Ce grand exemple autorise la pompe des Rois, et les oblige à ne se montrer jamais en public qu’ils n’imitent la magnificence de Dieu : Mais au milieu de cette cérémonie, ils doivent se ressouvenir que les habits sont les peines du péché, que dans l'état d’innocence, l’homme n’était revêtu que de la Justice originelle, que cette robe précieuse était à l’épreuve de toutes les saisons, et que comme il n’avait point encore offensé Dieu, il ne craignait point aussi la honte ni la douleur dans sa nudité, Cette pensée retiendra les Princes dans la modestie au milieu de leur Triomphe, et leur persuadera que les plus riches habits sont les reproches et les supplices de notre ancienne désobéissance.
[Traité] NOUS sommes en un Temps, auquel on estime vrai, plutôt ce qui se persuade, et ce qu’un chacun désire, que ce qui l’est réellement, ni plus ni moins que l’on estime monnaie, non seulement celle qui est de bon aloi, mais aussi celle qui a cours. […] L’odeur de cette Maxime se sent partout ; en l’Eglise, en la Policeb ; en public, et en particulier : Est trouvée bonne même par quelques-uns de ceux, qui de bouche en approuvent une toute contraire, à savoir : Que la pure parole de Dieu, sans aucune sophistrie, doit être la seule loi, guide, règle, balance, et lumière de notre foi, et de toutes nos actions ; laquelle ils ébrèchent, affaiblissent, et énervent par telles exceptions, modifications et restrictions, que requièrent leurs affaires, en font un nez de cire, une règle de plomb, pour l’accommoder à leurs fantaisies : Et cependant ils se plaindront, aussi bien que nous, de la corruption ; confesseront, qu’elle se glisse partout, comme l’air : Mais chacun exceptera et exemptera de ce blâme, dispensera de ce titre sa corruption particulière, pensera faire œuvre de charité, de persuader à autrui, par quelque apparence de raison, ce qu’il s’est imprimé en son cerveau par une folle opinion ; plus il se trouvera d’absurdité en la chose, de difficulté en la preuve, de danger en la créance ; plus apportera-t-il d’artifice pour la colorer, d’autorité pour l’établir, d’opiniâtreté pour la maintenir. […] » Sans m’amuser à leurs risées, je prie les fidèles, de considérer, si les contredisants ont autant de sujet de se rire de moi, comme ils en donnent à Satan, de se moquer d’eux, s’étant laissé persuader, de tenir pour indifférent, voir pour bon, utile, et louable, un Exercice que les anciens Chrétiens appelaient peste des Esprits, chaire de pestilence, subversion d’honnêteté, boutique de turpitude, fêtes de Satan, Abrégé du service que rendaient les Païens à leurs faux Dieux, lesquels en temps calamiteux, ils estimaient ne pouvoir mieux apaiser, qu’en leur vouant et jouant des Comédies et Tragédies. […] Il faudrait être insensé, ou insensible comme une image, pour se laisser persuader par telles raisons, où il n’y a ni ombre, ni image de raison. […] Il ditLib. 6, ca. 20 eo , « que les Comédies, plus elles sont élégantes, plus elles nous persuadent les vilénies, nous les imprimant par la beauté des vers polis et nombreux, etc.
Je leur demande s’il est permis aux Chrétiens d’assister aux spectacles ; ils sont persuadés que vous y avez renoncé ; ils répondront en nous citant les premiers écrits de nos Docteurs à leurs Césars. […] Il réussit alors à le persuader ; malheureusement ce fut pour trop peu de temps ; & l’événement a fait voir si Caton s’étoit trompé. […] Mais je raisonne en vain, je tâche en vain à émouvoir ; je suis presque certain que je n’ai persuadé, changé personne.
Monsieur Rollin, sur la foi de l’Abbé du Bos, a avancé dans son Histoire ancienne, que le même Acteur ne faisoit pas les deux choses, & il a été facile à se laisser persuader, parce que rempli de ce qu’il avoit lû sur les merveilles de la Musique & de la Danse des Anciens, & ignorant les matieres de Théâtre, il a cru aussi que la Déclamation théatrale des Romains étoit toute merveilleuse. […] La grandeur du stile de la Tragédie nous le persuade ; mais cette grandeur du stile n’étoit que pour imiter le stile d’une conversation noble. […] Ce seul mot prouve la fausseté de l’opinion de l’Abbé du Bos : il est étonnant qu’il veuille persuader une opinion si inconcevable, & encore plus étonnant qu’il la croie autorisée par le Passage suivant de Saint Augustin.
