Les Comédiens vulgaires disent crûment les choses que vous enveloppez, vous prenez un autre chemin pour atteindre au même but : différence des conditions ne fait rien aux yeux de celui qui n’a acception de personnes, & s’il est vrai que vous soyez pour les grands du monde, un sujet de scandale, je vous trouve tout aussi coupable qu’un Charlatan qui empoisonne, en débitant ses drogues, les oreilles de la Canaille, par des obscénités grossieres.
Vous me demandez, Madame, quelles conditions il faudrait pour qu’une Tragédie fût parfaite ?
« Défendons à tous Ecclesiastiques de nostre Diocese & résidans en icelui, de frequenter les Comédies, Bals & autres lieux indécens à la condition Ecclesiastique. » Le Synode d’Orleansf en 1664. […] Quelle plus grande volupté peut-on sentir, que celle qui nous dégoûte de toutes les autres voluptez ; qui nous fait mépriser le siécle ; qui nous établit dans une veritable liberté ; qui conserve la pureté de nostre conscience ; qui nous rend satisfaits de nostre condition presente, qui fait que nous n’avons aucune crainte de la mort ; qui nous fait fouler aux pieds les idoles des païens ; qui nous rend victorieux des demons ; qui fait que nous ne vivons que pour Dieu ? […] à toutes personnes de quelque état, qualité, & condition qu’ils soient, de ne plus faire des masques & momeries de jour & de nuit dedans la ville de Lyon ni Fauxbourgs d’icelle, sur peine à chacun des delinquans, ensemble de ceux qui les retireront en leurs maisons de cent écus d’amende pour la premiere fois : & pour la seconde, de punition corporelle & de deux cens écus pour chacun des delinquans, applicables aux pauvres de la grande aumône de Lyon, sinon que pour autre occasion ils eussent de nous permission. » « Et parce que, dit Henri III. dans les Etats de Blois en 1679. […] « Les Ecclesiastiques s’abstiendront des recreations indécentes à leur condition, comme bals, danses &c. » Des Ordonnances du Diocese de Châlon sur Marnec en 1657.
Ce même canon, ainsi que bien d’autres, ordonne la déposition des Clercs, et l’excommunication des laïques, de quelque condition qu’ils soient, lorsqu’ils font le métier de Comédien, Joculatores, bouffonnes, gaillardos (ce latin, pour n’être pas de Cicéron, n’est pas moins intelligible). […] Cette décision pèche par deux endroits : elle suppose qu’en général la comédie peut être permise à certaines conditions qui ne s’y trouvent jamais, et qu’en particulier elle est alors permise même aux Religieux, si leur règle ne le défend pas expressément, comme si les canons de l’Eglise ne suffisaient pas, et comme s’il fallait attendre des défenses particulières pour une chose mauvaise d’elle-même, à laquelle les règles n’ont pas dû penser qu’il fût nécessaire de pourvoir, comme étant absolument contraire à l’esprit de l’état.
Les observations et les objections les plus fortes que l’on pourra me faire encore, et que je pressens en partie, relativement aux entraves que je crois nécessaire d’apporter aux leçons satiriques du théâtre, ne me feront pas départir de mon jugement sur les dangers de leur vague et l’arbitraire de leurs applications ; au contraire, ces observations m’excitent à aller plus loin pour les rendre nulles, à faire connaître le fond de ma pensée, sans mitiger, c’est-à-dire à conclure, en dernier résultat, de tout ce que j’ai exposé, que les attaques dramatiques individuelles, soumises à quelques conditions de rigueur, surtout à celles de la gravité du sujet et de la vérité de la censure, seraient souvent préférables aux généralités contre telle profession ou corporation, qui ont fait tant de mal sans éviter l’inconvénient des personnalités, et le rendant même plus grand. […] En présence d’institutions de toute espèce et pour tout besoin, organisées avec un soin scrupuleux, suivant toutes les règles de la prudence, dont les maîtres et sous-maîtres sont choisis par des supérieurs qui ont passé par tous les grades, subi eux-mêmes toutes les épreuves, les concours, les examens sévères sur les études et la capacité, sur les principes et la moralité, épreuves qu’ils font subir aux aspirants avant de leur accorder le droit d’instruire et former les autres, droit qui encore n’est que la faculté de transmettre avec une autorité respectable à leurs élèves ou disciples soumis, obligés de les écouter, des préceptes ou des leçons dès long-temps préparées et approuvées, déclarées classiques, après avoir été épurées au creuset de la sagesse et de l’expérience ; en présence de semblables institutions, dis-je, et de tels instituteurs, je vois une confusion de professeurs, auteurs, acteurs et actrices, ou maîtres et maîtresses, d’une institution différente, isolés, éparpillés, aventuriers, errants, sans unité, obscurs ou distingués, estimables ou méprisables, licencieux, effrénés, etc., qui ont la plus grande influence sur les mœurs qu’ils font métier de corriger, sans être obligés de prouver qu’ils en ont, et trop souvent sans en avoir ; qui sont sans mission régulière, sans titre ou sans caractère (observez qu’il ne s’agit pas ici d’écrivains qui publient simplement leurs pensées, mais d’instituteurs qui ont des écoles ouvertes dans toute l’Europe, qui appliquent leurs soins presque à tous les genres d’instruction, qui se chargent de l’éducation et de la réforme des deux sexes, des trois âges et de toutes les conditions) ; sans titre, dis-je, sans guide, sous le rapport essentiel, dont la dépendance immédiate est nulle dans l’intérêt des mœurs, qui n’ont