ConclusionQue nous nous estimerions heureux, s’il plaisoit à Dieu de répandre sur ce petit Ecrit, la bénédiction qu’il a donné à l’ouvrage de Dom Ramire-Cayorcy Fonséca, qui a fait une impression si vive sur la ville de Burgos.
Cependant le Poëte ne laisse pas d’avoir occasion d’y reüssir, s’il veut s’en prevaloir, & se donner le soin de faire quelque dessein grand & juste, dont le mystere ou le sujet fasse tant d’impression sur les esprits, que la memoire s’en charge pour jamais.
C’est là qu’ils entendent parler de toutes sortes de matières qui peuvent ou exciter leur curiosité ou développer les germes de leurs passions ; c’est là que, dans un âge encore tendre et si susceptible des impressions du vice, ils commencent à le connaître et à se familiariser avec lui.
Ainsi l’on n’a pas cru que la modestie de l’Auteur dût en empêcher l’impression.
Enfin, que peuvent faire de mieux, ceux qui vont vous entendre, que d’armer leur cœur contre des impressions funestes à leur repos, & d’oublier si parfaitement ce qu’ils viennent d’apprendre, qu’il ne leur en reste aucun souvenir en rentrant dans le sein de leurs familles ? […] Ils ont aimé à se retrouver dans vos peintures, & à comparer ce qu’ils ont quelquefois senti au-dedans d’eux-mêmes, avec les impressions que votre magie leur fait éprouver. […] L’étude des Philosophes leur fera naître des doutes, & leur fournira en même temps les moyens d’en trouver la solution ; la lecture des Historiens leur apprendra à connoître l’homme dans toutes ses variétés ; les Orateurs leur présenteront le modele de la façon dont on doit s’énoncer dans les occasions importantes ; les Rhéteurs leur découvriront les secrets de l’art de dominer sur les esprits ; les Poëtes eux-mêmes contribueront de plus d’une manière à les enrichir : ils leur offriront la Nature embellie des charmes de leur imagination, & leur prodigueront des maximes puisées dans le sein de la Philosophie ; & qui, pour n’être pas entiérement développées, n’en sont souvent que plus propres à faire une vive impression.
Des maximes continuées pendant plusieurs vers, & embellies par l’éclat de la versification, ne sont donc autre chose que des brillans défauts, qui suspendent le cours de l’action & de l’intrigue ; sur-tout quand on les place comme aujourd’hui au milieu de la plus grande chaleur & des plus vives impressions.
Nous avons la consolation, de voir dans la Ville, qu’il y a des Dames d’une vertu solide, qui nous édifient très-souvent, & qui sont si assidues aux devoirs de la Religion, qu’on les voit frequemment qu’elles s’approchent de la sainte Table : peutêtre il y a de ce nombre quelques-unes, qui pourroient dire ; tout ce que nous voions, tout ce que nous entendons, quand nous allons à la Comedie, nous divertit, & rien de plus ; du reste nous n’en ressentons aucune impression, & n’en sommes nullement touchées.
Or que penserons-nous d’un spectacle qui nous vante les attraits de cette volupté pernicieuse, & qui nous contraint à nous livrer à ses impressions ? […] Mais comme a dit encore l’Auteur que je viens de citer à l’instant ; « les impressions du plaisir sont toujours dominantes ». Il est assez difficile qu’il ne nous reste au fond du cœur de vives impressions de tant de peintures agréables & voluptueuses. […] La modestie, l’adresse du naïf la Fontaine, font des impressions plus vives dans l’ame de ses Lecteurs, que la licence éffrénée de Grécourt & de l’Arétin.
Mais il est pourtant vrai de dire que les Comédies le sont encore infiniment davantage, parce que les paroles qui sont accompagnées du ton de la voix et des gestes frappent plus fortement les sens, et font bien de plus vives impressions sur l’esprit. […] Cependant on avale sans peine le poison qu’ils présentent, surtout lorsqu’il est renfermé dans des Vers pompeux, ou dans des paroles magnifiques, qui sont agréables, et qui font impression sur l’esprit. […] « Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien. » L’on ne saurait aussi s’imaginer quelle impression sont capables de faire sur l’esprit d’un jeune homme ces Vers de la même Pièce dits par un père à un fils, pour le porter à se venger d’un ennemi. […] Mais le tonnerre qui l’écrase, fait assurément bien moins d’impression sur le cœur des méchants qui assistent à la représentation de cette pernicieuse pièce, que les maximes détestables qu’on lui entend débiter, n’en font sur leurs esprits.