tenez une conduite opposée à la sienne, cessez de déclamer contre la corruption du genre humain, trouvez-la supportable, familiarisez-vous avec elle, ne suivez pas tous les mouvements de votre bile ; que votre vertu ne soit pas si farouche, sortez de votre retraite, ne fuyez pas les méchants, soyez indulgent pour leurs vices, montrez-vous persuadé qu’ils sont inhérents à leur nature, et qu’il n’y a pas de remède ; et continuez cependant de leur donner l’exemple de la tolérance, de la bonté, de la charité et des autres qualités que vous leur souhaitez, quoique vous éprouviez bien cruellement qu’ils s’en moquent comme de vous ; alors vous ne pourrez plus être pris pour un misantrope. […] Les craintes inspirées, les exemples de punitions donnés confusément aux vicieux par le théâtre ne sauraient être aussi efficaces que les exemples de celles, bien autrement sensibles, donnés continuellement par la justice aux fripons et aux voleurs, qui cependant fourmillent toujours partout ; ce qui doit achever de persuader combien sont illusoires aujourd’hui les moralités théâtrales dont on fait le plus solide argument en faveur de l’exposition honteuse des crimes ; des iniquités, des égarements inouïs, de toutes les faiblesses humaines existantes et possibles.
Il ne laisse pas toutefois d’establir la naissance des Amphitheatres sur le declin de la Republique, & se persuade que le Theatre de Curion estoit aussi un Amphitheatre, parce que quand on vouloit on le separoit en deux parties, & quand on changeoit de dessein & qu’on se vouloit servir de toute son estenduë, il faisoit un plein Amphitheatre. […] Il est presque impossible d’inventer quelque chose plus galante ou plus superbe, mais il ne l’est gueres moins de se persuader qu’elles ayent esté si galantes & si superbes.
Saint Charles ordonne ensuite que chaque Prédicateur pour persuader plus efficacement le peuple de tous les maux que produit la Comédie70, « il emploiera les preuves dont se sont servis ces grands personnages, savoir, Tertullien, Saint Cyprien Martyr, Salvien et saint Chrysostome ». […] Secondement, il suffit que la Comédie soit mauvaise, par rapport aux sujets qui y sont représentés, ou que par les mauvaises circonstances qui l’accompagnent ordinairement, elle produise de méchants effets dans l’âme de ceux qui y vont, afin qu’on puisse dire qu’elle est défendue à toute sorte de personnes : car une personne doit éviter ce qui est communément une occasion prochaine de péché ; et quoique selon sa pensée elle soit persuadée qu’elle n’y tombera pas, néanmoins la connaissance qu’elle a de la faiblesse humaine doit la porter à se défier de soi-même, et à ne point s’exposer dans une occasion qui est mauvaise, et dans laquelle on offense Dieu ordinairement. […] Il suit de tout ce qui a été dit ci-dessus, que de la manière dont les Pères et les Canons de l’Eglise ont parlé de la Comédie et des Comédiens : que les Evêques se sont expliqués dans leurs Rituels, et s’expliquent encore aujourd’hui ; on doit être persuadé que la Comédie, comme elle se joue par les Comédiens, a toujours été reconnue jusqu’à présent comme une chose mauvaise, qui excite les passions et tend à corrompre les bonnes mœurs, soit par la représentation, soit par les différentes circonstances qui l’accompagnent. […] Divin. c. 20 [Lactance, Institutions divines, VI, 20]. « In scenis nescio an fit corruptela vitiosior, nam et Comicae fabulae de stupris virginum loquuntur, aut amoribus meretricum, et quo magis sunt eloquentes qui illa flagitia finxerunt, eo magis elegantia sententiarum persuadent, et facilius inhaerent audientium memoriae versus numerosi et ornati, item tragicae historiæ subjiciunt oculis parricidia et incesta et cothurnata scelera demonstrant. […] Jean Chrysostome, 6e homélie sur le chap. 2 de Matthieu]. « Quoniam laudant ista dicentes eis haec exercere persuadent ; et idcirco ipsi potius propter hæc merentur subire quod ob ista sancitum est supplicium…Si nullus talium esset spectator ac fautor, nec essent quidem, qui dicerent illa aut agere curarent.
D’où il arrive que ceux qui ont plus de présomption que de capacité, se persuadent, contre l’expérience, qu’avec une grande théorie on ne peut faire d’ouvrages pitoyables : que ceux qui ont un peu plus de talens que de suffisance, ou un véritable génie n’osant enfreindre les loix, perdent des années & beaucoup de veilles à lutter contre leur esclavage.
M. de Fontenelle prend un autre chemin ; il pense qu’on pleure avec plaisir sur les malheurs d’un Hèros qui nous intéresse, par ce qu’on est persuadé que ce n’est qu’une fiction.
Si malgré les remontrances de sa fille une mère ne laissait pas de lui persuader, ou de la contraindre d'y aller, que penseriez-vous d'une telle mère ?
et étant persuadé que leur donner les beaux habits qu’il quittait, c’était sacrifier aux démons.
