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40. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Après avoir purgé la doctrine de Saint Thomas des excès dot on la chargeait, à la fin il faut avouer avec le respect qui est dû à un si grand homme, qu’il semble s’être un peu éloigné, je ne dirai pas des sentiments dans le fond, mais plutôt des expressions des anciens pères sur le sujet des divertissements. […] Ce Père fait voir les suites fâcheuses de ces inutilités, et ne cesse de répéter, que les discours « qui font rire », quelque polis qu’ils semblent d’ailleurs, asteia, sont indignes des chrétiens, s’étonnant même, et déplorant « qu’on ait pu les attribuer à une vertu » Ibid.

41. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Mais s’ils ne doublent point l’action principale puisqu’ils sont comme détachés, ils détournent trop l’attention du Spectateur de ce qui devrait l’occuper, & semblent former deux petites Pièces dans une, ainsi que je le prouverai ailleurs. […] Je lui conseille, encore une fois, de rejetter tout sujet un peu relevé, qui demande du travail de la part du Poète, & de l’attention de la part du Spectateur ; le Spectacle moderne n’en est point susceptible ; on l’avouera sans peine si l’on connait bien son genre & sa nature ; il semble dire ce Vers à tous les Auteurs dont il enflamme le génie : N’offrez point un sujet d’incidens trop chargé. […] Il me semble que nos Poètes Tragiques, encouragés par les applaudissemens qu’ils ont vu prodiguer à M. de Belloi, doivent s’appliquer à nous peindre les infortunes, les vices, les vertus, des grands hommes nés dans la France. […] Revenons d’une erreur aussi dangereuse aux progrès des Arts & des Sciences, & nos Théâtres sembleront renaître.

42. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que si vous rejetez de la République ceux qui exercent la Comédie, il faudra en même temps bannir les Parfumeurs, les Musiciens, et les Poètes, qui semblent aussi peu nécessaires ; et même il arrive ordinairement que les parties les plus nécéssaires sont celles qui paraissent le moins, et celles qui sont pour la nécessité sont moins honorées que celles qui sont pour l’ornement ou pour la volupté, comme les Boulangers sont moins estimés que les Pâtissiers, et les Laboureurs que les Orfèvres. […] Aussi la Comédie à la prendre dans les bornes de l’innocence et de l’honnêteté est une nue représentation des histoires passées ; et en ce sens elle n’a aucune difformité : au contraire elle peut ce semble, autant exciter à la vertu les esprits bien faits, comme la trompette guerrière émouvait le courage d’Alexandre. Que si quelques lois semblent avoir été un peu sévères à ceux qui exercent cet art, il faut croire que ces lois en ont voulu condamner l’abus et non pas l’usage : et à le prendre à la rigueur le mot de Comédien n’est point exprimé dans ces lois. […] Pour ce qui est de la lecture, elle est ennuyeuse si elle n’est diversifiée : par exemple, si les Dames lisent les livres de L’Astrée, les discours sérieux d’un Sylvandre leur sembleraient-ils pas dégoûtants sans les naïvetés d’un Hylas ?

43. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Il me semble que c’est avec un art infini qu’il mêle des Personnages un peu plaisans à côté de ceux qui ne doivent être que sérieux : ils ne choquent point tout-à-fait par trop d’opposition ; les nuances sont si bien adoucies, les couleurs tellement ménagées, qu’on est souvent sur le point de n’appercevoir qu’un tout parfait. […] La Nature semble nous en faire une loi.

44. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

Il me semble qu’on peut réduire ces divertissements à cinq principaux, à savoir, les théâtres et comédies, le jeu, les régals, la chasse, et les visites : ce sont-là, à mon avis, les seuls divertissements de la plupart des Chrétiens pendant les jours des Dimanches et des Fêtes. […] de sorte qu’on pourrait à bon droit nous objecter, qu’il semble que nous ne recevions le Sacrement de salut, que pour rendre notre offense plus griève [grave] et plus criminelle, que quand nous vivions encore dans le Paganisme : car nous préférons les jeux publics, aux Eglises, nous méprisons les Autels, et autorisons par notre présence les théâtres.

45. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

« J’ai lu vos lettres (dites-vous)c avec assez d’indifférence, quelquefois avec plaisir, quelquefois avec dégoût, selon qu’elles me semblaient bien ou mal écrites. » C’est-à-dire selon que vous étiez de bonne ou de mauvaise humeur. […] Il me semble que la vérité et la Politique devaient vous obliger de souffrir cela patiemment. […] ne semble-t-il pas aussi que l’on sorte du Christianisme, quand on entre à la Comédie ? […] Vous deviez ce me semble penser à cela, et prendre garde aussi à qui vous aviez à faire, parce qu’il y a des gens de toute sorte. […] Je ne comprends point par quelle raison vous avez voulu leur répondre et il me semble qu’un Poète un peu politique ne les aurait pas seulement entendus.

46. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Ils feignent des personnages desquels on ne trouve ni trace ni vestige : auxquels ils attribuent des discours forgés à plaisir, et si ineptement et lourdement, qu’ils semblent avoir voulu se moquer de Dieu et des hommes. […] Et cependant il semble que nous soyons au milieu de nos plus grandes prospérités. […] Où est donc notre Chrétienté, qui semblons n’avoir reçu le sacrement de salut, qu’afin que notre prévaricationgb soit plus grande, et notre péché plus énorme. […] Et de là, est venu, que nous lisons en la loi, que ceux mêmes qui semblent avoir fait quelque faute légère contre le commandement sacré, ont été toutefois punis très sévèrement. Afin que nous entendissions, que rien de ce qui appartient à Dieu, ne doit être tenu pour léger : pource que ce qui semblait être petit en la faute, était rendu grand par l’injure de la divinité.

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