La seconde, l’infamie dont les Lois ont noté les Comédiens.
On ajoute à cette infamie une autre infamie condigneaf : Tels sont les sauteurs, et gens merveilleusement souples, item ces joueurs de gobelets, et autres bateleurs.
« Quelle est, dit Tertullien, cette corruption qui fait que l’on aime ceux que les lois publiques condamnent ; qu’on approuve ceux qu’elles méprisent ; qu’on relève un art et un emploi, en même temps qu’on note d’infamie ceux qui s’y adonnent ? […] ou plutôt quel aveu ne fait-on pas par ce jugement de la corruption qui est inséparable de ce divertissement ; puisque quelque agréables que soient ceux qui le donnent, ils ne laissent pas néanmoins de demeurer dans l’infamie dont on les a notés ?
Et 2° l’infamie, dont les Loix ont noté les Comédiens. […] Pour réussir, ou plutôt pour en imposer, il ne s’avisa pas de nier l’infamie, dont elle est couverte, ni l’excommunication, dont les Comédiens de tous les tems ont toujours été l’objet ; mais, forcé d’en convenir, il soutient dans sa consultation, que les Comédiens étant déclarés infames par les loix civiles, l’Eglise ne pouvoit plus justement les punir de la peine de l’excommunication. […] « Si, dit-il, l’Acteur est infame dans l’ordre des Loix, il résulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit tout autre peine, parce qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit. » Voici la conséquence qu’il en tire… « Ainsi l’infamie prononcée par la Loi contre les Comédiens, les mettroit à couvert de l’excommunication de la part de l’Eglise. » Mrs. les Avocats au Parlement de Paris étant admis à l’audience, demanderent d’une voix unanime, par M. […] Paul, que ces infamies ne doivent pas être nommées parmi les fidéles… Songez, si vous oserez soutenir à la face du Ciel, des piéces où la vertu & la piété sont toujours en crainte d’être violées… par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces.
Mais comme ils furent corrompus par la licence des Poètes, et par la mauvaise conduite des Acteurs, les Rois jetèrent l'infamie sur ceux qui montaient sur le Théâtre, où l'on avait porté tant de dissolution.
Quand on tente la justification du théâtre, dit d’Aubignac, on a contre soi l’infamie dont les lois ont noté les comédiens. […] S’il y a des personnes qui fréquentent le théâtre et les sacrements, ces personnes se trompent grossièrement, parce qu’elles entretiennent dans leur mauvaise profession des gens, qui sont notés d’infamie et qu’elles scandalisent les autres par ce mauvais exemple ; cependant, comme il peut y avoir des circonstances extraordinaires, qui forcent certaines personnes à se trouver au théâtre, nous leur avons indiqué les dispositions avec lesquelles elles doivent y assister. […] Quatrième fait. — Les lois ecclésiastiques et civiles ont de tout temps noté d’infamie les comédiens et les comédiennes.
Autrefois, dites-vous… Oui, j’avoue qu’il étoit autrefois des spectacles infames par eux-même, spectacles même d’une infamie groffrere, spectacles qui eussent fait rougir les fronts les plus endurcis au crime, spectacles crimes plutôt eux-mêmes que représentations de crimes ; les ai-je peint de couleurs assez noires ? […] Vous trouverez une loi expresse de ce sage Sénat qui note d’infamie tous ceux qui entretiendroient avec eux aucun commerce : Loi qui fut véritablement abolie dans la suite par l’usage ; mais remarquez que ce fut au temps de la décadence de Rome : Loi que Charlemagne depuis renouvella le plus sévérement au rétablissement du goût, des mœurs & de l’Empire. […] Remarquez que les Peres ne déclamoient pas contre des théâtres de dissolution & d’infamie, comme vous vous obstinez toujours à le prétendre & à le dire ; Sint dulcia libebit & grata, etiam honesta.
La malignité du siècle y trouve un autre sel ; toutes ces infamies sont sur le compte des gens d’Eglise. […] Il ne seroit jamais sorti de l’obscurité où il étoit depuis sa mort, si le plaisir de faire un roman licencieux, & de décrier le Clergé, sous le nom d’un homme célebre, ne l’avoit scandaleusement ressuscité, pour en faire l’aliment du vice ; ainsi que son Héloïse, encore plus inconnue, que le même dessein a peint des plus belles couleurs, pour donner de la vogue à ses infamies ; qu’on juge de son mérite par l’idée qu’elle donne d’elle même dans ses lettres. […] Une lettre écrite par Abaillard à Philinte, où ce philosophe raconte, sans pudeur, & avec complaisance, ses infamies.
Affoiblir les idées & l’horreur que le christianisme nous donne de l’impureté, & faire disparoître l’infamie par des adulations, des fables, des impiétés, des crimes, est-ce respecter l’Evangile & les mœurs ? […] Voltaire & tous les apologistes du théatre font les étonnés de la contradiction qui se trouve entre l’infamie légale des comédiens & la considération dont ils jouissent ; du moins dans la capitale, car dans les provinces la loi & le public sont toujours d’accord. […] Un homme sage peut-il ne pas regarder avec mépris ce que la loi couvre d’infamie, & se lier avec les ennemis de la vertu ?
combien doit être corrompue la source de tant d’infamies ! […] D’un côté, tout ce qu’il y a jamais eu de pieux, de sage, d’éclairé ; de l’autre, tout ce qu’il y a de plus libertin, de plus frivole, de moins instruit ; l’autorité la plus grave, l’infamie la plus méprisable ; l’enivrement de la passion, les alarmes de la vertu ; & l’on peut balancer ! […] Le théatre est le pays des illusions, tout y est déguisé sous de fausses couleurs, le vice & la vertu, la religion & l’impiété, l’honneur & l’infamie, tout y est plus masqué que les Acteurs, plus fardé que les Actrices ; ses habitans, toûjours enveloppés d’ombres épaisses, sont de tous les hommes les plus aveugles, tout y parle comme le serpent à la premiere femme.