Les comédiens ne pouvant être revêtus que d’une sainteté romanesque, sont incapables d’exprimer et de persuader les vertus héroïques des saints : il ne sied point à des comédiennes de prêcher la modestie et la décence et de représenter l’innocence des vierges.
qu’on veuille nous persuader aujourd’hui, par un discours captieux, que les Spectacles sont l’école du vice, que les vertus même qu’on y présente mènent au crime, devons-nous le croire par préférence à ce que nous sentons ?
[NDA] Auguste veut se démettre de l’Empire ; Cinna l’en détourne ; il lui persuade de rester sur le trône, pour avoir le prétexte d’assassiner son bienfaiteur et son ami, et parvenir par l’atrocité de ce crime à plaire à sa Maîtresse.
S’il est donc vrai de dire avec le Prophète : malheur à celui qui entre dans quelque assemblée que ce soit des impies, qui s’arrête dans les différentes voies des pécheurs, et qui est assis dans la chaire de corruption ; soyons bien persuadés que ces paroles doivent s’entendre dans un sens général, quoiqu’elles puissent être aussi interprétées dans un sens plus particulier. […] Soyez donc persuadés que le récit inutile et dangereux d’une action honteuse, ou cruelle, n’est pas excusable, non plus que l’action même. […] donc pas une excuse frivole, et pitoyable, que le raisonnement de ceux, qui veulent par des faux-fuyants, se persuader, que ces plaisirs ne leur sont pas défendus ? […] Ajoutez tant d’orgueilleux philosophes, qui se glorifiaient du nom de sages, maintenant tout couverts de feu en présence de leurs infortunés disciples, à qui ces maîtres insensés tâchaient de persuader, qu’il n’y avait point de providence ; que nos âmes n’étaient rien, ou que jamais elles ne se réuniraient à nos corps.
Tous les esprits n’estant pas semblables, les vns ne se laissent vaincre que par la force & par d’aigres remonstrances, les autres que par la douceur & des discours enjoüez, qui les persuadent mieux que les grans raisonnemens & le serieux incommode de ces Docteurs qui les effarouchent. […] C’est ce qui doit aisement persuader, qu’ils sont d’aussi ancienne origine l’vn que l’autre, & que dés qu’ils s’est parlé au Monde de Comedie, il s’est parlé de Poëtes & de Comediens. […] La Comedie Françoise a donc toûjours esté tres estimée à Turin, & l’on n’y gouste aussi que des gens qui la sçauent bien executer ; ce qui doit persuader que la Troupe qui tire pension de son Altesse Royale est fort ácomplie, & pourueüe de personnes tres intelligentes dans leur Profession. […] Quand ces eloges excedent, on s’imagine que l’Orateur en veut faire accroire, & l’on est moins persuadé de ce qu’il tasche d’insinuer dans les esprits. […] Ie suis persuadé, Monsieur, qu’en toutes choses vous n’auez que des sentimens tres justes, & quand il n’y auroit que le respect que ie vous dois, & le pouuoir absolu que vous auez toûjours eu sur moy, c’en est assez pour m’obliger de vous obeïr & de satisfaire à ce dernier article que vous me marquez.
S’ils n’avaient point été des échos aussi fidèles, ils se seraient persuadés que la Comédie est beaucoup plus ancienne que la Tragédie. […] Les Rois devraient être persuadés qu’ils peuvent encore plus s’immortaliser en comblant de bienfaits les talens, qu’en conquérant des Provinces entières.
Mais si le penitent n’estant pas persuadé de ces raisons presse le Confesseur de luy donner l’absolution ? […] C’est parcequ’ils estoient persuadez que le meilleur moyen pour faire entrer les penitens dans la connoissance de leurs pechez, & pour attirer sur eux la misericorde de Dieu, estoit de les mettre dans l’exercice de la penitence & des bonnes œuvres avant l’absolution, pour procurer à leurs ames une guerison plus parfaite, & pour empescher les rechutes dans le peché.
Tous les Fidéles sont persuadés qu’ils péchent quand ils y vont. […] On a voulu lui répondre dans le mercure, par des lambeaux qu’on a donné successivement, & qui ne persuadent pas plus l’utilité de la Comédie que la sainteté des actrices, qu’il s’efforce galamment de canoniser, ni aux gens de bien qui les connoissent, ni aux libertins qu’elles corrompent. […] C’étoit un Iduméen, un étranger, un particulier qui lui-même en étoit si persuadé, selon Josephe, Liv.
