Que diront-ils maintenant qu’ils ne peuvent plus attribuer vos folies à la prétendue grossièreté d’un Climat étranger, puisque c’est en France et par des Jésuites Français qu’elles se sont commises, dans un Pays dont les habitants ne passent pas pour de bons Flamands, mais pour des esprits fort déliés, dans une Ville de Parlement, et aux frais de ses principales familles dont les enfants ont été vos Acteurs, et si on vous en croit, avec l’applaudissement de tout le monde ?
Lettre Française et Latine du Père François Caffaro, A Mr. l’Archevêque de Paris. page 80 Section iv.
L’expression latine m’a paru trop forte pour la rendre mot à mot en français : elle aurait certainement choqué les oreilles chastes. […] Notre acclamation française signifie la même chose.
Cependant un Prélat se croit en sûreté Avec vingt mille écus dont il se voit renté ; Et l’on ne pourra pas à l’Hôtel de Bourgogne, Voir le Rôle plaisant d’un sot et d’un ivrogne, Ou charmé de Corneille au Théâtre Français Aller plaindre le sort des Princes et des Rois.
Loin d’avoir eu dèssein de rendre un mauvais office au Théâtre Italien, il me semble que j’ai travaillé à lui acquérir par la suite une solide gloire, en m’éfforçant de prouver que ses Poèmes devaient être aussi parfaits que ceux de la bonne Comédie ; en montrant que les meilleurs Auteurs qui ont travaillé pour lui, ont eu tort de négliger souvent des principes qu’observèrent rigoureusement les grands hommes qui ont illustré la Scène Française ; & en engageant enfin tous ceux qui voudront écrire désormais dans son genre, à ne se permettre aucune liberté.
On y trouve vers & prose, latin & françois. […] Quoique l’honneteté soit à present sur le théatre françois, chacun sait qu’une feinte bien representée fait des impressions réelles, & produit des sentimens véritables dans le cœur des assistans. […] Ignace, mais il les traduisit en vers françois, pour les mieux répandre. […] Mais une circonstance à laquelle ne s’attend pas un homme qui a de la religion, de la vertu, & même du bon sens ; c’est que, dans ce vaisseau richement chargé, où l’on avoit embarqué des présens magnifiques pour quelque Nabab des Indes, & plusieurs compagnies de soldats, pour la garnison de Ponticheri, on avoit eu la précaution d’embarquer aussi une provision de femmes de bonne volonté, pour le service des passagers, des soldats & des matelots, & notamment une troupe de comédiens & de comédiennes, pour les divertir sur la route, & soutenir le théatre françois de la Compagnie des Indes, répandre sur les bords du Gange les grands noms de Moliere, Corneille, Racine, Crebillon, où ils étoient parfaitement inconnus, quoique leur gloire immortelle, disent nos oracles, ait rempli tout l’univers. […] Le théatre françois est donc pire que l’Alcoran, & plus vicieux que les Bramines.
Des Français, diront-ils, ont pu s’amuser à de pareils spectacles ? […] Le répertoire Français fut un instant livré aux interprètes de Jeannot 35 et de Pierre Bagnolet 36. […] Avant l’introduction des productions étrangères sur la scène Française, un assassinat, un rapt, un suicide, quinze jours occupaient tout Paris…. […] le pugilat Français n’existe plus que pour la dernière des classes ; le plus petit membre de la plus chétive corporation rougirait à présent de briller dans un Gymnase de faubourg. […] [NDE] A l'Académie française.
Cet écrivain, qui je le crois, doit être estimable sous d’autres rapports, m’attaque sans ménagement dans le Mercure du dix-neuvième siècle2, et il m’oblige malgré moi, pour ainsi dire, de rentrer dans la discussion, au sujet des avanies et des actes d’intolérance, que les comédiens français ont à essuyer de la part du clergé, ou plutôt, de la part de quelques ecclésiastiques ignorants et fanatiques.
Ministre de l'Église de Zurich : Trois livres des apparitions des Esprits, Fantosmes, prodiges et accidens merveilleux qui précèdent souventes fois la mort de quelque personnage renommé, ou un grand changement ès choses de ce monde, traduit d'Allemand en La traduction française est de 1571.
GRESSET,De l’Académie Française, Au sujet de celle qu’il a publiée sur la Comédie. […] Vous joignez à cet enjouement les grâces du style, et cette facilité, cette aisance originale, où l’on ne voit nul travail d’esprit, et qui ajoute infiniment à l’agrément et à la nouveauté de vos pensées ; elle en fait le charme ; et il serait difficile d’en trouver aucun modèle dans les Poètes Latins, ni dans les Français anciens et modernes.
Patavii 1630 On trouve dans la Bibliothèque du Roi cet Ouvrage Latin, dont le titre signifie en Français, Avertissement aux Acteurs et aux Spectateurs des Comédies, composéb par François Marie del Monaco Sicilien de la Ville de Drapanoc, Docteur en Théologie, de la Congrégation des Clercs Réguliers, imprimé à Padoue en 1630. […] [NDE] Petrus de Palude (c. 1275–1342), dominicain, est un théologien et archevêque français. […] [NDE] Guillaume Durand de Saint-Pourçain (1270-1334), dominicain, est un philosophe et théologien français.
