Ainsi cette idée métaphysique d’en faire une école de vertu s’évanouit dans le pays des chimères. […] Non : ils ne prétendent pas faire une école de vertu, & ne pensent qu’à plaire. […] On les corrompt en donnant des vices, & en détruisant la vertu. […] Le Saint le plus durci dans les travaux, le plus aguerri dans les combats, n’ose point s’y exposer, & une vertu naissante, des gens sans vertu, déjà vaincus par les ennemis qu’ils cherchent, s’y soutiendroient ! […] Tel fut sans interruption le cri de la sagesse & de la vertu.
Là il aiguise ses flèches, Scintille mille flammèches, Rend mille cœurs abattus : Là il montre que ses armes Prennent forces dans les charmes De vos célestes vertus. […] Minerve tient la pensée La vertu l’âme enlasséeb, Les amours rient en l’œil, La troupe divine ensemble En ce bel esprit assemble Les clartés de ce Soleil. […] Ce feu saint, l’honneur des Vestales, Echauffe les âmes Royales, Des vertus qui la font aimer : Et comme la lampe divine, Qui brillant, éclaire, illumine Elle reluit sans consommer. […] [NDE] Comprendre : Minerve tient la pensée enlacée, la vertu tient l’âme enlacée.
Quelle école, qui mène à la vertu par le crime ! […] Et en venant d’applaudir au Tartuffe, comme à une piece qui enseigne la vraie vertu & démasque la fausse, on fera brûler Buzembaum ! […] Du moins est-il certain que la vertu qui se couvre des livrées du vice, se détruit elle-même & cesse d’être vertu, & que dans la société l’hypocrisie est moins pernicieuse que le vice déclaré. […] Pour bien instruire, il ne faut qu’indiquer légèrement le mal, & donner des leçons & des exemples de vertu. […] Il mêle avec une sorte de sacrilège le sacré & le profane, en appliquant au vice les expressions consacrées à la vertu.
Quelle vertu ! […] La honte, la proscription du théâtre le suivirent dans son plus grand triomphe sur la vertu. […] Mais, dans le fond, que peuvent être, pour la vertu, les auteurs du théâtre italien, de la foire, des parades, &c ? […] La vertu ne plaida jamais la cause du vice. […] Y voit-on ce qui, dans tous les états, édifie par la vertu & la fidélité à ses devoirs ?
Quel mélange de corruption et de vertu ! La passion d’amour, soit qu’on la montre du côté du vice ou du côté de la vertu, ne corrigera jamais, si elle s’écarte de la nature. […] La passion de Ladislas naît du vice et non de la vertu : telle était la licence de la Scène du temps de Rotrou ; mais les Poètes tragiques depuis lui ont toujours fait ou tâché de faire croire aux Spectateurs que l’amour dans leurs Tragédies était enfanté par la vertu. […] La fermeté et la vertu de la Duchesse (qui a horreur d’un tel Amant) produisent dans Ladislas le changement qui le réduit à la demander pour épouse. […] Si l’amour condamnable de Ladislas reçoit le salaire qui lui est dû, la vertu de Cassandre n’est point exempte de reproches, et ne peut servir de modèle, parce que le Poète n’a pas donné à cette vertu la pureté et l’éclat nécessaire pour la rendre digne d’être admirée et d’être imitée.
Le quiétiste, content de jouir de sa propre fermeté, ne met pas à l'épreuve la vertu des autres, ne remue pas leurs passions ; le théâtre est plus zélé, il travaille à remuer, à flatter les passions de tout le monde. […] Est-il permis de goûter des sentiments de vanité, d'envie, de vengeance, de haine, de révolte, d'impiété, de se jouer de la vérité, de la vertu, de l'offense de Dieu et de la transgression de ses lois ? […] Les passions théâtrales sont si inutiles à la vertu, qu'elles ne produisent pas même dans l'occasion l'effet qui leur est propre, et qu'elles en produisent de tout contraires. […] Quoi donc, ce théâtre si vanté pour la correction des mœurs et la réforme des passions, ne donne que des vertus idéales, et anéantit les vertus réelles ! […] Si favorablement prévenu, si délicieusement affecté, condamnera-t-il dans l'occasion ce qu'il vient d'applaudir, discernera-t-il le corps d'avec masque, ne prendra-t-il pas les vices pour des vertus ?
, que je crains que leur probité ne soit de celles des sages du monde qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent avoir rempli tous les devoirs de la vertu lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs passions et à leurs plaisirs. […] Mais ce sont gens, dit l’auteur,« d’une éminente vertu »Page 35. [« Lettre d’un théologien », page 35]. […] Qu’il est heureux d’en trouver tant sous sa main et que la voie étroite soit si fréquentée : « Mille gens, dit-il,i d’une éminente vertu et d’une conscience fort délicate pour ne pas dire scrupuleuse, approuvent la comédie et la fréquentent sans peine. ». Ce sont des âmes invulnérables qui peuvent passer des jours entiers à entendre des chants et des vers passionnés et tendres sans en être émus : et des gens d’une « si éminente vertu » n’écoutent pas ce que dit saint Paul : I.