Que tous vos voisins soient persuadés que nous ne doutez de rien, que rien ne vous étonne, ne vous arrête ; que vous êtes un homme dangereux, qui ne connoit de regle que sa gloire & son intérêt ; que vous aimeriez mieux tout perdre que de fléchir. : comme ses sentimens supposent des ames peu communes, ils frappent, étonnent, étourdissent jusqu’aux princes. […] Un rien leur persuade qu’ils sont supérieurs à l’ennemi. […] D’Alembert & Maupertuis ont formé le canevas du systême & calculé tout avec une précision qui fait croire qu’ils en sont persuadés, comme d’une démonstration.
Comment se persuader que ce sont là de dignes interprètes des Oracles du Saint Esprit ? […] Si l’Ecriture Sainte dans la bouche de ces sortes de personnes, est si visiblement profanée, comment voudrait-on que nous nous réjouissions, quand on nous dit que le Théâtre des Comédiens retentit des divins cantiques, et comment pourrait-on nous persuader que les Chrétiens peuvent s’aller réjouir au son de ces chants ? […] Que les Comédiens soient donc persuadés, que si la police les tolère à présent, elle n’en est pas moins en droit d’abolir leurs Jeux.
Nous croyons qu’un fait peut être véritable, quoique nous ne comprenions pas la manière dont il est arrivé : &, pour nous persuader de son existence, il nous suffit que des témoins irréprochables nous en assurent.
L’unique motif qui m’a porté à l’entreprendre, c’est le mérite de l’original si reconnu en Angleterre, que je me suis aisément persuadé que la traduction n’en déplairait pas en France : j’ai même cru qu’elle pouvait être en quelque sorte nécessaire aux deux Nations conjointement.
Valère de son côté peut s’excuser auprès d’Elise, en disant que son intention a été uniquement de gagner la bienveillance d’Harpagon, ce à quoi il est déjà presque parvenu, quoi qu’il ne soit que depuis deux jours auprès de lui, parce qu’il n’a perdu aucune occasion de flatter sa passion pour l’argent ; il peut ajouter que son dessein est de persuader à son père, avec le temps, de consentir à marier sa fille, chose à laquelle peut-être il ne penserait jamais pour s’épargner la dot qu’il faudrait lui donner en la mariant : qu’en attendant il aurait le temps d’avoir des nouvelles de ses parents, comme on lui en faisait espérer, et qu’en cas qu’il parvint à les trouver, il se flattait que le goût qu’Harpagon aurait pris pour lui le déterminerait aisément en sa faveur par préférence à ses Rivaux ; d’autant plus qu’il croirait être en droit de lui moins donner qu’à tout autre.
Majore cum efficientia quam sacræ conciones vitæ honestatem persuadent. […] Majore cum efficientia quam sacræ conciones vitæ honestatem persuadent.
Un Prédicateur ainsi formé aurait plus perdu que gagné ; il aurait perdu cette grâce, ces lumières, cette inspiration du ciel, qui seules peuvent mettre sur la langue ces paroles de vie dignes de la sainteté de nos mystères, « dabo vobis os et sapientiam » ; cette force, cette élévation, cette profondeur divine, qui peuvent seules la rendre efficace dans les auditeurs ; cette douceur, cette onction, cette piété, qui seules peuvent inspirer le goût et persuader la pratique de la vertu, sans laquelle on n’est qu’un airain sonnant, et une cymbale retentissante. […] Je suis pourtant persuadé que les innombrables pièces que les Jésuites ont données dans leurs collèges ; l’idée et le goût du théâtre, qu’ils ont partout inspiré, sans doute sans le vouloir, aux enfants, à leurs familles, au public ; cette espèce de décision pratique de gens très respectables, qui lève insensiblement tous les scrupules ; la connaissance des Auteurs, la lecture des livres dramatiques, qu’ils ont facilitée et accréditée ; ces danses, ces décorations, ces habits, ce jeu, qu’ils ont pompeusement mis sous les yeux ; que tout cela est une des causes imperceptibles de leur suppression.
Quoiqu’on lui dît, il ne put être persuadé, et se tenait si ferme dans ses pensées qu’il ne voulut point venir voir le malade, que sur le soir, de peur de paraître trop crédule ; on lui confirma cela de tant d’endroits qu’il y vint avec la même curiosité, que s’il eût dû voir un miracle. […] se sont voulu autoriser des écrits de Saint François de Sales, pour se persuader que l’usage des Bals et des Danses était innocent. […] On en fait comme des boucs d’Anathème, et chacun les charge de fleurs ; on se persuade que le mal qu’on fait à leur prêter l’oreille, retombe sur eux et qu’on peut voir innocemment ce qu’ils ne peuvent représenter sans crime. […] Les poupins et les souris de la Cour l’entendront toujours mieux : Qu’ils se persuadent que la générosité est au-dessus de la galanterie, et que leurs pas sont des pas de Géants, un vaut mieux pour avancer dans un honorable fortune, que tous les efforts d’un petit Pygmée. […] Les punitions publiques qui s’en feraient, nous serviraient encore d’une barrière ; on se persuade aisément qu’une chose n’est pas mauvaise, quand elle passe sans correction.