J’ai peine à achever un tableau qu’il faut finir, pour vous convaincre de plus en plus des effets que doivent avoir tant d’infamies. […] Hérault eut tant de peine à laisser représenter ; des discours de la tête d’Acajou, des spirituelles infamies du Miroir magique ; des niaiseries savantes de la Chercheuse d’esprit, des Troqueurs, de la Servante justifiée, du fleuve Scamandre, &c. […] Mais comment un homme (je peins les faits) qui tous les jours vient publiquement savourer l’infamie, qui, a la face de ses connoissances, de ses amis, de ses parens peut-être, se jette parmi cent prostituées, les attaque de conversation, répond à leurs apostrophes, leur donne le bras, les promène par la ville, à pied ou en voiture ; comment un homme qui ne se respecte plus lui-même, repecteroit-il encore quelque chose ?
La crainte d’encourir la peine d’infamie ne devroit-elle pas faire détester tout ce qui peut avoir rapport à un acteur ou une actrice ? […] Après tous ces ridicules, jettés sur la nation, M. de Voltaire ajoute qu’elle s’en fût sauvée ; que le théâtre se seroit relevé de son premier état d’infamie, sans les déclamations éternelles des Calvinistes & des Jansénistes.
Cette idée de religion ne leur sauva pas une infamie si bien méritée. Le christianisme n’a point changé, il a augmenté ces idées ; l’infamie subsiste, et n’est que plus méritée, puisqu’ils osent se dire Chrétiens.
Sans cesse on nous redit que le Théâtre en soi n’a rien d’illégitime ; que jamais il ne fut moins dangereux pour les mœurs ; qu’on n’y fait point de mal, qu’on en sort l’esprit aussi pur et le cœur aussi calme qu’on y était entré ; que c’est même une école de vertu ; que si les Pères et les Conciles se sont élevés avec tant de force contre les représentations théâtrales de leurs temps, c’est qu’elles offraient alors mille excès visiblement répréhensibles, qu’on a heureusement bannis des Spectacles d’aujourd’hui : qu’après tout il est bien étrange que nous veuillons être plus austères sur le maintien des bonnes mœurs, qu’on ne l’est sous les yeux du Souverain Pontife, à Rome même, « de qui nous avons appris notre Catéchisme, et où l’on ne croit pas que des Dialogues récités sur des planches soient des infamies diaboliques »2, comme s’exprime M. de Voltaire. […] Certains dialogues récités sur des planches, passent donc à Rome, comme ailleurs, pour des infamies diaboliques.
Comme elle paraît sans honte, et sans infamie, on fait gloire d'en être touché, on se familiarise peu à peu avec elle.
Le péché des Comédiens est énorme, puisqu’il est puni dès cette vie de l’Excommunication et de l’infamie, qui sont les deux plus grandes punitions qu’aient l’Eglise et l’Etat civil : le péché de ceux qui contribuent à leur entretien, ne peut donc pas être léger.
Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour les acteurs que vous entretenez dans une profession frappée de tous les anathèmes de l’Eglise, et qui les voue à l’infamie publique ; c’est pour vous plaire que ces insensés se séparent de la communion des fidèles, qu’ils s’éloignent des sacrements et qu’ils seront peut-être à la mort privés de la sépulture ecclésiastique.
» , qui ont quelque tache d’infamie, c’est-à-dire, les Comédiens, et autres gens de profession honteuse, ne seront point reçus à former aucune accusation. […] ils sont réputés infâmes et irréguliers : or l’infamie et l’irrégularité que les Comédiens contractent, n’est point une infamie et une irrégularité pareille à celle que contractent par exemple ceux qui se marient deux fois, ce que l’on appelle Bigames, ou ceux qui sont dans de certains emplois de Justice ; celle-ci ne suppose point de péché ; elle est, comme parle le Droit, une irrégularité par défaut « Ex defectu Sacramenti vel lenitatis. » de Sacrement ou de douceur ; mais l’autre suppose toujours un péché : c’est pourquoi les Canonistes l’appellent une infamie ou une irrégularité ex delicto, c’est-à-dire, fondée sur quelque péché. Telle est l’infamie ou l’irrégularité des Comédiens : car on ne peut pas douter que des personnes que l’on rejette de la sainte Communion, que l’on prive de la sépulture Ecclésiastique, que l’on regarde comme pécheurs publics, que l’on excommunie, ne soient infâmes et irréguliers ex delicto. […] L’on objecte encore une Déclaration du Roi du 16. d’Avril 1641. enregistrée au Parlement le 24. du même mois, par laquelle il paraît que les Comédiens ont toujours été notés d’infamie jusqu’en ladite année 1641.
