Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] Quoi qu’il en soit, voici le jugement que Polydore-Virgile fait des mascarades. […] Je n’ai point marqué en particulier qu’il fût défendu aux Religieux & aux Religieuses de danser ; & même d’assister aux danses & aux bals ; parce que cela s’infere assez naturellement de ce que je viens de dire des Laïques & des Ecclesiastiques ; & on doit porter le même jugement des autres recreations que j’ai fait voir n’estre pas séantes ou permises ni aux Laïques ni aux Ecclesiastiques.
qu’on n’objecte point que ce serait là le moyen dont Dieu voudrait se servir pour anéantir l’Univers : ce moyen ne serait pas celui qu’il a prédit aux nations qu’il emploiera ; les phénomenes les plus terribles doivent préceder son dernier Jugement. […] Rousseau, l’amour propre m’aveugle peut-être assez pour m’en dérober la justesse : je vais vous les exposer et y répondre ; vous aurez entendu les deux parties, il vous sera facile de juger et je n’en appellerai point de votre jugement. […] Mais puisque d’honnêtes gens pour le jugement desquels j’ai la plus respectueuse résignation, ont cru que je devais me défendre avec plus de modération, j’en demande excuse au Public et je passe condamnation. […] Les Anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement du Public et croyaient honorer leur modestie, en se taisant sur leurs autres vertus etc : De là venait que dans leurs Comédies les rôles d’Amoureuses et des filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves et des filles publiques, ils avaient une telle idée de la modestie du sexe qu’ils auraient cru manquer aux égards qu’ils lui devaient de mettre une honnête fille sur la scène, seulement en représentation.
Abus sur lequel aucune Accadémie n’a encore porté son jugement. […] L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Celui qui se sentira touché de ce que j'ai dit, qui voudra se corriger de ses vices, qui sera occupé de la crainte des jugements de Dieu, que la Foi lui représente, et qui commencera de vouloir marcher dans la voie étroite, craindra peut-être de n'avoir pas la force de persévérer, et nous dira ; ma volonté ne durera pas, et je ne continuerai pas dans la voie que vous m'avez proposée, si vous ne donnez des Spectacles à mes yeux, et des objets à mon esprit, qui me tiennent lieu de ceux auxquels je renonce. […] S'il est certain, comme on n'en peut pas douter, que le jour du Jugement viendra ; il faut pratiquer la vertu.
Que le Public me permette de l’entretenir un moment, non pas précisément de cet ouvrage qui n’a pas encore été soumis à son jugement, mais des difficultés qu’il a fait naître à plusieurs lectures, & des prétendus inconvéniens que quelques gens ont trouvés à sa représentation. […] Ce chapitre est donc spécialement écrit pour ceux dont le jugement est moins exercé, qui examinent moins sévèrement les idées qu’ils ont adoptées, qui prennent souvent l’usage pour le droit, & sont plus aisément persuadés par des exemples que convaincus par des raisonnemens. […] Ainsi, dans la ferme résolution où je suis de faire servir au bien de ma Patrie les foibles talens que j’ai reçus de la nature, je représenterai dans mes Tragédies, le plus énergiquement qu’il me sera possible, & les vertus & les vices des hommes qui sont livrés au jugement de l’Histoire.
Mais il me semble que ce jugement qu’on en porte est bien peu refléchi.
Evremond qui se cite tout seul, et qui de son propre aveu n’avait nulle teinture de la langue Grecque. « Pour le style de Plutarque, dit-il en quelque endroit, n’ayant aucune connaissance du Grec, je n’en saurais faire un jugement assuré.
changer les actions dont l’estime publique est l’objet, il faut auparavant changer les jugements qu’on en porte.
Ce n’est pas là seulement avoir de l’amour par une surprise d’inclination, c’est aimer son amour, c’est l’agréer, c’est s’y complaire, par un jugement rassis et réfléchi, c’est accroître ses passions par celles des autres ; c’est par la vanité de ces entretiens, nourrir des feux qu’on devait éteindre par des larmes des pénitence.
