Ne sont-ils pas obligés d’obéir à cette puissance occulte qui semble ne siéger nulle part et domine partout, à cette secte jésuitique et ultramontaine des pères de la foi, qui intime des ordres impératifs auxquels tous les ministres d’Etat doivent déférer, sous peine d’être renvoyés ? […] Il en est de même du grand mouvement de l’Amérique, auquel nos ministres semblent craindre de prendre une part active et utile pour notre commerce. […] La vengeance, si facile à l’homme puissant, semble n’être jamais entrée dans son cœur, car elle n’est l’apanage que de la petitesse et de la méchanceté. […] En politique, personne, ce me semble, n’a encore deviné le premier ministre comme étant destiné, par la force de son génie, à replacer la France au premier rang qui lui est dû, et dont elle est véritablement déchue.
Il me semble que quand on réfute des opinions qui plaisent aux gens du monde il faudrait étudier les tours et les manières qui peuvent les rendre attentifs et leur faire goûter les raisons qui ruinent des préjugés favorables à leurs passions. […] Caffaro suffit ce me semble pour détruire celle qu’on lui attribuait.
Au contraire, comme il a esté dit que la Nature n’est jamais si grande que dans les petites choses, il me semble qu’on pourroit dire icy le mesme de l’Art, & conclure à l’auantage du moindre sur le plus grand, ou certes à l’égalité de l’vn & de l’autre. […] Il y a eu des images de quelques Dieux, qui sembloient plustost venir de la main d’vn Charpentier que de celle d’vn Sculpteur, tant elles estoient grossieres & mal-polies : Mais on les faisoit ainsi tout expres ; & cette rudesse estoit de l’essence de la Religion, comme icy elle est de l’essence de l’Art. […] Ie voudrois bien que cette inuention fust du cru de vostre amy, car je la trouue digne du Regne d’Auguste, & d’vn Courtisan de Mecenas, & d’vne personne qui vous est chere : Mais ce qui me fait croire qu’elle n’est pas originaire de Rome, & qu’elle est venuë de de-là la Mer, comme quantité d’autres pareilles inuentions, c’est qu’il y a encore en nature vne pierre precieuse, je croy que c’est vne Chrysolite, grauée auec beaucoup de delicatesse, où Bacchus est representé en homme qui fait leçon, & les Nymphes d’vn costé & les Satyres de l’autre, qui luy prestent vne attention merueilleuse, & semblent escouter auidement toutes les choses qu’il semble dire. […] Il semble ou qu’on les a achetez à la Fripperie, ou qu’on les a desrobez dans la garderobe de quelque Prince : Et si je voulois fauoriser les Poëtes qui les appliquent si mal, je dirois de leur raisonnement & de leurs Discours, ce que dit Socrate de l’Apologie, qui auoit esté faite pour luy ; Elle est bonne, mais elle n’est pas bonne povr Socrate : Aussi les choses qu’ils conçoiuent, peuuent estre belles, mais elles ne sont pas belles pour Chremes ny pour Micio : Elles n’appartiennent point à ceux qui s’en seruent. […] Ils sont sages & moraux, comme Theognis & Phocilide, qui font profession expresse de Moralité & de Sagesse ; & ils le deuroient estre comme Menandre & Alexis, qui semblent faire toute autre chose.
Nous avons cru que dans un temps où la fureur pour les spectacles semble être parvenue à son comble, il ne serait pas inutile de faire paraître, sur cette matière, un petit écrit qui serait, en quelque façon, la quintessence des meilleurs qui en traitent. […] Nous ne nous dissimulons pas qu’en attaquant les spectacles, nous attaquons un abus profondément enraciné, que la raison s’efforce de justifier, que la coutume semble autoriser, et qui a autant d’apologistes qu’il y a de mondains.
Premièrement, entreprendre de détourner les hommes des divertissements mondains qui sont en usage depuis tant de siècles, et qui semblent avoir acquis un juste droit de prescription, c’est me rendre désagréable, ennuyeux, importun et odieux à mes auditeurs ; c’est vouloir sevrer les hommes des douceurs de la vie, douceurs auxquelles ils ont tant d’attachement, que, comme dit Tertullien (de Spectaculis, c. 2.), plusieurs refusaient de se faire chrétiens, plutôt par crainte d’être privés de ces passe-temps, que par crainte du martyre. […] Augustin a été autrefois en même peine ; il disait à ses auditeurs (homil. 25. ex 50. circa medium.) : Il n’y a rien qui me semble si doux que d’être retiré en ma petite chambre, y lire l’Ecriture sainte, la méditer devant Dieu, en rechercher l’intelligence, en goûter la douceur en repos et en silence ; j’y aurais bien plus de plaisir qu’à vous être ici ennuyeux, à vous étourdir de mes corrections, et perdre mon temps à reprendre des vices que plusieurs n’éviteront pas ; mais l’Ecriture m’épouvante.
Il faut garder les sons perçans & renforcés, le fortissimo de l’Orchestre pour des instants de désordre & de transports où les Acteurs semblent s’oublier eux-mêmes ; il faut, par une musique douce & affectueuse, avoir déjà disposé l’oreille & le cœur à l’émotion ». […] Je suis fâché qu’on ait ôté les chœurs à la Comédie, ainsi qu’à la Tragédie : il me semble que nos Poèmes sont privés par là de grandes beautés. […] « Il me semble que l’ouverture doit être éclatante » ; dit encore d’Aubignac.
Il continue, et lui demande encore, « que lui semble de Monsieur Panulphe » : elle, bien empêchée pourquoi on lui fait cette question, hésite : enfin, pressée et encouragée de répondre, dit, « Tout ce que vous voudrez ». […] Elle revient, et fait une scène toute de reproches et de railleries à la Fille, sur la faible résistance qu’elle fait au beau dessein de son père, et lui dit fort plaisamment que, « s’il trouve son Panulphe si bien fait » (car le bonhomme avait voulu lui prouver cela), « il peut l’épouser lui-même, si bon lui semble ». […] Trait inimitable, ce me semble, pour représenter l’effet de la pensée d’une chose sur un esprit convaincu de l’impossibilité de cette chose. […] Mais il me semble que je vous vois plaindre de ma circonspection à votre accoutumée, et trouver mauvais que je ne vous dise pas absolument tout ce que je pense : il faut donc vous contenter tout à fait ; et voici ce que vous demandez. […] Je veux dire qu’une femme qui sera pressée par les mêmes raisons que Panulphe emploie, ne peut s’empêcher d’abord de les trouver ridicules, et n’a garde de faire réflexion sur la différence qu’il y a entre l’homme qui lui parle et Panulphe, et de raisonner sur cette différence, comme il faudrait qu’elle fît, pour ne pas trouver ces raisons aussi ridicules qu’elles lui ont semblé, quand elles les a vu proposer à Panulphe.