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84. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXI. Réflexion sur le Cantique des cantiques et sur le chant de l’Eglise. » pp. 76-78

met en doute, s’il faut laisser dans les églises un chant harmonieux, ou s’il vaut mieux s’attacher à la sévère discipline de Saint Athanase et de l’Eglise d’Alexandrie, dont la gravité souffrait à peine dans le chant ou plutôt dans la récitation des psaumes, de faibles inflexions : tant on craignait dans l’Eglise, de laisser affaiblir la vigueur de l’âme par la douceur du chant.

85. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Qu’on ne me dise pas que des amours qui causent tant de tourments à ceux qui en sont possédés, et qui les portent à tant d’extravagances, sont plus propres à corriger de cette passion qu’à l’exciter : Cela pourrait se dire avec quelque vraisemblance, si, après tous ces tourments, et toutes ces extravagances, les Amants finissaient par être réellement malheureux : En ce cas les Spectateurs pourraient concevoir de l’aversion pour une passion qui ne produit que des peines dans sa fin, comme dans son progrès : mais malheureusement l’amour de Théâtre, et surtout celui de la Comédie, a toujours un succès heureux ; et le Spectateur en conclut avec raison, que les maux soufferts par les Amants, pour arriver à ce succès favorable, loin d’être une juste punition due à une passion condamnable, sont plutôt une persécution injuste suscitée à la vertu qui finit par en triompher. Il suit de là que, comme le Spectacle de la vertu persécutée ne doit point détourner de la vertu, de même la représentation des maux que souffrent les Amants, ne détournera point de l’amour, et que les Spectateurs, après avoir plaint les Amants dans leurs traverses, se réjouiront avec eux de les en voir délivrés, et ne seront point effrayés d’avoir à courir les mêmes risques ; parce qu’ils seront sûrs d’obtenir le même prix.

86. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Le théatre ne fit-il d’autre mal que de lever cette utile barriere, il est de l’intérêt public de ne pas le souffrir. […] Oser se produire sans défense, se livrer à sa propre conduite, annonce une pureté mourante, ou déjà peut-être éteinte, qui ne peut souffrir le joug, & veut pouvoit en liberté franchir toutes les barrieres. […] Mais il n’est pas douteux que la chasteté ne doive soutenir tous les assauts, sacrifier tous les biens, souffrir tous les tourmens & la mort la plus cruelle même. Les Agnez, les Cathérines, les Agathes, & tant d’autres vierges & Martyres, dont les noms ornent les fastes, & font la gloire du Christianisme, & ont souffert la mort plutôt que de souffrir la plus legere tâche. […] Si les supérieurs ne doivent pas les souffrir, doivent-ils s’y exposer ?

87. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Ils se disent enfans de cette sainte famille, ils n’en sont que les enfans illégitimes qu’elle n’avoue pas, & qui ne méritent que ses larmes, Toute sorte d’odeurs, eaux, pommades, poudre, essences, pâtes y sont proscrites, jusqu’à la poudre des cheveux ; on n’y souffre pas même l’usage du tabac, ni en poudre ni en fumée. […] La massue d’Hercule, dit-il, sentoit mauvais ; ce héros ne pouvoit souffrir les parfums : Herculis clava fœtè olebat, unguentis offendebatur . […] Il y a plus à souffrir qu’à jouir dans la vie, pour gagner un bonheur éternel. […] On compare ce tourment des damnés à celui que faisoit souffrir le cruel Mezence : il attachoit une homme vivant à un corps mort, & le laissoit s’éteindre peu à peu dans l’infection & la pourriture. […] Toute la Théologie reconnoît que dans l’enfer, outre la peine du dam, on souffre la peine des sens, & que dans le Paradis outre la vision de Dieu, on goûte le plaisir des sens.

88. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Souffrirons-nous tranquillement que notre bon Maître soit méprisé, moqué, couvert d’ignominie, par les crimes & les dissolutions qui vont se commettre dans les assemblées où regne le désordre & la licence ? […] La confiance & l’estime du public en souffrent, & cet état si saint & si utile se dépeuple tous les jours, & tend à sa destruction. Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles. […] Il est vrai qu’ils ajoutoient des peines séveres contre le particulier qui auroit fait cette faute griève, & contre le supérieur qui l’auroit soufferte, sous peine de suspense de son emploi pendant six mois. […] On a supprimé le code pénal, on n’y parle point des punitions & des menaces qu’on trouve dans les anciens statuts, nommément contre le supérieur indulgent qui auroit souffert ce désordre.

89. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Non, le Dieu de sainteté ne peut souffrir rien d’impur : le démon au contraire en triomphe ; la licence est le fruit de sa victoire, & lui en prépare mille autres. […] quelle honnête femme souffriroit qu’on l’en entretînt, & elle souffre qu’on le regarde, elle l’offre à tous les regards ! […] On ne souffre pas au théatre, dit-on, des tableaux indécens. […] une honnête femme ne souffrira pas qu’on lui fasse connoître des désirs & des pensées impures, elle s’offense d’en être l’objet, & par son indécence elle les fait volontairement naître, elle en présente la matiere & l’amorce ! […] Mais, dit-on, combien de femmes dans leur maison, combien d’enfans, & même des personnes avancées en âge, dans des Communautés Religieuses, qu’on souffre habillées comme nous !

90. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 2 : Livre VI, chap. 7] » p. 590

Elles ne se réjouissent de nos ennuis et afflictions, ains souffrent et compatissent d’une commune condoléance avec nous.

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