Or c’est ce qui se trouve merveilleusement dans notre Hypocrite en cet endroit : car l’usage qu’il y fait des termes de piété est si horrible de soi, que quand le Poète aurait apporté autant d’art à diminuer cette horreur naturelle, qu’il en a apporté à la faire paraître dans toute sa force, il n’aurait pu empêcher que cela ne parût toujours fort odieux : de sorte que, cet obstacle levé, continuent-ils, l’usage de ces termes ne peut être regardé que de deux manières très innocentes, et de nulle conséquence dangereuse, l’une comme un voile vénérable et révéré que l’Hypocrite met au-devant de la chose qu’il dit, pour l’insinuer sans horreur, sous des termes qui énervent toute la première impression que cette chose pourrait faire dans l’esprit, de sa turpitude naturelle. […] Je sais bien qu’on me répondra, que notre religion a des occasions affectées pour cet effet, et que la leur n’en avait point : mais outre qu’on ne saurait écouter la Vérité trop souvent et en trop de lieux, l’agréable manière de l’insinuer au théâtre est un avantage si grand par-dessus les lieux où elle paraît avec toute son austérité, qu’il n’y a pas lieu de douter, naturellement parlant, dans lequel des deux elle fait plus d’impression. […] Ceux qui ont étudié la nature de l’âme, et le progrès de ses opérations morales, ne s’étonneront pas de cette forme de procéder si irrégulière dans le fond, et qu’elle prenne ainsi le change, et attribue de cette sorte à l’un ce qui ne convient qu’à l’autre : mais enfin c’est une suite nécessaire de la violente et forte impression qu’elle a reçue une fois d’une chose, et de ce qu’elle ne reconnaît d’abord et ne juge les objets que par la première apparence de ressemblance qu’ils ont avec ce qu’elle a connu auparavant, et qui frappe d’abord les sens. […] Que si pourtant, malgré tout ce que je viens de dire, on veut que l’âme après le premier mouvement qui lui fait embrasser avec empressement la plus légère image de Ridicule, revienne à soi, et fasse à la fin la différence des sujets ; du moins m’avouerez-vous, que ce retour ne se fait pas d’abord ; qu’elle a besoin d’un temps considérable pour faire tout le chemin qu’il faut qu’elle fasse pour se désabuser de cette première impression ; et qu’il est quelques instants, où la vue d’un objet qui a paru extrêmement ridicule dans quelqu’autre lieu, le représente encore comme tel, quoique peut-être il ne le soit pas dans celui-ci. […] Mais non seulement quand l’impression première de Ridicule, qui se fait dans l’esprit d’une femme, lorsqu’elle voit les mêmes raisonnement de Panulphe dans la bouche d’un homme du monde, s’effacerait absolument dans la suite, par la réflexion qu’elle ferait sur la différence qu’il y a de Panulphe à l’homme qui lui parle : non seulement, dis-je, quand cela arriverait, cette première impression ne laisserait pas de produire tout l’effet que je prétends, comme je l’ai prouvé ; mais il est même faux qu’elle puisse être effacée entièrement, parce que, outre que ces raisonnements paraissent ridicules, comme je l’ai fait voir, ils le sont en effet, et ont toujours réellement quelque degré de ridicule dans la bouche de qui que ce soit, s’ils n’en ont pas partout un aussi grand que dans Panulphe.
Le feu impur perce jusques dans les déserts ; sa chaleur se fait sentir dans les retraites les plus profondes ; & eux nouveaux prodiges, au milieu de la licence du Spectacle, ouvrant leurs oreilles & leurs yeux à des paroles, à des objets qui blessent la pudeur, n’en reçoivent pas la moindre impression !
Je tais aussi l'abus qui se commet en souffrant les Comiques, et Jongleurs, qui est une autre peste de la République des plus pernicieuses qu'on saurait imaginer : car il n'y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs, et la simplicité, et bonté naturelle d'un peuple, ce qui a d'autant plus d'effet, et de puissance, que les paroles, les accents, les gestes, les mouvements, et actions conduites avec tous les artifices qu'on peut imaginer, et d'un sujet le plus ord, et le plus déshonnête qu'on peut choisir, laisse une impression vive en l'âme de ceux qui tendent là tous leurs sens. brief on peut dire, que le théâtre des joueurs, est un apprentissage de toute impudicité, lubricité, paillardise, ruse, finesse, méchanceté.
Qu’on ne dise point qu’on ne va au Spectacle que pour s’y divertir, & non pas pour prendre des leçons de morale, & que par conséquent celles qu’on y reçoit ne font aucune impression.
Si l’on rencontre quelques fautes d’impression, c’est une suite de la promptitude avec laquelle les Ouvriers ont travaillé, je crois pourtant qu’elles y sont assez rares ; et; j’ai fait mettre à la fin du Volume un Errata pour corriger les plus grossieres.
Remarquez en passant qu’on a corrigé dans cette Edition une Bévue très grossiere des précédentes, mais non pas sans y laisser glisser une Faute d’Impression. […] Remarquez en passant qu’on a corrigé dans cette Edition une Bévue très grossiere des précédentes, mais non pas sans y laisser glisser une Faute d’Impression.