que des chefs d’entreprise, ou spéculateurs, traitants, hommes ou femmes, pieux ou impies, croyants ou athées, édifiants ou scandaleux, à qui il suffit surtout d’avoir de l’argent et de l’industrie pour diriger une troupe de comédiens, ou maîtres de cette école, choisis comme eux ; qui, étrangers au grand corps constitué centre de l’instruction et de l’éducation publiques, et sans être astreints à aucune de ses plus importantes formes de garantie, jouissent également du droit d’instruire et de former ou réformer, en transmettant, non en maîtres, avec une autorité respectable, des préceptes ou leçons dès long-temps préparées et approuvées, mais en sujets tremblants, des leçons toutes nouvelles et hasardées pour la plupart ; non à des élèves soumis et obligés de les écouter, mais à des disciples-juges auxquels ils sont obligés, au contraire, de soumettre et préceptes et leçons, et leurs personnes mêmes, qui sont tous sifflés ou applaudis, rejetés ou admis, selon le goût et le bon plaisir des écoliers. […] La commission, moyennant ces précautions et d’autres nécessaires pour éviter le danger des applications particulières et injustes, croira peut-être pouvoir conserver aussi aux théâtres le droit de poursuivre en masse de simples ridicules ; c’est-à-dire, de gloser et s’égayer sur les faiblesses, les défauts, les erreurs, les préjugés, qui sont censés affecter indistinctement toutes les classes de la société ; mais je ne doute pas qu’elle n’encourage plus efficacement qu’on ne peut le faire aujourd’hui, surtout le genre de spectacles convenable à toutes les conditions et à tous les âges ; celui dans lequel la morale est véritablement respectée et défendue, dans lequel le charme du naturel, celui de l’esprit sage et une gaîté décente, s’associent aux convenances et à l’intérêt du sentiment ; dans lequel, par conséquent, on ne souffre point de ces comédies faites bien moins dans l’intérêt de la réforme que dans le goût de la malignité et le sens de la dégénération, où on voit le vice fardé et séduisant triompher, au milieu des éclats de rire, de la vertu défigurée et avilie.
Sortis du Collége, ceux d’une condition plus relevée, ne font plus guére de vers que pour célébrer leurs plaisirs.
Galien ayant été appelé pour voir une femme de condition, attaquée d’une maladie extraordinaire, il découvrit par les altérations qui survinrent dans la malade, quand on parla d’un certain Pantomime devant elle, que son mal venait uniquement de la passion qu’elle avait conçue pour lui.
Il est vrai, Monseigneur, (et j’ai trop de respect pour vous pour rien imposer) qu’étant en Province où je fis la Comédie d’Esope, un bon Curé, qui peut-être n’avait jamais ouï parler de la Comédie que dans son Rituel, qui faisait une bonne partie de sa Bibliothèque, fit scrupule de me donner l’absolution, et enfin ne me la donna qu’à condition que je m’informerais à de plus habiles Gens que lui, si je pouvais en sûreté de conscience la faire représenter.
ne suffit pas que le peuple ait du pain, et vive dans sa condition.
Le compliment est nouveau de dire aux femmes de condition que les trois quarts parmi elles n’ont point d’honneur. […] Il reste encore à dire pour la gloire de Térence et à notre confusion, que les Courtisanes sont chez lui plus retenues que les femmes d’honneur et de condition à la manière de nos Poètes : Bacchis dans l’Heautontimoreumenos et Bacchis dans l’Hécyre en sont des preuves ; leurs paroles sont mesurées à la modestie inséparable du sexe, et non à leur profession. […] Dans la Grèce, nulle femme au-dessus de la condition d’esclave ne mangeait hors de chez elle ;Cor. […] Il faut donc choisir des personnages du ressort de la Poésie comique ; il faut que ces personnages n’aient rien d’opposé à leur caractère connu, et ne soient point d’une condition trop relevée pour badiner.
Il faut qu’il ait soin de se tenir toujours dans cette élévation de l’ordre prophétique, pour n’en pas sentir le mauvais effet : et pour peu qu’il voulût revenir à la condition des autres hommes, il verrait que c’est un mauvais lustre pour lui que M. le Maître. […] Cet homme ne connaissait que deux conditions dans le monde, celle de prêtre, et celle de voleur de grands chemins.
A ces conditions, on peut avoir part à l’indulgence de M. […] Pour le théâtre public, l’apologie des collèges à de pareilles conditions est un nouveau coup de foudre qui l’écrase.
Deux choses d’une condition toute différente tombent dans la matiere du prêt : 1 : celle que l’usage ne détruit point, comme un meuble, elle revient entre les mains du maître, qui n’en quitte pas la propriété ; on la lui rend avec quelque détérioration, ce qui l’autorise à tirer un certain profit, en vertu d’un contrat qu’on nomme louage.
Ils n’ont distingué ni qualitéz, ni conditions, ni tempéramens, ni dispositions du cœur.
Mais pour remonter plus haut, Aristote nous en instruit par un beau discours en ses Problèmes, où il écrit que les tons ou modes qu'il nomme Soudoriens et Souphrigiens, qui étaient deux manières de chanter, n'étaient point usités dans les chœurs des Tragédies, parce qu'ils n'étaient pas assez doux et modérés, et qu'ils étaient magnifiques, impétueux et violents, mais au contraire, ils étaient propres et familiers aux Scéniques, parce que la scène imite les paroles et les actions des Héros ou Demi-Dieux, c'est-à-dire des Chefs des Armées, dont les anciens faisaient seulement leurs Héros ; ceux des autres conditions n'étant estimés que de simples hommes.