Loin de persuader aux Comédiens qu’ils peuvent se passer des décorations, on ne peut trop leur en démontrer l’utilité.
Pourroient-ils se persuader que l’Auteur a porté leur livrée ?
Car c’est alors qu’elle se met en defense, qu’elle devient subtile, & ingenieuse, qu’elle s’imagine mille pretextes pour appuyer son droit, & que dans la crainte d’être privée de ce qui la flate, elle vient enfin a bout de se persuader, que ce qu’elle desire est honnête & innocent, quoi qu’au fond il soit criminel, & contre la loi de Dieu. * Mirum quippe quam sapiens sibi videtur ignorantia humana, cum aliquid de hujusmodi gaudiis ac fructibus veretur omittere.
J’avais pris cependant toutes les précautions possibles pour faire réüssir la Princesse de Cléves ; et persuadé qu’il est dangereux d’exposer de trop grandes nouveautés, je croyais qu’un Prologue que je fis pour préparer les Auditeurs à ce qu’ils allaient voir me les rendrait favorables ; mais leurs oreilles ne purent s’accommoder de ce qu’elles n’avaient pas coutume d’entendre ; et le Prologue attira plus d’Applaudissements que la Pièce.
« Se persuadera-t-on que de pareils spectateurs s’embarrassent fort si l’école des spectacles est régulière ou ne l’est pas ; ils n’y vont que pour s’amuser ou se délasser.
On était si persuadé de cette vérité, dans la primitive Eglise, que l’on condamnait pour lors toutes sortes de jeux et d’exercices publics sans exception, regardant l’appareil des spectacles comme une sorte d’idolâtrie.
Mais si ce Livre mérite de persuader ses Lecteurs, nous aurions trop à perdre pour le desirer sincerement. […] Je suis persuadé qu’une seconde lecture faite avec moins d’émotion, vous en feroit porter un autre jugement. […] On connoît par expérience, & dans le fond on est persuadé qu’on ne peut en conscience y aller. […] Je suis persuadé, Monsieur, que vous ne vous offensez pas de la gravité de leur conduite. […] Souvenez-vous que c’est une chose si difficile à persuader à la jeunesse, qu’il en faut jetter les fondemens de bonne heure dans leur esprit.
Ils donnaient souvent de grands spectacles au Peuple parce qu’ils étaient persuadés que ce genre d’amusement était propre à distraire les gens turbulents et factieux, ceux-ci n’ayant que peu ou point d’occupation n’auraient employé leur loisir qu’à former des complots dangereux. […] Comment leur persuader alors qu’ils étaient malheureux ? Comment leur persuader de secouer un joug qui leur paraissait si doux à porter ? […] Que l’esprit contempteur rend inconséquent, injuste et aveugle, car vous ne voudrez pas vous persuader que ceux des Comédiens qui jouent les rôles de Polyeucte, de Joad, de Mardochée, deviennent des Saints.
Mais à qui le persuaderez-vous ? […] Rousseau a-t-il pu croire, a-t-il voulu nous persuader que nous faisions semblant de rire, de pleurer, de frémir à ces spectacles ! […] Rousseau peut me le persuader, j’aurai autant de plaisir que lui à le croire. 2°. […] Allez persuader à un charlatan de ne pas tromper le peuple, vous y perdrez votre éloquence. […] Je le crois : je suis persuadé que l’attaque est le rôle naturel de l’homme, et la défense, celui de la femme ; et quoique la raison très sensible qu’en donne M.
Tertullien fait une réflexion bien vraie dans le traité qu’il a composé des spectacles ; il dit que l’ignorance de l’esprit de l’homme n’est jamais plus présomptueuse, ni ne prétend jamais mieux philosopher et raisonner, que quand on lui veut interdire l’usage de quelque divertissement et de quelque plaisir dont elle est en possession, et qu’elle se croit légitimement permis : car c’est alors qu’elle se met en défense, qu’elle devient subtile et ingénieuse, qu’elle imagine mille prétextes pour appuyer son droit, et que dans la crainte d’être privée de ce qui la flatte, elle vient enfin à bout de se persuader que ce qu’elle désire est honnête et innocent, quoiqu’au fond il soit criminel et contre la loi de Dieu. […] Je sçais qu’à considérer ce que je dis dans une pure spéculation et selon les premieres vues, on se persuadera que j’exagere et que je pousse cette morale au delà du terme. […] Et de bonne foi, mes chers Auditeurs, pouvez-vous vous persuader que Dieu l’ait ainsi entendu, quand il vous a permis certaines distractions et certains délassements ?