Mais les cœurs des hommes sont si pervertis et si rebelles, qu'ils s'imaginent que le monde est dans une pleine félicité, lors que ceux qui l'habitent ne pensent qu'à orner et à embellir leurs maisons, et qu'ils ne prennent pas garde à la ruine de leurs âmes : qu'on bâtit des Théâtres magnifiques, et qu'on détruit les fondements des vertus : qu'on donne des louanges et des applaudissements à la fureur des Gladiateurs, et qu'on se moque des œuvres de miséricorde; lors que l'abondance des riches entretient la débauche des Comédiens, et que les pauvres manquent de ce qui leur est nécessaire pour l'entretien de leur vie ; lors que les impies décrient par leurs blasphèmes la doctrine de Dieu, qui par la voix de ses Prédicateurs crie contre cette infamie publique, pendant qu'on recherche de faux Dieux à l'honneur desquels on célèbre ces Spectacles du Théâtre, qui déshonorent et corrompent le corps et l'âme. […] Embrassez la pureté du Christianisme, et éloignez de vous ces profanes divinités ; comme les Censeurs ont exclus les Comédiens de vos honneurs et de vos dignités les notant d'infamie.
Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions. […] Il prétend prouver en alléguant l’antiquité, que les Comédiens sont notés d’infamie, selon les lois et constitutions Ecclésiastiques ; j’avoue avec lui que la Comédie à sa naissance, a été condamnée de l’Eglise primitive, et des Pères Orthodoxes, en ce qu’elle était une fondrière de tous vices : Mais comme les temps perfectionnent les hommes, et changent de mal en bien l’être des choses, elle s’est tellement rendue agréable par la pureté de son innocence, qu’il ne lui reste rien pour ajouter à son mérite, et qu’autant qu’elle a été pernicieuse en son principe, elle s’est montrée recommandable en la fleur de son printemps.
Quoique ce ne fût encore que la lie du peuple, les honnêtes gens en gémissaient, et ne pouvaient comprendre qu’on portât la fureur jusqu’à se vendre soi-même à l’infamie : « Nec sibi parcunt, sed extinguendas publice animas vendunt. » (Lactance L. […] On peut voir ses savants commentaires sur toutes les lois sans nombre qui condamnent le métier de Comédien et le couvrent d’infamie, comme nous le montrons dans ce livre.
Car à quoi aboutira le soin qu’il prendra de nous étaler avec emphase les infamies du Théâtre pendant le règne de l’Idolâtrie, et de répéter fort souvent que l’Eglise ne condamnait la Comédie, qu’à cause qu’on y blasphémait le nom de Dieu, qu’on y voyait des ordures abominables et qu’enfin « les Pères ne condamnaient pas absolument les danses, les chants Page 18. […] Les Jeux en l’honneur des Idoles furent proscrits, les Infamies des Idolâtres bannies.
Voltaire, le docteur à la mode, qui fait quelquefois montre de bel esprit, aux dépens du jugement, auroit embouché la plus bruyante trompette, & crié, du ton de son frere Sourdis, dans le Poëme de la Pucelle, Français rougissez de honte, & voyez les judicieux Anglois mettre au nombre de leurs législateurs, un de ces héros que vous condamnez à l’infamie, on l’auroit cru, ou auroit vu suppliques & mémoires présentés au Roi, pour obtenir qu’il fit ouvrir l’Eglise & le Palais aux comédiens, & donner à la nation le glorieux avantage de les compter au nombre des Magistrats & des Chanoines : le Parlement auroit fait des remontrances, le Clergé des mandemens, les arrêts & les excommunications du vieux tems paroîtroient habillées à neuf, les Avocats du bon ton feroient imprimer des factums, les beaux esprits chamailleroient en prose & en vers ; les Gaffés de Paris, & les antichambres de Versailles fairoient passer la cause des foyers aux boutiques, & des boutiques aux halles. […] Ce Prince eut encore la foiblesse de faire insérer cette loi dans son Code, & d’immortaliser sa honte, au lieu de justifier l’infamie de sa jeunesse, & de dégrader son autorité l’égislative jusqu’à renverser à perpétuité la Jurisprudence, dont il étoit le restaurateur, par des loix infâmes dont il devoit rougir d’avoir eu besoin, & d’avoir osé les accorder à la sollicitation d’une actrice. […] Combien de gens d’une famille honnête, à plus forte raison d’une maison distinguée, seroient heureux de faire ces réflexions, & de pouvoir effacer si facilement l’infamie de leur intrigue, & quelque fois des mariages aussi honteusement contractés avec de pareilles femmes.
Je défie d’entendre ce galimathias, & de n’y entrevoir que des infamies. […] Ce n’est pas embellir sa couronne, si ces infamies sont à lui, c’est le radotage d’un vieux pécheur qui meurt comme il a vécu ; il appelle précieux les contes de Marot & de Rousseau qu’il dit écrits sous la dictée des Dieux des Jardins, & dont il blâmé la grossiere obscénité. […] On appelle badinage cette trop véridique infamie.
