Il y porta cet air, ce style comédien qui amuse et fait rire, et mena toujours une vie fort dissipée.
Et ce qui prouve que nous sommes au comble, c’est que ces descriptions mêmes sont si éloignées de nous couvrir de honte, qu’elles ne servent qu’à nous faire rire, comme il arrive aux Représentations dramatiques, où l’on s’amuse des portraits de ses propres vices ».
L’avare des premiers rit du tableau fidèle D’un avare souvent tracé sur son modèle, Et mille fois un fat fièrement exprimé Méconnaît le portrait sur lui-même formé. » Mais écoutons les aveux d’un poète dramatique, M. de La Mothe, auteur du Magnifique et d’Inès de Castro. […] L’amour-propre, douloureusement blessé, crie à l’injustice, à la calomnie ; mais l’homme sensé rit de ces vaines clameurs, et l’auteur qui veut en mériter le nom et la gloire, écoute avec reconnaissance, et se corrige avec empressement ou docilité. […] En vain dira-t-on que, bientôt désert, le théâtre n’offrira plus d’intérêt et de plaisir au spectateur, s’il est circonscrit et renfermé dans les bornes d’une morale austère, et qu’autant vaudra désormais chercher nos délassements dans les discours de nos orateurs chrétiens, s’il n’est plus permis de rire au spectacle.
Le sieur Sahalin, Tailleur costumier de Monseigneur le Comte d’Artois, charge de nouvelle création qui ne se trouve pas dans l’Etat de la France, a écrit une belle lettre aux Journalistes de Trévoux, à laquelle, pour rire sans doute, ils ont accordé les honneurs de la presse, pour exposer les prérogatives de son art, qu’il fait marcher de pair avec tous les arts libéraux, fort au dessus des arts méchaniques.
» Il conclut que ces spectacles doivent être défendus, dans lesquels on ne voit que des choses malhonnêtes, où l’on n’entend que des paroles bouffonnes et vaines, où les représentations sont contre la pudeur, où les Comédiens et les Farceurs disent des paroles très libres pour faire rire. […] « Dans les Théâtres , dit-il, il n’y a que des ris dissolus, des choses honteuses, qu’une pompe diabolique, qu’une dissipation d’esprit, qu’une perte de temps, que des projets d’adultère : ce n’est qu’une Académie d’impureté, et une école d’intempérance.
Le parloir, le réfectoir, le dortoir, les cellules se réforment avec les habits, & commencent à bannir les visages maigres & livides, les habits pauvres & grossiers, les pieds ensanglantés, les yeux extatiques des saints fondateurs, pour arborer ces teints frais, ces ris, ces jeux, ces graces, ces yeux brillans, ces images riantes de la dévotion à la mode.
Rousseau de Genève nous apprend même qu’il connaît une Dame de condition à Paris, qui ne peut entendre quelque musique que ce soit, sans être saisie d’un rire involontaire & convulsif41.