Maintenant, si Plaute est plus riche que Térence pour l’invention, celui-ci l’emporte sur l’autre pour le jugement et pour le bon goût : non seulement ses railleries sont plus fines et son style est plus élégant, mais ses caractères aussi sont plus exacts, et montrent qu’il a mieux connu la nature que Plaute. […] Outre l’Athéisme d’Aristophane, son peu de jugement est encore un titre pour annuler son autorité. […] Autre exemple du peu de jugement d’Aristophane. […] Ces remontrances d’Eschyle sont de bons mémoires pour faire le procès à bien des Muses : et si le Théâtre Anglais était ici appelé en jugement, Aristophane le condamnerait à être brûlé avec plus de raison qu’il ne mit le feu à l’Ecole de Socrate.
L’humiliation des gens de lettres, la corruption, la partialité des juges, la manière d’opiner, le jugement des pieces, la liberté d’entacher, flétrir les auteurs, de refuser leurs ouvrages, de leur fermer la carriere, de décourager les talens, &c. demandent la plus prompte réforme. […] L’auteur étoit en droit de porter ses plaintes ; mais il s’est contenté d’en appeler au jugement du public, en imprimant sa piece avec approbation & permission. […] Personne n’ignore que le jugement des écrits, sous ce point de vue, appartient exclusivement aux tribunaux. […] A l’égard de celle enregistrée le 22 décembre, & de la troisiéme adressée à la Troupe le 4 Mars, comme ces deux dernieres ne sont ni reçues, ni même jugées, & qu’il n’est plus possible que le sieur Mercier compte désormais sur l’impartialité des Comédiens, on le croit fondé à demander en outre que le jugement de ces pieces soit renvoyé à des Gens de Lettres ; à l’Académie Française, par exemple, si elle veut bien se charger de cette commission : alors le sieur Mercier sera jugé par ses Pairs, forme bien préférable à tous égards à celle qui est usage aujourd’hui. […] Si le Théatre remplit rarement cet objet politique, ce n’est pas la faute de l’art ; c’est sur-tout l’effet de cette indifférence avec laquelle on abandonne le jugement & le choix des pieces, à des hommes qui ne calculent que l’agrément & la recette.
Mais Tertullien poursuit, et il fait une triste peinture des Spectacles qui suivront le Jugement dernier ; et c’est là que les Comédiens feront leur personnage. […] Il avoue que son jugement ne doit pas passer pour décisif : et il avoue de même qu’étant Prêtre et que devant l’exemple aux Fidèles, il n’a jamais été à la Comédie et qu’il en a fait scrupule. […] Quant au jugement qu’il porte en faveur de la Comédie, comme il nous avertit qu’il ne doit pas passer pour décisif, nous nous le tiendrons pour dit, et nous lui promettons de n’y avoir pas plus d’égard que de raison : écoutons cependant les trois moyens dont il s’est servi pour former ce jugement. […] Ne serait-il pas un jugement plus équitable, s’il disait que si quelquefois des Prélats qui se trouvent à la Cour, assistent à ces sortes de représentations, c’est qu’ils y sont entraînés par le torrent des Courtisans, et non pas qu’ils y aillent avec inclination et de leur gré ? […] Or son approbation et rien, c’est la même chose, surtout après qu’il a eu la bonté de nous avertir « que son jugement en cette matière ne devait pas passer pour décisif» ; à quoi nous voulons bien nous en tenir.
« Cette habitude de soumettre à leurs passions les gens qu’on nous fait aimer attire et change tellement nos jugements sur les choses louables, que nous nous accoutumons à honorer la faiblesse de l’âme sous le nom de sensibilité, et à traiter d’hommes durs et sans sentiment ceux en qui la sévérité du devoir l’emporte en toute occasion sur les affections naturelles. […] « Quel jugement porterons-nous d’une tragédie où, bien que les criminels soient punis, ils nous sont présentés sous un aspect si favorable que tout l’intérêt est pour eux ; où Caton, le plus grand des Romains, fait le rôle d’un pédant ?
Il faut prendre garde néanmoins de ne point tomber en deux défauts également blâmables ; car s’il n’est pas à propos de déférer à toutes sortes de jugements, il n’est pas raisonnable aussi de rejeter toutes sortes d’avis ; et principalement quand ils partent d’un bon principe, et qu’ils sont appuyés du sentiment des Sages, qui sont seuls capables de distribuer dans le monde la véritable gloire. […] Et enfin sans m’ériger en Casuiste, je ne crois pas faire un jugement téméraire d’avancer, qu’il n’y a point d’homme si peu éclairé des lumières de la Foi, qui ayant vu cette Pièce, ou qui sachant ce qu’elle contient, puisse soutenir que Molière dans le dessein de la jouer, soit capable de la participation des Sacrements, qu’il puisse être reçu à pénitence sans une réparation publique, ni même qu’il soit digne de l’entrée de l’Église, après les anathèmes que les Conciles ont fulminés contre les Auteurs de Spectacles impudiques ou sacrilèges, que les Pères appellent les Naufrages de l’Innocence, et des attentats contre la Souveraineté de Dieu.