Est-il facile après cela d’effacer de son esprit cette impression qu’on y a volontairement excitée ? […] La tragédie ayant été inventée chez les Grecs, aussi bien que la comédie, ils ne pouvaient jeter d’avance une impression de mépris sur un état dont on ne connaissait pas encore les effets.
Ainsi plus la Piéce sera travaillée, plus les Acteurs seront habiles dans leur art, & plus ces passions plairont, plus leur impression sera vive.
D’un autre côté, il n’y a presque pas une de ces Comédies que l’équivoque et l’obscénité n’assaisonnent de traits moins grossiers à la vérité, que dans les derniers siècles, mais plus piquants et plus voluptueux, dont l’impression plus forte et plus prompte en rend l’effet plus sûr et plus terrible. […] … … … … … Vous êtes donc bien tendre à la tentationh, Et la chair sur vos sens fait grande impression ? […] Les spectateurs ne reçoivent que l’impression de la passion, et peu ou point de la règle de la passion. […] Il est encore moins extraordinaire que l’on ait un recueil de ses Comédies de l’impression du Vatican, puisque d’après le Concile le plus respectable, elles peuvent être sans crime entre les mains des personnes les plus pieuses. […] M.F. prétend-il insinuer que ce que le Prince de Conti a dit contre les spectacles, n’est pas raisonnable, ou ne doit pas faire impression, parce que ses maximes ne sont pas conformes à celles du monde ?
Que ce soit ou de plus loin ou de plus près, il n’importe ; c’est toujours là que l’on tend : par la pente du cœur humain à la corruption, on commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel : le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard : déjà le faible du cœur est attaqué s’il n’est vaincu, et l’union conjugale trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie.
Les idées de la morale la plus pure (la plus licencieuse) font sur elles une impression d’autant plus profonde, que l’instruction ne se présente que sous la forme du plaisir (c’est son poison). […] Son exemple, son élévation, ses agrémens, font respecter & chérir, du moins pardonner ses défauts, & font bien plus d’impression que les traits d’une austère verru. […] Il étoit plus ému que tous les autres ensemble ; la force de son imagination, l’impétuosité de ses sentimens rendent l’impression si vive qu’il ne peut la soutenir. […] qu’aucun de ces objets n’a fait impression, qu’on n’a éprouvé aucune révolte ?
L’impression, par exemple, est à la gravûre, ce que les couleurs sont à l’art de peindre. […] Il agit, il parle pour eux ; & à mois d’être stupide, il éprouve les mêmes impressions, les même sentimens que s’il étoit à leur place.
quelles funestes impressions ne font pas des Actrices métamorphosées, l’indécence devenue à la mode, le vice paré de tous les agrémens qu’on lui prête ? […] Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu épandre sur notre règne, nous obligeant de plus en plus à faire tout ce qui dépend de nous pour retrancher tous les déréglemens par lesquels il peut être offensé ; la crainte que nous avons que les comédies qui se représentent utilement pour le divertissement des peuples soient quelquefois accompagnées de représentations peu honnêtes, qui laissent de mauvaises impressions dans les esprits, fait que nous sommes résolus de donner des ordres précis pour éviter de tels inconvéniens.
Mais j’entends ici plusieurs personnes qui protestent qu’elles ne se sentent point émues à la comédie, et qu’elles n’ont jamais reçu aucune atteinte, aucune impression maligne de ces sortes d’images. […] Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits.
On a établi des censeurs des livres, on défend l’impression des mauvais, on les supprime, on les fait brûler ; pourquoi n’est-il pas aussi des censeurs des tableaux ? […] Non-seulement on permet, on met en vente, on expose en public & en particulier les éditions de ces livres funestes ; mais on les multiplie à l’infini par la gravure, sorte d’impression qui se répand avec plus de facilité que les livres. […] Parmi les regles sur la lecture & l’impression des livres, faites par ordre du Concile de Trente, qu’on trouve ordinairement à la fin, il en est une qui défend absolument toute image indécente, jusques dans les vignettes, les culs de lampe, les lettres majuscules, ce qui étoit sort commun dans le seziéme siécle, c’étoit l’imitation du théatre grossier du tems, qui mêloit les bouffonneries aux mystères dans les rôles, & les décorations ; car le théatre prit ou donna dans tous les tems le ton du vice, obscenœ imagines in libris etiam in litteris grandiusculis, quas initio librorum, vel capitum imprimi moris est, hujus generis omnia penitus, obliterentur. […] On ne souffre que la nudité du Crucifix, à laquelle le monde est accoutumé, & qui ne fait point de mauvaise impression ; ces ordres ont été suivis. […] Le seiziéme siecle n’étoit pas le regne des beaux arts, ce n’étoit pas à Trente les beaux jours du théatre, & le triomphe de la philosophie dont les sublimes leçons nous apprenent que ce sont des choses indifférentes qui ne font aucune impression ni en bien ni en mal, sur des esprits nourris de la sagesse : ces ouvrages de l’art n’affectent que les connoisseurs, par leurs beautés, & leurs défauts.