La danse est une image des mystères infames qu’on y célèbre ; ce qui suffiroit pour en dégoûter les Chrétiens, qui doivent avoir en horreur tout ce qui appartient au culte & ramène aux infamies de ces fausses Divinités : Depuis la dépravation des mœurs, dit Cahusac, les danses ne tiennent plus qu’au plaisir ; les charmes qui en résultent pour les exécuteurs & pour les spectateurs, en redoublent la passion. […] Croira-t-on que ce ne sont presque tous que des sujets galans, c’est-à-dire toutes les infamies qui se sont passées sur la terre, ou qui ont été imaginées par les Poëtes, Enlèvement d’Europe, de Proserpine, d’Oritie, Amours de Semelé, de Mars, d’Apollon & Daphné, Ariadne, Leda, Amimone, Naissance de Vénus, de Bacchus, Prison de Danaé, Paris & Hélène, Aventures d’Amphitrion, de Junon & d’Io, d’Actéon & Diane, Orphée & Euridice, Médée & Iason, Démophon & Philis, Phédre & Hyppolite, Endimion & l’Aurore, Persée & Andromède, Zéphire & Flore, Atis & Cibele, Vénus & Adonis, Alutante, Circé, Calipso, Pasiphaé, Rodope, &c. […] On n’est pas surpris de trouver dans Lucien cette liste & ces images, c’étoit un Payen & un cinique ; mais peut-on voir des Chrétiens faire métier de représenter ces infamies, & des milliers de Chrétiens spectateurs s’en repaître journellement ?
que les « Comédiens sont notés d’infamie par le Digeste de Justinien. […] Car encore un coup, l’infamie est nécessairement attachée à un emploi qui ne sert qu’à corrompre les mœurs, et à éteindre la Religion. […] Pour l’honneur des Comédiens il prétend que les Cabaretiers dont on fait aujourd’hui « d’honorables Hommes », de bons Bourgeois, des Echevins, ont été autrefois déclarés « infâmes » ; que les Médecins mêmes, dont les enfants sont aujourd’hui si honorablement placés, ont eu la même note d’infamie.
[NDE] Original : état infamie
ils mettent le feu à la paille, pourquoi s’étonner si elle brûle ; La justice s’arme afin de punir les auteurs et les complices d’un enlèvement qui blesse l’honneur de quelque illustre famille, elle poursuit avec rigueur et avec toutes les notes d’infamie ces âmes perdues qui corrompent la pudicité des autres ; Néanmoins on permet que les Romans qui sont des bouches toujours ouvertes à persuader le mal, aient libre entrée dans les maisons, dans les cabinets pour y débaucher tous les esprits, pour leur inspirer des affections illicites, avec les moyens d’y réussir ; on punit le corrupteur d’une chasteté particulière, cependant on tolère, l’on agrée, on loue ces méchants livres qui sont les professeurs publics d’une passion, dont la fin est l’incontinence, le péché, le déshonneur, le désordre des familles et des Etats.
C’est chose notoire à ceux qui ont lu tant soit peu, et qui connaissent les lois Anciennes, que les comédiens, bateleurs, farceurs, et joueurs de tours de passe-passe, jongleurs et semblables, ont été notés d’infamie par les lois Romaines, et par les constitutions Ecclésiastiques. […] Les paroles de la loi sont ; « Celui-làbz est noté d’infamie, qui se produit sur le Théâtre pour y exercer un art ludicreca, » où le Jurisconsulte Doneau cb remarque, ceux-là notamment notés d’infamie, « qui montent sur le Théâtre pour le gain, et qui exercent cet art à cette fin. […] Être noté : être marqué d’infamie. […] Doneau mentionne l’infamie des acteurs dans ses commentaires, Donellus Enucleatus sive Commentaria Hugonis Donelli de Jure Civili in compendium ita redactorum, Lyon, A. […] Comprendre : on ne peut pas les accuser sans se souiller de leurs infamies.
Une autre différence singuliere entre ces deux hommes que Louis XIV. aimoit, Mignard sut ennobli de la maniere la plus honorable ; Moliere demeura toujours dans l’infamie du Théatre. […] Les pécheurs, disoit le saint homme Job, trouvent des délices dans les épines, de l’honneur dans l’infamie. […] Ses amours & le mariage avec la Bejard couvrent Moliere d’infamie.
Voilà, dit Farsalla, un garnement qui veut me dépouiller de ma foi, afin de me ravir mon honneur ; voilà où vise votre belle doctrine : c’est le catéchisme du diable & de l’infamie. […] Un beau jour qu’elle représentoit le Martyre de Sainte Cécile (cette même piece à laquelle il avoit refuse d’aller) devant le Roi, la Reine, & toute la Cour d’Espagne, après avoir tout charmé, & fait couler des torrens de larmes, des que la piece fut finie, elle descend du théatre, & va se jeter aux pieds de la Reine lui expose avec mille sanglots son état & ses dispositions, sa résolution de se faire Religieuse, l’obstacle qu’y met sa famille, l’infamie de sa profession, le danger que lui fait courir la multitude des amans qui l’assiege ; demande à cette Princesse sa protection & ses graces ; que la profession religieuse étoit un mariage avec Dieu, l’Epoux des Vierges ; que ses libéralités ne pouvoient être mieux employées (c’étoit le temps où la Reine avoit accoutumé de distribuer des sommes considérables pour marier de pauvres filles).
Hé, Madame, si vous aviez le malheur qu’un de vos chers enfans par des saillies indignes de sa naissance vous fût un objet d’opprobre, permettriez-vous, que vos autres enfans approuvassent ses manieres, & qu’ils agissent de concert avec lui pour vous marquer d’infamie ?