Rousseau se plaint déjà qu’on y élève les jeunes gens à la française. […] Toutes les vertus sur la scène Française n’ont-elles par leurs maximes pour règle, n’y voit-on que des furieux ou des fanatiques ? […] Le sage est un personnage fort respectable, mais la bravoure est une de ces qualités nationales que le théâtre Français doit honorer. […] Le vice n’est donc pas inhérent aux mœurs de la scène comique Française, à moins que l’amour, comme le prétend M. […] Rousseau reproche à la scène Française ; c’est l’amour décent, l’amour vertueux qu’il y attaque.
Des Comédiens français rétablis dans leurs droits civils et religieux, à raison de leur profession, et entièrement affranchis des anathèmes et des excommunications de l’Eglise.
Il faut le dire ici sans détour, le drame français moderne est devenu un enseignement d’immoralité, d’infamie et d’horreurs, c’est-à-dire de meurtre, de suicide et de prostitution ». On objecte que le théâtre français, tel qu’il est aujourd’hui, n’a rien de contraire aux bonnes mœurs ; qu’il est même si épuré qu’il n’offre rien que l’oreille la plus chaste ne puisse entendre. […] On doit encore se rappeler que les théologiens étrangers, surtout ceux d’Espagne et d’Italie (Sanchez et saint Liguori), sont généralement moins difficiles sur l’article des spectacles que les théologiens français. […] Le prince de Conti, Traité de la comédie et des spectacles, selon la tradition des Pères ; Nicole, Essais de morale, tome 3 et tome 5, pensées sur les spectacles ; Bossuet, Maximes et réflexions sur la comédie, on a vu avec quelle force Bossuet s’élève contre le théâtre ; Desprez-de-Boissy, Lettres sur les spectacles ; Concina, théologien dominicain, de Spectaculis theatralibus ; Gérard, comte de Valmont ; enfin, une foule de théologiens français, comme Fromageau, Pontas, etc.
En donnant à la Musique un mouvement plus vif & une gaieté qui la caractérise, sera-ce faire reparaître la gravité monotone de l’ancien Chant français ? […] Je dis plus ; il serait à souhaiter qu’on établît deux Comédies françaises, deux grands Opéras1 ; & ainsi du reste.
Lorsque dans le présent chapitre 2 (pag. 63), j’ai parlé des affreux désordres de la faction anarchique des moines, des prêtres et des jésuites régicides, ultramontains, qui opprime le souverain légitime de la malheureuse Espagne, mon intention, je le répète, n’est pas d’en accuser le ministère français. […] Tous les ministres les plus habiles de l’Europe, s’ils pouvaient être appelés au ministère français, viendraient y échouer devant la jacobinière des hypocrites de Montrouge.
Le Genevois, qui n’a jamais connu sans doute de gens d’une vertu extraordinaire, ne veut pas qu’on peigne d’autres mœurs sur la scène Française qu’on n’ait point d’autres Héros ni d’autres Acteurs que ceux des Grecs. […] Les Français sont vains, étourdis, indiscrets, présomptueux, coquets, capricieux ; leurs femmes ont tous ces défauts. […] Avant M. de Voltaire, quel homme citerez-vous pour un Poème épique Français que La Colombiade ek et la traduction de Miltonel ne fit rougir ? […] Quand Messieurs nos petits-maîtres Français un peu mieux instruits, un peu plus gens de goût, rendront aux talents l’hommage qu’on leur rend en Italie ; quand ils sauront les préférer à la fadaise ; quand nos orgueilleux Philosophes ne borneront plus dédaigneusement les femmes à coudre et à tricoter ; quand les femmes riches et de qualité ne s’occuperont plus d’ouvrages qui devraient être ceux de leurs soubrettes ou faire gagner quelques sous à une malheureuse couturière ; que, pour plaire aux hommes, elles croiront devoir donner aux beaux-arts la moitié du temps qu’elles perdent à leur toilette, qu’une plume ou un pinceau feront tomber de leurs mains la navette, et le sac à l’ouvrage, je vous proteste que nous aurons bientôt autant de femmes illustres que d’hommes, et que notre sexe n’aura pas à se négliger s’il veut conserver toujours la supériorité du nombre et des talents. […] [NDE] Anne Dacier (1654-1720), helléniste, érudite française.
rapportent que les Comédiens Français voulant s'établir à Paris, achetèrent d'abord une maison près des Carmélites, rue Chapon. […] Les figurantes de l'Opéra et des deux comédies de Paris font plus de tort à la jeunesse Française qu'elles ne donnent de plaisir et de lustre à la nation. […] Ignace, qui veut que tout soit en Latin, on jouait une pièce Française entremêlée de ballets de toute espèce, où les danseurs, les musiciens et les instruments de l'Opéra étalaient tout ce qu'ils avaient de talents, au milieu des Jésuites, spectateurs, présidents, Auteurs, par un assemblage qui n'est assurément pas dans l'institut, tout impie qu'on le dise ? […] Porée a donc dû chercher quelque couleur pour pallier la scène des collèges des Jésuites ; mais fût-elle excusable, ce qui n'est pas, puisqu'on y représentait les mêmes pièces et de la même manière qu'à la Comédie Française, ce serait d'ailleurs un piège pour la jeunesse, de lui faire goûter le théâtre de si bonne heure. […] Cette double signification du mot affection d’une chose et à unec hose n'est pas Française ; ce mot ne se prend que dans l'actif aimer un objet, non dans le passif, en être affecté, mais la pensée est vraie, et d'un grand usage pour les mœurs.
Il s’agit maintenant, sur notre Théâtre Français particulièrement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent, sont les organes des premiers génies, & des hommes les plus célèbres de la Nation ; Corneille, Racine, Molière, Renard, monsieur de Voltaire, &c. leur fonction exige pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de la sensibilité, de l’intelligence, de la connaissance des mœurs & des caractères, en un mot, un grand nombre de qualités, que la nature réunit si rarement, dans une même personne, qu’on compte plus de grands Auteurs que de grands Comédiens.
