Les Sages du monde, jusqu’aux Poëtes, tiennent le même langage : témoins ces fameux vers de Boileau que tout le monde sait, parce qu’ils disent exactement la vérité. […] Je ne sais si les Ursulines de M… avoient lu ce trait d’histoire ; elles en firent un semblable. […] Au reste il suffit d’en lire un pour les savoir tous. […] Il a gâté plusieurs de ses pieces par un si fade assaisonnement, & d’autres où il a su se mettre au-dessus des petits maîtres & des petites maîtresses, ne lui ont pas moins réussi. […] Ce jargon est d’abord appris, tout le monde le sait, il ne faut que savoir répéter, la passion est si féconde, le cœur fait si volontiers tous les frais, il est si fort d’intelligence pour applaudir, il a si peu besoin de l’esprit, & s’il le faut, il en donne.
Faites la révérence, ainsi qu’une novice Par cœur dans le couvent doit savoir son office. […] Pour peu qu’on connoisse le théatre, on sait que sur cet article tout est monté sur le même ton & s’en fait un mérite. […] Vous savez, mon Dieu, que je n’ai pas pris cette épouse pour satisfaire ma passion, non luxuriæ causa, mais pour avoir une postérité qui vous bénisse dans tous les siecles des siecles : Solâ posteritatis dilectione, in qua benedicetur nomen tuum. […] Je ne sais comment la piété du Prince a pû les accorder, & je présume que s’il avoit sçû sa derniere heure si prochaine, il eût pris d’autres mesures pour s’y préparer, que de passer de la sainte table au théatre, & du théatre au tombeau. […] Mais il est écrit pour les amateurs du théatre, comme pour les autres : Tenez-vous toûjours prêts, je viendrai, comme un voleur, le moins que vous y penserez, vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Foix, je sais seulement par ses ouvrages que c’est un Militaire, qu’il a été à Constantinople, que des sa jeunesse il s’est occupé du théatre & a composé des comédies, qu’il est répandu dans le grand monde, & lié avec des personnes du premier rang ; & sans avoir besoin de le dire, le ton de sa conversation & la légèreté de son style le disent assez. […] Qui sait ce qui se passe au serrail ? […] La seconde ne differe de la premiere qu’en ce qu’il y supprime la scène où sans rime ni raison deux personnes qui ne s’étoient jamais vues, & qui sont seules dans le monde, commencent par se dire des injures grossieres, & dans un moment, sans savoir pourquoi, se cherchent, se raccommodent, se marient. […] Quelle seroit votre injustice de rendre dangereux ce qu’on ne sauroit fuir ? […] Telles sont les épîtres dédicatoires à ses maîtresses : il importe beaucoup au public de savoir qu’il lui donne ce soir un rendez-vous, & qu’il a à se plaindre d’une tante incommode qui traverse ses amours avec Julie !
Que savent-ils de la religion ? […] Le peu qu’ils en savent, ne l’accommodent-ils pas à leur goût et à celui du public ? […] Dieu ne se communique qu’aux âmes simples qui l’adorent en esprit et en vérité, l’homme animal n’y saurait rien comprendre : « Animalis homo non percipit ea quæ Dei sunt. » Les spectateurs méritent-ils mieux de voir ouvrir les sceaux de ce livre adorable ? […] On ne sait comment il a pénétré jusqu’à la tente d’Holopherne, à travers les sentinelles et les gardes. […] Les Auteurs s’imaginent qu’ils ne sauraient plaire, s’ils se renfermaient dans la vérité historique, et la Baumelle (Vie de Madame de Maintenon) prétend que la tragédie d’Esther, si brillante à S.
Et je ne sais quelle des deux actrices joue le mieux, quelle des deux piéces est la plus mauvaise ; la coquetterie ou le drame, le langage des yeux ou celui des personnages ; quel des deux rouges est le plus vif, quelle attitude est la plus indécente, & des conversations la plus licentieuse. Les yeux du spectateur incertain voltigent des coulisses aux loges, des actrices aux Marquises, & ne savent à qui donner la préférence.
« Vous savez, dit-elle, Seigneur, que je n’ai jamais eu d’inclination pour aucun homme, et que j'ai conservé mon âme pure de toute sorte de convoitises. […] C’est par cette lâcheté que nous détruisons tous les mystères du symbole, ou au moins que tout ce qui est contenu dans la profession de notre créance est ébranlé, parce que les conséquences nécessaires ne sauraient subsister lorsqu’on ne s’arrête pas inviolablement aux principes qui les doivent appuyer et soutenir. » De provident. li. 2. […] Talem choream ordinavit Satan post adorationem vituli. » Il poursuit, et continue à montrer que tous les péchés se rencontrent dans la danse, et que personne, quelque pure, et quelque sainte qu’elle puisse être, ne saurait y assister, qu’elle n’en sorte chargée de quelque péché. Mais pourquoi nous mettons-nous en peine de savoir quel a été le jugement des personnes éclairées par la grâce, et animées de l’esprit de Jésus-Christ, puisque plusieurs hommes sages selon le monde, ont blâmé la danse par la lumière seule de la prudence civile et de la raison ? […] Et toutes les âmes qui ont quelque crainte de Dieu, et quelque sentiment solide de piété, souhaitent ardemment que cette mauvaise coutume soit détruite et anéantie ; leur désir est bien raisonnable et bien juste ; car outre les maux fréquents et ordinaires, desquels nous avons auparavant parlé, nous en pourrions rapporter d’autres qui se rencontrent plus particulièrement dans les bals ou dans les danses qui se font dans les villes ; mais qui sont si étranges que les oreilles chastes et pieuses ne sauraient le souffrir.
On veut être ému et touché par le spectacle ; la scène languit si elle n’irrite quelque passion : et quand les acteurs nous laissent immobiles, on est indigné de ce qu’ils n’ont pas su troubler notre repos, ni blesser notre innocence. […] Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend sur le théâtre ne s’adresse qu’aux sens, à la cupidité ; parures, décorations, chants, harmonies, assemblées, tout tente ; et à force de goûter ce qui enchante, on trouve des charmes dans les pièges, et on se sait bon gré d’être tenté. […] Mais ces éternels admirateurs du théâtre ne savent que trop combien ils y ont appris. […] Si les spectacles profanes sont une occasion prochaine de péché, comme on n’en saurait disconvenir, qui peut y assister en sûreté de conscience ? On ne s’aperçoit pas, dit-on, que les spectacles aient fait nulle impression sur le cœur ; on en sort innocent ; peu s’en faut même qu’on ne sache bon gré à ce profane amusement, de ce qu’il fixe pendant deux ou trois heures un esprit si volage partout ailleurs, et qui ne se repaît, et ne s’occupe que de la bagatelle.