Angélique est cent fois en danger de sacrifier son bien et son repos à cette passion en concluant son mariage avec le Chevalier : j’en ai tremblé pour elle en lisant la Pièce ; enfin on peut nommer l’amour d’Angélique plutôt une frénésie qu’une passion ; la raison, la délicatesse et tous les égards de la vie civile sont incapables de l’en détourner : elle veut s’embarquer quoiqu’elle coure un risque presque inévitable de périr : heureusement Angélique se sauve du naufrage ; mais ce n’est ni par raison, ni par réfléxion qu’elle se sauve, on la tire de l’abîme malgré elle ; on lui conseille d’exiger de son Amant, comme une condition de leur future mariage, qu’elle demeurera maîtresse de son bien : il ne l’accepte pas.
Comme dans ce genre d’ouvrage on ne discute guere les intérêts des gouvernemens, et qu’on n’y introduit que des hommes d’une condition commune, il conserve plus de liberté que la tragédie. […] Si la comédie est du genre héroïque, si elle représente des hommes d’une condition plus élevée, elle est soumise aux mêmes entraves que la tragédie9. […] Le propriétaire de la salle voulut, pour retirer ses frais, louer les loges ; on lui fit les défenses les plus séveres ; enfin, à force de protections, il obtint ce qu’il desiroit, à condition qu’on ne commenceroit qu’à 7 heures, c’est-à-dire, une heure après les autres spectacles.
La source de la damnation, dit Tertullien en parlant des Comédiens, est le mauvais usage de sa condition ; et au pis aller on pourrait ce semble les réduire à en juger de même que d’un valet dont le maître prête quelquefois à usure, ou d’un Marchand qui vend des cartes à des personnes qu’on soupçonne tromper quelquefois au jeu. […] Il est vrai que ce Saint Docteur dans le lieu cité de la question 168. marque de certaines conditions qui pourraient rendre l’usage de la Comédie licite, si elles étaient observées ; mais d’ordinaire elles ne le sont pas. […] Saint Thomas au lieu déjà cité de la question 168. semble admettre cette espèce de pacte, lorsque parlant des Comédiens qui joueraient avec les conditions qu’il marque, ce qui n’arrive pas dans la pratique, dit S. […] Enfin Saint François de Sales dans cet endroit de la troisième partie, met tant de conditions pour assister à ces sortes de divertissements, qu’il est plus facile de n’y point aller que d’y assister avec tant de restrictions. […] Mais ils en sont relevés pour l’avenir sous cette condition, que dans les Comédies qu’ils joueront, il n’y ait rien qui blesse l’honnêteté publique par une parole même à double entente : ce sont les termes de la déclaration ; d’où l’on peut inférer qu’on a cru en ce temps-là qu’on pouvait jouer la Comédie sans péché.
Le second Couvent où on la met, n’est pas plus instruit ; on reçoit sans s’informer, de la main d’une étrangère, une fille unique de condition, dans la même ville. […] grossiereté entre gens de condition, opposée aux principes d’une bonne éducation, contraire dans l’un & l’autre à la modestie religieuse & entre personnes qui se sont aimées & se quittent, opposée à la sévérité de la pénitente & à la gravité de l’exhortation.
La plupart de ceux qui sortent des collèges jésuitiques, lorsqu’ils entrent dans le monde et qu’ils y occupent des postes importants, ne veulent pas que des subordonnés raisonnent, et leur permettant de s’abandonner à la morale des intérêts, ce n’est qu’à cette condition qu’ils leur accordent une orgueilleuse protection. […] Aux uns, ils leur enseignent à s’emparer du pouvoir absolu et à se faire obéir par la terreur et la force ; aux autres, ils leur apprennent la manière d’acquérir ou d’extorquer les richesses du peuple par la ruse, par la force et par des crimes, mais toujours sous la condition du partage des dépouilles entre l’autorité spirituelle et l’autorité temporelle.
Un Prince n’oseroit faire le Comedien, un simple Bourgeois croit qu’il y a des divertissemens indignes de sa condition, un Religieux se rendroit infame en se divertissant comme la plus grande partie des Chrêtiens ; & un Chrêtien se persuade qu’il n’y a rien de meseant à un si grand Nom, il n’a point de honte de se divertir en Païen.
Leur morale s’addressa à tous états, à tous esprits, & à toutes sortes de caracteres : car ils ne distinguerent ni qualité, ni conditions, ni temperamens, ni dispositions du cœur.
Ceux-ci, établis d’abord à l’hôtel de Flandre, puis à l’hôtel de Bourgogne, obtinrent en 1548 un arrêt du parlement qui les confirmait dans tous leurs privilèges, sous la condition de ne jouer que des sujets profanes, licites et honnêtes. « C’est ici , dit l’auteur, le troisième âge de l’existence des comédiens en France et l’origine certaine des comédiens de nos jours : car il est bien avéré que les confrères étaient de vrais comédiens, montant sur le théâtre et débitant des scènes.
Je vous le permets, dis-je, à ces conditions, persuadé, que vous trouverez ma permission impraticable, & que vous n’en userez point du tout. […] Le travail du corps ou de l’esprit estant la pénitence générale imposée à tout le genre humain, ny riches ny pauvres n’en sont dispensez : & les pécheurs sur tout n’ont droit de recevoir la nourriture, qu’aux conditions que la Justice divine veut bien la leur accorder, & la principale de ces conditions c’est le travail.