Jugement sur Pertarithe.
Cependant vous en verrez, qui, sans hesiter, appellent de tout cela à leur propre jugement, & qui ne se feront pas le moindre scrupule de ce que tous les Peres de l’Eglise ont crû devoir hautement qualifier de peché.
Pour moi je suis bien éloigné du jugement qu’il en porte ; car non seulement je ne crois point qu’Angélus ait été excessivement sévère ; mais j’ose dire qu’il a fait tort à la vérité, et qu’il a été très hardi de vouloir limiter ainsi par son interprétation particulière l’obligation que les Canons imposent sans restriction aux fidèles.
On a porté sur les précédentes Editions de cet Ouvrage le jugement le plus avantageux. […] Je suis persuadé qu’une seconde lecture faite avec moins d’émotion, vous en feroit porter un autre jugement. […] Mais quand j’aurois assez de mérite pour pouvoir en porter mon jugement, devrois-je y aller ? […] Il n’en est pas de même du jugement que l’on porte d’une Piece imprimée. […] On sçait le jugement qu’on en doit porter comme Littérateur.
L’admirable jugement ! […] Est-ce la grossiéreté de leur esprit, le peu de solidité de leur jugement, la pesanteur de leur imagination ? […] Je sais que le peu de délicatesse de quelques-unes autorisent, pour ainsi dire, le public à mal juger de toutes ; mais aussi je n’ignore pas que ce jugement est la principale et; premiere cause du libertinage. […] Vous voulez bien supposer qu’il soit possible de trouver jusqu’à trois Comédiennes qu’on puisse excepter du désordre général ; il ne falloit pas citer l’Épigramme de Boileau contre toutes les femmes de Paris, pour appuyer votre jugement. […] Quel jugement portera-t-on de celui qui moleste également l’innocent et; le coupable ?
On va plus loin, & on a tort, on accuse les Religieux & les Ecclésiastiques d’allarmer les jeunes-gens par des tableaux de la mort, du jugement, de l’enfer, du purgatoire. […] Le Bailli est amoureux de la fille, lui fait des déclarations, la menace, verbalise contre elle, instruit les autres Juges, lui fait perdre la rose, la fait insulter, & arracher le drapeau & la guirlande qui étoient sur sa porte (avant le jugement des vieillards), ce qui est absolument contre l’ordre & la vrai-semblance, puisque son sort n’est pas décidé, les marques du triomphe sont prématurées. […] Il n’est pas heureux en apologies ; la légereté libertine avec laquelle il la traite suffiroit pour la décréditer, elle ne fait honneur ni à son jugement ni à sa morale.
Apulée, qui vivoit dans le deuxieme siecle, fait la description d’un Spectacle Pantomime de son tems, où l’on représentoit le Jugement de Pâris, & où Vénus paroissoit telle qu’on la décrit dans les Métamorphoses. Cette représentation du Jugement de Pâris, étoit suivie de l’exposition d’une femme condamnée à mort, & à une prostitution dont la pudeur ne permet pas de nommer le genre.
La nature et l’expérience nous apprennent qu’un homme qui souffre a de l’humeur, et que l’humeur corrompt tous les jugements de l’esprit le plus droit, aussi aisément qu’elle le porte à juger. […] Vous nous faites sentir, au contraire, que nous avons la véritable idée du mérite ; car le jugement qu’en général nous portons de pareille femme ; notre procédé même envers elle, est bien contraire à celui que vous nous imputez.
Premièrement, le jugement de ce philosophe, si cher à ces esprits dissous dans la volupté, me paroît ici un peu suspect.
C’est elle qui, pour triompher de tant d’obstacles, employe une pénétration profonde, un jugement sur, une imagination ardente à découvrir des routes inconnues.
