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37. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Les sentimens de la nature qu’elles excitent, causent les impressions les plus délicieuses. […] Ces sentimens sans cesse reproduits avec les mêmes expressions, ne remuent que foiblement. […] Pour eux ces sentimens de joie, de tendresse, d’inquiétude inexplicables qui y brillent, sont postiches.

38. (1678) Maxime LXXXI « LXXXI » pp. 39-41

On se fait en mesme temps une conscience fondée sur l’honnesteté de ces sentimens ; & on s’imagine que ce n’est pas blesser la pureté, que d’aimer d’un amour si sage.

39. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

L’esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manieres de traiter la galanterie, n’étant plein que d’aventures agréables & surprenantes, de vers tendres, délicats & passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentimens n’est plus capable de retenue. […] & pour mieux découvrir les sentimens de vôtre cœur : Ecoutez une supposition. […] dans les sentimens, dans les pensées d’un auteur tout profane que la passion seule inspire, on puise plus de sentimens de vertus que dans cette parole que vous nous mettez à la bouche, que dans les sentimens & les pensées des Peres, que dans votre Evangile ? […] Quand les exemples des Héros, leurs sentimens, leurs actions, leur bonheur, jusqu’à leur infortune, tout autorise la passion : Admonentur quid facere possint, & inflammantur libidine. […] Mais que vous changerez bien un jour au Tribunal de Jesus-Christ de sentimens & de langage !

40. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Tout cela blesse les bonnes mœurs, détruit l’esprit de générosité & de bienfaisance, en faisant voir l’inutilité des bienfaits les plus multipliés, & le risque inévitable de l’ingratitude, par une passion qui corrompt tous les cœurs & y éteint tous les sentimens. […] Cyr, n’ait pas traité le sujet de Tobie en forme d’opéra ou de pastorale ; il eût pû y semer des sentimens de religion autant que dans Esther & Athalie, y peindre agréablement la simplicité des mœurs antiques, y mêler quelque Léandre ou Marinette qui eût contrasté avec Tobie & Sara, & débiter sa morale théatrale, comme dans le Mysanthrope & toutes les pieces de caractère il y a quelque méchant opposé au bon, & dans Athalie & Esther on voit Mathan & Aman. […] Cyr, non plus qu’Esther ; on veut des passions violentes, & on ne veut pas de dévotion, ou si l’on goûte des sentimens de religion, ce n’est pas par esprit de piété. […] Rien n’étoit plus conforme aux sentimens de Sara. […] Peut-on, sans gémir, voir une action si importante pour la vie présente & pour l’éternité, abandonnée aux folies du théatre, être l’objet de ses amusemens & de ses désordres, y être traitée de la maniere la plus licentieuse, avec la morale & les sentimens les plus opposés à la religion, y devenir l’école du vice, le fruit de l’intrigue, la récompense des passions, y être préparée par le crime, accompagnée d’infamie, troubler enfin toute la société, & conduire à la réprobation éternelle ?

41. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Ce ne sont ni les Femmes savantes, ni les Précieuses ridicules, ni le Malade imaginaire, qui nuisent ; ce sont les fripons, les libertins, les gens durs, injustes, violens, dont il faudroit purger la terre ; ce sont ces femmes hardies qui par leurs désordres enseignent à leur sexe que la pudeur est ignoble & puérile ; ces brillantes débauchées, à qui l’on pardonneroit peut-être de ruiner les fortunes, si elles ne détruisoient pas les sentimens ; ces Actrices corruptrices de la jeunesse, ces mères étrangères à leur famille, ces marâtres qui dépouillent leurs premiers enfans, ces intrigantes qui trafiquent de leurs charmes pour faire monter l’ignorance & le vice aux grandes places. […] Cette idée d’élevation des sentimens dans Moliere, & celle du sublime de ses productions, figureroit mieux dans quelque farce que dans le Traité du Bonheur public. […] La galanterie n’est pas la seule science qu’on apprend à l’école de Moliere ; on y apprend aussi les maximes ordinaires du libertinage, contre les véritables sentimens de la religion, quoi qu’en veuillent dire les ennemis de la bigotterie, & nous pouvons assurer que son Tartuffe est une des moins dangereuses pour nous mener à l’irréligion, dont les sentimens sont répandus d’une maniere si fine & si cachée dans la plûpart de ses autres pieces, qu’on peut assurer qu’il est infiniment plus difficile de s’en défendre que de celle où il joue pêle-mêle bigots & dévots, le masque levé, &c. […] La jeunesse, effrayante par ses excès & la bassesse des sentimens, qui ne fait rougir de ses petitesses ni de ses désordres, ne peut pas plus supporter la pedanterie de la scene que celle des gens de bien qu’elle fuit.

42. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Mais avant de rien prononcer sur cette matiere tant discutée, parcourons un moment l’histoire du Théâtre ; consultons les faits, examinons s’ils se sont démentis en aucuns tems, & voyons si les sentimens ont réellement varié, ou bien s’ils ont toujours été les mêmes. […] Les mots convenus, arrangés avec plus ou moins d’art, peuvent servir à communiquer avec plus ou moins de force & d’énergie, les pensées & les sentimens, & les différens mouvemens de la passion. […] Un obstacle plus grand encore, c’est la contradiction entre la gloire de la composition des pièces de théâtre, & la sorte de déshonneur attachée aux représentations de ces mêmes pièces ; c’est la diversité de sentimens & d’opinions sur cette matiere. […] Il est étonnant qu’on n’ait point encore pu parvenir à concilier ces différens sentimens. […] Quel doux commerce de sentimens, quelle volupté pure, quelle harmonie divine résulteroient de ces accords mutuels de tendresse !

43. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Puis donc on n’est pas écouté, si l’on n’inspire les sentimens que l’on exprime, ces sentimens étant vicieux, on comprend tout le danger des Spectacles.

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