On sort du spectacle le cœur si rempli des douceurs d’amour, & l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs & les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le théatre. […] En a-t-il persuadé les coureurs de spectacles ?
Ils sont démoralisés par principe ; ils se persuadent que tous les crimes du machiavélisme sont des vertus et se croient en droit de les commettre sans remords, toutes les fois qu’ils les croient nécessaires à la gloire de Dieu et à celle de l’Etat. […] Il est temps que les tribunaux se persuadent que ce n’est point un cri séditieux que de s’adresser aux gouvernements eux-mêmes avec une confiance filiale, pour leur faire connaître les abus qui rongent et détruisent sourdement, et quelquefois ouvertement et avec impudeur, l’autorité souveraine ; que ce n’est point un crime d’invoquer paisiblement les droits naturels des peuples, et l’observation des lois de la part des agents de l’autorité publique ; que ce n’est point dans l’intention de nuire à la religion, ni de provoquer la haine contre les ministres du culte, que de faire connaître l’immoralité et le fanatisme des mauvais prêtres.
Que tout le monde soit bien persuadé qu’on ne peut nous plaire qu’en rendant hommage au Dieu tout-puissant : on ne nous rend jamais plus d’honneur que quand on l’honore davantage. […] Aucun qui n’en soit persuadé, qui ne s’en confesse, qui n’y renonce, quand il rentre en lui-même, surtout à l’heure de la mort, où tout se montre dans son vrai jour.
Je suis même persuadé que les Poëtes perdent autant dans la bouche de l’Acteur, que le grand Peintre dans les copies de ses Eleves.
On sort du spectacle, le cœur si rempli des douceurs de l’amour ; & l’esprit si persuadé de son innocence ; qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs, & les mêmes sacrifices que l’on a vûs si bien représentés sur le Théatre.
dans l’intérieur de leur Palais, leur exemple commande ; au dehors, il invite les autres Grands ; il presse, il persuade ceux qui partagent leur intimité.
On est persuadé de l’importance de cette règle, qui tire son origine du genre même du Théâtre-moderne ; chaque jour on la met en usage avec le plus grand succès.
Car tel Estranger qui durant deux mois ne voit que la mesme chose sur un Théatre, se persuade que l’on n’a rien que cela à représenter, & conclut au prejudice de nostre Nation, la sterilité de ses beaux Esprits & la misere de nos Acteurs.
Ce n’est pas moi, qui vous en suis témoin, Madame : car vous sçavez, que je suis d’un état qui par lui-même m’interdit de pareils spectacles : mais ce sont des personnes de vôtre rang qui ont eu le malheur de s’y trouver : ce sont des personnes de vertu & de probité, à qui une curiosité indigne de leur âge & de leur emploi avoit persuadé d’assister aux Comedies qu’on represente chez vous, qui avouent tous d’un consentement unanime, que le nouveau Theatre est un ecueil contre lequel échoue la chasteté chrétienne, que ces Comedies sont, principalement pour les jeunes gens, une école de libertinage, & que la contagion d’impureté est d’autant plus à craindre, qu’elle y est plus deguisée & plus rafinée.
» pourquoi me transportes-tu comme un insensé, et pourquoi me viens-tu persuader que j’ai sujet de me réjouir, quand je suis accablé de maux de tous côtés ?
Pour moi, Monsieur, soyez persuadé que jusqu'au terme de la mienne, j’honorerai votre piété et votre religion ; et j’admirerai vos Ouvrages.
Mon zèle pour la personne sacrée des Rois me les ferait plutôt allumer, et bien loin de réclamer contre la juste sévérité des Magistrats, je suis persuadé qu’en bonne politique, même en matière de tyrannicide, ils ont trop d’indulgence pour les spectacles ; que cette doctrine pernicieuse qu’ils ont redoutée dans le théâtre Latin de Sénèque et del Rio, mérite encore moins de grâce dans les théâtres de Corneille, de Racine, Crébillon, Voltaire, Marmontel, Héros de la scène tragique, à qui l’Académie Française a donné des provisions de l’office de bel esprit utile à l’Etat : doctrine qui débitée publiquement, dans tout le royaume, dans des représentations et des volumes innombrables, avec toute l’élégance, la pompe et le pathétique possibles, doit produire sur tous les esprits un bien plus mauvais effet que la tragédie et le commentaire del Rio, que personne ne connaît. […] Corneille flatte mon amour propre ; il me persuade l’excellence de mon être ; il élève mon âme. […] En se mesurant avec des hommes supérieurs en dignité et en naissance, on croit élever son âme, et on se persuade l’excellence d’un être qui ne voit rien au-dessus de lui. […] Et je serai toujours persuadé que si on a dû supprimer les livres des Casuistes qui enseignent cette doctrine, on doit, à plus forte raison, abolir un spectacle où on en donne publiquement des leçons.