Disons à la gloire des Français qu’ils sont les seuls peuples de l’Europe qui ayent voulu adopter l’unité de lieu ; il n’ont pas craint, ainsi que les Allemans, les Anglais, les Espagnols & les Italiens, de s’asservir à des règles trop génantes, aussi leurs Poèmes ne craignent ils aucune comparaison. […] C’est bien peu connaître l’amour des Français pour la Musique. […] L’impatience, la lègéreté Française, goûteraient-elles un amusement aussi long ?
Elle me porte à me figurer qu’un Turc, qu’un Grec, qu’un Romain, parlent la Langue Française avec une délicatesse infinie.
Dans la Pologne, & dans les camps qu’on a formés aux environs, pour faire la revue des troupes, & exercer le soldat aux diverses manœuvres, on a eu grand soin d’y donner le bal & la comédie ; on y a fait venir des troupes de danseurs, d’acteurs & de musiciens allemands, italiens & françois, pour jouer tour à tour, & amuser l’officier & le soldat, qui, pendant le peu de jours que le camp dure, se seroient ennuyés sans doute, s’ils n’avoient eu des actrices. […] Une troupe de comédiens françois (car quelle autre nation oseroit disputer de frivolité avec la nôtre, & à qui voudrions-nous en céder la gloire ?) une troupe de françois s’est établie dans la salle du Faleon du palais ducal. […] Dans une étendue de plus de douze cens lieues il n’y a que la province de Canada où le peuple, plus françois qu’anglois, n’a pas prononcé cette cruelle proscription.
Ils ont mis en vers français les plus Augustes mystères de la Religion, les plus Saintes maximes de la Morale Chrétienne, les Hymnes, les proses, les cantiques de l’Eglise, et ils ont fait de saints concerts que les fidèles chantent, et que les Anges peuvent chantert. […] « De quoi vous êtes-vous avisés, leur dites-vousac , de mettre en Français les Comédies de Térence ? […] , p.17 : « Et vous autres, qui avez succédé à ces pères, de quoi vous êtes-vous avisés de mettre en français les comédies de Térence ? […] [NDE] Laurent Thirouin rappelle que la traduction de Térence par Le Maistre de Sacy était expurgée, comme l’indique le titre complet : Comédies de Térence traduites en français, avec le latin à côté, et rendues très honnêtes en y changeant fort peu de choses.
.), rapportent que le Ministre Rousset, qu’elle fit Evêque d’Oleron, s’insinua dans sa cour, lui fit lire la bible traduite en français, et la rendit huguenote, qu’elle composa une tragi-comédie de tout le nouveau Testament, et la fit jouer par des Comédiens, qui pour lui plaire, y mêlèrent une foule de railleries et d’invectives contre le Pape, les Ecclésiastiques et les Moines. […] Piganiol de la Force, dans sa description, aux mêmes articles, rapporte aussi le privilège prétendu de l’Opéra ; mais il assure que la Comédie française jouit de la même grâce, ce qui serait très vraisemblable. […] Croirait-on que cet homme fût de l’Académie Française, chargé de bénéfices considérables, Aumônier du Roi et Conseiller d’Etat, et obtint, pour couronner ses exploits, des lettres d’anoblissement pour lui et pour ses frères ? […] Cet ouvrage singulier, plein d’esprit et de raison, a été traduit en Français ou plutôt en Gaulois (dans le seizième siècle), d’une manière pleine de grâce dans sa naïveté.
Les Français ne sont point éxempts de bisarreries au sujet du nombre des Actes. […] Les Comédiens Français commencent à donner l’éxemple.
Les Allemands, les Anglais, les Italiens, les Grecs, tous empruntèrent cet usage des Français ou du moins les lois et les règles que les Français en avaient prescrites ; et quoique partout7 on n’eût d’abord dessein que d’en faire un jeu ; très souvent le feu de l’action, et la jalousie des combattants changeaient le jeu en un vrai combat, d’où plusieurs sortaient blessés.
A la vérité les Empereurs de Constantinople ont jusques au declin de leur Empire retenu le gonfanon où était le Dragon peint, et l’appelaient Flammulum du Latin, duquel nom tant Cédrène que le Curopalate se servent, et dont vient le mot Français d’Oriflamme et le Flamboler des Turcs.
Il ne dit pas : Celui-là périra, qui est dans le péril ; mais celui qui l’aime et s’y expose. » « Qui que vous soyez donc, qui plaidez la cause des Théâtres, vous n’éviterez pas le Jugement de Dieu. » Fénélon, dans sa Lettre à l’Académie française, s’explique en ces termes : « Je ne souhaite pas qu’on perfectionne les Spectacles, où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer. […] S’efforcera t-on enfin de préconiser la décence du Théâtre français ? […] Voilà sous quel honorable aspect on montre la vieillesse au Théâtre ; voilà quel respect on inspire aux jeunes gens pour l’âge de la sagesse, de l’expérience et de l’autorité. » « La Scène française n’est pas moins le triomphe des grands scélérats, que des plus illustres Héros ; témoins Catilina, Mahomet, Atrée, et beaucoup d’autres. […] » « Suivez la plupart des pièces du Théâtre français, vous trouverez, presque dans toutes, des monstres abominables et des actions atroces, utiles, si l’on veut, à donner de l’intérêt aux pièces, mais dangereuses certainement, en ce qu’elles accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu’il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu’il ne devrait pas supposer possibles. […] On frissonne, à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française.
