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108. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Mais vous le savez : Predicateurs dans la chaire, Directeurs dans le tribunal de la penitence, Docteurs dans les Ecoles, Pasteurs des Ames, Ministres des Autels tiennent tous encore le même langage, & se trouvent apuyez de tout ce que l’Eglise a de vraïs Enfans, & de vraïs Fidéles. […] je l’ai dit : quelques mondains, c’est-a-dire, un certain nombre des gens libertins, amateurs d’eux-mêmes ; & idolátres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur Salut, de femmes vaines, dont toute la science se reduit à une parure, dont tout le desir est de paroître, & de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le tems, & de se tenir en garde contre l’ennemi qui les surprend, dès que l’amusement leur manque, & qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche a se nourir & a s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir & pour l’éteindre.

109. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VII. De ceux qui sont aux autres occasions de ruine, et de péché. » pp. 30-32

Car cette doctrine qui est rapportée par Angélus et par Sylvestre, est véritable et constante, que si quelqu’un fait quelque action, qui ne soit pas mauvaise de sa nature, et même que tout le monde puisse faire licitement, prenant la chose en elle-même ; si toutefois dans la condition présente du temps, et à cause de la corruption, et dépravation des mœurs, cette même action, qui de soi serait innocente, est devenue une cause, ou une occasion de mal, et de péché, il est tenu de s’en abstenir ; et s’il ne le fait pas, il offense Dieu.

110. (1731) Discours sur la comédie « a tres-haut et tres-puissant seigneur, monseigneur louis-auguste d'albert d'ally, duc de chaulnes, pair de france. » pp. -

MONSEIGNEUR, Les faveurs que je tiens de votre protection, m’ont engagé à vous dédier cet ouvrage.

111. (1675) Traité de la comédie « VI.  » pp. 280-282

Si donc les personnes qui vivent dans la retraite et dans l'éloignement du monde, ne laissent pas de trouver de grandes difficultés dans la vie chrétienne au fond même des Monastères ; s'ils reçoivent des atteintes du commerce du monde, lors même que c'est la charité et la nécessité qui les y engagent, et qu'ils se tiennent sur leurs gardes autant qu'ils peuvent pour y résister : quelles peuvent être les plaies et les chutes de ceux qui, menant une vie toute sensuelle, s'exposent à des tentations auxquelles les plus forts ne pourraient s'empêcher de succomber ?

112. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Les Duchesses de Longueville & de Chevreuse, la Princesse Palatine seroient capables de renverser dix États ; il est vrai, répondit le Ministre Espagnol, que je suis fort heureux que les femmes ne se mêlent point eu Esp gne des affaires d’État, elles y gâteroient tout, comme elles font en France ; c’est une des raisons pour lesquelles on les tient si enfermées, la raison d’État y a autant de part que la jalousie. […] A Milan ce droit est affermé à l’Entrepreneur du thêatre ; deux entreprises fort analogues, mais afin que les droits impériaux ne soient point fraudés, & que le théatre qui occasionne tous les vices, y conduise bien des joueurs, ils ne peuvent être joués que dans des salles qui y sont destinées, & qui tiennent au théatre, elles ne sont ouvertes que quand le théatre est ouvert. Ces deux pieux exercices se donnent la main, il y a des salles pour la noblesse, & d’autres pour la bourgeoisie, on y peut venir en masque, on y peut même tenir la banque au moyen d’une somme dont on convient avec l’Entrepreneur, qui sans scrupule tire parti de tout, & l’Impératrice qui augmente d’autant sa ferme. […] Les jeux de hasard par-tout défendus & si pernicieux à la société, sur-tout d’en tenir banque, sont si permis que le Prince en fait trafic, & moyennant une femme convenue avec les fermiers, tout devient légitime. […] Les mêmes loix du Digeste décident, que si quelqu’un a son logement dans une maison, il ne peut y tenir des personnes de mauvaise vie ; qu’on peut renvoyer, même avant terme, une femme locataire qui vit dans la débauche ; qu’on peut même la faire chasser de son voisinage ; qu’on ne peut vendre une esclave pour en faire cet usage, &c.

113. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Mais toute passion qui ne tient point à ce caractère général, est livrée à la censure du théâtre. […] Car les mœurs nationales tiennent à la constitution politique ; et celle-ci fût elle mauvaise, tout citoyen doit concourir à en étayer l’édifice, en attendant qu’il soit reconstruit. […] Je m’en tiens à l’exemple que M. […] Au lieu qu’une âme froide et légère ne tient à rien, et cède à un souffle ; elle oublie la vertu qu’elle n’aime pas, pour un vice qu’elle n’aime guère, et se perd sans savoir pourquoi. […] L’un tient à l’autre, me dira-t-on : point du tout ; car le rôle de Zaïre attendrit également les deux sexes.

114. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Le théatre d’Italie, quoique très-inférieur à ce qui fut depuis la scéne Françoise, (sur-tout depuis que Voltaire en tient le sceptre,) pouvoit être comparé à la scéne Grecque. […] l’Illiade-même est au-dessous du Tasse  ; (oh pour le coup, on n’y peut tenir ! […] Une preuve plus forte que les Cours étrangeres se servent de ceux qui sont en credit, c’est que Rizzio étoit pensionnaire du Pape : cette calomnie tient du délire : les Papes n’ont point de pensionnaires dans les Cours étrangeres. […] Un Chrétien ne tient pas ce langage. […] Le vice intéressé à se ménager quelque excuse, à se donner quelque relief, peut seul tenir ce langage indécent ; la vertu ne se trouva jamais dans le vice, la grandeur dans la corruption.

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