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77. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Là, un Jupiter adultère qui lance la foudre ; ici, le vrai Dieu qui enseigne la charité & condamne le vice : Jovem adulterantem, Christum charitatem docentem. […] Sur le théatre on aime le vice, parmi nous on aime Dieu : Hîc per castam Susannam, castumque Joseph, mors conteritur, Deus amatur. […] Ce sont des goûts si différens, si opposés ; la piété & le vice, la messe & la scène, les chants de Lulli & les pseaumes de David, l’idole de Dagon & l’arche d’alliance, sont-ils faits pour être unis ? […] Mais il faux pour les goûter que le vice n’ait pas intérêt à écarter les leçons & les exemples de vertu qui le condamnent : Mirabilis Deus in Sanctis suis. […] Dans les grandes villes, où il est le plus brillant, à Paris même, qui est la capitale de la frivolité & du vice, comme elle l’est du royaume, il n’y en a pas la centieme.

78. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Mais les idées du paganisme étaient bien différentes ; les spectacles représentaient les actions, ou plutôt les vices de ses Dieux infâmes. […] Un vrai pénitent ne fait pas plus de grâce à l’idolâtrie du vice : il va, comme Madeleine, arroser de ses pleurs, essuyer avec ses cheveux, embaumer de ses parfums les pieds du Sauveur ; matière, occasion, danger, image, souvenir du péché, il voudrait tout immoler. […] « » Quel triomphe pour le vice ! […] Sortez de Babylone, mon peuple, fuyez ce théâtre, où vous n’entendez que des discours, où vous ne voyez que des exemples de tous les vices. […] On en rougit ; mais au lieu de supprimer le mauvais, et de ne conserver que ce qu’il y avait encore de pieux, on fit tout le contraire, on supprima tout ce reste de religion qui embarrassait la passion, et on mit le vice à son aise.

79. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Mathurine avec Colin s’appellera vice, la Duchesse avec Baron sera la vertu ; le crime avec la houlette sera obscénité, sous le diamant c’est élégance : il est adorable. […] Le vice plaisir d’Elu, séduire au nom de l’Evangile, &c. […] L’amour étoit autrefois croit, la nudité en étoit presque couverte & dégoûtoit en vice. […] Il fait descendre les Dieux de l’Olympe, les Rois de leur Thrône, les Héros de leur Char de triomphe, tous viennent rougir à ses pieds de leurs vices & de leurs foiblesses. […] Il seduit, il entraîne , (Dorat dit vrai, séduire les hommes, les entraîner dans le vice : est-ce un mérite ?

80. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Mais le théâtre ne plaît qu’autant qu’il flatte la corruption : dès que le vice n’en fera plus l’assaisonnement, qui daignera s’y trouver ? […] Monté sur le ton du vice, il ne sera pas si tôt l’Apôtre de la vertu ; le spectacle n’en est pas même susceptible. […] Le Comédien défigure, joue, parodie les choses les plus saintes avec une indécence irréligieuse ; il débite sur la même scène le bien et le mal, la vertu et le vice. […] La mettre sur la même ligne avec le vice, c’est la décréditer, l’égalité du traitement la déshonore. […] On voit de même que les personnages assortis aux caractères réussissent mieux ; un homme emporté prendra mal un ton doux et tendre, un esprit doux et modéré n’est pas fait pour les fureurs d’Oreste, le masque du vice embarrasse la vertu, le masque de la vertu ne sied pas bien au vice : Rien n’est beau, j’y reviens, que par la vérité.

81. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

IL est plus d’une manière dans la société d’instruire les hommes, de corriger les abus, de détourner du vice. Les préceptes peuvent diriger, les récompenses encourager, les menaces intimider, les peines arrêter ; mais un exercice qui, éclairant l’esprit, le formeroit ; qui, touchant le cœur, le corrigeroit ; qui, faisant connoître la vertu, la rendroit aimable ; qui, montrant le vice, en découvriroit la laideur, seroit le plus beau présent qu’on pût faire au public. […] quelles funestes impressions ne font pas des Actrices métamorphosées, l’indécence devenue à la mode, le vice paré de tous les agrémens qu’on lui prête ? […] Pour se conserver l’ame pure de tous vices, dit-il, add. […] Tout en est mauvais & pernicieux ; tout tire à conséquence pour les spectateurs ; & le plaisir même du Comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable & parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs ».

82. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Les petites maisons ou le réveil d’Epiménide, sont une satyre des mœurs de son tems qui ne différent des nôtres que parce que le vice n’osoit pas encore braver ouvertement les loix & la pudeur. […] Des erreurs instructives, des erreurs amoureuses, forment le fonds de ce Roman ; mais nous doutons qu’elles soient instructives, à moins que le tableau du libertinage ne soit matiere d’instructions, & la vue du vice puni, ne fasse naître l’horreur, ce qui n’arrive pas toujours, sous quelque forme qu’on présente le vice, s’il est peint avec chaleur, il réveille nos penchans naturels, & développe le levain caché de nos passions. […] Le vice y est présenté avec la plus grande chaleur de style, d’action, de geste & de parure. […] S’il est vrai que cette Dame ait donné le ton pendant plusieurs années, les progrès du vice ne doivent surprendre personne. […] Il prévient ; ajoute le rédacteur, une infinité de vices que l’oisiveté feroit naître ; c’est lui au contraire qui entretient l’oisiveté, & avec elle tous les vices, & par lui-même encore les fait naître sans elle.

83. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Ce n’est point ici le vice forcé à reconnaître l’empire de la vertu ; c’est la vertu mise aux épreuves les plus cruelles, luttant contre elle-même, triomphante par ses propres forces, et supérieure à l’infortune : il faut lire la scène même, pour en bien concevoir tout le mérite. […] L’Auteur s’est servi du moyen qu’avait imaginé Molière, et son ouvrage est d’autant plus utile à l’humanité, qu’il a attaqué le vice qui lui est le plus contraire, et qu’il l’a combattu avec les seules armes qui pussent lui porter quelque atteinte. […] Gresset, il existe encore des méchants ; mais du moins ils ne font plus vanité de l’être : ils ne sont plus applaudis ; et le vice ne paraît plus sans masque. […] Gresset) qu’on entend le cri de la nature : est-ce ici le vice qui domine ? […] Quelle école pour des enfants en qui le vice n’a pas encore étouffé tout sentiment naturel !

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