L’Académie Française serait chargée de cette révision ; c’est un emploi digne d’elle. […] On y serait instruit d’une suffisante Littérature Française.
Tertullien traitait d’idolâtres les Chrétiens qui prononçaient seulement les noms des fausses divinités des Païens, et il ne pouvait souffrir que les Maîtres d’Ecole enseignassent les Poètes à leurs Disciples, à cause qu’ils sont pleins de ces fausses divinités, quel sentiment aurait-il de nos Poètes Français, qui se sont imaginés qu’on ne saurait faire de bons vers, si on ne les relève par les noms de ces divinités ?
Mais le Théâtre Français, non-réformé, serait-il intolérable ? […] Monsieur Rousseau dit plus bas, que la Scène française est la plus parfaite qui ait encore existé. […] Les Eloges seront précédés d’une Pièce patriotique, dont les Français seront les Héros. […] Des assemblées telles qu’en formeront les nouveaux Théâtres Français, ne valent-elles pas mieux que vos cohues d’hommes où l’on s’ennivre, & vos sabbats de femelles où l’on médit ? […] La première de toutes les Tragédies françaises, est la Cléopâtre de Jodelle : le même Auteur fit une Didon, & deux Comédies.
Pour s’en mieux assurer la possession, ils ont obtenu, ce qui est incroyable, universellement ignoré, qu’ils ont grand soin de ne pas divulguer, & qui pourtant & très-certain, ils ont obtenu dis-je que deux Comédiens françois & italiens soient Censeurs nés & Reviseurs en charge des pieces foraines, avec le droit de retrancher tout ce qu’ils jugeront à propos. […] Les planches du Théatre françois ne sont pas dans le fond d’un autre bois que celles des trétaux, ni les vertus de ses actrices plus inexpugnables ; & si la raison & la vertu incessamment repoussées par des Histrions jaloux, pouvoient se donner un libre effet, elle s’éleveroit en peu de temps au-dessus d’un ancien Théatre qui néglige ses premieres richesses & voile toutes les regles. […] Il traduisit en vers les Pseaumes de la Pénitence, & composa quantité de poésies sacrées, Noëls, Cantiques en françois & en patois bourguignon, que le peuple chante avec plaisir ; comme Corneille qui termina sa vie par la traduction de l’Imitation de J.
Aussi la scène française, sans contredit la plus parfaite, ou du moins la plus régulière qui ait encore existé, n’est-elle pas moins le triomphe des grands scélérats que des plus illustres héros : témoin Catilina, Mahomet, Atrée et beaucoup d’autresac. […] Suivez la plupart des pièces du théâtre français, vous trouverez presque dans toutes des monstres abominables et des actions atroces ; utiles, si l’on veut, à donner de l’intérêt aux pièces, mais dangereuses certainement, en ce qu’elles accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu’il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu’il ne devrait pas supposer possibles. […] On frissonne à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française.
Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, A Monseigneur l’Archevêque de Paris. […] Mais afin de ne pas faire une question de nom, il suppose que saint Thomas ait entendu les Comédiens par Histriones ; cependant il soutient que ce Docteur de l’Ecole n’a pas justifié la Comédie telle qu’elle est dans l’usage ordinaire de ce siècle sur le Théâtre Français. […] Sulpice à la Fête du Saint Sacrement, pour ne pas passer devant le Théâtre des Comédiens Français ; pour apprendre aux Fidèles combien l’Eglise a en horreur ces Théâtres.
Je ne sais pas pourquoi l’on prétend qu’il y a tant de différence entre le goût des Anciens, et celui des Français : est-ce que le bon sens n’est pas toujours le même ? […] Les Grecs étaient-ils moins amoureux que les Français ? […] On les a aussi représentées ailleurs, et nous avons des Poètes Français qui ont travaillé sur ces sujets ; mais qu’on les ait représentées dans les Collèges, ou ailleurs, cela ne fait rien ni pour ni contre moi : je veux seulement vous faire connaître que ces Histoires fournissent assez de passions et d’intrigues pour une belle Tragédie. […] Une mère ambitieuse, qui pour se venger du mépris que son fils fait des dignités qu’on lui offre, va elle-même le livrer à la mort : tout cela ne peut-il pas paraître sur le Théâtre Français ; et plaire même aux gens les plus délicats ? […] [NDE] En 1673, la réédition du Clovis de Desmarets de Saint-Sorlin a relancé la querelle du merveilleux chrétien qui l’oppose à Boileau, grâce à l’insertion d’une Comparaison de la langue et de la poésie française avec la grecque et la latine ainsi que d’une Epître au roi et d’un Discours pour prouver que les sujets chrétiens sont les seuls propres à la poésie héroïque.
Ouvrage pour les Planches des sieurs tel ou tel, n’importe qui, les Comédiens Français ou les Italiens, ont grand soin de faire arrêter la Piece qui leur porte ombrage, & défendre à l’Auteur d’avoir de l’esprit & du goût par tout ailleurs que chez eux. […] Ce n’est ni aux Français ni aux Italiens, que vous trouverez les jeunes personnes des deux sexes, réunies par pelotons, former des groupes scandaleux. […] Les Français n’en sont pas accusés. […] Avec quelle reconnaissance ces mêmes Français ne recevraient-ils pas celui de la suppression des Spectacles des Boulevards & des Foires ? […] Je ne donne le nom estimable de Théatre qu’à la Comédie Française, & à la Comédie Italienne ou l’Opéra-comique.