Enfin, on y met une autre condition encore : pourvu qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves. […] Il est vrai, ces saints docteurs parlent sur la comédie, comme saint Thomas, et dans le même sens et aux mêmes conditions que saint Thomas ; mais ils ne parlent que de la comédie et non des comédiens, et par conséquent ils ne disent pas s’ils sont excommuniés ou non ; ou, s’ils parlent des comédiens, c’est pour déclarer, avec tous les théologiens et conséquemment avec Mgr Gousset lui-même, qu’on ne peut absoudre un comédien même à l’article de la mort, s’il ne renonce à sa profession.
paroles de Tacite, qui nous apprend que les femmes de condition qui parurent en ces Jeux, n'y faisaient que des choses honteuses.
Comme il lui fallait remettre la dévotion en toutes sortes de conditions, et la faire entrer dans l’âme de ceux qui vivaient à la Cour, aussi bien que de ceux qui vivaient dans les Cloîtres ; pour insinuer cette piété dans l’âme de ceux qui vivaient dans le monde, il lui fallait prendre des mesures de douceur, il fallait user de tolérance, de crainte que la sévérité n’écartât ceux qu’il voulait attirer, et que la pensée d’une malheureuse impossibilité ne les empéchât de venir à lui.
En considérant la position actuelle du ministère en France, et les qualités personnelles des ministres, c’est bien en vain qu’on leur saurait mauvais gré d’avoir obtenu leur existence ministérielle à des conditions qui leur répugnent à eux-mêmes.
Moliere l’a reconnu, & son Marquis de Mascarille n’est qu’ un fat qui passe pour une maniere de bel esprit, & s’est mis dans la tête de faire l’homme de condition, & se pique de galanterie & de vers . […] Ce n’est pas un péché isolé, un péché momentané, c’est un feu qui s’entretient, & brûle sans cesse, qui apporte partout la désolation, sans respecter ni la dignité de l’état, ni la sainteté de l’Eglise, ni la majesté des mystères, ni les priviléges de la vertu, ni la foiblesse de l’âge, ni la misere de la condition, ni l’éclat de la naissance ou des richesses, comme un feu qui consume sans distinction, tout ce qui s’offre à son activité.
dans celle du maître, homme d’esprit, homme de condition, qui ne traite qu’avec mépris toutes les réflexions pieuses qu’on lui fait faire ? […] 1.), mais aux mêmes conditions, et encore plus sévères, que nos Casuistes tolérants.
Une autre condition qui ne porte pas sur la validité, c’est un renoncement sincère à leur métier de Comédien ; sans quoi leur mariage, comme fait en état de péché mortel, public et certain, serait une profanation dans les contractants et dans le Ministre. […] Le premier, sans s’arrêter à des fins de non-recevoir, cherche la vérité dans le tribunal de la pénitence, et s’il trouve qu’il n’y a pas eu de mariage par le défaut de quelque condition essentielle à sa validité, il ordonne la séparation et rend la liberté aux parties.
Article huit, Condition des Acteurs.
Il est le premier à convenir qu’Homère est excellent dans ses inventions fabuleuses, et qu’il charme l’esprit par ses agréables rêveries : mais il se déchaîne aussi contre le torrent de la coutume, qui porte à lire des choses si chatouilleuses pour les bonnes mœurs ; jusques là qu’il fait honneur au Christianisme qu’un Auteur nourri dans ces sciences profanes, et dans la Religion du Paganisme, que Cicéron, en un mot, eût reproché à Homère qu’il faisait des Dieux des hommes, et qu’il érigeait les hommes en Dieux : au lieu, dit-il, qu’il aurait dû rendre les hommes semblables aux Dieux, plutôt que d’abaisser la divinité à la condition des hommes.
Il y avoit à Rome deux especes de Tragédies ; l’une dont les mœurs, les personnages & les habits étoient Grecs ; elle se nommoit palliata : l’autre, dont les personnages étoient Romains ; elle s’appelloit prætextata, du nom de l’habit que portoient à Rome les personnes de condition. […] Les Pieces du second caractere étoient moins sérieuses, & tiroient leur nom de taberna, qui signifie un lieu où se rassembloient des personnes de toutes conditions & de tous états. […] Et si en un College il étoit trouvé utile à la jeunesse de représenter quelque histoire, on ne pourra le tolérer qu’à condition qu’elle ne sera pas tirée de l’Ecriture sainte, qui n’est pas baillée pour être jouée, mais pour être purement prêchée ». […] Ces conditions étoient pour le commun des spectateurs ; mais pour les gens d’esprit, ils recherchoient soit une ressemblance parfaite de la Piece avec l’état actuel de la Grece entiere, soit d’heureuses allusions tantôt aux circonstances particulieres du temps où ils écrivoient, tantôt à eux-mêmes.
C’est une courtisanne de la plus basse extraction, qui joue la noblesse, & trompe un jeune homme de condition, fou de ses charmes, que rien ne peut défiller. […] Je prie pour ce censeur, quel qu’il soit, de vouloir bien me dire s’il a jamais vu rouer quelques corrupteurs des mœurs, & s’il n’a pas rencontré souvent, même en bonne compagnie, de ces prétendus Mentor, qui, faisant profession de mépriser tous les préjugés, & de croire au système dangereux de l’égalité des conditions, ont entraîné de jeunes gens dans des démarches inconsidérées, & même les ont affranchis des remords, en leur persuadant que tout homme est libre d’être heureux comme il lui plaît. […] Des Comédiens, abusant du mot de décence, prendroient l’indécence même sous leur protection, & tandis que tous les états, toutes les conditions auroient été livrés à la correction de la Scène, les Courtisannes seroient privilégiées au point de leur épargner un peu de honte & de ridicule ? […] Cette condition interdit évidemment aux Comédiens toutes discussions sur la décence des ouvrages qui leur sont présentés.