Enfin, pour nous convaincre que les Poëmes déja au Théatre, ne guident point le Comédien dans le jugement qu’il veut porter de ceux qu’on y présente, il ne faut que refléchir sur l’extrême différence qui se remarque dans les manieres des Auteurs, soit pour les sentimens, soit pour les pensées, soit pour l’expression.
vous qui repoussâtes avec indignation cet infortuné, lorsqu’il vint pour prendre son rang auprès de vous, quel jugement porteriez-vous de notre siecle ?
Jugement terrible que nous prononcerons contre nous-mêmes à l’instant de la mort, instant où tous les voiles tomberont, et où il sera trop tard, comme vous le dites éloquemment, pour brûler nos Ecrits suspects et indélébiles au flambeau de notre agonie.
Et toutefois il y a là une grave erreur ; car si l’on suit avec attention l’histoire dramatique des siècles postérieurs, il devient évident que c’est par une fâcheuse méprise qu’on a cru voir le berceau de nos comédiens modernes parmi ces troupes d’histrions anathématisés dès les premiers âges de l’ère chrétienne ; qu’on ne peut, sans mauvaise foi, les regarder comme les successeurs de ces derniers, et qu’il serait tout au plus permis de considérer comme tels ces acteurs en plein air, dont les parades précèdent dignement la représentation en cire de la Chaste Suzanne ou du Jugement de Salomon.
La conscience est un jugement, on la dirige, on l’éclaire par la Religion. Qu’est-ce que sanctifier un jugement ? […] Ce Prélat, homme du plus grand mérite, au jugement même des Protestans, en mourut de chagrin dans sa prison ; elle fit porter une loi injurieuse à la nation & contraire à l’humanité ; cette loi défendoit de parler en faveur de ceux qui étoient accusés de crimes d’état, dont le plus grand étoit le Papisme, & de travailler à les délivrer sous peine d’être eux mêmes réputés coupables de haute trahison, comme si on pouvoit empêcher un fils de faire voir l’innocence de son père, & de travailler à sa liberté ; jamais l’inquisition contre laquelle on crie tant ; ne fut si barbare. […] Victorio Siri dit qu’étant à l’extrémité elle fit venir sa musique pour mourir plus agréablement aux doux sons des instrumens, comme Mademoiselle de Limeuil en France ; elle passa de là au jugement de Dieu & dans l’éternité où elle ne trouva ni flatteurs ni théatre.
Quoiqu’il en soit du goût présent, que j’estime ce qu’il vaut, en attendant le jugement de la Postérité, on a trouvé très-convenable que vous fussiez l’Historien de votre Père. […] Ce n’est point-là un jugement de connoisseur, moins encore du souverain Juge de l’art des Vers. […] Vous en ferez l’usage que vous jugerez à propos ; & comme je la soumets sans réserve à votre jugement, je vais la poursuivre & la finir. […] Quand on veut prononcer sur le mérite d’une Nation dans quelque Art que ce soit, je pense qu’il est de la justice de n’en porter son jugement que sur les Ouvrages des meilleurs Artistes.
La tristesse apporte des soupçons, des jugements téméraires, des humeurs hypocondriaques qui approchent parfois de la folie, et ôtent le jugement : « Il n’y a point de sens, ni de jugement, où il y a de l’amertume, et de la tristesse »,8 dit le saint Esprit.
Ce char étoit tiré par quatre bufles, & étoit surmonté d’une figure de la mort, tenant une faulx à la main, qui fauchoit tout : elle avoit à ses pieds plusieurs sépulchres à demi ouverts, d’où sortoient des corps décharnés, comme dans le tableau du jugement, de Michel Ange. […] Tandis que tout cela marchoit lentement dans les rues, on entendoit de tems en tems des trompettes couvertes de crêpes, qui rendoient un son lugubre, sourd & enroué, comme la trompette qui appellera les morts au dernier jugement.
Ainsi fut citée au tribunal de Dieu la premiere tête du monde, au sortir d’un exercice qui n’étoit rien moins qu’une préparation chrétienne à son jugement, & un moyen d’attirer la bénédiction du ciel sur le mariage de son fils. […] Je doute que les plus zélés défenseurs de la scène, qui la disent la plus innocente, voulussent que sans aucun intervalle de repentir elle précédât le jugement d’un Dieu qui jamais n’a prescrit de pareils actes de religion.