« J’ai autrefois fait retenir les forêts du son de mes chalumeaux… je chante maintenant les terribles combats, & ce chef des Troyens, qui, forcé par le destin de s’éxiler de sa patrie, vint aborder aux rivages de Lavinium. » M. de Voltaire, le Poète épique des Français, n’est pas moins simple au commencement de la Henriade : Je chante ce Hèros qui règna dans la France, Et par droit de conquête & par droit de naissance.
La Parade subsistait encore sur le Théâtre Français du temps de la minorité de Louis le Grand ; & lorsque Scarron, dans son Roman-comique, fait le portrait du vieux Comédien La Rancune, & de mademoiselle de La Caverne, il donne une idée du jeu ridicule des Acteurs, & du ton platement bouffon de la plupart des petites Pièces de ce temps.
Vous ajoutez qu’il faut « ou quitter la partie, ou employer une force de logique telle qu’une retorque raisonnable devienne impossible. » Sans vous chicaner sur le mot retorque qui n’est pas français (vous avez cru apparemment qu’on disait la retorque comme on dit la remorque, et, après tout, un barbarisme n’est point un péché mortel, mais il fallait dire rétorsion), je vous prie de me permettre de ne point abandonner la partie, quelque grande que soit la force de votre logique ; et tout-à-l’heure nos lecteurs décideront entre vous et moi. […] Vous citez, M. le Laïc, un comte Rabutin, de l’académie française, qui s’est prononcé contre les bals.
Elle faisoit des vers françois avec autant de délicatesse qu’une personne née à Versailles ; elle en composa pour Charles XII, où elle introduisoit les dieux de la Fables qui louoient les vertus de ce Prince. […] Les Demoiselles du Séminaire ou Collége féminin, qui s’est établi à Petersbourg, ont joué le jour de la fête de l’Impératrice, une Comédie françoise, un Opéra comique, qui ont été fort applaudis ; sur quoi le Gazetier d’Avignon, qui le rapporte, 19 juin 1776, ajoute : Ce succès doit engager les Auteurs françois à suivre les modeles du siecle de Louis XIV, & à traiter des sujets qui puissent être entendus & goutés de toutes les Nations.
Combien vous vous seriez épargné de peine Monsieur, si vous vous en étiez tenu au seul obstacle que vous pouviez opposer raisonnablement à l’établissement de la Comédie Française à Genève : il vous a fallu suer pour entasser un nombre d’invectives suffisant pour faire un volume ; il vous a fallu gagner des migraines, à faire des calculs graves et politiques, aussi faux que les principes qui vous les ont fait entreprendre. […] Voyez Monsieur et jugez maintenant si Genève ne gagnerait pas beaucoup à l’établissement d’un spectacle Français, et si vous aimez votre Patrie comme vous dites, n’êtes-vous pas obligé, en conscience, de l’obliger d’en établir un au plus vite, pour prévenir tous les maux qui pourront résulter de vos Cercles bachiques et médisants ?
[NDE] La Suze renvoie ici à Henriette de Coligny (1618-1673), comtesse de Coligny et de la Suze, une femme de lettres française. […] [NDE] Antoinette Des Houlières (1638-1694), née Antoinette du Ligier de la Garde, était une femme de lettres française. […] -1740), femme de lettres française, à Louis Auguste le Tonnelier, baron de Breteuil.
Nous ne devons pas craindre ces suites d’une pareille erreur de la part des écrivains qui sont aujourd’hui l’honneur de la scène française : les Picard, les Andrieux, les Duval et leurs dignes collègues, ne produisent que des ouvrages utiles et purs comme leurs âmes honnêtes ; mais il n’existe pas la même garantie contre les avortons indigents de la littérature, qui se jètent sans distinction sur les sujets qu’ils rencontrent : ils pourraient bien s’emparer de celui-ci, et y voir un autre bon modèle de Tartufe. […] D’où il arrive que la risée des grands corrige les petits, et que la risée des petits corrige les grands ; c’est-à-dire que les seigneurs, les milords, les barons et baronnets, les ducs, les comtes, corrigent leurs tailleurs, leurs bottiers, leurs perruquiers, leurs valets, et en reçoivent la correction, avec mesure et une égale impartialité ; et que les duchesses, les marquises, les comtesses, corrigent en riant leurs femmes, leurs marchandes de modes et leurs blanchisseuses, qui les corrigent à leur tour en riant et se moquant d’elles aussi judicieusement ; d’où il arrive que les sots corrigent les gens d’esprit ; que des Anglois corrigent sans passion des Français, et réciproquement ; que l’impie, que l’athée corrigent les croyants, que des Turcs corrigent des chrétiens, et, comme je l’ai déja exprimé, que des jeunes gens corrigent des vieillards, en se moquant d’eux, que des supérieurs, soit magistrats, juges, soit instituteurs, pères et mères de famille, sont corrigés par la moquerie de subordonnés, ou d’écoliers et d’enfants qui sont encore sous leur pouvoir, et qui saisissent avidement ces occasions de se venger impunément de ceux qui les régentent et les répriment ou contrarient habituellement. […] Entre les différents moyens depuis long-temps indiqués, pour là réformation du théâtre, je crois devoir recommander d’abord celui de cesser de condamner en principe, ou en théorie, ce que nous approuvons dans la pratique ; je veux dire, de commencer par être plus conséquents et plus justes envers les hommes qui se vouent au théâtre, soit comme auteurs2, soit comme acteurs, et reconnaître le droit qu’ils ont, lorsque d’ailleurs ils sont bons citoyens, à l’estime et à la considération dont ils jouissent de fait, par un accord à peu-près général ; et ôter enfin à un petit nombre de gens de bonne foi, et à tous les gens de mauvaise humeur, le droit de traiter d’infâmes la profession ou les personnes de Molière, de Corneille, Racine, Voltaire, et de Lekain, de Molé, Larive, Talma, des idolâtrées Comtat, Raucourt, Mars, etc., lesquels ont emporté les regrets, ou font encore aujourd’hui les délices et l’admiration des Français et des étrangers, qui leur rendent les plus grands honneurs, qui leur élèvent des statues. […] Les lois romaines punissaient un voisin qui ne garantissait pas le serf outrageusement traité par son maître ; les Egyptiens déclaraient coupables de mort un passant qui ne donnait point de secours à un autre, même inconnu, qui était assailli par des brigands ; et les plus honorés des Français seraient toujours si tranquilles spectateurs de l’oppression, de la ruine et des larmes de leurs malheureux con-citoyens, lorsqu’ils ont en leur pouvoir des moyens de les protéger et de leur épargner de si grands maux !