Elles se forment sur la diversité d’âge, de sexe, de condition, de génie, d’éducation. […] Un homme de condition ne doit point avoir le langage de la roture, ni une Demoiselle de campagne celui d’une coquette de Ville. […] Est ce là le portrait au naturel d’une fille de condition et d’une riche héritière ? […] Pour nous la donner aussi obscène et aussi rustique, il devait accommoder mieux sa condition à son nom. […] Et c’est sur ce fonds même que les Mœurs doivent être établies ; c’est-à-dire, sur la diversité d’âge, de sexe, de condition, etc.
Il expose, que a l’honneur & louenge de dieu, de nostre mere saincte eglise, & de la saincte foy catholicque, & pour condition & consolation de tous bons & vrays Chrestiens.
« Le Bareau, s’ecrie-t-il, est pour les buveurs d’eau, & la Poèsie pour les Ivrognes12. » Si les Auteurs de Poètique n’ont pas insérés dans leurs Ouvrages cette condition, sans la quelle on n’écrirait que des choses froides, sans esprit & sans âme, c’est qu’ils ont pensés que les Gens de Lettres en sentiraient d’eux-mêmes l’importance.
Il arrive tous les jours dans les conditions médiocres, des évènemens touchans, qui peuvent être l’objet de l’imitation poétique.
« Nous le faisons, dit ce prince, afin que le désir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir, que la crainte des peines qui leur seraient inévitables. » Mais il s’en faut bien qu’ils aient rempli la condition que Louis XIII leur a imposée ; puisqu’on a depuis cette époque une tradition non interrompue de plaintes sur la licence de leur profession.
Il est utile à la société de mettre les méchants, les injustes, les scélérats sur le théâtre, mais à condition que le Poète les peindra avec les traits et les couleurs qui peuvent exciter dans le spectateur l’horreur de l’injustice, de la méchanceté, de la scélératesse, et jamais avec des traits et des couleurs qui diminuent le crime en y déguisant le sentiment et les opinions des criminels : et serait-ce un projet digne d’un honnête homme et d’un bon citoyen d’employer beaucoup d’esprit à exciter des larmes pour le malheureux Cartouche ou pour le malheureux Nivet morts sur la roue, pour l’infâme Catilina détesté de tous les bons citoyens ?
Quand, à force de sollicitations, on lui permit de revenir, ce fut à condition qu’il ne la verroit point, & n’auroit aucun commerce avec elle : condition qui devoiloit tout le mystere. […] Enfin, après trois ans de remedes inutiles, on lui accorda la liberté, à condition qu’il ne paroîtroit plus sur les terres de Ferrare.
Que diroit ce philosophe, si reparoissant parmi nous, dans ce siècle paradoxal, il voyoit cette foule impénétrable de tous les âges, sexes, conditions, groupée comme une masse immobile, se repaître dans une espèce de ravissement, d’un spectacle où ce qu’il y a de plus précieux à l’humanité, à la raison, au Christianisme, l’innocence du premier âge est sacrifiée au triomphe de tous les vices ; où l’existence même physique de ces tendres rejettons de notre espèce, je veux dire, les premiers efforts de la croissance, les principes d’une bonne constitution, la liberté et la gaieté du cœur, sont étouffés dans la fange d’une éducation monstrueuse, dans l’exercice et l’expression de tous les désordres qui troublent l’harmonie de la santé ? […] Incendie de celui de Saragosse, où périt le capitaine-général d’Arragon avec un grand nombre de personnes de toutes les conditions, 1 Janv. 1779, p. 38 : de celui de Goritz, 15 Mai 1779, p. 141 : de celui d’Esterhas en Hongrie, 15 Déc. 1779, p. 625.
Le Marquis d’Argens, homme d’esprit & de condition, a donné des Mémoires de sa vie ; c’est un détail du libertinage de sa jeunesse, bien différent des confessions de Saint Augustin. […] Son style aisé, naïf, mais noble & poli anonce un homme de condition, & fait gemir de ses égarements ; il a fait bien de voyages, il a trouvé la nation des comédiens répandue par toute la terre, par-tout semblable à elle-même, par-tout des acteurs débauchés, & des actrices comodes, agacentes, séduisantes, corrompues, qui l’ont enfin ruiné, brouillé avec sa famille, fait battre avec ses amis, l’ont abandonné pour d’autres amans, comme elles en avoient abandonné d’autres pour lui : par-tout, elles l’ont débarrassé de sa bourse, ont dérangé ses affaires, empêché sa fortune, troublé son répos, altéré sa santé, detourné de ses devoirs, perdu son ame ; il se montre cent fois au désespoir de ses désordres, changeant de conduite, voulant se convertir, embrassant un état, résolu d’en remplir les devoirs ; mais bien-tôt rentrainé, plongé plus que jamais dans l’abîme du libertinage, par les a traits & les artifices, ou plutôt par les fourberies, les piéges, l’hipocrisie de ces malheureuses, trop commun instrument de la perte de la jeunesse, & même de tous les âges ; car il a trouvé cent fois en son chemin, des gens d’un âge avancé, enfants de cent ants, d’une conduite insensée, dont le théatre causoit le délire ; il en a trouvé de tous les états, des Magistrats qui alloient y oublier le peu qu’ils savoient dé jurisprudence, & le peu qu’ils avoient d’intégrité ; des étudians qu’il empêche de rien apprendre ; des militaires dont il amortit le courage, énerve les forces ; blesse le corps des ecclésiastiques qui y prophanent la sainteté de leur état, tantôt osant passer du théatre à l’autel, tantôt quittant l’autel pour le théatre, oubliant le breviaire aux pieds d’une actrice.
