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144. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Sera-t-il temps alors d’arrêter l’embrasement ? […] Excès dans le temps qu’on y emploie, excès dans la dépense qu’on y fait, excès dans l’attachement et l’ardeur avec laquelle on s’y porte, tout cela contraire aux regles de la vraie piété et aux maximes éternelles de la loi de Dieu. […] Cependant d’un excès on tombe dans un autre ; excès dans le temps que l’on perd au jeu, et excès dans la dépense qu’on y fait. […] excès, non-seulement dans le temps qu’on y emploie et dans la dépense qu’on y fait, mais dans l’attachement et l’ardeur avec laquelle on s’y porte. […] Fions-nous à leur parole, ou plutôt confions-nous en la parole de notre Dieu, qui s’est engagé à faire, si nous le voulons, tout notre bonheur, et dans le temps, et dans l’éternité, où nous conduise, etc.

145. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Nous avons dit et justifié clairement dans la Pratique du Théâtre, que la Comédie et la Tragédie commencèrent par les Danses et par les Chansons qui furent faites dans Icarie, l'un des Bourgs d'Athènes, à l'entour d'un Bouc qu'Icarius avait tué comme l'ennemi de Bacchus, au milieu d'une Vigne, dont il gâtait et mangeait les fruits ; et cette cérémonie s'étant ainsi continuée durant quelque temps, passa dans sa Ville et sur les Théâtres, et fut appelée Tragédie, du nom du bouc que l'on y sacrifiait à Bacchus ; ce qui dura plusieurs siècles, jusqu'à tant que Thepsis, pour donner quelque repos au Chœur de Musique, y inséra un Acteur qui récitait quelques Vers, et Eschyle y en mit deux ; et ces récits s'éloignant peu à peu des louanges de Bacchus, ses Prêtres en firent de grandes plaintes, n'ayant pu retenir les Poètes, qui par ce moyen plaisaient au peuple. […] dit qu'elle commençait toujours par l'honneur des Dieux, et que c'est un sentiment de Religion de nommer le Théâtre un Temple ou un Sanctuaire et la procession qui se faisait dans Athènes aux Bacchanales pour sacrifier à Bacchus le Bouc dont on avait honoré le Poète vainqueur en la dispute de la Tragédie, était estimée si religieuse, que Plutarque se plaint de ce que la pompe orgueilleuse de son temps avait corrompu la simplicité de son origine ; Car il n'y avait au commencement qu'une cruche pleine de vin, et un cep de vigne au-devant du Bouc, suivi de celui qui portait une corbeille pleine de figues, avec quelques marques de l'impudence de cette superstition ; mais par le cours des années la pompe en était devenue si superbe, que sans s'arrêter aux vieilles cérémonies, on y voyait une infinité de gens masqués, grand nombre de vases d'or et d'argent, de riches habits et des chariots magnifiques, dans la croyance qu'ils honoraient ainsi plus dévotement que leurs aïeux cette Divinité chimérique : Et comme l'institution et la célébration de Jeux du Théâtre n'avait point d'autre fondement que la dévotion des Païens envers leurs Dieux, ils y ont presque toujours représenté leurs personnes, et les miracles qu'ils avaient faits. […] Ce qui nous découvre que tout ce qui se faisait dans le Théâtre, et tout ce qui s'y disait touchant les faux Dieux, était des actes de révérence : Et cette considération a fait dire à un savant de notre temps, que les Païens ont eu trois Théologies, celle des Prêtres dans leurs Temples, celle des Philosophes dans les Écoles, et celle des Poètes sur les Théâtres. […] « Sors que vous êtes, je représente un furieux. » Mais sans rechercher d'autres preuves de l'usage religieux des Tragédies et des Comédies, il leur faut attribuer toute la superstition des autres Spectacles ; Car quand les Auteurs écrivent que les Jeux de Théâtre étaient donnés au peuple par les Magistrats, et qu'ils n'en désignent point quelque espèce particulière, il y faut presque toujours comprendre les représentations des Poèmes Dramatiques, qui n'en furent guère séparées dans les derniers temps, et les témoignages des bons Auteurs que nous rapporterons dans la suite de cette Dissertation, autoriseront encore ces vérités.

146. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

 » « Cette maxime est barbare et fausse ; tant pis si le peuple n’a de temps que pour gagner son pain, il lui en faut encore pour le manger avec joie. […] me souviens d’avoir été frappé dans mon enfance d’un spectacle assez simple, et dont pourtant l’impression m’est toujours restée, malgré le temps et la diversité des objets. […] Après avoir restéh quelque temps encore à rire et à causer sur la Place, il fallut se séparer ; chacun se retira paisiblement avec sa famille, et voilà comment ces aimables et prudentes femmes ramenèrent leur maris, non pas en troublant leurs plaisirs, mais en allant les partager. [...] […] Rousseau a dit à la page 14. « Tout amusement inutile est un mal pour un être dont la vie est si courte et le temps si précieux.

147. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

On s’y occupe presque toutes les Fêtes, même publiquement, et à la campagne, et dans les villes ; et ce qui est plus insupportable, c’est dans ce saint temps, qui est depuis la fête de Noël jusques au Carême, qu’on s’y abandonne avec plus d’excès. Comment pourrait-on donc les justifier dans ce temps ?

148. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Je dirai que je me suis étonné cent fois, comment ces grands Poètes, ces illustres Auteurs de toutes les Comédies de ce temps, ne se sont point fait de scrupule de consumer leur vie et leur esprit à composer des ouvrages pour l’entretien du Théâtre, que l’Eglise et les Pères ont si fort condamné dans tous les temps. […] Comment donc ces Auteurs auront-ils droit d’espérer a la miséricorde de Dieu, pendant qu’ils ne feront rien qui serve à détruire les mauvais effets que peuvent faire leurs Comédies et leurs Romans dans la suite de tous les temps.

149. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

L’auteur, qui est un militaire, et qui traite ces sujets graves ex abrupto,  méconnaît les convenances et confond les temps. […] Outre que ces comédiennes coûtaient peu, le peuple assistait au spectacle en plein air ; et, puisque la santé ainsi que l’économie contribuent au maintien des mœurs, on conçoit cette exclamation de plusieurs sages publicistes : Qui nous rendra la morale du bon temps ! C’était un bon temps, un beau jour, lorsqu’on réunissait les cérémonies des fous, de l’âne et des cornards, ou lorsque les évêques dansaient ou jouaient à la boule dans les églises ou enfin lorsque les diacres, et ceux qu’alors on appelait sous-diacres, « prenaient plaisir a manger des boudins sur un coin de l’autel, au nez du prêtre célébrant ».

150. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

De son temps le goût et le cœur de la plus grande partie des Spectateurs étaient également corrompus par l’effet d’une longue habitude à ne voir, sur le Théâtre, que des personnages livrés à tous les emportements de la passion d’amour. […] Dans le temps qu’Ulysse entreprend de se venger par la mort d’Eurimaque et de ses partisans, Télémaque, contre toute raison et malgré les Loix de son devoir, cherche à sauver le père de sa maîtresse ; et, parce qu’on ne pouvait pas laisser vivre Eurimaque, suivant l’histoire et suivant le bon sens, le Poète feint qu’il se noie en montant sur un esquif pour aller gagner ses vaisseaux. […] Le divorce, dans ce temps-là était, communément en usage : cependant, je suis convaincu que l’histoire de Médée n’a été imaginée que pour en corriger l’abus. […] Je conviens aussi que Médée a de fortes raisons pour s’emporter contre son mari infidèle et ingrat : mais la vengeance qu’elle en prend, en massacrant ses propres enfants, est tout à fait barbare et dénaturée ; et je trouve cette action tragique bien atroce, pour être présentée aux Spectateurs de notre temps. […] Quoiqu’il en soit, il est temps que l’enchantement finisse ; et que je regarde cette Tragicomédie, non seulement avec indifférence, mais même avec des yeux de critique.

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