Voltaire, le docteur à la mode, qui fait quelquefois montre de bel esprit, aux dépens du jugement, auroit embouché la plus bruyante trompette, & crié, du ton de son frere Sourdis, dans le Poëme de la Pucelle, Français rougissez de honte, & voyez les judicieux Anglois mettre au nombre de leurs législateurs, un de ces héros que vous condamnez à l’infamie, on l’auroit cru, ou auroit vu suppliques & mémoires présentés au Roi, pour obtenir qu’il fit ouvrir l’Eglise & le Palais aux comédiens, & donner à la nation le glorieux avantage de les compter au nombre des Magistrats & des Chanoines : le Parlement auroit fait des remontrances, le Clergé des mandemens, les arrêts & les excommunications du vieux tems paroîtroient habillées à neuf, les Avocats du bon ton feroient imprimer des factums, les beaux esprits chamailleroient en prose & en vers ; les Gaffés de Paris, & les antichambres de Versailles fairoient passer la cause des foyers aux boutiques, & des boutiques aux halles. […] L’Académie Française vient d’y préluder, en donnant l’Eloge de Moliere, pour le sujet du prix qu’elle a distribué en 1769. […] Je crois bien que les acteurs font moins bons, & les actrices moins belles, les décorations moins brillantes qu’à la comédie française ; mais c’est toujours une bonne école de mœurs & de réligion dans le goût du Prélat ; on y représente les mêmes pieces, on y donne les mêmes leçons de vertu, on y inspire à la jeunesse le même amour du plaisir, le même esprit du monde : c’est un second Collége sous le même toit qui met la perfection au premier, & y fait fleurir les études, & de concert avec lui, forme à l’Etat de graves Magistrats, de pieux Ecclésiastiques, d’excellens peres de famille. […] 7 & 11, nous donne du théâtre d’Espagne, qu’elle a vu dans son voyage : le changement du gouvernement, le goût françois qui s’y est introduit depuis Philippe V, y a fait bien des changemens.
Et enfin, lorsque son successeurd, d’abord accueilli par le peuple, est tombé entre les mains des prêtres, ceux-ci, profitant de son âge et de sa faiblesse, ont exploité les erreurs d’une jeunesse fougueuse qui, cependant, lui avaient valu le surnom de chevalier français. […] La transporter du théâtre à notre chaire, c’est, je crois, mes chers auditeurs, ennoblir, sanctifier la chaire française. […] Parce que le Théâtre Français est le plus parfait de tous les théâtres, et que c’est aux chefs-d’œuvre de nos poètes dramatiques que nous devons la propagation de notre langue dans tout l’univers. […] Parce que les prêtres soumis à sonac souverain étranger abdiquent volontairement leur qualité de Français, ne conservent point de famille parmi nous, n’ont point de patrie, quoique la patrie, qui voudrait les rappeler à elle, fasse pour eux d’assez grands sacrifices.
Alors, bénissant la main auguste et libérale qui, pour illustrer la Nation, veut désormais unir aux palmes de ses guerriers les trophées de ses orateurs, j’ai vu le Barreau français renaître dans toute sa gloire, et ramener les beaux jours de l’éloquence.
[NDE] En moyen français, l'infinitif pouvait avoir le sens de "naissance".
La prose chantée en l’honneur de ces coursiers, veloces super dromedarios a, a eu en français et en latin, de nombreuses variantes, et dans quelques églises, on ne disait rien sur l’effet du bâton in clunibus eorum b.
Tellement qu’on peut appeller maintenant le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, le Trône de la poésie Française et de la délicatesse des bons vers. […] Dictionnaire de L’Académie française (1694) : « On appelait autrefois, Cause grasse, Une cause que les Clercs du Palais choisissaient ou inventaient pour plaider entre eux aux jours gras, et dont le sujet était un peu libre et licentieux ».
« Qu’on mette pour voir sur la Scène Française un homme droit et vertueux, mais simple et grossier, sans amour, sans galanterie, et qui ne fasse pas de belles phrases ; [...] j’aurai tort si l’on réussit. […] Le peuple Français est sobre, laborieux, spirituel, industrieux ; il a la douceur de son climat ; il n’engendre point de monstres ; il n’est point couvert de forfaits.
