Cette sorte de délassement n’est ordinairement recherché que par les personnes désœuvrées, qui n’ont aucun besoin de recréation, n’étant épuisées par aucun travail ni de corps ni d’esprit, qui ne cherchent dans l’Amphithéâtre qu’un changement de plaisir, un moyen de passer le tems ; elles consument en ce vain exercice un tems précieux, dit Saint Jean Chrysostome1, mais dont leur vie frivole est toujours fort embarrassée.
J’avertis que la dernière, inventée par les modernes, éxige un art & un travail infini.
Les Ministres des autels sont-ils faits pour de pareils travaux ?
Outre cela Horace l’accuse de ne point aimer le travail, quand il se met à écrire, & de craindre d’effacer, metuitque lituram.
Que s’il y a quelque gloire à bien faire des Comédies et des Romans, comme il y en peut avoir en mettant le christianisme à part, et à ne considérer que cette malheureuse gloire que les hommes reçoivent les uns des autres, et qui est si contraire à l’esprit de la foi, selon les paroles de Jésus-Christ, l’auteur des Hérésies imaginaires ne veut point la ravir à ceux à qui elle est due, quoiqu’à dire vrai, cette gloire consiste plutôt à se connaître à ces choses, et à être capable de les faire, qu’à les faire effectivement : elle ne mérite pas qu’on y emploie son temps et son travail ; et s’il était permis d’agir pour la gloire, ce n’est pas celle-là qu’il faudrait se proposer.
Les continuelles émotions qu’on y ressent nous enivrent, nous affaiblissent, nous rendent plus incapables de résister à nos passions, détruisent l’amour du travail, découragent l’industrie, inspirent le goût de subsister sans rien faire.
On sait que Quinault & Lamothe ont baigné de leurs larmes les lauriers qu’ils devoient plus au génie qu’au travail.