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54. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Il a résulté de ces disputes un fonds d’indulgence & de doute sur une vérité reconnue depuis dix-sept siécles, dans tout le monde Chrétien, & même parmi les payens. […] Tout le monde fut dans la derniere surprise, qu’un Prêtre, un Religieux recommandable par son zéle, sa science & sa piété, Professeur de Théologie dans un ordre aussi Régulier, & aussi édifiant que les Théatins, donnat de pareilles instructions à ses Ecoliers, destinés à prêcher & à confesser, & les répandit dans le public, qui ne pouvoit qu’en abuser. […] Les dignités & les richesses remplissant rarement la chaire ; ce trait pouvoit tomber sur Mr. de Harlai, qui prêchoit quelque-fois avec 100000 liv. de rente ; mais il n’étoit pas Tartuffe ; tout le monde le connoissoit. […] Il condamne absolument la comédie avec cette éloquence que tout le monde lui connoit. […] Des troupes innombrables de Comédiens & de Comédiennes, formés, agguerris, exercés, qui font dans l’état un corps établi, une profession décidée, qui ont des bâtimens magnifiques, des revenus fixes, des richesses considérables, des troupes de gens constamment sans mœurs, sans Réligion, sans décence, qui passent leur vie dans la débauche, & y entretiennent ceux qui les fréquentent ; des armées de libertins, de gens frivoles, qui vont y perdre leur tems, leur argent, leur santé, leur conscience : des armées de coquettes ; des femmes mondaines qui vont y offrir leur cœur & leur charmes, & tendre des piéges à tout le monde.

55. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

C’est pour contenter tout le monde. […] Bouhours, Maniere de bien penser, qui d’ailleurs louoir le talent de Moliere, blâmoit avec raison les exagérations grossieres & gigantesques, communes dans ses pieces, par exemple, dans l’Avare qui a perdu sa cassette : Je n’en puis plus, je me meurs, je suis mort, le suis enterré, n’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter ; je veux faire pendre tout le monde, & me pendre moi-même après ; montre-moi ta troisieme main , &c. […] Dubois, for mauvais Acteur, vouloit du moins passer pour excellent Juge des pieces de théatre ; il avoit en effet cette réputatiou, tout le monde en étoit surpris, personne ne voyoit sur quel titre elle étoit fondée. […] La fête qui se célebre tous les ans à Salenci, la Rose dont on couronne la fille la plus sage de la paroisse, a été applaudie de tout le monde, & chautée par les Poëtes. […] Un nombre infini de personnes se rendent à un lieu marqué ; personne ne s’y connoît tout le monde est masqué, chacun à son gré, de la maniere la plus bisarre, la plus grotesque, la plus extravagante qu’il a pu imaginer.

56. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Ceux que nous proposons ici pour modèle, parlaient dans des actes publics qui étaient vus de tout le monde, et ils ne faisaient point de difficulté d’y témoigner que ce qui causait leur joie dans2 l’Election de leur Pasteur était qu’il avait autant de mérite que celui qui venait de leur être enlevé, et qu’ils espéraient de retrouver dans le Successeur le même avantage qu’ils venaient de perdre avec le défunt, « Ut quidquid boni in illo amisimus, in hoc nos invenire indubitabiliter confidamus.

57. (1731) Discours sur la comédie « Lettre à Monsieur *** » pp. -

Je ne puis vous exprimer le plaisir que cette Lettre m’a donné : car outre que tout le monde doit être édifié des sentiments humbles et chrétiens dont elle est pleine, je vois avec joie que quelques mots un peu trop forts qui m’avaient échappé dans les Discours ne tombent que sur un Fantôme, et sur un Auteur inconnu, qui pour défendre la Comédie, s’est servi mal à propos du nom ou du moins des qualités d’un Prêtre et d’un Religieux tel que le R.

58. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

On entend de loin des coups de fusils, qui, joins à l’air embarrassé des acteurs, parut un coup de théatre si naturel, que tout le monde y applaudit. […] La même chose arriva à Antioche : les Perses en embuscade saisirent le temps où tout le monde étoit au théatre, entrerent sans peine, & prirent la ville que le théatre avoit rendue sans défense. […] Baile, qui en cite un pareil sans le rapporter, le suppose, dans le commentaire du saint sur la Politique d’Aristote, & tout le monde sait que dans ces sortes d’ouvrages un traducteur, un commentateur explique la doctrine de son auteur sans l’approuver.

59. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

L’Eglise a longtemps caché les mystères eucharistiques, et garde encore un silence mystérieux au canon de la messe ; elle n’a jamais approuvé qu’on mît l’Ecriture sainte entre les mains de tout le monde par des traductions en langue vulgaire. […] Mais indépendamment de ces raisons générales de sagesse, ceux-mêmesj qui voudraient le plus accorder à tout le monde la lecture des Ecritures, doivent convenir qu’elle n’est pas faite pour le théâtre ; que c’est la défigurer, l’avilir, la déshonorer ; que bien loin d’en faire la nourriture de l’âme fidèle, on en fait l’amusement de la frivolité, souvent du vice et de l’impiété ; qu’au lieu de servir à la sanctification des fêtes, elle en devient la profanation ; que les Pères, en conseillant cette lecture aux âmes bien disposées, n’ont jamais entendu qu’on dût la livrer au parterre, la couper en actes, la cisailler en scènes, la travestir en comédies, la faire jouer par des hommes et des femmes sans mœurs, avec des habits, des gestes, des discours pleins de mollesse et de dissolution. […] Tout cela ne fût-il dangereux que pour un petit nombre de personnes faibles, devrait-on souffrir ce scandale public donné sans discernement à tout le monde ? […] Elle qui n’envisage que Dieu, qui se dit sous la protection des Anges, à qui Dieu même rend témoignage, que tout le monde regarde avec vénération, fait dépendre son honneur de la présence d’un amant qui ne ferait plutôt que la déshonorer.

60. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Tout le monde sait sa maligne équivoque, lorsque la défense étant venue au moment qu’on allait commencer, Molière s’avançant sur le théâtre, dit : « Nous allions vous jouer le Tartuffe, mais M. le premier Président ne veut pas qu’on le joue. » Trait le plus insolent et le plus injuste, dont tout le monde fut indigné. […] Tout cela arrive en effet sur le théâtre, où l’Auteur et l’Acteur, très ignorants en théologie, et la plupart sans religion, épuisent leur adresse à fondre Baile dans les scènes, faire valoir ses difficultés, et affaiblir les réponses, qu’ils donnent pour les seules ; et en dégageant l’impiété du sérieux ennuyeux des livres, ils la mettent à portée de tout le monde, et pour la faire boire à longs traits, la parent des grâces de la poésie et de l’action. […] Personne sans doute n’adore Jupiter ; mais tout le monde apprend à ne plus croire, aimer, adorer Jésus-Christ.

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