Tout son secret consiste à n’en savoir employer que de nobles, & à les savoir ranger dans un ordre harmonieux, & tel a été je crois le secret de notre Euripide. […] Maffei, s’appuyant sur l’autorité de Ronsard, a avancé dans la Préface de sa Traduction du premier Livre de l’Iliade) je puis répondre que nos Vers ont toutes ces graces dans la bouche de ceux qui savent les prononcer. […] Les partisans de Quinaut reprochoient aux autres Poëtes, de ne pas savoir comme lui parler tendrement. […] C’est ne savoir pas aimer. […] Mais lorsqu’un digne Objet a pu nous enflammer, Qui le cede est un lâche, & ne sait pas aimer.
Je sais, avec saint Grégoire, qu’il y a des divertissemens permis. […] Car après tout, former & délasser l’esprit : est-ce là précisément un motif qui doive conduire des Chrétiens ; des Chrétiens qui savent qu’un Juge exact & rigoureux doit un jour leur demander compte d’une action, d’un geste, d’un seul mot inutile ; des Chrétiens qui savent qu’un instant peut décider, doit même décider pour eux d’une éternité de supplices ou de gloire ; des Chrétiens qui savent que toutes leurs actions, toutes leurs pensées, tous les mouvemens de leurs cœurs sont achetés par tout le Sang d’un Dieu ? […] vous ne savez pas même ce que c’est qu’innocence ; l’intrigue n’est pour vous qu’un amusement. […] Savez-vous que celui qui quitte son Prince pour s’attacher à son ennemi, doit se résoudre à périr avec lui ? […] Si rien ne semble vous tenter au spectacle, le démon saura prendre son temps pour vous attaquer.
Tantôt ils accusent les Magistrats, blâment les Pasteurs, les méconnaissent pour ne les reconnaître pas : et ainsi que les fourmis qui se travaillent de monter et descendre le long des arbres, sans savoir qui les pousse, recourent en tout, et surtout imitant les vautours qui ne s’attachent qu’à la charogne, ils ne font comme les abeilles qui se paissent des plus belles fleurs : leurs sens impurs ne voient qu’impureté, et leurs âmes ensevelies dans les ténèbres de leur présomption ne jouit que d’une fausse lumière, où ils se perdent, et leurs heures, et leur peines : et comme les compagnons d’Ulysse mangent les bœufs du Soleil. […] Grégoire de Nazianzej moine et Evêque, une des lumières de l’Eglise, appelé Théologien pour son savoir, a composé la Passion de notre Seigneur en vers grecs Iambiques très élégants. […] C’est vous, dis-je, Assemblée glorieuse, qui pouvez polir la rouille que l’ignorance ou la malice a fait naître en leur cerveau ; tout ainsi qu’en la ville de Tarse en Cilicie, il n’y a que l’eau de la rivière de Cidne qui puisse éclaircir, dérouiller, repolir le couteau sacré à Apollon, toutes les autres le lavent sans effet ; Faites de même de celle que vous puisez en Hélicon, comme vous en arrosez les esprits qui en sont dignes : Vous pouvez adoucir ceux qui nous piquent par la pointe d’une langue aussi tranchante qu’un rafoir affilé : L’office de la raison vous invite à leur montrer sa vérité : mais peut-être en sont-ils dégoutés : Les ânes n’aiment pas les violettes, leur pastures sont de chardons : nous leur laisserons porter la Déesse Isis sans leur donner aucun lieu en votre Théâtre, puisque vous avez enlevé sur tous une gloire qui ne laisse à aucun espérance de vous égaler : leur envie ne saurait apporter de tache à la splendeur de votre mérite. […] de faire couler en nos âmes par nos oreilles les préceptes de science et de vertu : Et parce que la loi est Reine et non tyranne, elle les veut imprimer avec une persuasion aussi agréable que docte et diserte : Elle sait que le sens de l’ouïe est le plus excellent, et qu’il sert plus à l’âme qu’au corps, parce qu’il est plus près de la partie où elle fait ses fonctions plus parfaites, et fort éloigné de celles des affections qui nous sont communes, avec les bêtes qui n’ont que le sentiment, que le vice nous peut attaquer de toutes les parts du corps, et la sapience n’a que la voie de l’oreille ; aussi les Athlètes les couvraient toujours allant au combat, bien que le reste du corps fût nu. Et parce que l’enuie d’ouïr, de savoir et d’apprendre est naturelle en nous, et que notre âme est comme un livre blanc où nous pouvons graver ce qui la doit remplir, ou une terre capable de recevoir l’ivraie et le bon blé ; elle nous choisit des propos pour faire germer des fruits et des fleurs qui puissent apporter une moisson digne de sa culture et de notre devoir ; pour ne faire de notre esprit un tableau d’horreur et de honte, et un champ de broussailles et d’épines, au lieu d’amaranthe, d’œillets, et de lys.
Les productions utiles coûtent : saisir avec précision une vérité, développer avec netteté un grand principe, suivre avec ordre le fil des conséquences, analyser avec exactitude une matière importante, ce ne fut jamais le chef-d’œuvre d'un esprit léger et superficiel qui ne sait qu'effleurer les objets, incapable de réfléchir, de comparer, de combiner les idées. […] Ce n'est pas un vice de langage : on peut être respectueux sans savoir la langue, et manquer très élégamment au respect. […] sait-on quelque chose quand on croit tout savoir, quand on ne sait qu'en Comédien ? […] Quoique dans la traduction des Métamorphoses en rondeaux, il eût vingt fois employé ces mots, comme il ne savait guère que des mots, ainsi que la plupart de ses confrères Poètes, Benserade fut fort embarrassé, et pour ne pas demeurer court, ayant vu dans la même loge un Evêque et un Archevêque, il dit à la Princesse : « Il y a entre ces Divinités la même différence qu'entre les Evêques et les Archevêques.
Je ne sais pourquoi il ne voulait pas étendre plus loin cette précaution. […] Mais laissons, si l’on veut à Aristote, cette manière mystérieuse de les purifier, dont ni lui ni ses interprètes n’ont su encore donner de bonnes raisons : il nous apprendra du moins qu’il est dangereux d’exciter les passions qui plaisent ; auxquelles on peut étendre ce principe du même philosopheAristote, Politique, 8. 4.
Mais son opinion est bien expliquée et bien soutenue ; il n’oublie rien de ce qui peut servir à sa cause, et à quelques endroits près, cette dissertation est fort raisonnable ; mais je ne sais s’il était expédient de la faire imprimer. […] Perault m’a envoyé son Apologie du Mariage, et je sais qu’il y a beaucoup d’autres antisatyres.
Voici comme il parle : « Plus j’examine les Saints Pères, plus je lis les Théologiens, plus je consulte les Casuistes, et moins je sais à quoi me déterminer. […] Pour commencer par la Danse : Qui est-ce qui ne sait pas que ç’a été la première manière d’honorer les Idoles ? […] Chacun sait que ce Saint a paru dans notre France dans un temps de trouble, où les circonstances ne laissaient guère d’attention à policer les plaisirs. […] Chacun sait que ce Saint embrassa la vie solitaire du désert aussitôt aprés son Baptême ; qu’il y vécu quelque temps avec S. […] je voudrais bien savoir comment en approchent ceux qui ne s’occupent que de ces sottises ?