La plus jolie femme ferait peu d’impression sur les cœurs, si quelques vertus & de l’esprit n’achevaient d’embellir ses attraits.
Nous lisons dans la Poëtique d’Aristote que ceux qui préféroient le Poëme Epique au Poëme Tragique, se fondoient sur ce que le Poëme Epique ne devoit faire son impression que sur des Spectateurs éclairés, & par conséquent, disoient-ils, l’Epopée n’a pas besoin des secours que la Tragédie emprunte pour faire son effet sur des Spectateurs qui sont d’ordinaire une vile populace. […] L’Action est en effet le principal objet d’un Poëme qui par la Représentation doit faire une prompte impression.
Il y a beaucoup de personnes qui assurent qu’ils n’ont jamais reçu aucune impression mauvaise par la Comédie ; mais je soutiens ou qu’ils sont en petit nombre, ou qu’ils ne sont pas de bonne foi, ou que la seule raison par laquelle la Comédie n’a pas été cause de la corruption de leurs mœurs, c’est parce qu’elle les a trouvés corrompus, et qu’ils ne lui ont rien laissé à faire sur cette matière. [...] […] Ces viandes ne corrompaient réellement ni l’âme ni le corps des enfants, elles ne faisaient que passer en eux comme les autres viandes, sans y faire aucune impression maligne ; au lieu que ces Chansons sacrilèges corrompent l’esprit de ceux qui les chantent, et que demeurant dans la mémoire elles leur sont une tentation pour toute leur vie. En effet, comme remarque excellemment Lactance, quelque douceur qu’il y ait dans les sons harmonieux qui flattent nos oreilles, on les peut aisément mépriser, parce qu’ils ne laissent point d’impression dans le cœur, et qu’ils ne s’attachent point pour ainsi dire à la substance de l’âme.
Si un pareil Ouvrage avait pour Auteur un homme grave et respectable par son état ou par sa dignité, il n’en serait pas pour cela plus à couvert de la critique ; elle serait seulement plus ménagée, et se ressentirait des égards que mériterait l’Auteur : mais qu’il vienne de moi qui, pendant plus de quarante ans, ai exercé la profession de Comédien, qui ne suis ni savant ni homme de Lettres, et qui par conséquent ne mérite ni égard ni ménagement ; c’en est assez pour me faire craindre que mon Livre soit mal reçu, ou qu’il fasse peu d’impression sur mes Lecteurs.
C’est la loi de l’union de l’âme avec le corps, que les impressions reçues dans les organes soient accompagnées de divers sentiments, et par conséquent de dispositions bonnes ou mauvaises selon la nature de ces impressions. […] La raison n’a point été tellement éteinte en eux qu’ils n’aient bien connu les défauts les uns des autres : mais comme les sentiments, qui sont les suites des impressions qu’on a reçues des objets sensibles ont toujours prévalu dans le courant du Monde, personne durant plus de quatre mille ans n’a pu se connaître soi-même. […] Il faut ici parler haut à notre Théologien, et sur son témoignage scandaleux lui déclarer qu’il ne connaît pas assez l’homme, ni les impressions que les objets sensibles font sur nous, pour se mêler de direction.
Or la représentation fait toujours des impressions plus vives que la lecture, comme le dit ce Poète qui a si bien entendu ce que peut la représentation.
Car le Concile d’Agde rapporté par Gratien, ordonne à tous ceux qui sont engagés dans cette profession sainte, de n’aller point aux festins des Noces, et de n’assister à ces assemblées, où l’on chante des chansons d’amour, et où l’on danse ; de peur que les yeux, et les oreilles, que la divine vocation applique aux saints ministères, ne soient souillées par la vue des mouvements qui peuvent laisser des impressions d’impureté, ou par des paroles indiscrètes, et lascives.
Une remarque suffit : si les dehors sont plus décents, et l’extravagance plus cachée, si les impressions religieuses sont plus souvent au fond de l’âme, au lieu de s’exhaler en simagrées, cessez de reprocher à notre siècle les travers qu’il n’a pas, ou de le féliciter insidieusement de ceux auxquels il se livre encore ; cessez de calomnier vos contemporains selon l’usage immémorial de ceux qui profèrent de vaines paroles.