Je suis persuadé que Terence a voulu se moquer des Dieux de son tems, dont toute la Réligion étoit un tissu de crimes les plus scandaleux. […] Parmi les portraits sans nombre, de sa famille ; voyez la sœur à demi-nuë, d’une blancheur éblouissante, & les trois graces dont la nature a fait la draperie ; il a mis ce portrait à côté du sien, ses yeux sont tournés sur sa sœur, dont il admire la beauté, il en rapporte à Dieu toute la gloire ; admirez sa simplicité & son innocence, elles font son éloge ; il est persuadé que son clergé, ses domestiques, tout ce qui vient dans son palais est aussi chaste que lui, & ne s’occupe que des chefs d’œuvres du pinceau. […] Les catholiques, dira-t-on, adressent bien leurs prieres aux images des Saints ; on se trompe, ce n’est point aux images, c’est aux Saints qu’on adresse les prieres, parce que les catholiques sont persuadés que les Saints dans le Ciel, sont instruits de ce qui se passe sur la terre, s’intéressent pour nous, & emploient leur crédit auprès de Dieu, pour obtenir le succès de nos vœux.
à faire entendre que toutes les Religieuses sont enfermées dans un couvent malgré elles, forcées par les passions, séduites par les Religieuses, trompées par les Prêtres, gémissant accablées sous le joug, sur-tour (car c’est là le grand vœu du libertinage), ne pouvant garder la continence : tant le Poëte (je ne sais s’il le sait par expérience) est persuadé qu’on ne peut se passer de volupté, & que personne ne peut se défendre de l’impérieux vœu de la nature. Il est pourtant vrai qu’il y a peu de Religieuses forcées, & peu qui s’oublient sur le vœu de chasteté ; que les railleries & les accusations si ordinaires dans le monde ne sont que le langage d’un cœur corrompu, qui ne jugeant des autres que par lui-même, s’imagine & voudroit persuader que tout est vicieux comme lui.
Le Spectacle, dit l’Abbé d’Aubignac*, est une secrette instruction des choses les plus utiles & les plus difficiles à persuader.
Mais cet Apologiste s'est persuadé à l'exemple de beaucoup d'autres, que les Mimes de l'antiquité et les Comédiennes n'avaient point de différence.
Je suis en effet persuadé qu’il est subjugué par l’influence jésuitique sans cesse croissante en France.
Je ne veux plus entendre d’autres discours que votre sainte loi12, je ne me permettrai plus d’autres occupations que celle de vous aimer, d’autre amusement que la pratique des bonnes œuvres, persuadé qu’il n’est pas d’autre moyen d’apaiser votre courroux, d’intéresser votre miséricorde, et d’obtenir, avec votre sainte grâce, le gage assuré d’une éternité bienheureuse. » 10.
Si la marque à laquelle on reconnaissait les Chrétiens au rapport de Tertullien, était la fuite des Théâtres et des spectacles ; qui pourra, Messieurs et Mesdames, se persuader que vous professez la même Religion que ces premiers Chrétiens, que vous êtes imbus des mêmes maximes, que vous suivez le même Evangile, et que vous aspirez à la même gloire, si l’on vous voit encore dans ces assemblées impies, et assis dans les chaises de pestilence ?
L’Église est si persuadée des péchés de l’odorat que dans le premier & dernier Sacrement qu’elle administre aux Fidèles, le Baptême & l’Extrême-Onction, elle fait sur les narines comme sur les yeux, les oreilles & la bouche une onction & une prière particulière pour demander à Dieu la grâce de préserver ses enfans des péchés qu’ils pourroient commettre par l’odorat, & de pardonner aux mourans ceux qu’ils pourroient avoir commis. […] Les Lacédémonirns en étoient si persuadés qu’ils avoient chassé de leur Ville les Parfumeurs comme une peste, ils y rentrèrent avec le vice.
« Qui de ses attentats sont en lui des complices. » bu Si l’on admire le courage de Catilina quand il entre au Sénat, le Spectateur, bien instruit qu’il va mentir, ne voit en lui qu’un Scélérat détestable qui abuse de son éloquence, pour persuader tout ce qui peut opérer le ravage de Rome : la hauteur et l’insolence qu’il affecte et qui suspendent l’arrêt de sa mort, font regretter qu’il ne soit pas prononcé. […] Je suis persuadé que le Public me saura plus de gré de ma reconnaissance qu’à vous de votre ingratitude.
A l’égard des vices dont les suites peuvent être funestes à la Société, la Comédie doit se donner bien de garde d’y toucher, parce qu’elle les rendroit odieux, & qu’elle pourroit persuader aux hommes de les abandonner.