Les filles vont à la danse pour s’y donner de la vogue ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie : c’est dans ces rencontres que les yeux s’y trouvent aussi libres que les mains, les paroles à double entente s’y font entendre distinctement ; la confusion de la compagnie y laisse dire beaucoup de choses que la retenue ne permettrait pas ailleurs : les attouchements qu’on croit illicites en d’autres occasions, semblent devenir ici nécessaires : la foule favorise l’effronterie des plus mal intentionnés ; d’ailleurs la nuit qu’on choisit ordinairement pour les danses, comme étant l’ennemie de la pudeur, et la confidente des crimes, donne du courage aux plus timides pour exécuter hardiment leurs plus pernicieux desseins : c’est ainsi qu’on donne une nouvelle carrière au libertinage, et qu’on fait passer le crime en recréation.
Que ces Confesseurs avertissent sérieusement les Comédiens qui se sont adressés à eux, qu’il n’est pas en leur pouvoir de leur donner les Sacrements, à moins qu’ils ne renoncent entièrement à leur Profession, et aux péchés publics dont ils sont les instruments, pour se délivrer par là de l’infamie publique que le Droit leur inflige.
On a déjà dit pour défense, Qu’il y avait différence de Spectacles chez les Grecs et chez les Romains ; Que véritablement les représentations qui se faisaient en postures, en grimaces, et en danses, étaient lubriques et déshonnêtes, et n’étaient exécutées que par les Histrions et Pantomimes qui étaient les Bouffons ou bateleurs de ce temps-là, et qu’il n’y a point d’apparence de croire que ces sortes de gens fussent mis au rang des personnes d’honneur ; mais qu’il y avait des Comédiens sérieux qui ne représentaient que des Tragédies ou Tragi-comédies pleines de raisonnements Moraux et Politiques, et que c’était ceux-là qui n’étaient pas notés d’infamie comme les autres ; Qu’un Roscius Comédien qui a été tant estimé, pouvait être de leur bande ; Que c’était chez lui que les jeunes Orateurs de Rome allaient étudier le geste et la prononciation ; Qu’il était un des plus honnêtes hommes de la Ville, et que Cicéron ayant pris la peine de le défendre en une Cause, avait parlé de lui fort avantageusement ; Mais quoi que en effet ce Roscius ait été vertueux, s’ensuit-il que tous les autres Comédiens de son temps le fussent, et qu’ils lui ressemblassent en son mérite personnel ?
Il faut le dire ici sans détour, le drame français moderne est devenu un enseignement d’immoralité, d’infamie et d’horreurs, c’est-à-dire de meurtre, de suicide et de prostitution ». […] A cela Bossuet répond, car l’objection n’est pas nouvelle : « Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière ».
Les Nègres de la Guinée, les plus stupides des hommes, ont inventé des danses les plus expressives, entr’autres une appelée Kalenda, où par les gestes les plus lubriques ils représentent toutes les infamies de la volupté. […] Les entrechats de la Camargo, les balancemens de la Vestris, les attitudes de la Prevôt, en un mot toutes les infamies de la danse théatrale, laissent-elles respirer la vertu ?
Aussi Dion Cassius exagérant l'infamie des Jeux Juvénaux inventés par Néron, et qui n'étaient que des bouffonneries malhonnêtes, écrit qu'Ælia Catula, l'une des plus nobles et des plus riches femmes de Rome, âgée de quatre-vingts ans monta sur le Théâtre ; il ajoute que ce fut pour y danser et sauter, c'est-à-dire pour y faire la Mime, et non pas pour y jouer des Comédies, qui ne faisaient point partie de ces Jeux, comme il résulte encore des « Feminæ illustres deformia meditari. » Tacit. l. 14.
après que les Empereurs eurent embrassé le Christianisme, il est certain que l’infamie des spectacles ou cessa entièrement, ou au moins diminua beaucoup. […] Ce n’était donc plus l’infamie des pièces, que les Comédiens représentaient alors, qui engageait les Pères à en user ainsi ; mais c’étaient d’autres raisons pareilles à celles que j’ai ci-devant exposées, qui les portaient à représenter aux chrétiens la sainteté de la Religion qu’ils professaient, et à les exhorter à n’avoir que du mépris pour un divertissement aussi bas et aussi indigne d’eux qu’est la Comédie : « Etsi Comœdiæ non habent crimen, habent tamen maximam et parum congruentem nomini Christiano vanitatem », comme parle saint Cyprien dans son traité des Spectacles.
Voltaire trouve une contradiction entre l’infamie attachée au metier de comédien, & l’honneur qu’on fait au théatre de le régarder comme une école noble, utile, digne des personnes Royales ; il a raison, rien de plus ordinaire dans le monde, on croit se deshonorer en se mesalliant, & un Seigneur épouse une actrice.
Si la Nation Française, dans les siècles de sa gloire, ne laisse rien à la Postérité qui prouve son goût pour les Spectacles, & l’estime qu’elle fait des chefs-d’œuvres Dramatiques en tout genre dont les Siècles de Louis xiv & de Louis xv l’ont enrichie ; c’est à leur opposition à sa Religion qu’il faut s’en prendre, & à l’espèce d’infamie que cette opposition répand sur le Dramatisme.
Charlemagne, dans une de ses ordonnances, les met au nombre des personnes notées d’infamie.