On veut que Corneille, Racine, Quinaut, se soient convertis, aussi-bien que la Fontaine ; j’en bénis le Seigneur ; aussi ont-ils cessé de composer pour le théatre : heureux d’avoir obtenu la grace d’une conversion si nécessaire, & d’en avoir rempli la condition indispensable, la cessation du crime ! […] Dans le baptême vous avez renoncé à la chair, au démon, au monde & à ses pompes, Vous ne fûtes admis dans l’Église chrétienne qu’à ces conditions.
L’espérance d’un droit futur ne donne aucun droit présent sur la personne, & la condition que l’esprit pourroit intérieurement y mettre, ne réalise rien dans l’objet, & le consentement que l’on y donne rend le plaisir présent & réalise le péché. C’est une chimère qui pourroit légitimer tous les crimes, que le prétexte d’une condition à venir qui anticipe la dispense.
Mais changent-elles de nature ou de condition, lorsqu’on change de terme ou de ton pour en parler ?
Un Prince n’oserait faire le Comédien, un simple Bourgeois croit qu’il y a des divertissements indignes de sa condition : un Religieux se rendrait infâme en se divertissant comme la plus grande partie des Chrétiens ; et un Chrétien se persuade qu’il n’y a rien de messéant à un si grand nom, il n’a point de honte de se divertir en Païen.
Il y a des délassements nécessaires au corps et à l’esprit, quand l’un et l’autre ont été affaiblis par le travail, et il ne faut que savoir quelle est notre condition depuis le péché, pour sentir le besoin que nous avons de ce secours.
Nous dépouillons ordinairement les autres pour nous décorer des Vertus qu’ils possèdent, & nous leur donnons sans rougir les vices que la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes, nous cèle à nous seuls. p. 170, « défendre au Comédien d’être vicieux, c’est défendre à l’Homme d’être malade. » Mais avec sa permission, j’ai connu des Hommes à qui l’on aurait fait en vain cette défense, car ils ne l’avaient jamais été & n’existent plus : tout a sa fin, telle est la condition des Etres. […] Les esprits de ceux qui sont du dernier ordre & des plus basses conditions d’un état, ont si peu de commerce avec les belles connaissances, que les maximes les plus générales de la morale leur sont absolument inutiles ; c’est en vain qu’on les veut porter à la Vertu par un discours soûtenu de raisons & d’autorités ; ils ne peuvent comprendre les unes, & ne veulent pas déférer aux autres, &c.… Toutes ces vérités de la sagesse sont des lumières trop vives pour la faiblesse de leurs yeux. […] Par exemple, les Pièces de théâtre n’ont rien de mauvais qu’autant qu’on y trouve une peinture des caractères & des actions des hommes, où l’on pourrait même donner des leçons agréables & utiles pour toutes les conditions ; mais si l’on y débite une morale relâchée, si les personnes qui exercent cette profession mènent une vie licentieuse, & servent à corrompre les autres ; si de tels Spectacles entretiennent la vanité, la fainéantise, le luxe, l’impudicité, il est visible alors que la chose se tourne en abus, & qu’à moins qu’on ne trouve le moyen de corriger ces abus ou de s’en garantir, il vaut mieux renoncer à cette sorte d’amusement. » Je suis sans contredit de cet avis : des Spectacles licentieux ne sont pas faits pour d’honnêtes gens ; mais il en est donc qu’ils peuvent voir, puisque les pièces de théâtre n’ont rien de mauvais, & qu’elles peuvent donner des leçons utiles & agréables : la devise de Santeuil le prouve (castigat ridendo mores) si elles corrigent les mœurs, elles sont nécessaires. […] « Mais les Comédiens n’ont jamais reçu cette disgrace, ayant toujours été traités avec honneur par les personnes de grande condition & capables de toute société civile ; ce que l’on peut justifier par beaucoup de rencontres, & même de ce que les Poètes dramatiques dont aucuns ont été Généraux d’Armée, jouaient quelquefois eux-mêmes le principal Personnage de leurs Pièces ; & s’ils ont été quelquefois maltraités à Rome après la mort des tyrans sous lesquels ils avaient servi, ce fut par maxime d’Etat, comme amis des mauvais Princes, & non par règle de Police, comme ennemis des bonnes mœurs. » [Prat. du Théât. par l’Abbé Daubignac, t. 1er p. 349. […] Les Comédiens sont infâmes parce qu’ils jouent pour de l’argent, les gens de condition le sont donc aussi, car s’il est vrai que l’action soit mauvaise en soi, qu’importe qu’elle se fasse avec gain ou sans profit ; elle sera toujours mauvaise, une circonstance de plus ou de moins ne saurait rendre bonne une action essentiellement mauvaise.
On feint les mœurs et les humeurs de toutes sortes de personnes, de toutes conditions, âges, voix, gestes, habits ; des maquereaux, des gardes, des parasites, des jeunes et vieux, des hommes et femmes. […] Est-ce un exemple convenable à leur sexe et à leur condition ? […] Les tromperies des acteurs, les fraudes, les adultères, les impudicités des femmes, les plaisanteries bouffonnes, les sales et ords parasites, les pères de famille même emportés de la gravité de leur condition, à une stoliditécz, qui les rend en quelque façon éhontés. Et combien que ces garnements n’épargnent aucun genre d’hommes, ni aucune condition, ou profession, tout le monde nonobstant court au spectacle. […] Comprendre : qui, de la gravité qui sied à leur condition, passent à une stupidité… da.