Il tâche de séduire la femme de son bienfaiteur ; il obtient d’Orgon la promesse d’épouser Marianne sa fille ; il persuade à Orgon de lui donner tout son bien ; & quand il est parvenu à le dépouiller de tout ce qu’il avoit, il l’oblige de sortir de sa propre maison.
» Nous sommes persuadés que Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, fourniroient dès-à-prèsent des Parterres très-éclairés, & peut-être des Acteurs très-capables de donner aux premieres Représentations l’éclat qui peut en faire sortir les beautés.
Ils nous ont persuadés que puisque les Anciens suivaient à peu près cet usage, nous ne pouvions nous dispenser de le suivre aussi.
Ce fut aussi pour ce sujet que Octave Auguste défendit aux femmes d’y assister, et l’un des Scipion voyant les grands désordres que ce mauvais entretien causait dans les familles, persuada aux Romains par une grave et forte harangue, d’empêcher les vices étrangers, tel qu’étaient la Comédie de prendre pied dans Rome, ce qui eut assez de pouvoir pour faire tôt après ruiner et brûler les lieux destinés à tel usage, avec tous les sièges et autres préparatifs dont on s’y servait.
Et c’est par là qu’il était persuadé de la nécessité de la résidence des Gouverneurs dans leurs Provinces. […] Qu’ils doivent être persuadés que leur plus grande gloire est d’assister les pauvres, et les misérablesS. […] Ce Prince était persuadé que le plus grand trésor qu’il pouvait laisser à ses enfants, était une bonne instruction. […] Mais est-il possible qu’on se persuade que l’infamie ne soit pas incompatible avec la plus solennelle partie de la Religion ? […] Augustin, pour persuader aux peuples que ces choses étaient des restes du Paganisme.
Si un génie égal à M. de Voltaire eût fait dix ans avant lui, une Henriade ; si M. de Voltaire l’eût eue sans cesse sous les yeux, en composant la sienne, je suis persuadé que son Ouvrage eût été inférieur, non-seulement à la premiere Henriade, mais même à celle que nous admirons.
mon Dieu, Madame, laissons là, je vous prie, cette partie si delicate de l’Eglise, sans la toucher rudement : Ces gens portent alors avec eux leur condamnation, sans que nous soyons obligez de parler ; nous ne devons avoir, que le silence, & le gemissement, respectant toûjours leur caractere ; nous n’avons qu’à baisser les yeux de honte, pour celle, qu’ils ne prennent pas, comme pour nous persuader, que nos yeux ne voyent pas, ce qu’ils voyent en effet ; & je m’assûre, que vous même, ayant l’esprit un peu Chrêtien, vous ne tirerez pas avantage d’un exemple, qui passe le scandale ordinaire, pour aller plus librement à la comedie.
Soyons-en persuadé, si l’Opéra-Comique n’avait eu un certain mérite, il n’aurait point soulevé contre lui un si grand nombre de jaloux, ardens à le déprimer, & à lui susciter mille traverses.
Cependant nous avons également vu du monde à douze ou treize de ses pièces ; il faut bien que le mérite l’y attire et l’on doit être persuadé que toute la France a plus de lumières que l’auteur des Observations du Festin de Pierre.
C’est pour ce sujet que je voudrais pouvoir reconnaître ces personnes ; mais encore qu’elles nous soient inconnues, elle ne peuvent néanmoins se dérober aux yeux du Verbe éternel : j’espère qu’il touchera leur conscience, et qu’il leur persuadera de sortir volontairement, leur faisant connaître qu’il n’y a que ceux qui se portent à faire pénitence, qui soient véritablement dans l’Eglise.
La raison nous dicte donc de travailler à fortifier dans les Citoyens, un des deux principaux motifs des actions des hommes, qui est l’amour de la distinction entre nos pareils ; mais elle nous dicte en même temps les règles pour bien discerner les distinctions petites, vulgaires, incommodes au commerce, d’avec les distinctions précieuses qui procurent toujours la commodité et l’utilité des autres ; ce sont ces distinctions qui sont les seules véritablement dignes de louanges et désirables dans le commerce, il ne faut jamais que le désir de la gloire marche sans la connaissance de la bonne gloire ; or je suis persuadé que le théâtre bien dirigé par le Bureau des spectacles peut beaucoup servir à rendre les spectateurs non seulement très désireux de gloire et de distinction, mais encore très connaisseurs en bonne gloire et en distinction la plus précieuse afin que les hommes estiment de plus en plus l’indulgence ; la patience, l’application au travail, les talents et les qualités les plus utiles à leurs familles, à leurs parents, à leurs voisins, à leurs amis, à leur nation et au reste du genre humain.