Chez des gens dévoués à l’anathème de l’Eglise, marqués d’infamie chez toutes les nations ! […] Que des hommes dégradés par la cupidité, aient oublié qu’ils sont Chrétiens, qu’ils sont pères ; qu’ils voient de sang froid immoler leurs enfans aux pagodes dont les sacrificateurs leur en ont payé le prix ; c’est une infamie concentrée dans un petit nombre de citoyens avilis et dégénérés, que le public ne partage point et dont il ne peut être responsable.
Dans les fêtes sacrilèges des Dieux du Paganisme, de Vénus, de Bacchus, de Mars, on se déguisoit, pour se livrer plus librement à toute sorte d’infamies. […] C’est une infamie, dit-il ; est-on homme ou femme après avoir fait ces ridicules changement ?
Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fureur brutale des duels s’y voit non seulement justifiée, mais louée, la patience qui ferait souffrir une injure sans la repousser, serait traitée de lâcheté, de bassesse d’âme et d’infamie, des sentiments impies ou dénaturés qui ne seraient capables que d’inspirer de l’horreur s’ils étaient représentés tels qu’ils sont, produisent un effet tout contraire, et attirent l’affection plutôt que l’indignation par le tour ingénieux de l’auteur et par le moyen du fard dont il les peint.
Dieu choisit ses Elus en tous lieux : dans les armées où la Piété est si peu en vogue il s’est trouvé de saints Soldats, dans les Cours où le Vice triomphe il s’est trouvé de pieux Courtisans, et des lieux que la pudeur, et leur infamie empêche de nommer Dieu a fait sortir de grandes âmes qui ont été des miroirs de pénitence faisant surabonder sa grâce où le péché avait abondé.
Ce qui ne peut assez me surprendre, est que quand il ese trouvait à ces Comédies quelque Personnage recommandable par sa vertu, et dont le respect empêchait le Peuple de s’abandonner à une pareille infamie ; au lieu de demeurer jusqu’à la fin de l’Assemblée, il se retirait pour laisser le monde dans une entière liberté. […] Je laisse tout le Discours pathétique de Salvien, tiré de son Livre sur la Providence, dans lequel il parle contre les Spectacles, qu’il accuse sans cesse d’infamies. […] Je trouve que les Comédiens vous sont bien obligés des efforts que vous faites pour les relever de cet état d’infamie dans lequel on les a toujours réduits dans les temps qui nous ont précédés, et de ce que vous leur faites espérer qu’ils pourront un jour avec les Cabaretiers parvenir à être traités d’honorables hommes. Je souhaite de tout mon cœur, qu’au moins à la mort ils reconnaissent l’infamie de leur profession, et qu’ils y renoncent, afin d’être inhumés en terre sainte, et qu’on leur donne un Épitaphe où il y ait ces mots : Ci-gît honorable homme.
Comment Rome auroit-elle pu croire que couvrir les Comédiens d’infamie, c’étoit leur donner une preuve de la haute idée qu’elle avoit d’eux ?
Le Sénat en comprit le danger, lorsqu’il n’étoit plus tems de s’y opposer, le reméde eut été pire que le mal : on se contenta d’infliger aux Comédiens1 la peine d’infamie un Chevalier Romain fut dégradé pour avoir monté une seule fois sur le Théâtre.
Un Comédien à qui l’on représente l’infamie de son métier, en convient, & se retranche sur la nécessité de gagner sa vie.
Pompée craignoit que son nom ne fust noté d’une marque eternelle d’infamie, & il fit construire ce temple afin de consacrer la honte & le crime d’un ouvrage digne de la condamnation de tous les siecles, afin de se mocquer de la discipline par ce titre, & par cette apparence de religion. […] L’honesteté publique ne pouvant plus supporter ces infamies que les loix precedentes n’avoient pû abolir, les Empereurs Payens établirent des Prefets du plaisir, ou plutost détacherent cette partie la plus negligée de l’office des Ediles ; & ces Prefets estoient chargez du soin d’examiner & de corriger les Pieces de theatre, d’interdire ou de reformer celles qui pouvoient blesser l’innocence & l’honesteté publique. […] La seule consideration de l’honesteté publique nous a portez à corriger & à prévenir la corruption & l’infamie que les Comedies peuvent causer à l’Estat.
Les modernes Juliens ne rougissent pas de ramasser & de faire valoir ces infamies, comme ils ramassent celles de Celse, de Porphire Un autre ouvrage contre les Césars ses prédécesseurs, sur-tout contre le grand Constantin & toute sa famille, quoiqu’il fût son petit-neveu, & que Confiance son oncle eût été son bienfaiteur, lui eût confié ses armées & le gouvernement des Gaules : ce qui est de la plus grande & de la plus indécente ingratitude.
Cette décoration, ce langage, tous tragiques qu’ils sont, n’exciterent ni terreur ni pitié, ni ne firent pleurer personne, jamais, je ne dis pas l’Evangile qui est fort éloigné de cette élégance, mais aucun des Saints Peres, ni Grecs ni Latins, quoique le théatre fût fort en vogue de leur tems, n’ont employé ces expressions prophanes, n’ont eu recours à ces métaphores, ni comparé ses souffrances divines avec les folies & les infamies de la scéne ; mais aujourd’hui on en est si enivré qu’on ne pense, qu’on ne parle, qu’on ne respire que théatre, comme tout l’étoit autrefois du burlesque & des pointes, & l’ Orateur en chaire en seme l’Evangile . […] C’est le motif qui engage le Chef de l’Eglise à tolérer à Rome les lieux de prostitution, qu’il n’approuve pas assurément, & dont la tolérance n’excuse de péché, ni ne sauve de l’infamie, ni les femmes qui s’y livrent, ni les hommes qui s’y abandonnent ; ce désordre & cette tolérance ont précédé, de plusieurs siécles, la souveraineté temporelle des Papes : sur quoi le Pape Gelase disoit fort sagement : Prædecessorum meorum negligentiam accusare. non audeo magis credam eos tentasse ut hæc pravitas tolleretur, & quasdam extitisse causas quæ eorum bonam intentionem impedire.