Les filles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur elles que sa piété, qu’elles sont plus touchées de la perte qu’elle fait de son amant, que de celle qu’elle fait de son père, et qu’elles sont plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner. » Il regarde comme impossible, depuis le péché originel l’entière pureté du théâtre, ainsi que des Poètes, parce « que les mauvais exemples plaisent plus que les bons, qu’on a plus d’inclination pour le vice que pour la vertu, qu’on exprime beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les criminelles que les innocentes, et que les Poètes, contre leur intention même, favorisent le péché qu’ils veulent détruire, et lui prêtent des armes contre la vertu, qu’ils veulent défendre, etc. » Sans toutes ces antithèses, ordinaires à cet éloquent et pieux Ecrivain, et qui n’affaiblissent pas la vérité qu’il enseigne, le P. le Moine, Jésuite, dans son Monarque, le P. […] Il n’y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs, la simplicité et la bonté naturelle du peuple, et qui a d’autant plus d’effet que leurs paroles, gestes, mouvements, actions, sont conduits avec tout l’artifice possible, et laissent une vive impression dans l’âme. […] Il est vrai que pour lui personnellement, cela ne lui fait aucune impression, et qu’il n’est occupé que des sons et des accords.
7, soutient que rien n’est plus contraire aux bonnes mœurs que d’assister à quelque spectacle ; que l’ame s’y trouvant séduite par le plaisir, reçoit aisément les méchantes impressions du vice ; & tout Stoïcien qu’il étoit, il avoue qu’il en sortoit plus avare, plus ambitieux, plus porté au plaisir & au luxe. […] que sont donc ces émotions, ces troubles, ces attendrissemens, tant d’autres impressions également vives & touchantes, tant d’autres mouvemens que le cœur éprouve dans le cours d’un spectacle, & qui continuent, & qui reviennent si souvent long-tems après la piece ?
On n'a jamais tant et si peu écrit, si bien et si mal ; tant, à compter les feuilles d'impression ; si peu, à peser la solidité des raisons ; si bien, si l'on ne cherche qu'à cabrioler ; si mal, si l'on désire de s'instruire. […] Il se montre dans l'impression avec une sorte d'appareil ; doit-il paraître avec des haillons ?
« Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions en sont plus faibles, que les effets en sont moins dangereux ? […] Mais si l’idée de l’innocence embellit quelques instants le sentiment qu’elle accompagne, bientôt les circonstances l’effacent de la mémoire, tandis que l’impression d’une passion si douce reste gravée au fond du cœur. [...]
Concluons, qu’on a tort de mettre du sérieux dans un Drame où il y a du plaisant : ces peintures opposées ne sauraient faire aucune impression, parce que l’une détruit nécessairement l’autre.
Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques, n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du Poète, ne font pas une grande impression sur les Spectateurs […]. »bq Il ne fallait pas dire « sur les Spectateurs » mais dire « sur moi », et ne pas conclure de votre insensibilité singulière que tous les Spectateurs soient insensibles : votre allégation d’ailleurs est fausse. […] Je vis l’horreur et l’indignation se peindre sur tous les visages et monter au comble à mesure que la pièce approchait de la catastrophe : toute l’assemblée nous honora de compliments sur l’exécution, et chacun de ces compliments exprimait l’impression que les assistants avaient reçue. […] Comment de jeunes gens, sans habitude au Théâtre et qui ne montraient encore que les dispositions nécessaires pour s’y distinguer un jour, auraient-ils pu faire cette impression sur des auditeurs consommés au Spectacle, et maîtres eux-mêmes du Théâtre, si la pièce n’était une de celles qui toucheraient le cœur le moins sensible, quand bien même on la débiterait comme on lit la gazette ?
Je sais encore qu'il est des mouvements doux et innocents, dont on suit l'impression sans crime, le plaisir de secourir les malheureux, l'admiration des ouvrages de Dieu, la joie de sa présence, l'espérance des biens célestes. […] La vivacité de l'impression fait le plaisir, décide du succès et du mérite, on n'est satisfait qu'à mesure que les blessures sont plus profondes. […] Il est vrai que par ordre du Roi toutes les pièces sont vues et corrigées avant d'être représentées ; mais l'Auteur ajoute que « les Acteurs s'émancipent à représenter ce qui a été effacé, et dans l'impression les Auteurs rétablissent ce qui a été retranché ».
Il n'y a plus d'Autels ni de Sacrifices, si ce n'est pour représenter quelques vieilles Fables, qui font aussi peu d'impression sur nos esprits que les contes ridicules des Fées.
En vérité ces âmes si remplies de la joie du monde ne sont donc pas propres à recevoir ces consolations spirituelles, et les impressions salutaires de ce divin consolateur.
La magnificence du spectacle, la parure des femmes qui s’y trouvent, la parure des comédiennes, la peinture vive des passions qu’on y représente, nommément celle de l’amour, qui règne dans toutes les pièces, sont autant d’objets dangereux qui laissent dans l’esprit et dans le cœur des spectateurs des sentiments de volupté et des impressions qui les disposent peu à peu d’abord au relâchement, ensuite au libertinage.
Nous défendons de joindre à la représentation de ces Tragédies, des Comédies et des Opéra avec des danses qui ne peuvent être qu’une semence de corruption pour une jeunesse capable dans cet âge tendre de toute sorte d’impressions.