Ce terme est consacré au Droit, il signifie un jugement qui met en possession d’une chose litigieuse jusqu’à l’entière décision du procès. Ainsi l’on voit qu’il est mal placé, puisque le jugement de la Reine Berthe est définitif, & qu’il ne laisse rien à contester après lui ; il n’est seulement ici que pour faire un méchant jeu de mots : c’est comme si l’on disait à la vieille ; la Cour vous donne ce qui vous récréra, vous divertira ; on vous permet de vous amuser ; on vous permet la récréance avec ce beau jeune homme.
… Pour terminer tout ce que nous avons à dire sur les Spectacles, il faut vous faire part du jugement que monsieur D’Alzan porte des Acteurs du Théâtre Français : reprenons à l’endroit où j’intérompis hier monsieur Des Arcis. […] Serait-il sûr de donner son jugement devant ces Cabaleurs scéniques, dont on m’a parlé ?
Ces deux appels comme d’abus, dont la seule proposition devait pour tout jugement faire envoyer les appelants en prison, occupèrent le temps précieux des Avocats et des Juges, et furent terminés par deux arrêts confirmatifs des deux mariages ; et pour punition de l’attentat, on crut qu’il suffirait de condamner ces séducteurs à vivre avec ce qu’ils avaient aimé. […] Heureuse, si le jugement qui la condamnera lui apprend à respecter la bonne foi, la religion et les bienséances !
Du moins les Auteurs et les Acteurs appellent du jugement du public, et se plaignent de son injustice, et n'ont pas toujours tort ; mais sans entrer dans tous ces procès, plus nombreux que ceux du palais, et qui n'en valent ni le temps ni la peine, il en résulte que le spectacle est le séjour des passions, mais non pas celui de la joie. […] Ignace et Martial, pour former le jugement et la piété de la jeunesse.
Bouhours, par le jugement avantageux qu’il semble en avoir fait dans le Monument qu’il a dressé à sa mémoire, où après l’avoir appellé par rapport à ses talens naturels2, Ornement du Théâtre, incomparable Acteur, Charmant Poëte, illustre Auteur, Il ajoute pour nous précautionner contre ses Partisans & ses admirateurs, & pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux Gens du Monde, C’est toi dont les plaisanteries Ont gueri des Marquis l’esprit extravagant.
Cela est ainsi : car ils y ont apporté des raisons très convaincantes, avec des autorités et censures capables de contenter, et de contenir toute personne qui n’aura point perdu le Jugement.
Ceux qui revenoient de Jerusalem & de la Terre-Sainte, de Saint Jaques de Compostelle, de la Sainte-Baume de Provence, de Sainte Reine, du Mont Saint Michel, de Nôtre-Dame du Puy, & de quelques autres lieux de pieté, composoient des Cantiques sur leurs Voyages, y méloient le recit de la vie & de la mort du Fils de Dieu, ou du Jugement dernier d’une maniere grossiere, mais que le chant & la simplicité de ces temps là sembloient rendre pathetique, chantoient les miracles des Saints, leur Martyre, & certaines Fables à qui la créance du peuple donnoit le nom de Visions, & d’Apparitions.
Si ce principe donc, que j’ay avancé, est recevable, l’application en étant faite à la comedie, je vous laisse le jugement du peché, qui se peut commettre en y allant, l’effet, qui part d’un principe, tenant toûjours de la nature de son principe.
Il faudrait bien avoir perdu le jugement pour ne lui pas donner ce nom, puisque c’est là justement ce qui fait un athée.
[NDE] Goibaud-Dubois : « Pour qui pensez-vous passer, et quel jugement croyez-vous qu’on fasse de votre conduite, quand vous offensez tous les juges en comparant le Palais avec le théâtre, la jurisprudence avec la Comédie, l’histoire avec la fable, et un très célèbre avocat avec un très mauvais poète ?
Les choses ne sont réellement que ce qu’elles sont selon la vérité de Dieu et le jugement qu’il en porte. » Tertull. des Spectacles, ch. 1. […] Quel jugement terrible n’aurez-vous donc pas à craindre dans vos derniers moments pour vous être rendus coupables devant Dieu de toutes les suites funestes, que le goût du théâtre aura produites dans vos enfants ?
Pour donner à des Chrétiens une juste horreur des Spectacles du théâtre, il suffiroit, mes Frères, de rappeler ici le jugement qu’en ont porté les Saints Docteurs de l’Eglise, & les anathêmes que ses Conciles ont prononcés contre la vile & honteuse profession de Comédien. […] vous souscrivez vous-mêmes au jugement que l’Eglise, d’accord en cela avec toutes les nations les plus sages & les plus policées, a porté contre cette honteuse profession.