Pour prouver ce que tant d’Opéras Français avaient si bien prouvé avant vous, que nous n’avons point de musique, vous avez déclaré « que nous ne pouvions en avoir, et que si nous en avions une, ce serait tant pis pour nous. » Enfin dans la vue d’inspirer plus efficacement à vos compatriotes l’horreur de la Comédie, vous la représentez comme une des plus pernicieuses inventions des hommes, et pour me servir de vos propres termes, comme un divertissement « plus barbare que les combats des gladiateurs ». […] L’esprit philosophique qui l’a dictée serait de même date parmi nous, et peut-être eût épargné à la nation Française, d’ailleurs si paisible et si douce, les horreurs et les atrocités religieuses auxquelles elle s’est livrée. […] Cette passion, le grand mobile des actions des hommes, est en effet le ressort presque unique du Théâtre Français ; et rien ne vous paraît plus contraire à la saine morale que de réveiller par des peintures et des situations séduisantes un sentiment si dangereux. […] Ne faisons point à nos Françaises l’injure de penser que l’amour seul puisse les émouvoir, comme si elles n’étaient ni citoyennes ni mères. […] [NDE] De la même manière, d’Alembert résume ici sans les citer scrupuleusement les arguments de Rousseau concernant la tragédie, dont la conclusion est la suivante : « Aussi la Scène Française, sans contredit la plus parfaite, ou du moins la plus régulière qui ait encore existé, n’est-elle pas moins le triomphe des grands scélérats que des plus illustres héros : témoin Catilina, Mahomet, Atrée, et beaucoup d’autres. » Ibid, p. 38.
[FRONTISPICE] Epistresurla condamnationdu theatre a Monsieur Racine a Paris, Chez la veuve de Jean Baptiste Coignard Imprimeur ordinairedu Roy et de l’Académie Française, rue S.
Qu’il serait à souhaiter que de pareilles sujets fussent quelquefois représentés sur la Scène Française pour édifier et divertir en même temps.
Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français.
Ma première idée avait été de faire l’examen de presque toutes les Tragédies du Théâtre Français : je voulais les placer chacune dans des classes différentes ; en distinguant celles que je conserve telles qu’elles sont ; celles que je conserverais, si elles étaient corrigées ; enfin celles que je rejette.
Il seroit aisé de faire un pareil recueil dans tous les tragiques & comiques françois, italiens, espagnols, &c. […] Il est entremêlé de prose & de vers latins & françois, de mots italiens & espagnols. […] On dit que Moliere avoit traduit Lucrece en vers françois, & que son Domestique ne sachant ce que c’étoit, le déchira & en fit des papillotes. […] Gourdan son confrere, qui vêcut & mourut en saint, avec ces deux vers latins & deux françois qui en sont la traduction.
ce Prince, par pudeur, ne veut pas dire à sa sœur quel crime a commis sa mère Clitemnestre : que les Poètes de l’Opéra-Bouffon se proposent un si bel éxemple de modestie ; qu’ils gravent aussi dans leur mémoire ces sages préceptes de Boileau : Le Latin dans les mots brave l’honnêteté ; Mais le Lecteur Français veut être respecté ; Du moindre sens impur la liberté l’outrage, Si la pudeur des mots n’en adoucit l’image (5). […] son genre, loin d’être si méprisable, est de former une espèce de Comédie simple, dont l’action & les personnages n’ayent rien de commun avec ceux qui nous sont connus ; & de tirer avantage du goût qu’ont les Français pour une musique étrangère. […] Aucun Spectacle Français ne s’était encore avisé de prendre une telle licence.
Les Magistrats d’Amsterdam, plus sages, défendirent aux Comédiens français la représentation d’Athalie, comme une parodie indécente des livres saints, et un attentat sur la majesté de la religion, et on ne voit pas en effet des sujets pris de l’Ecriture sur le théâtre de Hollande. […] Ces deux suffisent pour faire sentir le mérite théologique de ce visionnaire, à qui la place qu’il donne aux Jansénistes et aux Molinistes conviendrait aussi bien que son exclusion de l’Académie française, ne fût-ce que pour cet ouvrage qui par l’assemblage du solide et du chimérique, ne mérita pas moins que les autres le titre de rêves d’un homme de bien, que lui donnait le Cardinal du Bois. […] {NDE] Le Coran est traduit en français par André Du Ryer et publié sous ce titre en 1647.
On se tourna donc du côté de l’Académie Française, à qui la tragi-comédie du Cid fut solennellement déférée par Scudéry, et à qui le conseil des dépêches poétiques, par une attribution légale en bonne et due forme, donna tout ressort et juridiction pour prononcer sur ce grand poème. […] Si les Français n’étaient pas aussi attachés à leur Roi, le langage fier et républicain du cothurne produirait de mauvais effets. […] Les Français étaient alors extrêmement remuants et indépendants.
Elle a concouru pour le prix de l'Académie Française en 1764, et elle est comblée d'éloges par l'Auteur du Mercure, enthousiaste du théâtre(octobre1764). « Suivez ce peuple entier, ce peuple curieux, qui se présente en foule à ce théâtre affreux destiné par Thémis à punir des coupables »: l'échafaut un théâtre ! […] Je suis persuadé que les Français, comme les Romains, se plairaient aux cruautés de l'amphithéâtre, si la religion Chrétienne et le grand Constantin ne les avaient abolies. […] Les Dames Romaines, aussi tendres et plus décentes que les Françaises, s'y livrèrent avec fureur, jusqu'à refuser la grâce au vaincu qui leur tendait les mains, ordonner brutalement sa mort, et suivre de l'œil avec plaisir le poignard qui l'égorgeait, jusqu'à se faire gladiatrices et se mêler dans l'arène avec les gladiateurs.