Auguste, qui avoit éprouvé le pouvoir de ses charmes, se persuada que Charles ne résisteroit pas à l’épreuve de tant d’esprit & d’agrémens : il l’envoya au camp du Suédois négocier un traité secret, & sacrifiant la jalousie à l’intérêt, il s’expose à avoir un rival heureux ; &, pour obtenir des conditions favorables, il permet à son Ambassadrice de n’être pas trop difficile : c’étoit mal connoître son ennemi.
Prémièrement, que l’Acteur qu’on fait venir à l’aide d’un Messager, ne soit pas trop éloigné de l’endroit où se passe l’action : en second lieu, celui qui en mande un autre doit être d’une condition un peu distinguée, parce que les gens de la lie du peuple n’ont aucune dignité qui les empêche d’agir à leur fantaisie, & qu’il ne serait pas naturel de les voir attendre gravement les personnes aux-quelles ils ont envie de parler : l’Opéra-Bouffon ne peut guères employer ce moyen.
Si donc la Tragédie Grecque, en comparaison de la nôtre, est pleine d’horreurs, de meurtres, d’incestes, de parricides, la premiere raison est la différente Religion des Spectateurs, & la seconde leur différente condition.
Il offrit à l’Impératrice de l’argent & des troupes, à condition qu’elle lui en cédât la moitié. […] Le rôle d’Ambassadeur est très-difficile, il faut un homme très-riche, de grande condition & bon politique ; tout cela est rare.
Cette amabilité, cette divinité, cette adoration, cette gloire immortelle ne deshonorent-elles pas un homme de condition, un homme d’esprit, un homme poli, qui affiche des goûts & des jugemens si indignes de lui ? […] Il paroît pourtant rougir de cette belle apothéose : il veut que les gens de condition mettent de la noblesse dans leur libertinage.
Ce ne sont donc plus que les représentations dramatiques qu’y va chercher cette multitude d’amateurs de tout âge, et de toute condition. […] La triste condition de l’humanité, les souffrances physiques, les chagrins moraux agitent assez les premiers, nous font répandre assez de larmes véritables, assez de larmes amères.
Considérant, dit-il dans son diplôme, que les priviléges exclusifs accordés aux entrepreneurs des spectacles, sur les quatre théatre, n’avoient abouti qu’à les rendre plus mauvais, il abolit tous ces priviléges meurtriers, & permet à tout le monde d’élever des théatres à son gré, d’y représenter en tout temps, à ses périls, risques & fortune, toutes sortes de piéces, en vers, prose, musique, dispensant de toutes les conditions onéreuses qui avoient été imposées : mais ils seront responsables de toutes les dettes contractées, sans avoir droit de faire banqueroute. […] Le vice égale toutes les conditions, ou plutôt, en les dégradant, met les plus élevés au-dessous des plus viles. […] Je demande à M. de Saint-Lambert s’il y a de la pudeur, de la probité, de l’honneur, non-seulement d’un homme de condition comme lui, mais d’un honnête homme, de comparer les évêques, les curés, les moines à des prêtres idolâtres, qui chaque année égorgeoient des milliers de victimes humaines, dont ils arrachoient le cœur pour l’offrir à leur Dieu.
On mit en doute s'il leur était loisible d'acheter et de vivre de ce qui avait été consacré aux faux Dieux par ces ridicules cérémonies, et Saint Paul leur permit, à condition qu'ils n'en auraient aucune connaissance, et qu'ils ne s'en informeraient point.
Le sanguinaire Crébillon est trop terrible pour des jeunes gens qu’il faut former à la sagesse & à la sensibilité, sans foiblesse, (si elle est possible) je legue aux Directeurs de l’opéra toutes les décorations & ustensilles de mon théatre, à condition qu’on n’y représentera jamais aucune de mes pieces liriques, ce sont des enfans disgraciés que je réduis à leurs légitimes. […] Eschile étoit homme de condition, & guerrier célebre.
Ils seroient dans l’erreur : espereroient-ils par là d’intéresser la Noblesse, & d’ennoblir leurs sujets, par la condition des personnages ? Malheureusement la plupart des auteurs & des acteurs ne sont rien moins que des gens de condition ; ils n’en ont ni n’en savent donner les allures, & en tenir le langage, ils y sont tout neufs, & on voit bien qu’ils sont peu familiers avec la bonne compagnie.
On leur a fait grace, & permis de rouvrir le théatre, à condition que le directeur demanderoit publiquement pardon, & déclareroit solemnellement qu’on n’a prétendu ridiculiser personne. La condition est dure, & sans exemple : l’orgueil de Thalie en a souffert.
Sa familiarité avec Ænée, chez qui il amenait son petit-fils, montre que c’était un homme de condition. […] Le débauché Labrax menace de forcer le temple, et commence en effet de le faire : Demade, homme de condition est surpris de cette violence, et promet d’en punir l’auteur : le bruit de cet attentat inouï le fait s’écrier : « Quis homo est tanta confidentia qui Sacerdotem audeat violare ?