J’avoue que la plupart prétendent n’y ressentir aucune mauvaise impression. […] Mais le plaisir qu’ils y goûtent est une preuve qu’ils en éprouvent réellement toutes les mauvaises impressions. […] Ceux-ci reçoivent l’impression de l’amour ; en suivent-ils la regle, qui consiste à n’avoir pour objet que le mariage ? […] Et, par ce prélude, il jugea des funestes impressions de tout le Spectacle de l’Opéra. […] Elles pouvoient donc ne point faire sur le Peuple autant d’impressions qu’on voudroit le faire croire.
Il y a bien de la différence selon Cicéron et Quintilien, entre l’impression que fait la lecture d’un discours, et celle de la prononciation du même discours accompagné du son de la voix et des gestes. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.
La même Réflexion a dû encore faire sentir à tous les Poëtes, que pour le Spectacle destiné aux larmes, il leur falloit choisir les plus tristes exemples des miseres humaines, & non point ces malheurs que cause l’Amour, qui étant imaginaires & volontaires, ne font qu’une foible impression sur les Spectateurs.
Or le rouge qui est à la mode, depuis cinquante ans, & que les hommes même mettent avant que de monter sur le Théâtre1, nous empêche d’appercevoir les changemens de couleur, qui dans la nature font une si grande impression : mais le masque des anciens Comédiens cachait encore l’altération des traits, que le rouge nous laisse voir2.
Le premier essai suffit pour l’ébranler, de manière qu’il congédia sur-le-champ ces habiles artistes ; et, par ce prélude, il jugea des funestes impressions de tout le spectacle de l’opéra.
Disons encore que si les filles sont assez sincères pour nous découvrir leurs sentiments, elles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur leur esprit que sa piété, qu’elles sont bien plus touchées de la perte qu’elle a faite de son Amant, que de celle qu’elle a faite de son Père, et qu’elles sont bien plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner.
Comment ses personages peuvent nous corriger On a souvent demandé, ainsi que je l’ai dit plus haut1, quelle impression pouvaient faire sur nous des Gardes-Chasses, des Savetiers &c.
L'exemple des mondains fait moins d'impression.
Mais jetons un coup d’œil rapide sur les ministres d’une religion austère, sur ceux mêmes qui en suivent extérieurement les préceptes, sur tous ceux qui la font servir à leurs lâches projets, soit pour satisfaire leur envie, soit pour protéger leur ambition, et nous trouverons comme compagnes inséparables de leurs caractères : l’insatiabilité, qui les rend avides de richesses, d’honneurs et de vénération servile ; l’égoïsme, qui les porte à tout faire pour eux-mêmes et à ne rien rapporter aux autres ; insensibilité, qui, après avoir endurci leurs cœurs à la vue des maux qui accablent l’humanité, à l’aspect des souffrances qui précèdent la mort, et que, dans leurs exercices, ils sont appelés à contempler, rend leur âme inaccessible aux douces impressions de la vertu et aux charmes de la sociabilité ; la cupidité, qui les rend sévères pour ceux dont la misère réclame des soins qu’elle ne peut assez récompenser, adulateurs et serviles auprès de ceux à qui les richesses et le faste permettent de faire de nombreux sacrifices.
En vérité, quelles impressions peuvent se faire dans des cœurs, quand ils verront les inclinations les plus terrestres, les attaches les plus Charnelles autorisées par tout ce que l’Antiquité a jamais eu de plus fameux, & la Religion même de plus saint ! […] Et tout cela sur-tout mis en usage pour intéresser le spectateur à l’intrigue d’une passion, pour faire entrer dans l’ame du spectateur la folle passion du héros prétendu que l’on feint enflammé ; & tout cela mis sous les yeux, celui de tous les sens qui fait toujours les plus fortes impressions dans l’ame. Assailli de tant de côtés, tantôt par adresse & tantôt par force, je défie le cœur le plus dur de ne pas se rendre à l’impression de la passion qui est représentée.
cet air de candeur que les impressions du vice, récentes et peu profondes, n’ont pas fait disparoître encore, est un appât de plus pour des hommes blasés et dépravés, avides de ces autres primeurs, et contens de produire, au lieu d’amour, des sensations sans objet. […] Imaginez-vous l’impression que doivent faire sur de jeunes sens leur coëffure printanniere, leurs cheveux parsemés de fleurs et de brillans, leur sein découvert, leur dos nud le médaillon de leur amant, placé sur le cœur. […] Vous voyez l’impression que doivent produire sur des têtes inexpérimentées tant de moyens de séduction réunis.
