En vérité, mes Pères, il paraît que vous n’avez seulement pas l’Idée de la douceur Chrétienne et que vous ignorez en quoi elle consiste.
N’en disons pas davantage, les suites de cette doctrine font frayeur : disons seulement que ces mariages, qui se rompent ou qui se concluent dans les comédies, sont bien éloignés de celui du jeune Tobie et de la jeune SaraTob.
Le mal que causent les spectacles s’étend beaucoup plus loin qu’on ne pense ; ils n’attaquent pas seulement la pudeur et la foi, ils favorisent encore l’orgueil, l’ambition, la jalousie, la vengeance, le désespoir.
» On voit par ces paroles, que Marcel Megal un des Religieux Théatins les plus éclairés, décide que c’est un péché mortel, de dire dans les Comédies ou ailleurs, des paroles qui portent à l’impureté et à la fornication, quoiqu’on les dise pour rire et pour relâcher l’esprit ; et que ceux qui les écoutent pèchent mortellement, quoiqu’ils les entendent sans sentir un plaisir sensuel et seulement par récréation. […] Enfin les Conciles les ont excommuniés : or on n’excommunie pas pour un péché véniel, mais seulement pour un péché mortel considérable et scandaleux. […] » Ces jeux-là seulement peuvent passer pour honnêtes, dans lesquels on ne voit pas paraître de femmes, où il n’y a rien qui puisse donner de mauvaises pensées, ni réveiller ou exciter un amour déréglé.
Dans les passages de l’Ecriture sainte, qui nous défendent les moindres impuretés, et les moindres paroles déshonnêtes ou frivoles. « Car pourquoi dit ce grand homme, serait-il permis à un Chrétien de voir représenter sur un théâtre des choses auxquelles il ne lui est pas seulement permis de penser, et d’entendre parler de ce qui ne doit pas même être nommé devant lui Ch. […] Et c’est ainsi, ma Sœur, que si je ne craignais de m’étendre trop (n’ayant point entrepris d’écrire contre les comédies, mais seulement de vous montrer l’obligation que vous avez d’en détourner vos enfants) je vous ferais voir que tout ce que S. […] Chrysostome, aussi bien que Tertullien, ne condamne pas seulement les comédies à cause de leur dissolution et de leur impureté, mais encore à cause qu’il n’est pas permis aux Chrétiens de passer le temps dans les ris, dans les divertissements, et dans les délices qui sont inséparables de ces spectacles ; qu’il les condamne, parce qu’on ne peut s’empêcher d’y donner de l’approbation et de l’applaudissement à des choses pour lesquelles les fidèles doivent avoir une souveraine horreur, et comme il ajoute en suite, « parce que ce sont ceux qui assistent à ces spectacles qui entretiennent la vie libertine de ceux qui les représentent, qui les animent par leurs ravissements, par leurs éclats et par leurs louanges, et qui travaillent en toute manière à embellir et à relever cet ouvrage du démon ».
Mais par la même raison de condescendance & d’exactitude, je dis seulement, que c’est une des pompes du monde, ausquelles nous avons renoncé par le Baptême. […] Je veux seulement, sans en dire, ny trop, ny trop peu, justifier la Religion qui les condamne, condamner le monde qui les justifie, & vous faire sentir la force de ces deux véritez importantes dans les deux Parties de mon Discours. […] Je vous diray seulement, mes Freres, une réflexion que je fis, lorsque me préparant à cette action je jettay les yeux sur l’inscription de la Lettre de saint Cyprien. […] Si le Théatre est donc purifié, c’est seulement de ce qui rebute le cœur, mais non pas de ce qui le trompe. […] Mais à le bien prendre, on n’y en guérit aucune, seulement on y apprend à cacher toutes les deux par la seule crainte du ridicule.
Ce sont de tels sages et de tels prudents à qui Jésus-Christ déclare que « les secrets de son royaume sont cachés, et qu’ils sont seulement révélés aux humbles et aux petits » Mat, XI, 25.