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46. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

L’ordre du collège en souffre, les études sont interrompues, la dissipation s’introduit là où il ne devrait y avoir que du recueillement, et enfin la pompe du théâtre et les déclamations tendres inspirent le goût de la vanité, et viennent à bout d’énerver les mœurs. […] « Coutume abominable, dit-il, défendue par la loi de Dieu, que l’Université avait quelque temps souffert, je ne sais pourquoi, et qu’on a sagement interdite. » Sur quoi il cite un fort habile et pieux Professeur, qui témoigna en mourant un regret extrême d’avoir suivi cette coutume, qu’il savait avoir été pour plusieurs écoliers une occasion dé dérangement. […] Si on en souffre quelqu’uneh dans les collèges, ce n’est qu’une tolérance ; et toute tolérance est une improbation tacite qui imprime une tache à ce qu’on est obligé de souffrir malgré soi. […] On pourrait observer que sous le règne du P. la Chaize les compliments d’un Prélat, aussi bon courtisan qu’habile docteur, pouvaient souffrir quelque adoucissement ; mais je n’ai pas besoin d’affaiblir l’encens qu’il leur donne.

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Souffrirait-on aujourd’hui ce qu’il applaudissait, des scènes où les Evêques se battent à coups de poing sur le théâtre ? […] Les mœurs n’en souffrirent pas moins, et le théâtre s’autorisait de plus en plus sous ses auspices. […] Germain de l’Auxerrois (Curé de la Cour) homme pieux et sévère, lui écrivit qu’elle ne pouvait en conscience souffrir la comédie, surtout l’Italienne, comme plus libre et moins modeste. Cette lettre troubla la Reine, qui ne voulait souffrir rien de contraire à ce qu’elle devait à Dieu. […] Rendons justice au Clergé de France, jamais sa morale sur cet article n’a souffert le moindre nuage.

48. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Au tort réel que ces Messieurs & ces Dames ont osé faire souffrir à nos Sophocles, Euripides, Plautes & Térences Français, je n’ai dit mot. […] J’honore les talens, mais je ne puis souffrir qu’ils soient les juges, ou plutôt les tyrans des Auteurs. […] Je le répéterai au Lecteur, que je ne suis pour rien dans tout ceci, cette cause n’est pas la mienne ; mais je souffre de voir des Histrions tyrans despotes, juges souverains des productions du génie.

49. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Avant que d’entrer en lice avec vous sur ce raisonnement, je vous prie, Monsieur, de souffrir que je fasse mes conditionsb. […] A présent que nos qualités sont établies, souffrez qu’avec mon clinquant et mon oripeau je tâche à soutenir tellement quellement la cause que j’ai embrassée. […] Mon zèle m’a mené plus loin que je ne croyais, Monsieur, et votre patience aura plus à souffrir que vos arguments d’un fatras de paroles qui se sont amassées insensiblement sous ma plume.

50. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

Dieu déclare par le Prophète Osée qu’il a ces solennités en horreur, et qu’il ne les peut souffrir : Et le Prophète Amos ajoute qu’il les rejette, « Et que l’odeur des assemblées dans lesquelles on profane les jours destinés à son culte, au lieu de les sanctifier, ne saurait lui être agréable ». […] Il n’est donc pas permis en ces saints jours d’assister à aucune sorte de spectacles, et il n’en faut pas même souffrir. […] Celui qui délivre son frère d’un si grand péril, se rend digne d’une récompense éternelle ; et celui qui néglige de l’aider, ne peut être que coupable devant Dieu ; parce que, comme dit saint Ambroise, celui qui pouvant empêcher le mal, ne l’empêche pas par négligence, sert à rendre plus hardi celui qui le commet, et participe par conséquent à son péché ; et celui-là semble commettre une mauvaise action, qui pouvant la défendre la souffre sans rien dire par lâcheté de cœur, et par défaut de zèle.

51. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Les Premiers Romains qui étaient si grands politiques eurent de la peine à les souffrir, et ils ne se seront peut-être pas oubliés à les décrier ou à les châtier ? […] Beaucoup très certainement : car je ne sais comme l’on peut souffrir ces grands fainéants ou valets travestis, suivis de coureusesb et Damoiselles faites à la hâte, tout plein de fard, de plâtres, de mouches, et de farine, et accompagnés des gestes impudents, de regards lascifs, de discours insolents, de déguisement d’hommes en femmes, et de femmes en hommes, le tout avec si peu de honte, qu’il faudrait leur être semblable pour les pouvoir approuver. […] C’est sur quoi ils ont exagéré davantage, n’ayant pu raisonnablement souffrir, Tert. de spect. c. 4.

52. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Il n’y a pas de piece qui fût soufferte sur le Théatre françois, si on n’en élaguoit la moitié. […] A ce ridicule près, Moivre avoit de bonnes parties, habile mathématicien, parlant & écrivant bien, & ne pouvant souffrir qu’on doutât de sa religion. […] Cette partie du spectacle est moins dangereuse que la danse, la déclamation, l’indécence des actrices ; pourvu qu’on n’y souffre point d’immodesties en peinture, en sculpture, qui font rougir la pudeur. […] La Moriniere, éleve & admirateur du Pere Porée, prit dans ses leçons un fonds de religion & de bonnes mœurs, qui ne souffrit dans toute sa vie que des momens d’éclipse. […] Le zele égare le pasteur, & le troupeau en souffre.

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