Mais il est plus à propos de les taire que de les dire, de peur qu’il ne semble qu’on en avertit plûtôt, qu’on ne les corrige. » Ce que cet Auteur suppose, qu’on se masque en Angleterre, ne s’accorde pas à ce que rapporte Polydore-Virgile, qui en a écrit l’histoire. […] Les attouchemens que l’on croit illicites en d’autres rencontres, semblent devenir permis au bal. […] Elles se trouvent rarement au bal, à moins qu’elles n’y soient necessaires ; Et quand elles y restent, il semble qu’on les y retient malgré elles, & elles témoignent assez à leur mine qu’elles n’y sont pas de leur bon gré.
Cette maxime leur enseigne à semer quelques fleurs sur le chemin de la sagesse & de la vertu, dans lequel ils veulent les faire marcher : cette maxime condamne ces maîtres durs & impérieux, qui dégoûtent de faire le bien par la maniere dont ils le dépeignent, & qui semblent avoir moins à cœur d’inculquer dans l’esprit de leurs Disciples les divines leçons de la sagesse, que de leur prouver qu’ils sont eux-mêmes des sages par excellence.
S’il étoit de mon sujet, je prouverois que non-seulement nos Auteurs comiques n’ont point atteint le but que se propose la Comédie, mais qu’il semble au contraire qu’ils se soient proposé un but tout différent.
je vous entends ce me semble dire Agathon, que je vais bien loin, et que je charge trop l’instruction du procès de ce pauvre Sexe.
Or, Monsieur, puisqu’il est presque impossible de traiter cette matière sans appeler le christianisme au secours, Dieu qui connaît si bien la faiblesse des hommes, ne leur a pas dit pour rien, soyez sur vos gardes, veillez et priez, pour ne point entrer en tentation, imaginez-vous que l’ennemi est toujours aux portes ; ce qui est, ce me semble, une manière d’avis au Lecteur ou au Spectateur, comme vous voudrez, des Tragédies, dans lesquelles on se livre de gaieté de cœur à la représentation des passions.
Tout semblait leur être permis, et foulant à leurs pieds les divins préceptes de Jésus-Christ et la morale chrétienne et évangélique la plus pure, la mauvaise foi et le parjure ne leur coûtaient rien et ils commettaient, sans honte comme sans remords, de pieuses fraudes de pieuses calomnies, de pieux empoisonnements, de pieux assassinats, non seulement juridiques mais même de guet-apens et le tout pour la gloire de Dieu, pour l’intérêt de la religion, et en général pour le plus grand bien de la fin spirituelle.
La réflexion semble naturelle et judicieuse.