Il parlait un jargon mêlé de sicilien et de français.
Ce sont les jeux et spectacles publics qui se font lesdits jours de fêtes et Dimanches, tant par des étrangers Italiens que par des Français, et par-dessus tous, ceux qui se font en une Cloaque et maison de Satan nommée l’hôtel de BourgogneJeux abominables de l’hôtel de Bourgogne.
S’il était méprisable, ainsi que le soutiennent de prétendus connaisseurs, verrions nous d’illustres membres de l’Académie Française s’abaisser à composer pour lui des ouvrages ? […] Dès que le goût se relacha, dès que la frivolité vint s’emparer des têtes Françaises, toujours prêtes à la recevoir, il marqua l’instant de son triomphe, il osa se montrer au grand jour, & devint dans peu le Spectacle de la nation. » Voilà, je l’avoue, une critique à laquelle il est assez difficile de répondre.
Le traité de Cyprien a été traduit en français en 1640, par le moine Caliste (Paris, A. de Sommaville), celui de Tertullien ne le sera qu’en 1733, par Mathieu Caubère (Paris, Rolin fils). […] [NDE] intéresser : « il signifie quelquefois faire préjudice » (Dictionnaire de l’Académie française, ed. 1694).
Encore une fois, il était nécessaire que je parlasse alternativement, de la Comédie-mêlée-d’Ariettes, & des Poèmes perfectionnés chez les Français par Corneille & Molière.
Il ne tient pas à l’anglomanie des dramatiques françois, qu’on ne rende les pareils honneurs à Corneille, Racine, Moliere. […] Les amateurs françois sont des femmes que l’amour a métamorphosé : qu’on examine la parure, le langage, la voix, les gestes, les allures, les sentimens, la mollesse de ces êtres efféminés par le libertinage ; ce sont des actrices qui jouent quelques rôles d’hommes. […] Comme il est impossible d’observer sur la scène le costume anglois, à plus forte raison le françois, par la variation continuelle des modes ; d’une reprise à l’autre de la même piece, d’une semaine, d’un jour à l’autre, les habits & les décorations ont changé. […] Les guerres des Protestans & de la Ligue, les troubles de la Regence de Médicis avoient formé l’esprit de Corneille, naturellement dur, & préparé celui des françois, une situation aussi favorable à la poësie, dont la sublimité tant vantée ne consiste le plus souvent que dans l’audace & l’insolence des pensées & des expressions républicaines, si analogues à son génie & à son siecle.
[NDE] Béat de Muralt, Lettres sur les anglais et les Français, 1725.
Mais les dépenses des décorations, des habits & l’entretien des acteurs croissant à l’infini, par le dégré de magnificence où le luxe a porté la scène : il a fallu pour y fournir, réduire tout à trois jurandes, l’opéra, les françois & les italiens, avec un privilége exclusif pour la cour & Paris. […] Un françois, maître-d’hôtel du Prince & anglomane, en étoit l’inventeur. […] Pour se venger du mauvais accueil que le sénat des comédiens fait à leurs nouveautés, les auteurs dramatiques demandent l’érection d’un second théatre françois, plus nécessaire, disent-ils, que le théatre italien & ses appartenances, foire, boulevards &c. […] Régnez, sexe charmant, régnez sur l’univers ; c’est sur-tout aux françois à respecter vos fers. […] Heureusement pour les terres australes, il n’en avoit point entendu parler, le poison du christianisme n’auroit point manqué de l’infecter, dès que les françois, anglois, espagnols y avoient mis le pied.
Le grand Bossuet a fait tout un traité pour flétrir le théâtre. « Français, Italiens, Anglais, Espagnols, Corneille, Racine, tous, dit le marquis de Pompignan, se réunissent à consacrer à l’amour la muse de la tragédie. […] Le drame français moderne n’est qu’un tissu de crimes, de blasphèmes et d’horreurs. […] Grâce à l’infâme répertoire de la scène française, on a eu soin de se mettre au courant de la pièce par la lecture et par l’étude, qu’on en a déjà faite avant la représentation.
Le Plutarque françois, M. […] Le jeune allemand savoit trop peu le françois, pour écrire si correctement ; il ne savoit pas même écrire. […] La comtesse de Konismark sa mere, suédoise, d’une naissance distinguée, avoit le mérite des femmes, de la beauté, de l’esprit, des talens, faisoit des vers françois, médiocres à la vérité, mais assez bons pour une étrangere ; elle eut même des vertus, son cœur fut disputé quelque-temps.
Un Marquis françois, accompagné de l’Olive, son valet, rode autour de la maison où le barbare Violento tient sa propre sœur, Inés, étroitement renfermée ; il s’agit d’être introduit auprès de la belle. […] Les deux françois, à la faveur de leur déguisement et pendant l’absence de Violento, sont admis chez Inès. […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique.
Les choses n’ont point changé, quoique la politesse française, une police chrétienne, la piété de Louis XIV, le zèle des Ministres de l’Eglise, y aient répandu un vernis de décence. […] « Ex scenicis nata, si ita se gesserit, ut probabilis habeatur. » Cela veut dire en bon Français que les femmes de mauvaise vie, vulgaris vitæ, sont faites pour le théâtre, et le théâtre pour elles. […] Dans la jurisprudence Française la loi ordonne la peine, mais elle ne doit être subie que par l’arrêt qui y condamne.