Dans un Vaudeville de l’opera comique le jugement de Pâris, Junon pour obtenir le prix de la beauté, offre de l’or à Pâris, pour le corrompre. […] Tel est encore le jugement du sieur Richer, continuateur des Causes célebres ; de Guiot de Pytaval, tom. 2.
Voulez vous que celui dont vous desirez faire un bon mari et un bon père entende ces polissons se conter jusqu’à leurs maladies, exprimer en style plus que trivial, le jugement qu’ils portent sur chaque spectatrice, mêler aux éclats de rire les juremens, raconter à l’envi sur l’une et sur l’autre, d’affreuses histoires vraies ou fausses ? […] Peu importe que vous soyez tenté encore de m’accuser de tomber dans l’hyperbole, que vous riez de l’expression trop franche ou trop énergique de mon zèle ; je pense qu’en exposant vous-même, vos enfans à périr par des accidens très-possibles, à se gâter l’esprit, le jugement & le goût, à perdre leurs mœurs, à subir toutes les peines et tous les malheurs attachés à une vie déréglée, ce seroit de votre part, monsieur, non-seulement renoncer à la qualité de guide et de pere, mais devenir leur propre corrupteur et leur assassin.
Il se moque de ceux qui font l’éloge des talents des Comédiens ; ce qu’il appelle absurde et ridicule, comme tant d’autres faux jugements dont il fait le détail : « Histriones laudans quod absurdum. » (L. […] Le jugement dernier approche ; préparez-vous-y par la pratique des vertus.
L’art de bien rendre les idées d’un Auteur, est donc l’effet de ce beau feu, ou tout au plus, d’une étude où la mémoire agit plus que le jugement, & où les répétitions réitérées laissent tout le mérite au cours forcé des esprits & à l’action servile des muscles.
Si ce principe donc, que j’ay avancé, est recevable, l’aplication en estant faite à la comédie, je vous laisse le jugement du péché, qui se peut commettre en y allant l’effet, qui part d’un principe, tenant toûjours de la nature de son principe.
Puisque vous appréhendez que les productions de votre génie, tout sublime qu’il est, ne perdissent beaucoup de leur prix par l’éclat de celles de Monsieur de Molière, si vous les abandonniez à la rigueur d’un jugement public, n’est-il pas juste que vous ayez quelque ressentiment du tort qu’elles vous font ?
Substituons donc ces objets sacrés aux profanes, ces chastes délices aux impures, rappelons dans notre mémoire les jugements que Dieu a exercéd dans tous les siècles, soit en punissant les prévaricateurs de ses ordres, soit en récompensant ses fidèles serviteurs, et nous goûterons une consolation merveilleuse, parce que si la Cité de Babylone, mère des fornications de la terre semble prévaloir quelquefois contre Jérusalem la Cité sainte, ce n’est que pour augmenter l’éclat de leur couronne, et se voir condamnée elle-même à des supplices plus horribles avec tous ceux qui ont eu part à sa corruption.
C’est donc une très juste défense que j’entreprends ici contre un très injuste agresseur ; et c’est aussi pourquoi j’en espère la gloire et l’honneur, favorisé premièrement du droit et de l’équité, et secondement de l’honorable présence de tant de beaux esprits, de solides jugements, que j’implore pour arbitres de ma cause.
Aristote connut bien le préjudice que cela pourrait faire aux Athéniens, mais il crut y apporter assez de remède en établissant une certaine Purgation que personne jusqu’ici n’a entenduei, et qu’il n’a pas bien comprise lui-même à mon jugement : car y a-t-il rien de si ridicule que de former une science qui donne sûrement la maladie, pour en établir une autre qui travaille incertainement à la guérison ?
(Les Danseuses de l’Opéra ne faisoient pas mieux) Tout le monde s’ebahit que par une telle confusion & désordre jamais ne désaisissent leurs ordres, tant ces Dames avoient le jugement solide, (le jugement solide !) […] Michel, où il pose les bons Chrétiens au jour du jugement .
Les meilleurs d’entr’eux, écrits dans le genre didactique, demandoient plus de jugement & de sagacité, que d’enthousiasme & d’imagination.
