» Enfin il finit en répondant à ceux qui voudraient ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois, et il dit : « Que les Rois n’apprendront jamais rien au Théâtre : et que Dieu les renvoie à sa Loi pour y apprendre leurs devoirs : Qu’ils la lisent tous les jours de leur vie ; qu’ils la méditent nuit et jour comme un David ; qu’ils s’endorment entre ses bras, et s’entretiennent avec elle en s’éveillant comme un Salomon : que pour les instructions du Théâtre, la touche en est trop légère, et qu’il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme y fait à la fois un jeu des vices, et un amusement de la Vertu.
Tels sont les préjugés que les Rois de France, armés de toute la force publique, ont vainement attaqués. L’opinion, reine du monde, n’est point soumise au pouvoir des Rois ; ils sont eux-mêmes ses premiers esclaves. […] Que nous importe d’aller étudier sur la Scène les devoirs des rois, en négligeant de remplir les nôtres ? […] Nous avons tous les ans des revues ; des prix publics ; des Rois de l’arquebuse, du canon, de la navigation. […] [NDA] On me dira qu’il en faut aux Rois pour la guerre.
Les Casuistes ne sont point rares dans la capitale du Royaume ; il falloit interroger la Sorbonne : le Prélat, les Pasteurs vous auroient répondu volontiers ; mais vous vouliez être autorisée, & désesperant d’en tirer un avis favorable, vous avez imité les Rois d’Israël, qui consultoient les faux Prophétes : semblable à ces enfans du mensonge dont parle Isaie, qui disoient aux Prophétes : Ne nous annoncez aucune vérité fâcheuse, ce sont des oracles conformes à nos inclinations, que nous attendons de vous ; n’importe pas que ce soit des erreurs, pourvû qu’elles nous plaisent1.
Cette haute puissance à ses vertus rendue L’égale jusqu’aux Rois dont je suis descendue, Et si Rome & le tems m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encor le courage & le sang : Dans mon sort ravalé je sçai vivre en Princesse ; Je suis l’ambition, mais je hais la foiblesse.
Les Danses sacrées, donnèrent dans la suite, l’idée de celles que l’allégresse publique, les Fêtes des particuliers, les Mariages des Rois, les Victoires, &c. firent inventer en différens temps ; & lorsque le génie, en s’échauffant par degrés, parvint enfin jusqu’à la combinaison des Spectacles réguliers, la Danse fit une des parties principales qui entrèrent dans cette grande composition.
On ne fait paroître des Religieux & des Abbés sur le théatre que pour se moquer d’eux, ce qui, par un contre coup inévitable, fait mépriser l’Etat, l’Eglise, la Religion : par cette raison, les Théatres Britaniques, Luthériens, Calvinistes sont remplis de capuchons & de petits colets ; & au contraire tous les Princes catholiques, sur-tout les Rois de France ont constamment défendu par leurs Ordonnances d’en prendre les habits, d’en jouer les rôles, d’en faire aucune mention ; cette loi s’observe à la Cour & à la Comédie Françoise, fort peu aux Italiens & aux théatres de société, à l’Opera ; le caractere des pieces ne le comporte point. […] Sa qualité de nouveau converti, dans un temps où l’on travailloit à ramener les protestans ; quelques dissertations sur les médailles, & un Poëme sur l’ame des bêtes, qu’il dédia au Confesseur du Roi, furent récompensé par un Canonicat de Forcalquier, où il n’alla jamais. […] Dans une piece représentée à la Cour, le Roi fut si content de son jeu, qu’il augmenta sur le champ de 3000 sa pension de 1000 qu’elle avoit déjà.
Voisin, Conseiller du Roi, n’écrit pas avec moins de véhémence, contre les spectacles de son tems. […] Les jours de Noël, des Rois, tout le Carême &c. […] Permettez-moi d’ajouter, Madame, que j’ai lu l’excellent livre de Mr. de Fénélon, sur l’éducation des filles, celui de Mr. l’Abbé Clement, Prédicateur du Roi, & jadis Aumonier & Confesseur des Dames de France. […] Ne devons nous obéir à Dieu, à l’Eglise & au Roi, que lorsqu’ils nous auront fait part de leurs motifs, & exposé les raisons de leur conduite ? […] Rousseau, le Prince de Marsillac, Mr. l’Avocat Séguier, dans son réquisitoire du 18 Avril 1770, imprimé par ordre du Roi, le Cardinal Delci &c, les Curés de Paris, en 1779.