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72. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Ils s’embarrassent tout aussi peu que je fouille dans les siècles passés pour y déterrer leurs titres, et que je suive les branches de cet arbre généalogique pour compter les quartiers et leurs alliances. […] Il est pourtant vrai que cette consécration religieuse ne dura pas toujours ; ce ne fut que dans les premiers siècles, où l’on n’avait à Rome que des théâtres mobiles, qu’on dressait à l’occasion de quelque fête publique, pour donner des jeux à l’honneur des Dieux. […] » La religion se trouve aussi mêlée dans l’origine du théâtre, soit qu’on ait voulu attirer le peuple à la piété par l’appas du spectacle, soit que l’homme, et surtout le Chrétien, soit naturellement entraîné à mettre partout la religion : intention bonne sans doute, et dont la grossièreté du siècle doit faire excuser les moyens aussi imprudents qu’indécents. […] Cette ombre de piété se dissipa, le vice régna sans obstacle, le théâtre Païen fut rétabli : « On vit renaître Hector, Andromaque, Illion. » La politesse du siècle fit élaguer cette forêt et bannir les grossièretés dégoûtantes, et ne conserva que ce qui pouvait plus efficacement flatter et séduire.

73. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Puisque, comme le remarque le même orateur, “quand la religion monta sur le trône avec Constantin, on put se flatter que les siècles d’Auguste et de Périclès allaient renaître à la fois avec l’éloquence des pères de l’église…. […] S’il est toujours pauvre et malheureux, ne sera-t-il jamais avili, dans un siècle où l’éclat des richesses est le seul qui frappe les yeux, et donne aux hommes une sorte d’ascendant, et quelque considération dans la société ? […] « Il florissait, dit l’auteur de cet ouvrage intéressant, il florissait dans le siècle des grands hommes…. […] le siècle qui peut donner naissance à ces érudits si rares et si précieux, dont le goût sûr et délicat, dont la morale sage autant qu’épurée veillent, pour l’intérêt commun, à ce que l’ignorance ou l’immoralité n’usurpent jamais dans la société, comme sur la scène, un empire abusif. […] Dans l’étude de nos anciennes lois, que de travail et de soins ne fallait-il pas pour en entendre jusqu’à la lettre, qui souvent nous retraçait la rudesse et la barbarie des siècles qui leur avaient donné naissance ?

74. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Mais dans cette rigueur qu'ils exercèrent contre eux, ils ne comprirent jamais les Atellans, les Comédiens, ni les Tragédiens ; ceux-ci furent toujours bien estimés et bien reçus des Magistrats les plus puissants, des personnages les plus illustres, et de tous les gens d'honneur ; l'excellence de leurs Ouvrages, la beauté de leurs Représentations, et l'honnêteté de leur vie qui les distinguait des autres Acteurs, leur fit recevoir un traitement bien dissemblable ; et c'est en quoi presque tous les Ecrivains des derniers siècles se sont abusés. […] Mais pour donner encore plus de jour à l'explication de ces vieilles autorités, il en faut apporter qui ne puissent recevoir de contredit, employer des démonstrations infaillibles et non pas des conjectures, et faire voir par des preuves convaincantes que les Ecrivains des derniers siècles, qui ont étendu l'infamie des Scéniques, jusques sur les Représentateurs des Poèmes Dramatiques, n'ont jamais eu l'intelligence du Théâtre des Romains. […] Et Macrobe soutient que les Histrions n'étaient point infâmes, et le prouve par l'estime que Cicéron faisait du fameux Roscius Comédien, et d'Esope excellent Tragédien, avec lesquels il avait une étroite familiarité ; et par les soins qu'il prit de défendre les intérêts du premier devant les Juges ; où le mot d'Histrions ne signifie que les Joueurs de Comédie et de Tragédie, comme il résulte assez clairement de l'exemple qu'il en tire de Roscius et d'Esope seulement, et de ce que auparavant il avait montré que les Danses malhonnêtes et désordonnées, qui étaient propres aux Bouffons et vrais Histrions, étaient condamnés par tous les sages au siècle de ces deux célèbres Acteurs.

75. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

Nous avons montré dans les Chapitres précédents, quels sont les maux qui accompagnent la danse, suivant le sentiment des Docteurs, même des derniers siècles. […] Mais saint Chrysostome presque dans toutes ses Homélies, invective puissamment contre tous ces exercices du siècle, les appelant quelquefois la peste des villes, et quelquefois la fontaine de tous les maux. […] « Les sauterelles ont été produites de la fumée du puits et de l’abîme, et sont montées sur la terre. » Et un peu après, « Et ces sauterelles sont semblables à des chevaux préparés pour le combat, et elles ont des couronnes, qui semblent dorées, sur leurs têtes. » Il conclut enfin que dans le bal se trouve la pompe du siècle, le feu de l’impureté, la superbe et la vaine gloire, et que les hommes par conséquent y deviennent ennemis de Dieu.

76. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

[Discours sur les spectacles] Si, comme dans les siècles de barbarie du moyen âge, et lorsque les prêtres eux-mêmes étaient comédiens, le spectacle se composait de représentations obscènes toujours propres à fomenter le vice et à faire rougir la vertu, nous ne viendrions point dans la chaire de vérité le défendre contre ses détracteurs. […] Le clergé de France a eu près d’un siècle la direction du théâtre, et jamais le spectacle ne fut plus mauvais ni plus dangereux pour les mœurs que sous sa direction. […] [NDE] Il s’agit de conciles des 4e et 5e siècles.

77. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

En supposant (ce qui n’est pas) que ces saints Personnages eussent favorisé les spectacles, ce n’aurait pu être assurément que ceux de leurs siècles. […] Le goût fin et la politesse du siècle de Molière ne se serait pas accommodé de ces excès monstrueux, de ces libertés choquantes ; et elles révolteraient encore plus le nôtre. […] Quant aux Mandements qui ont paru au commencement de ce siècle, est-ce les détruire, que de dire qu’ils sont une suite des sentiments reçus dans l’Eglise ? […] Les extraits de ces deux Requêtes et les réponses se trouvent dans un ouvrage sur la Comédie, imprimé à Orléans d’abord en 1697, et depuis vers le commencement du siècle. […] [NDE] type de haut de chausses utilisé au 17e siècle.

78. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « Approbation des Docteurs »

Approbation des Docteurs Le but que s’est propose l’Auteur du Livre qui porte pour titre, Histoire et Abrégé des Ouvrages Latin, Italien et Français, qui ont paru dans ce Siècle, pour et contre la Comédie et l’Opéra, est de détruire les raisons de ceux qui croient ces Spectacles permis, et d’appuyer celles de ceux qui les condamnent ; ce qu’il fait par des réflexions solides tirées de l’Ecriture des Pères, et de la conduite de l’Eglise dans tous les temps.

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