendoient sur le champ au rendez-vous, à l’invitation de la savante musique de leur Orphée. […] Je vis venir vers moi une femme d’une beauté extraordinaire & pleine d’attraits ; il étoit mal aisé de s’en défendre ; l’amour, la joie, les plaisirs étoient peints sur son visage. […] Elle me parla (langage de l’Opéra) livre tes sens aux doux plaisirs, dédommage-toi des peines d’une longue captivité, profite des avantages de la jeunesse ; c’est maintenant le temps de la joie, avant que la vieillesse languissante t’ôte cette vigueur, ces agrémens.

135. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Quoiqu’il en soit ; Œdipe est presque hors de lui-même à la nouvelle de cette mort, et désire avec impatience d’en apprendre chaque particularité : « Afin que la tempête de sa joie croisse par degrés et s’élève enfin jusqu’aux étoiles. […] d’un cerveau creux : elle n’a pour garants ni la nature ni l’exemple : Sophocle ne peint point Œdipe dans une tempête de joie ; il ne le guinde point aux étoiles. […] Bien plus, que cela passe au-delà même de la voûte azurée, et du Palais des Dieux ; et que le fracas de ma bruyante joie les rende sourds.

136. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Ainsi elle n’avoit rien que de grave, & elle étoit si nécessaire que dans l’Ajax de Sophocle, dont le Chœur est composé de Soldats qui sont censés ne savoir pas danser, le Poëte suppose que dans un transport de joie, ils invoquent le Dieu Pan, celui qui regle les danses des Dieux, pour qu’il leur inspire une danse, Parce que, disent-ils, dans un pareil sujet de joie, il faut nécessairement que nous dansions.

137. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Le Seigneur nous dit : « Malheur à vous, qui passez vos jours dans la joie & dans les divertissemens. » C’est Jesus Christ lui même qui parle : doit-il être crû ? […] « C’est vous joüer, mon frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anatheme au demon, comme vous avez fait recevant sur les Fonts la grace de Jesus-Christ, & de rechercher maintenant les fausses joies, qu’il vous présente dans ce spectacle de vanité. » Elle a raison la Demoiselle, que du moins les Devotes s’en doivent absténir : & ce seroit à juste titre qu’elle se scandaliseroit, si quelqu’une de ces Demoiselles, qui se sont volontairement engagées à passer leur vie en priéres & en œuvres de charité, venoit se montrer dant la Comedie ; si elle veut prendre, diroit elle fort bien, part à nos plaisirs & à nos passetems, qu’elle renonce à sa vie retirée & à la profession : voila, Madame, quels seroient les justes sentimens de cette fille sur la conduite des Devotes : mais pourquoi ne s’applique-t-elle pas des regles si justes & si raisonnables ?

138. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

L’Empereur souscrivit avec plaisir à des prières si justes ; tous les Chrétiens s’y conformèrent avec joie. […] Mais un divertissement si vif, si long, si suspect, si opposé à la sainteté, ne fut jamais cette joie sainte que Dieu recommande, cette honnête recréation qu’il permet : Gaudate in Domino semper.

139. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Et c’est là la récompense que Dieu lui destine : l’union éternelle à sa propre gloire ; la contemplation de ses perfections, accompagnée d’une joie qui l’inondera de sa plénitude, et qui sera sans fin comme sans affaiblissement.

140. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Quelle joie pour les auteurs ! […] Entrez dans ce salon où de rians Protées échangent en riant leurs formes empruntées, où la nuit le tumulte & le masque trompeur font naître à chaque instant d’agréables erreurs, où le maintient décent, la froide retenue n’imposent point de gêne à la joie ingénue, où les sexes, les rangs, les âges confondus suivent en se jouant la Folie & Momus. […] Autre épisode : conduite par la jalousie & par la curiosité, la premiere des concubines vient à l’attelier ; elle est témoin de l’infidélité de Campargue, & fait éclater sa joie que lui donne l’espérance de perdre sa rivale, en découvrant sa perfidie. […] On profite de la joie qu’inspire la fête pour demander leur grace : il la leur accorde & les abandonne Valoient-il la peine d’être punis ?

141. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Comme le premier de ces deux Arts, tantôt il ennivre l’âme d’une joie vive & pure ; tantôt il y porte l’étonnement, y excite la pitié, la terreur, ou la remplit de courage : Comme le second, il fait des Tableaux ; mais (& j’ose le dire) il est en ce cas, bien au-dessus de la Peinture. […] Pour rendre cette vérité plus sensible, recourons à l’expérience : Si vous menez au Théâtre des Jeunes-gens que l’air contagieux d’un certain monde n’ait point encore imbus, fût ce à nos Pièces les plus libres, ils néprouveront qu’une joie innocente, un délicieux épanouissement : au contraire, si vous conduisez un cœur gâté au Préjugé-à-la-mode, au Tartuffe, &c.

142. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Ils le sont davantage ; la dépense qu’on vient de faire, les augmente ; la joie qu’on vient de goûter, la pompe qu’on vient de voir, les font mieux sentir ; les passions qu’on vient d’éprouver, rendent plus impatient. […] Il faut être quelquefois insensé avec le peuple, pour modérer la folle joie : « Paulos ratio capit expedit interdum desipere.

143. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Le monde sera dans la joie, et vous dans la tristesse, pleurons tandis qu'il se réjouit ; il pleurera, et nous serons pleins d'allégresse. […] « 30.° Quel plus beau spectacle que l'avènement du Seigneur triomphant, la joie des Anges, la résurrection des Saints, le règne des Justes, la nouvelle Jérusalem, ce dernier et perpétuel jour du jugement, si peu attendu, si méprisé, lorsque ce monde si ancien et tant de fois renouvelé sera consumé par le feu !

144. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Pour moi la Vérité, cette chaste Fille du Ciel, siège dans mon sein ; elle fait mes délices, & je sens une joie voluptueuse à suivre ses douces impressions. […] Le Spectateur sent une sainte joie à ce dénouement qui succède aux larmes que les Martyrs lui ont arrachées ; il sort pénétré ; il l’oublie le lendemain, le moment même : est-ce la faute de l’Acteur si le vice se renouvelle sans cesse dans le cœur des humains ? […] On tient que les Phocéens, Peuples de l’Ionie, jettèrent les fondemens de Marseilles, vers l’an du monde 3400, & la nommèrent Marseilles, en latin Massilia, de deux mots grecs qu’ils répétèrent en abordant, pour marquer la joie qu’ils préssentaient de se voir sur les terres des Saliens. […] ils sont tous amis, ils sont tous frères ; la joie & la concorde règnent au milieu d’eux. […] Non, il n’y a de pure joie que la joie publique, & les vrais sentimens de la nature ne règnent que sur le peuple.

145. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Quel motif empêcherait qu’on accueillît avec joie un genre nouveau de plaisir & d’amusement ?

146. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

parcequ’ils les autorisent par leur présence, à proportion qu’ils sont plus recommandables par leur dignité ; & que la joie qu’ils témoignent à entendre leurs bouffonnes plaisanteries, contribue à rendre ces indignes farceurs encore plus insolens. […] Saint Thomas en ces endroits parle seulement de certains jeux de théatre, qui sont en quelque façon utiles & même nécessaires pour l’honnête récréation du monde, par maniére de délassement d’esprit ; tels que sont les piéces qu’on représente en nos tragédies, des révolutions de Régnes & d’Empires par le sort des armes ; des histoires tragiques & surprenantes, qui n’excitent que des passions nobles, comme l’admiration, par la singularité des glorieux événemens & de quelques faits prodigieux ; la compassion, par la fatale destinée de quelques illustres malheureux que le sort a outragés nonobstant leur vertu ; tantôt la joie, quelques momens après la tristesse & la douleur ; tous ces mouvemens opposés d’espérance, de force ou de crainte, dont la variété plaît & réjouit innocemment l’esprit sans corrompre le cœur, parceque les mœurs n’y sont aucunement intéressés.

147. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Les Princes comme vous font leur félicité de repandre la joie dans leurs Etats, & les Auteurs comiques, Ministres en ce point des intentions d’un bon Prince, tâchent de nourrir cette joie.

148. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Le rocher étoit couvert de lauriers, d’oliviers, de rosiers, symboles de la paix, de la joie, & au-devant on avoit pratiqué le théatre, auquel cet appareil servoit de décoration & les allées de parterre. […] Ses partisans ont tâché d’étouffer les gémissemens publics, en faisant retentir la ville de leurs cris de joie, & de ces mots qu’on n’entendoit autrefois que pour le roi, vivat Poninski.

149. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

J’admire quelle joie on goûte à tout cela. […] Ayez bon courage, dit-elle, comptez sur la protection du Dieu du ciel ; sa miséricorde changera vos larmes en joie : Dominus cœli det tibi gaudium pro tædio.

150. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Mon amie, le Français veut qu’autour de lui tout respire le plaisir & la joie ; il ne goûterait dans ses Acteurs ni l’esclavage ni la contrainte. […] Caillot : Sa présence inspire la joie ; son Jeu ravit ; sa voix gracieuse & sonore remue les cœurs.

151. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Enfin la vie d’un Chrétien est, selon l’Evangile, une vie de mortification, d’insensibilité, et de mort à tous les vains plaisirs et les fausses joies du monde. […] Cette sainte Mère des fidèles quitte ses Cantiques de joie et ses beaux ornements, pour en prendre de tristes et de lugubres ; afin de donner à ses enfants une preuve sensible de sa douleur, et pour leur faire avoir un vif ressentiment de leurs péchés, qui ont donné la mort à son divin Epoux.

152. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Tout le monde se livra à la joie, le sexe cloîtré n’y est pas moins sensible que les Dames du monde. […] Ces ouvrages parlent fort peu du théatre, les plaisirs qu’on y goûte sont trop vifs, les passions qu’on y excite sont trop violentes, l’attention qu’il exige trop soutenue pour être du goût de la volupté paresseuse, dans laquelle il languissoit ; mais il rapporte deux fêtes théatrales qui furent données aux Princes avec le plus grand éclat : l’une à Anet par le Duc de Vendôme, l’autre à Chantilli par le Prince de Condé, qu’avoient imaginé & dont firent les honneurs & la joie trois hommes faits l’un pour l’autre : le grand Prieur de Vendôme, pieux Chevalier de Malthe, le dévot Abbé de Chaulieu & le sage Marquis de la Fare. […] Richelieu, j’eus ce foible, il est vrai, mais le plus grand des hommes seroit celui qui n’en auroit qu’un, le mien fut de vouloir qu’on me crût aussi grand Poëte que j’étois grand politique ; ma joie fut plus vive de voir accueillir Marianne, que de voir apporter les clefs de la Rochelle.

153. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Le théatre sert à tout, à la defaite & à la victoire, à la joie & à la tristesse ; on voyoit à Dresde dans la même loge, le Roi qui avoit chassé l’Electeur & sa famille prisonnière, tous deux rians, mais d’un rire bien différent.

154. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

c’était toujours attacher le Spectateur ; car pouvait-il se dispenser de fixer sa vue sur l’objet de ses allarmes ou de sa joie, tandis qu’il s’offrait à ses regards ?

155. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Il dit que dans une ville d’Espagne extrêmement déreglée, une partie du Sexe, laquelle s’était préservée de cette corruption, ramena l’autre à la régularité de leurs devoirs : Et puis toutes ensemble conspirèrent si hautement contre ce qu’il y avait d’hommes libertins, qui n’étaient point reçus dans leurs sociétés, qu’en peu de temps on y vit refleurir l’ancienne honnêteté des mœurs, sans perdre la douceur de la joie.

156. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

C’est précisément sa douleur qui fait sa joie dans ces spectacles d’attendrissement ; mais comme la compassion qu’inspire la Tragédie, est proprement une compassion stérile, qui ne tend pas à secourir les affligés, mais seulement à s’unir de cœur à leur affliction ; il s’ensuit qu’on prend tout le mauvais de la Tragédie, et que le bon échappe faute d’objet sur qui l’appliquer.

157. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

Nous lisons aussi dans un Concile de Carthage, qu’on ne doit point tolérer en aucune manière ces spectacles, ni le jour du Dimanche, ni les autres Fêtes ; parce que comme nous apprenons encore du sixième Concile, les fidèles doivent passer ces jours dans les lieux saints, et ne vaquer qu’à la prière et au chant des Psaumes, des Hymnes et des Cantiques spirituels, afin que leur joie soit toute en Dieu, et en Jésus-Christ, et que n’appliquant leur esprit qu’à la lecture des choses saintes et divines, ils se nourrissent de la parole de Dieu et du fruit des divins mystères.

158. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

Elle cherche Renaud : la rage est dans son cœur ; Ce Renaud, qui bientôt doit être son vainqueur, Est l’objet détesté que poursuit sa vengeance : La cruelle avec joie essayant sa puissance, D’un coup de sa baguette éléve, anéantit ; L’Enfer, les Élémens, et le Jour et la Nuit A ses ordres soumis respirent sa tendresse, Ou servent en courroux sa fureur vengeresse.

159. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Là, le vin & la joie éveillant les esprits, Du plus habile Chantre un bouc étoit le prix. […] Or, si cela est, le dénouement est par la joie : la terreur & la pitié sont nulles ; & la Tragédie se confond avec la Comédie. […] La Musique & la Danse, deux sœurs que la cadence a toujours unies, furent d’abord employées, comme la Poésie, à exprimer d’une maniere plus vive les transports du respect dont les hommes étoient pénétrés pour Dieu, & la joie qu’ils ressentoient de ses bienfaits. […] Ces Vers n’étoient d’abord que de la prose cadencée, comme étant nés sur le champ, & faits par un Peuple encore sauvage, qui ne connoissoit d’autres maîtres que la joie & que les vapeurs du vin.

160. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

De quelle joie son cœur seroit-il transporté à la vûe du nouveau triomphe qu’elle vous verroit préparer à une Religion qu’elle aime tant, & à la quelle elle est si chere ! De quelle joie serois-je transporté moi même dans une circonstance aussi propre à lui faire agréer un hommage public de mon respect, moi qui ai l’honneur d’être attaché à son service ! […] Par ce moyen , Religion sainte, ces enfans infortunés qui sont nos freres, & dont la cause nous est commune à tant d’égards, cesseront d’être un objet d’anathéme à vos yeux, & vous les remettrez dans votre sein avec autant de joie que vous les en avez arrachés avec douleur. […] Madame Favart, la joie du Théatre Italien, a chanté le Stabat au Concert du Vendredi-Saint.

161. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Un Philosophe, sans cesse occupé à fonder les profondeurs de la Nature, à résoudre des problêmes, joueroit un mauvais rôle dans ces divertissemens, où la joie est poussée jusqu’à l’ivresse.

162. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Il se livre à la joie la plus vive.

163. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Comme leur conscience est nette, ils en ont une joie intérieure qui se répand jusque sur leur visage.

164. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

M. l’Evêque d’Amiens (la Mothe, grand homme de bien), apprenant qu’il y avoit un bal, fit appeller à minuit, ses Grands Vicaires, & leur dit, je veux vous mener au bal ; surpris avec raison, ils lui représenterent que cette démarche lui feroit tort, il persiste, on part sur le champ ; l’étonnement de l’assemblée, quand on le vit, seroit difficile à exprimer, un morne silence succéde à la joie à laquelle on se livroit : je ne suis pas venu , dit le Prélat, pour troubler vos plaisirs ; mais je vous demande à chacun, pour les pauvres de cette ville, qui sont accablés de misere, tandis que vous vous réjouissez, autant que vous avez dépensé pour le bal . […] Une carraque Portugaise venant des Indes, après des orages affreux, les plus grands dangers, la perte des marchandises ; ayant enfin doublé le Cap de Bonne-Espérance, se livre à la joie, après le Te Deum on joua une belle comédie, qu’on avoit apprise & exercée depuis Goa, pour la jouer : alors la carraque étoit ouverte de tout côté ; on relacha au Bresil, elle coula à fond en arrivant au port.

165. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Une circonstance fort singuliere, c’est que le saint prélat fut si rempli de joie de la conversion de Pélagie, que le jour de son Baptême il voulut se régaler par une grande fête : il dit à son diacre, qui faisoit toute sa maison : Voici le plus beau jour de ma vie ; livrons-nous à la joie.

166. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

L’amante infidelle entre & se jette dans ses bras avec un épanouissement de joie qui en eût imposé à un amant moins instruit. […] Le Roi en eut une joie infinie, il y crut voir sa ressemblance, & l’aima toujours.

/ 261