Je ne vous dirai point ici, mes Frères, que vous privez les pauvres de leur substance, lorsque vous dépensez pour les Spectacles ; que vous perdez un temps dont toutes les minutes sont le prix même du sang de Jésus-Christ, et des moyens de salut ; que vous entraînez par votre exemple, des personnes qui se font peut-être un devoir de vous imiter ; et que, quand même les Spectacles ne vous feraient nulle impression, vous répondez devant le Seigneur du mal qu’ils peuvent causer à ceux qui vous suivent, ou que vous y conduisez. […] S’ils ne vous font point d’impression, c’est peut-être hélas ! […] On peut résister à ces sortes d’impressions lorsqu’elles ne sont qu’un sentiment passager excité par la violence de quelque tentation ; mais quand elles naissent d’une circonstance préméditée ; quand elles ont pour principe et pour mobile une chose aussi réfléchie et aussi combinée qu’un Spectacle, alors l’âme ne peut plus se défendre, et elle finit par douter des vérités les plus certaines.
Est-ce donc que vous êtes aussi insensibles que le marbre, et aussi dur que le fer ; Vous vous allez jeter au milieu d’un feu, et vous vous flattez de cette ridicule pensée, que vous en pourrez souffrir les ardeurs, sans qu’ils fassent la moindre impression sur vous ? […] témoigne que les spectacles faisaient une si forte impression sur son esprit, que quand il y allait, il en revenait toujours chez lui plus porté à l’avarice, à l’ambition, et à la dureté.
Jugez quel ravage doit faire dans une tête qui n’est pas bien ordonnée, (et vous m’avouerez qu’il n’en est pas mal de cette espèce,) un sentiment plus naturel, plus tendre, plus humain, plus analogue à notre cœur, quand un Spectacle où l’on ne néglige rien pour l’ébranler, va le réveiller dans une âme toute disposée à en recevoir les impressions. […] Il y est dit que la Congrégation du Concile tenu à Rome renvoya les Comédiens ; que dans le grand Jubilé de 1701 les Comédiens ayant encore prétendu être absous sans restriction, MM. les Curés de Paris ayant tenu ferme, ils s’avisèrent de présenter une Requête au Pape Clément X, (c’est une faute apparemment d’impression, Clément XI fut élu en 1700 :) dans laquelle rien ne fut oublié ; et que ce Pape ayant fait examiner la Requête, elle fut rejetée, et la discipline des Curés confirmée.
Si l’on appréhende que ces passions dont nous parlons ne fassent impression sur les faibles, il faut leur défendre d’aller à la Comédie, et non point aux autres, ou bien l’on peut inférer dans la Comédie quelques traits forts et vifs qui donnent le dessus à la vertu en condamnant le vice, à l’imitation de Virgile qui ayant dépeint Neptune dans l’impétuosité de sa colère, lui fait prendre ensuite le parti de la douceur, cela se pratique dans beaucoup de Comédies d’à présent ; ou si l’Auteur de la Comédie ne le fait point, le spectateur le peut faire lui-même. […] Il est évident et cela n’a pas besoin de preuves, que la représentation de la Comédie, est bien plus vive et fait beaucoup plus d’impression que celle d’un tableau ; et quand elle est jointe avec toutes les circonstances qui l’accompagnent ordinairement, elle est bien plus dangereuse que ne serait une peinture. […] La seconde, quand il y aurait quelque chose de libre dans le corps de la Pièce, ou dans ce qui la finit, cela ne pourrait rendre la Comédie mauvaise, que par rapport à ceux à qui elle serait une occasion prochaine de péché, et non pas à l’égard de ceux qui vont à la Comédie, sans en recevoir aucune impression, ni sans en remporter aucune mauvaise idée, et qui par conséquent sont hors de danger de péché. […] Elle doit craindre que cette occasion ne l’engage au péché, et ne l’y porte insensiblement ; ou que peut-être ce ne soit un effet de son endurcissement et de l’abandon de Dieu, si elle ne sent pas les méchantes impressions que cette occasion fait dans les autres. […] » Enfin ceux qui prétendent qu’en allant à la Comédie, elle ne leur fait aucune impression, ce que saint Chrysostome ne croit pas, ils doivent bien prendre garde de se tromper : « Que les curieux, dit saint Jean Chrysostome87 , qui ont un empressement pour les Spectacles qui va jusqu’à la folie ; qui disent, nous la regardons à la vérité, mais nous n’en recevons aucun dommage, soient attentifs à ce que je leur dis.
Outre l’impression générale du Spectacle sur la Religion des assistans, les Acteurs ont souvent sur les lévres le langage de l’impiété : il faut des traits hardis pour réveiller l’attention, & pour flatter le goût peu chrétien du siécle ; c’est un moyen sûr d’être applaudi, & d’en imposer aux sifflets du Parterre.
Le Théatre, il est vrai, faisoit souvent usage des enchantemens, & en Grece, & à Rome ; mais les Chrétiens n’y paroissoient pas : ils avoient horreur de la scène, & ses prestiges ne faisoient impressions sur aucun Fidele.
Le Public n’est jamais leur dupe : l’impression met enfin au grand jour les fautes que l’art de l’Acteur dérobait à la vue ; & l’on soutient à peine la lecture d’une Pièce qu’on ne pouvait se lasser d’entendre au Théâtre.
