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376. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

Vous n’en retranchez pas seulement la partie la plus noble, la plus parfaite, et la plus essentielle qui est l’Amour de Dieu sans lequel la charité ne peut être une vertu Chrétienne ; mais vous donnez à l’amour du prochain qui est le seul qui reste sous votre Symbole fabuleux, des bornes si étroites et si resserrées, qu’il est plus propre à représenter un Chirurgien de Village ou un Saltimbanque, que la charité d’un Prélat de l’Eglise.

377. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

« Au reste, mes frères, tout ce qui est véritable : tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, (selon le grec) u , tout ce qui est chaste, tout ce qui est pur) tout ce qui est aimable, tout ce qui est édifiant : s’il y a quelque vertu parmi les hommes, et quelque chose digne de louange dans la discipline ; c’est ce que vous devez penser » : tout ce qui vous empêche d’y penser, et qui vous inspire des pensées contraires, ne doit point vous plaire, et doit vous être suspect.

378. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIII. Première et seconde réflexion sur la doctrine de Saint Thomas. » pp. 82-84

Mais afin que la conclusion soit légitime, il faudrait en premier lieu qu’il fût bien certain, que sous le nom d’« histrions », Saint Thomas eût entendu les comédiens : et cela, loin d’être certain, est très faux ; puisque sous ce mot d’« histrions », il comprend manifestement un certain joueur : joculator, qui fut montré en esprit à saint Paphnuce, comme un homme qui l’égalait en vertu.

379. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Martial se moque agréablement d’un homme sage qu’il a rencontré dans l’amphithéâtre : ce lieu n’étant point le séjour de l’innocence et de la vertu, la sagesse d’un Caton aurait bien de la peine à s’y soutenir.

380. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Il est vrai que le Clergé, soit Séculier ou Régulier, n’est pas un léger obstacle aux prétentions des Poètes : par le ministère sacré la Religion se conserve, les vérités éternelles se perpétuent et la vertu se soutient. […] Vous n’avez point assez de cœur pour pratiquer hautement la vertu ; encore que vous vous ingériez de la prêcher aux autres. […] Ne semblent-ils pas appréhender qu’il ne reste dans l’univers quelque réduit où le Souverain Etre soit adoré, la vertu pratiquée et le vice craint ? […] Maron était Prêtre d’Apollon, et fut épargné par respect pour son ministère : il fit des présents en or en argent et en vin à Ulysse, lequel parle avec éloge de Maron ; de sa naissance, de sa vertu et de sa sagesse. […] Au septième de l’Æneïde, Virgile nous donne comme une liste des Princes et Officiers généraux qui vinrent au secours de Turnus, et il dit entre autres :  « Quin et Marrubia venit de gente Sacerdos Archippi Regis missu fortissimus Vmbro. » Le Poète loue ce Prêtre et pour son courage, et pour ses belles connaissances : Umbro avait le secret de calmer les passions, et d’empêcher les effets du poison par le moyen des plantes dont il connaissait parfaitement la vertu : sa mort laissa de grands regrets à sa patrie qui lui fit de pompeuses funérailles.

381. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Là, c’est un Dieu qui commande au néant, une seule de ses paroles suffit pour créer le monde ; ici, c’est l’homme rébelle, chassé du Paradis, déchu de sa gloire primitive, les ténébres de l’ignorance ont inondé son esprit, la corruption s’est glissée dans son cœur ; la plus excellente Créature qui vive sur la terre, est dominée par les êtres inférieurs qui sont chargés de le punir ; on lui promet un Redempteur dont la grace anticipée est accordée à tous les hommes, on assure un prix immortel à la vertu, & l’on ménace les impies d’une peine qui n’aura point de fin. […] Avec eux descendront dans l’abîme, les sages, selon le monde, la vanité ayant corrompu leurs vertus ; puis les Philosophes orgueilleux qui contestent au Tout-Puissant l’Ouvrage de la Création ; qui blasphément contre la Providence, assurant que les choses d’ici-bas ne dépendent point de Dieu, & que le monde est venu par hazard, & s’en retournera de même. […] Vous avez dû sentir tout le vice & le danger de votre état ; c’est un scandale perpétuel que la vie d’un Comédien ; quand on supposeroit en lui la probité, la bienseance, toutes les vertus qui plaisent dans le monde, elles composent un édifice sans fondement.

382. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Le genre de la plaisanterie enfante de nos jours des piéces, où le désespoir gémit, où l’Amour & la Vertu répandent des larmes. […] Les Grecs, qui conservèrent leurs vertus jusqu’à l’instant de leur esclavage, ne s’attachèrent qu’au Tragique ; ils y chèrissaient l’image de leur fierté, & des Héros qu’ils imitaient. […] L’amour qu’il ressentit pour les Lettres lui fit engager Louis XIV. à les chérir ; il sut démêler dans l’âme de ce Prince un penchant qu’on aurait peut-être toujours ignoré : souvent les vices & les vertus des Rois sont l’ouvrage de leurs Ministres.

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