** Du tems d’Ulpien il étoit défendu aux Ingénus*** d’épouser des femmes de mauvaise vie, qui se sussent produites sur le Théatre, ou qui eussent été condamnées par un Jugement public.
Mais c’en est assez pour connoître l’esprit de cet homme admirable, & d’après ses oracles porter sur le théatre le jugement que dictent la raison, la religion & la conscience.
Non, les sacrilèges et la fureur d’Hérode ne furent pas si funestes à Jean que le poison de la danse : « Plus nocuisse saltationis illecebram, quam sacrilegi furoris amentiam. » Fuyez donc la danse, si vous voulez être chaste, au jugement même des sages païens ; elle ne peut être que le fruit de l’ivresse ou de la folie : « Juxta sapientiam sæcularem, saltationis temulentia auctor est aut dementia. » Voilà, mères Chrétiennes, de quoi vous devez garantir vos filles ; apprenez-leur la religion, et non la danse ; il n’appartient qu’à la fille d’une adultère d’être une danseuse : « Videtis quid docere, quid dedocere filias debeatis ; saltet sed adultera filia, quæ vero casta est, filias suas doceat castitatem, non saltationem. » Il cite une foule d’exemples de saintes Vierges qui ont mieux aimé souffrir la mort, et même se la donner, que de perdre la virginité.
Cherchez jugement ou justice, tirez d’ennui celui qui souffre par envie, faites droit à l’orphelin, et justice à la veuve, et puis venez disputer et vous plaindre de moiChap. 33 Esaïe.
Si vous êtes forcé d’y aller, & combien faut-il que la nécessité soit pressante, demeurez-y peu, tenez vous-y dans la plus grande modestie, préparez vous-y par la méditation sur la mort, le jugement & l’enfer. […] Augustin, la confession d’un péché de sa jeunesse avec ses condisciples : Nous contraignîmes, dit-il, un Philosophe fort modeste, & d’un jugement solide, d’aller au bal avec nous.
J’ai déjà fait à nos Poètes ce reproche fondé sur plusieurs endroits tirés de leurs Poèmes ; et j’en aurais encore à citer mille autres semblables, s’il le fallait : mais je me fixe maintenant à leurs fautes contre le jugement et la vraisemblance. […] Mais nos Poètes qui se guindent ainsi contre le naturel ne rampent-ils point quelquefois par un autre défaut de jugement ?
Mais « Nescius aurae fallacis, le jeune insensé court se perdre en pensant devenir un Sage. » L’intention du jeune homme est louable ; il est édifiant que le Théâtre l’ait suggérée ; mais il est injuste de vouloir faire retomber sur la scène la maladresse, l’aveuglement, le défaut de jugement du jeune homme qui, trop précipité dans son choix, en a fait un mauvais. […] Les plus éclairés, les plus illustres Théologiens de votre Communion s’honoraient de son estime, et quand vous vous en rapporterez à son jugement et à ses lumières en matière de goût, vous ne ferez que ce qu’ont fait des hommes plus grands assurément que vous.
A tes yeux aveuglés ton jugement se cache : il est inutile de rien cacher aux aveugles ; cacher un jugement !
, « que de ne pas aller à la Comédie quand les autres veulent y aller, c’est s’attirer avec sujet le nom de sauvage et de grossier » ; qu’enfin il est à plaindre de ne pas voir que le Théâtre Français ne se peut sauver du jugement de saint Augustin, qui dit que de donner son bien aux Comédiens c’est un vice capital, et non pas une vertu : « Immane vitium, non virtus. […] La puissance qui fait taire, ou parler, quand il lui plaît, remettra l’affaire à leur jugement, dans une soumission parfaite aux règles de la conscience et de la charité.
Le Pape suspens son jugement, pour donner le temps de moderer la violence d’une passion insensée ; enfin il le porte, refuse la dissolution, confirme le mariage, & par conséquent déclare illégitime le fruit de l’adultere. […] Marie, qui regna après lui, confirma le jugement de son pere & de son frere. […] Cependant après la mort de Penot & de son fils, qui lui survécut peu, elle eut la bassesse & l’injustice de faire revivre le jugement de ces coquins, pour s’emparer de ses biens, qui étoient considérables.
C’étoit dans leur idée faire son panégyrique, au jugement des gens sages c’étoit une satyre.