Mal-à-propos l’a-t-on distinguée de la Tragédie par la dignité des Personnages : le Roi de Thèbes, & Jupiter lui-même sont des Personnages comiques dans l’Amphytrion ; & Spartacus de la même condition que Sosie, serait un Personnage tragique à la tête de ses conjurés.
Et parce qu’il s’est trouvé qu’ils y ont fait gros gain, sont venus aucuns particuliers, gens non lettrés ni entendus en tels affairesu et gens de condition infime, comme un menuisier, un sergent à verge, un tapissierv et autres semblables, qui ont fait jouer les Actes des Apôtres, en iceux commis plusieurs fautes tant ès feintes qu’au jeuw.
Cette passion insensée qui fait des ravages incroyables dans le monde, ce feu d’enfer qui enflamme le cercle de la vie de la plupart des enfants d’Adam, l’impureté dont saint Paul ne veut pas que le nom même soit prononcé parmi des Chrétiens, parce que son image est contagieuse, ou si l’on est obligé d’en parler, ce ne doit être qu’avec horreur, qu’en la flétrissant, la traitant avec exécration comme une maladie honteuse qui ravale l’homme à la condition des bêtes, ce vice, dis-je, y est transformé en vertus, il est mis en honneur et en crédit, regardé comme une belle faiblesse dont les âmes les plus héroïques ne sont pas exemptes, et qui leur sert d’aiguillon pour entreprendre les choses les plus difficiles, on s’y remplit du plaisir qu’on se figure à aimer et à être aimé, on y ouvre son cœur aux cajoleries, on en apprend le langage, et dans les intrigues de la pièce les détestables adresses que l’auteur suggère pour réussir, or n’est-ce pas là une idolâtrie dont se souille le cœur humain ?
Et combien que ces méchants en leurs farceries n’épargnent personne, de quelque sexe, état, ou condition qu’elle soit, si est-ce, que tous courent à la foule voir tels Spectacles.
) : « Il n’y a point d’art si mécanique ni de si vile condition (même de Comédien), où les avantages ne soient plus sûrs, plus prompts et plus solides, que dans les sciences et les belles lettres.
Mais dans un pays où les citoyens, sous l’autorité d’un Monarque, et sous la tutelle des lois, ne tiennent à la constitution politique que par le droit de propriété, et par le tribut d’obéissance ; où personne n’influe sur l’administration de l’état, qu’autant qu’il y est appelé ; où l’homme privé ne peut rien ; où chacun vit pour soi et pour un certain nombre de ses semblables, selon ses affections plus ou moins étendues, sans autre soin que de contribuer, autant qu’il est en lui, aux douceurs de la société : dans cet état, dis-je, il est naturel que les femmes soient admises à ce concours paisible de devoirs officieux, pour y établir l’harmonie, pour adoucir les mœurs des hommes naturellement féroces, pour tempérer en eux cette indocilité superbe qui s’indigne du frein des lois : en un mot, pour cultiver et nourrir dans leur âme l’amour de la paix et de l’ordre, qui est la vertu de leur condition. […] Rousseau admet, dans les sentiments de l’homme en société, une moralité inconnue aux bêtes ; et quoiqu’il fût aisé de trancher toute difficulté, en rejetant, comme lui, l’impertinent préjugé des conditions, et toutes les conventions de la même espèce ; en donnant pour raison de ce qu’on appelle licence, ainsi l’a voulu la nature, c’est un crime d’étouffer sa voix, quoiqu’il n’y ait pas de libertinage qu’on ne pût justifier en disant comme lui : la nature a rendu les femmes craintives, afin qu’elles fuient, et faibles afin qu’elles cèdent ; en un mot, quoique, pour combattre M. […] Il reconnaît la bonté des mœurs de Nanine ; « où l’honneur, la vertu, les purs sentiments de la nature sont préférés à l’impertinent préjugé des conditions ». […] L’amour ne connaît point l’inégalité des conditions ; il tend quelquefois à rapprocher des cœurs que la naissance et la fortune séparent. […] A Rome les Comédiens étaient des esclaves1 ; la condition d’esclave était infâme, et par conséquent celle de Comédien ; M.
Situation est cet état violent, où l’on se trouve entre deux intérêts pressants et opposés, entre deux passions impérieuses, qui nous déchirent, et ne nous déterminent pas, ou du moins qu’avec beaucoup de peine : Tel est ce moment douloureux, où Rodrigue se trouve entre son amour et son honneur, entre son père et sa maîtresse : Tel est encore ce moment, où Galerius instruit par Gabinie elle-même, à quelles conditions il doit l’épouser, se trouve entre elle et ses dieux. […] Les qualités naturelles, comme la condition, l’age, la fortune, la nation doivent faire agir, et parler diversement les personnes, qui paraissent sur la scène.
Il est vrai qu’en un autre ouvrage, il semble relâcher de cette sévérité, et concéder quelque chose, au grand désir qu’on avait pour ces passe-temps, Mais il y appose deux conditions, qui montrent combien il les condamnaitPlaton De Legibus lib. 7. […] Ils taisent qu’elle pose par condition, que cela se fît rarement, et par extraordinaire ; ce qui obvie à la perte de temps qui est ès autres. 3. Ils dissimulent la condition très expresse qui y est apposée, que la composition en eût été examinée par un Colloque, ce qui a rapport à ce que nous avons allégué de Platon au chap. 5. et empêcherait absolument le plus grand mal qui est ès autres, et qu’il ne s’y glissât rien qui pût corrompre les mœurs, et ressentît la dissolutiondl. […] Une autre excuse pour les Théâtres, est tirée de la qualité et condition de divers qu’on voit s’y rendre.