Que vos plaisanteries naissent du fond du sujet ; qu’elles ne soient point trop fréquantes, afin de faire plus d’impression, & d’être mieux senties.
Il y a du mal de l'accoutumer à ouvrir son cœur à des plaisirs dont les impressions font d'ordinaire des plaies profondes et durables ; et de lui former l'esprit à des intrigues où tout est passion.
C’est celle-là, dit Saint Augustin, qui est l’ennemie de la sagesse, la source de la corruption, la mort des vertus : les cinq sens sont cinq ouvertures par où elle prend son cours sur ses objets et par où elle en reçoit les impressions : mais ce Père a démontré qu’elle est la même partout, parce que c’est partout le même attrait du plaisir, la même indocilité des sens, la même captivité et la même attache du cœur aux objets sensibles.
La vue des héros et des héroïnes imaginaires qui viennent y soupirer avec fureur leurs amours criminelles ferait sur votre cœur des impressions qui ne finiraient pas avec la pièce.
Quand même l’effet de cette Pièce serait assuré par rapport au vice de l’avarice ; quand même on supposerait qu’elle doit faire une égale impression sur l’esprit de tous les jeunes gens, (et il pourra s’en trouver plusieurs pour qui l’avarice aura de l’attrait, malgré le tableau affreux qu’on leur en aura présenté) il n’en est pas moins incontestable que le mauvais exemple des deux enfants de l’Avare est un poison mortel pour la jeunesse, devant qui cette Pièce est représentée : les jeunes personnes de l’un et de l’autre sexe n’effaceront jamais de leur esprit ni de leur cœur les idées et les sentiments que les enfants de l’Avare y auront gravés ; et ils s’en souviendront jusqu’à ce qu’ils aient fait l’essai d’une leçon si pernicieuse.
Je comptais d’abord sur une feuille ou deux d’impression tout au plus ; j’ai commencé à la hâte et mon sujet s’étendant sous ma plume, je l’ai laissée aller sans contrainte.
Nous n’osons pas non plus être à vos spectacles, de peur que l’indécence et la profanation qui y règnent ne fassent sur nous de fâcheuses impressions. […] Qui que ce soit ne se plaît à une chose, sans qu’elle fasse quelque impression flatteuse sur lui : cette impression ne saurait être entretenue avec complaisance sans laisser après elle des traces de la même espèce. […] Car ce qui ne fait point d’impression ne fait point non plus de plaisir : et alors il y a du ridicule à se donner de la peine d’aller à un spectacle précisément pour y être spectateur. […] Car, lorsque le cœur est déjà disposé à ces sortes d’impressions, elles s’y font aussi aisément que des empreintes sur de la cire bien préparée. […] Je mets ici à part les intérêts de la conscience et les vues de l’Eternité : quoique ce soient là les objets essentiels, il en est d’autres capables de faire impression sur les femmes.
Est-ce par la crainte d’avouer qu’ils peuvent être bons que vous ne voulez décider de leur valeur que par l’impression qu’ils font sur les Spectateurs. […] L’impression qu’il feroit dépendroit des ombres et; des couleurs sous lesquelles l’Auteur le feroit paroître. […] L’abrutissement, suite inévitable de son intempérance, faisoit plus d’impression sur les enfans que n’en avoit fait sa gaieté passagere. […] Sans difficulté le Théatre de cette ville étant le plus parfait qu’il y ait au monde, c’est lui qui doit indubitablement faire la plus sensible impression sur les Spectateurs. […] Pourquoi ce changement de mœurs ne peut-il s’attribuer aux impressions que l’Edit du Prince a fait sur les esprits ?
Il y aura en cet endroit beaucoup de personnes qui assureront qu'ils n'ont jamais reçu aucune impression mauvaise par la Comédie; mais je soutiens, ou qu'ils sont en petit nombre, ou qu'ils ne sont pas de bonne foi, ou que la seule raison par laquelle la comédie n'a pas été cause de la corruption de leurs mœurs, c'est parce qu'elle les a trouvés corrompus, et qu'ils ne lui ont rien laissé à faire sur cette matière. […] Les anciens, voulant donc instruire les peuples, et la forme de leur culte n'admettant que des sacrifices, et des cérémonies sans aucune exposition, ni interprétation de leur religion, qui n'avait point de dogmes certains: ils les assemblaient dans les places publiques (car ils n'avaient pas encore l'usage des théâtres, qui ne furent même inventés qu'après qu'on se fut servi quelque temps de chariots pour faire que les Acteurs fussent vus de plus loin) et ils leur inspiraient par le moyen des spectacles les sentiments qu'ils prétendaient leur donner, croyant avec raison qu'ils étaient plus susceptibles de recevoir une impression forte, par l'expression réelle d'une personne considérable, que par toutes les instructions qu'ils eussent pu recevoir d'une autre manière plus simple et moins vive.