Si en toutes les controverses ils se rapportaient aussi bien à leur jugement qu’en ce sujet, on ne disputerait pas à présent les choses qui ont été si religieusement observées par le passé.
Le public appelleroit de son jugement, & les gens de bien s’en moqueroient. […] Dans le genre sombre, terrible, affreux, les austérités de la Trape, l’horreur des précipices, le carnage des batailles, les tourmens des Martirs, les cruautés des Iroquois, l’appareil du grand jugement, la fureur des démons, le désespoir des damnés, qui oseroit dire que ces divers objets ne formeroient point de vrais tableaux ?
Qu’on mette en regard d’un côté une personne retenue, posée, habillée selon son état, decemment couverte, avec ses couleurs naturelles, modestement coiffée, sans frisure, sans poudre, les yeux baissés, marchant posément, poliment, ne parlant qu’à propos, & honnêtement ; d’un autre côté, une actrice, ou, ce qui est la même chose, une femme mondaine, avec tous les agrémens de la toilette, les nudités du théatre, les rafinemens du luxe, l’étalage du faste, comme elle se montre aux spectacles, aux promenades, aux cercles, le plus stupide des hommes balancera-t-il dans son jugement ? […] C’est le jugement que porte d’elle-même à sa toilette une femme qui se farde.
C’est Jésus-Christ qui parle, et qui dans l’Evangile de ce jour prononce en deux paroles deux jugements bien contraires ; l’un en faveur des élus, qui nous sont représentés dans ses Apôtres ; et l’autre pour la condamnation des pécheurs, qui composent ce monde qu’il a si hautement réprouvé, et contre lequel il a si souvent fulminé ses anathèmes. […] Cependant vous en verrez qui, sans hésiter, appellent de tout cela à leur propre jugement, et qui ne se feront pas le moindre scrupule de ce que tous les Peres de l’Eglise ont cru devoir hautement qualifier de péché.
Car, dites-moy, qu’est-ce que comedie ; je répons qu’elle n’est proprement que cette apotheose tant vantée parmy les Payens, par laquelle un Prince, un Conquerant, un Heros, qui s’étoit signalé pendant sa vie, ou dans le gouvernement de l’Empire, ou dans la defense de la patrie, ou par la defaite des ennemis, étoit admis au rang des dieux, aprés plusieurs religieuses ceremonies, & sur tout avec l’approbation & le consentement du Senat ; cette approbation du Senat a paru si extravagante à Tertullien, que ce Pere voulant tourner en ridicule cette apotheose des Romains, leur dit en se moquant d’eux ; de humano arbitratu divinitas apud vos pensitatur, la divinité parmy vous dépend du jugement humain, elle est une espece de present qui vient de la liberalité des Consuls & du peuple ; en sorte que, nisi homini placuerit, Deus non eritTertull. […] M. s’il vous reste encore dans le cœur quelques sentimens de pieté & de Christianisme, ne laissés point corrompre vôtre jugement par le mauvais goût du siecle, & que le plaisir de la comedie (que j’appelle un plaisir enchanté, parce qu’il vous trompe & entraîne par des prestiges secrets, & par une fascination dangereuse, fascinatio nugacitatis , l’appelle le Sage) que ce plaisir dis-je ne suborne point vôtre raison, cõtre vôtre conscience ; mais que tout le monde connoisse que vous ne cachés point les restes du paganisme, sous la profession apparente de Chrétien. […] Je ne sçay pas quel jugement vous en faites ; mais pour moy j’avoüe que je n’ay rien remarqué dans ce tableau que ce qui se passe tous les jours sur le theatre.
Son jugement ne peut que nous être le plus avantageux : quant à l’exécution, l’un ou l’autre lui est également facile ; point d’obstacle qui ne soit un ombre, un phantôme ; pour le dissiper, il ne sera pas nécessaire d’employer le fer, & l’on ne dira pas : (p. 28.) […] Une Ordonnance, un Jugement suffit, soit pour la suppression, soit pour la réformation du Théatre, sans qu’il y ait à craindre la moindre opposition : C’est la remarque de notre Auteur Comédien, qui l’appuye (pag. 79. […] toujours impuissante au jugement de la raison, & qui ne peut en imposer aux yeux perçans de la justice , mais seulement lui apprendre que la cause de nos Spectacles ne peut pas être rendue bonne, puisque vainement en sa faveur tout l’art est épuisé…… Que dis-je ?