Mais il est vrai que les Poètes pratiquent cet artifice de farder les vices en des sujets beaucoup plus pernicieux que celui-là. […] Que s'il n'est pas permis d'aimer les vices, peut-on prendre plaisir aux choses qui ont pour but de les rendre aimables ?
toutesfois pource qu’ilb n’y a pas faute de gens délicats, favorisant et soutenant les vices, et leur donnant autorité, voire qui pis est, abusantc de l’autorité des saintes et divines écritures, pour soutenir les vices, comme si ce ne fût point mal fait se trouver aux Spectacles publics pour se récréer (car la vigueur de la discipline ecclésiastique est tellement abâtardie et écouléed, et déchoit si fort de mal en pis, qu’il n’est plus jàe question d’excuser les péchés, ainsf de les approuver et avouer.) […] Car c’est détourner les paroles et exemples, qui nous sont proposés pour nous exhorter à la vertu Evangélique, à soutenir et défendre les vices : pour ce que ces choses-là ne sont pas écrites, afin de les aller voir ès spectacles, ains pour exciter de plus en plus nos esprits et entendements, d’être plus diligents ès choses profitables, puisque les Ethniquesl le sont tant ès choses qui ne leur apportent aucune utilité. […] Que fait un fidèle Chrétien entre ces choses, auquel il n’est pas loisible même de penser aux vices ? […] Les fidèles Chrétiens (comme nous avons dit par plusieurs fois) doivent fuir tous tels Spectacles tant frivoles, tant dommageables et sacrilèges, et garder diligemment nos yeux et nos oreilles : car nous nous accoutumons bien aisément aux vices, desquels nous oyonsak parler. […] Car vu que l’esprit de l’homme s’adonne de soi-même à vices et péchés, que fera-t-il s’il a des exemples d’une nature corporelle glissante, et facile à tomber ?
S’isolant de son siècle, il attaqua sans pitié les vices et les travers de la société partout où il les trouva. […] Avouons-le ; la comédie est bien rieuse pour en imposer aux vices que contiennent à peine le sombre appareil des cours d’assises et l’exécuteur de leurs sentences ; Molière le sentit, et quand il attaqua le plus hideux de tous, l’hypocrisie, il quitta le persiflage. […] Les grands eurent leur tour, et furent mis en scène chargés de leurs vices, de toute leur immoralité, percés des traits malins de Figaro. […] Des monstres, et des actions atroces qui nous peignent les mœurs du bagne et l’audace des brigands, sans qu’un seul personnage vertueux vienne partager l’intérêt du public, et en rendant le vice odieux rehausser l’éclat des vertus. […] Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et fuir la difformité ; c’est là proprement, le but que tout homme qui travaille pour le public, doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose.
Tertulien, celui de tous les Peres qui a le plus écrit contre les Spectacles, & l’un des premiers en date, se borne, il est vrai, jusqu’au quatorziéme Chapitre de son Livre, à l’idolâtrie où l’on tomboit en se mêlant avec les Spectateurs ; mais à la suite il démontre le vice du Théâtre indépendamment des superstitions payennes dont il étoit pour lors infecté. […] Les Romains qui copioient les vices des peuples, à mesure qu’ils les subjuguoient, suivirent avec empressement ces nouveaux Habitans de l’Etrurie, & dans leurs représentations ils ont fait entrer des circonstances relatives aux grands événemens : le Théâtre leur rappelle, tantôt le massacre de Remus tantôt l’enlevement des Sabines. […] Saint Cyprien dans son Traité des Spectacles, trouve pareillement en leur nature un vice radical ; il n’est pas possible d’y assister sans renoncer à la foi chrétienne. […] nous représentons sur le Théâtre les fureurs de Medée, les vices d’un grand nombre de personnes que l’on métamorphose en Héroïnes ou en Héros, sans aucun égard pour la raison qu’elles n’ont jamais respectée : nous récréons notre esprit par la méditation de leur sceleratesse ! […] Rien en effet, ajoute-t-il1, n’est plus funeste à l’intégrité des mœurs, que le Théâtre : le vice s’insinue avec le plaisir dans le cœur, & l’on se pervertit en se divertissant.
Cet assemblage ravit, étonne, corrompt ; c’est l’autel du vice, l’abomination de la désolation dans le sein du Christianisme, l’abjuration des promesses du baptême, le plus dangereux écueil de la vertu, les pompes même & les œuvres du démon. […] Luxe opposé à la pauvreté, mondanité à la simplicité, mollesse à l’austérité, amour profane à la pureté ; toutes les vertus s’y cachent, tous les vices s’y déploient. […] Il le loue comme d’une des belles actions de sa vie, d’avoir chassé de son royaume tous les Histrions, moins dangereux alors, moins mauvais qu’ils ne le sont aujourd’hui, d’où naît un débordement de vices. […] C’est là où le Démon forge les traits de feu qui enflamment la convoitise, & où la mort entre par tous les sens ; où l’on apprend le crime en le voyant ; où l’image des choses qu’on représente, fait de malheureuses impressions qui ne s’effacent presque jamais ; où une intrigue d’amour, de vengeance, ou de quelque autre passion, représentée avec adresse, est une amorce pour le même vice ; où les plaisirs qu’on goûte en voyant les ressorts que le péché met en œuvre, devient un appât pour le commettre. […] Tous les examens de conscience, toutes les préparations à la pénitence, à l’Eucharistie, tous les détails de vices, les tableaux du monde & de ses pompes, du démon & de ses tentations, de la chair & de de ses penchans, mettent la fréquentation du théatre au nombre des péchés & des obstacles à la réception des sacremens.
Le premier perd son royaume, & par ses vices & ses foiblesses mérite de le perdre ; le second en fait la conquête par son courage & sa bonté. […] Toutes ces momeries, loin de masquer ses vices, leur donnoient de l’éclat & du ridicule ; on ne l’appeloit que Frère Henri. […] Une Actrice qui peint la galanterie, fût-elle la plus chaste du monde (ce qui est impossible), du moins dans le moment qu’elle prend les apparences du vice n’est pas modeste. […] L’opulence où le vice les fit vivre, fond entre leurs mains, évanouie en parures & en fêtes, & passant dé leurs têtes chez le frippier, à peine sauvent-elles des débris de leurs graces de quoi acheter des haillons. […] Il n’y a ni bizarrerie ni ridicule à être modeste ; le déshonneur n’est que dans le vice, & l’honneur dans la vertu.
26) comme il peut & doit l’être, rend la Vertu aimable, & le vice odieux. […] Rendre les vices odieux, n’est pas dégrader l’humanité, si le Comédien est honnête Homme. Dois-je mépriser l’Evangile parce qu’un scélérat prêche les Vertus, & qu’il pratique le vice qu’il vient de vespériser ? […] Les vices attachés à l’humanité sont de chaque état. […] L’habitude du vice & du crime ne diffâme-t-elle que le petit peuple ?