Celui-ci, après l’avoir indécemment accablé d’injures, l’abandonna à la populace, qui lui fit souffrir toutes sortes de tourmens & d’ignominies, lui coupa une main, lui arracha un œil, le déchira à coup de verge, le promena nud dans toutes les rues sur un chameau, enfin le pendit par les pieds, & deux soldats l’acheverent à coups de lance, & pour comble d’infamie on choisit le théatre pour cette derniere exécution, comme un acteur qu’on poignarde sur la scène, dont la mort est le dénouement de la tragédie, comme dans la plupart des tragédies. […] Sans doute, pour les amateurs du théatre, c’est le comble de l’infamie d’y être insulté, le comble du plaisir d’en voir le spectacle.
Sur cela Jean Brute peste, jure et lance à quiconque des imprécations accompagnées des plus grandes infamies : les Officiers de la Justice le bernent et le donnent en spectacle comme un fidèle portrait de tout l’ordre Ecclésiastique. […] Telle était donc la conduite des anciens Dramatiques : les Prêtres paraissaient rarement dans leurs Poèmes ; et quand cela arrivait, c’était pour quelque affaire d’importance : on les considérait toujours comme des personnes de marque : ils se comportaient toujours d’une manière qui répondait à leur dignité, sans se démentir en quoi que ce fût ; loin de se dégrader par des bassesses ou par des infamies.
Tu n’aurois pas à compter au grand jour des vengeances, de toutes les infamies qui se commettent dans ton quartier : que peux tu donc imaginer de pis ? […] Quand vers le milieu du dernier siécle, à la sollicitation d’un Ministre que la Pourpre Romaine n’empêchoit pas d’aimer le Théatre, fut levé le voile d’infamie qui l’avoit couvert jusqu’alors, ce fut sous la condition expresse qu’il ne s’y passeroit rien qui pût blesser l’honnêté publique, & qu’on n’y diroit pas même une parole à double entente . […] En vain cette tendre mere, pour sauver le reste du troupeau, les a-t-elle chassés du bercail : en vain toutes les Loix ecclésiastiques & civiles les déclarent infames ; tout odieux qu’ils sont sous l’anathême & l’infamie, nous avons le courage d’aimer ces hommes (p. 21.) ; disons mieux, c’est foiblesse, puisqu’encore enfans dans la morale, nous n’avons pas la prudence de les fuïr .
L’auteur de ce livre anonyme, par un reste de pudeur sans doute, n’a pas osé compromettre son nom, craignant de lui faire partager l’infamie dont cette honteuse production sera à jamais flétrie.
Or, ce qui réprime cette passion est une certaine horreur que la religion, la coutume et la bonne éducation en donnent ; mais rien n’affaiblit tant cette horreur que les spectacles ; parce que cette passion y paraît sans honte et sans infamie, parce qu’elle y paraît même avec honneur, d’une manière qui la fait aimer ; parce qu’elle y paraît si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire, qu’on lui applaudit, et qu’on se fait gloire d’en être touché.
La second raison tirée de l’infamie des spectacles anciens, qui avait porté les saints Pères à les condamner, est réfutée par les saints Pères mêmes qui les ont condamnés pour des raisons qui subsistent encore, comme on l’a fait voir.
A le bien prendre, les titres de sa gloire ne sont que le monument de l’infamie de sa personne & de sa conduite. […] Il y a quelques années que le bruit couroit qu’on y tenoit des assemblées nocturnes de multiplians, qui renouvelloient les infamies des Gnostiques.
Cet usage était ordinaire ; de sorte que le sage Caton, assistant un jour au Théâtre, et étant averti, que les Romains, par le respect qu’ils portaient à son caractère, n’osaient demander que les jeunes filles et les jeunes garçons parussent tout nus sur le Théâtre ; il se retira, pour ne pas priver le peuple de ce plaisir brutal, et pour n’être pas lui-même témoin de cette infamie, dont la gravité de Caton aurait été offensée. […] C’est peut-être pour cela que les Comédiens, dans le Digeste de Justinien, sont traités comme des infâmes, à cause qu’ils abusaient de leur profession pour corrompre les bonnes mœurs, par les infamies qu’ils mêlaient dans leurs pièces, et par les postures honteuses, qui accompagnaient leurs Représentations ; mais puisque l’on ne peut rien reprocher de semblable ni à la Comédie, ni aux Comédiens modernes, on ne doit pas regarder leur état, des mêmes yeux, qu’on le regardait au temps de Justinien ; car les Comédiens vivent en honnêtes gens ; ils sont soufferts et estimés des plus grands Seigneurs de la Cour, qui les admettent à leurs tables, à leur jeu, dans leurs parties de plaisir ; les pièces qu’ils donnent au public, sont châtiées, tous les sentiments en sont beaux, et portant plutôt à la vertu, qu’au vice et au libertinage.
Que de criminels, en allant subir le supplice dû à leurs forfaits, sont convenus que leur fatal engoûment pour les Spectacles Forains, était seul la cause de leur perte & de leur infamie ! […] Qu’auriez-vous fait, enfin, à ces Turlupins, à ces bas Histrions, qui, par les gestes les plus indécens, les postures les plus lascives, s’efforcent de rendre tous les Spectateurs complices de leur infamie, de… ? […] Enfin, le lieu de la Scene, le choix des Pieces, l’honnêteté des Spectateurs font, au moins extérieurement, de nos Salles, des écoles de probité, de goût & de bonnes mœurs, tandis que le lieu, les Pieces, & la société font, des Salles du Rempart, des écoles de mauvais goût, de libertinage & d’infamie. […] Certes, on ne représenta jamais à Lacédémone, à Athenes, à Rome, les infamies auxquelles le Peuple peut, chez nous, courir en foule.
Les défenseurs des Théâtres exceptent ici, que les Anciens allégués parlent des Théâtres des Païens, qui à la vérité ont été remplis d’infamies, et de dissolutions horribles. […] De fait elles notent d’infamie ceux qui y montaient. […] Il est connu que cette note d’infamie emportaitbe que ceux qui en étaient marqués ne pussent tester, ni être reçus en témoignage, ni être admis à aucune charge publique. […] bh : Mais vu l’infamie de cette profession, l’autorité publique empêchait qu’une telle alliance se pût contracter : selon qu’aussi la même Loi, et par la même raison, interdisait à tous ceux du Sénat, de bailler leurs filles à qui que ce fût qui eût exercé cet art.
La sage précaution que prend la politique de dégrader et dépouiller de toutes les marques de ses dignités, pour ne pas les avilir aux yeux du peuple, l’homme en place convaincu de forfaits, avant de l’envoyer à l’échafaud, est la censure la plus frappante de cet usage inconséquent de traduire sur les tréteaux du ridicule et de l’infamie, sur cette autre espèce d’échafaud d’autres criminels tout parés des couleurs, ou sous les formes respectables de la vertu que, je ne puis cesser de le répéter, les satires et les critiques intempestives et déplacées ont fait ainsi tomber dans le mépris et conspuer.
Mais quand on saura que la loi ratifie ces infamies, à quels excès ne se précipiteront pas la passion & la fourberie ?
Outre ses comédies & son histoire de Florence, ses poësies érotiques des plus licencieuses, il a composé des contes infames, tels que l’Asne d’or, où il a copié Lucien & Apulée dans toute leurs infamies, Beelphegor, dont Lafontaine a fait un de ses contes dans le même goût, & Mandragore, piece de théatre la plus licencieuse.
1 Cette espéce de vermine se répendant insensiblement par tout, elle inspira tant d’horreur que l’opprobre en rejaillit encore aujourd’hui sur des gens dont l’état est aussi éloigné de cette infamie que nos Ecclésiastiques le sont des Prédicateurs du Pont-neuf. […] On ne sauroit trop rigoureusement châtier ceux qui par une conduite deshonnête s’avilissent, et; font réjaillir leur infamie sur des innocens. […] S’il falloit répondre à toutes les infamies que vous vomissez contre les Comédiens, il faudroit être ou sans éducation, ou s’armer d’une patience aussi grande que celle de Job. […] Ils ont proportionné la grandeur de leur hommage à l’habileté de la Comédienne à faire valoir l’infamie ? […] Ne croyez point que je serois consolé de l’infamie parcequ’elle nous seroit commune.
Cette double vie est tout ce que nous avons de plus précieux, le reste est un accessoire dont on pourroit absolument se passer ; cependant la profession que vous exercez vous fait perdre l’une & l’autre ; l’Excommunication est une mort spirituelle que vous ne pouvez éviter, la peine d’infamie vous fait mourir aux yeux des hommes, malgré les applaudissemens dont on vous berce, & la sorte de gloire qui vous couvre de ses aisles.
Quelles horreurs que toutes ces infamies.
Page 195 L’auteur anonyme de ce livre honteux cache son nom pour se dérober à l’infamie dont cette espèce de manifeste de Montrouge sera à jamais flétrie.
En un mot quiconque dit des infamies devant le sexe, ou s’imagine par là plaire aux femmes, ou bien ne se l’imagine pas : s’il croit leur plaire, quelle injure ne fait-il point à leur vertu ! […] Ce Comique est fécond en absurdités encore plus grossières : il n’a pas la discrétion de sauver du moins aux Dieux les infamies et les bassesses :Ran. p. 186.
La sévérité des Magistrats contre les Spectacles étant encore à craindre, de peur qu’ils ne fissent à sa mémoire la honte d’abattre cet Edifice, veritus quandoque memoriæ suæ censoriam animadversionem, il s’avisa de sanctifier un lieu que Tertullien appelle la Citadelle de toutes les infamies, arcem omnium turpitudinum.
» « Qui peut se dire à soi-même qu’il n’a contracté aucune tache en sortant d’un lieu où les deux sexes se rassemblent pour voir et être vus, et pour voir des spectacles consacrés aux dieux des nations, où on décrit leur histoire, où on peint leurs amours, où on représente leurs infamies sous des voiles qui en diminuent l’horreur et qui en augmentent le danger ?