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112. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IV. La Comédie considérée en elle-mesme. » p. 8

La vertu au contraire ne s’y montre qu’en tremblant, sous les dehors les plus sombres, & toujours couverte de ridicule.

113. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Se voyant resserrée dans les bornes qu’on lui avait prescrites, elle eut recours à des intrigues et à des actions bourgeoises, qui représentaient les caractères, tels qu’on les voit dans la société, pour en montrer le ridicule et parvenir, par là, à les corriger. […] En effet, il est certain que les caractères étaient très propres à amener la réforme, si on les avait introduits dans l’intention de corriger le Théâtre ; mais ce ne fut point là l’esprit dans lequel on nous les présenta : On prétendit seulement corriger les ridicules qui influent sur les mœurs ; et, à la vérité, on y parvint en partie et à quelques égards ; mais on peut dire aussi que, de la même main, on présenta au malade la médecine et le poison tout à la fois.

114. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Il seroit ridicule de faire danser un paysan en habit de Magistrat, une danse gaie en habit de furies, un Turc en habit de François, un Romain sous l’habit d’un Italien. […] Tel est l’ouvrage très-superficiel de Cahusac sur la danse ; c’est un recueil de traits, d’anecdores amusantes sur la danse, où quelquefois même oubliant la décence & les égards dus aux choses saintes, il les tourne en ridicule, comme quand il fait donner un bal à Philippe II par le Concile de Trente, & le Legat du Pape qui y présidoit en fait l’ouverture. […] Elle seroit ridicule, elle feroit tomber toutes les danses, & avec elles bien-tôt le spectacle même. […] Le mariage, ce sacrement respectable, cette union sainte, établie de Dieu même, n’a d’épithêtes désavantageuses, bizarres, ridicules, si propres à en dégoûter toute la jeunesse, que celles que le théatre lui donne, parce qu’on l’y profane, & qu’on ne l’envisage que du mauvais côté qu’on lui prête, pour s’en jouer, & c’est un des grands désordres du théatre. […] Les vieilles gens, qui pourroient aller au bal sans intéresser leur conscience, y seroient ridicules, & les jeunes gens ne peuvent y aller sans s’exposer à de grands périls.

115. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ni le Saint ni le Philosophe ne descendent du trône pour courir le monde en avanturier qui écoute toutes les passions, qui joue toutes sortes de rôles, qui se moque des loix de la décence, ne donne aucune marque de piété, quitta-t-il l’empire du monde, ne grossira jamais la liste des Héros & des Saints ; les éloges dont on comble son libertinage ne peuvent que couvrir de honte ses flatteurs, & la vanité de se faire un mérite d’une démarche forcée, ne peut que couvrir de ridicule celui qui veut prendre l’univers pour dupe. […] On a trouvé après sa mort cet ouvrage ridicule dans ses manuscrits avec ses sections coniques ; on a eu la sagesse de ne pas l’imprimer, & d’en épargner le ridicule à l’Auteur & à la Princesse. […] Cette tentative ne fit que donner à l’Europe une scène qui acheva de la rendre ridicule. […] Il y en a cinquante encore pleines de fadeurs, que leur excès même rend ridicule : Pictoribus at que Poetis quidlibet audendi semper suit æqua potestas. […] Le théatre eut-il jamais de tragédie aussi bisarrement atroce, & si jamais quelque Shakespear s’avisoit de mettre Christine & Monal Deschi sur la scène, ne craindroit-il pas de se déshonorer & de révolter tout le parterre, ne fut-il composé que des cannibales, s’il faisoit venir un Mathurin donner l’absolution à cet amant infortuné par l’ordre d’une si barbare & si ridicule Héroïne.

116. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXII.  » p. 481

Comme on n'y représente que des galanteries ou des aventures extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on use dans les affaires sérieuses; on y prend insensiblement une disposition d'esprit toute romanesque, on se remplit la tête de héros et d'héroïnes ; et les femmes principalement y voyant les adorations qu'on y rend à celles de leur sexe, dont elles voient l'image et la pratique dans les compagnies de divertissement, où de jeunes gens leur débitent ce qu'ils ont appris dans les Romans, et les traitent en Nymphes et Déesses, s'impriment tellement dans la fantaisie cette sorte de vie, que les petites affaires de leur ménage leur deviennent insupportables; et quand elles reviennent dans leurs maisons avec cet esprit évaporé et tout plein de ces folies, elles y trouvent tout désagréable, et surtout leurs maris qui, étant occupés de leurs affaires ne sont pas toujours en humeur de leur rendre ces complaisances ridicules, qu'on rend aux femmes dans les Comédies, dans les Romans et dans la vie romanesque.

117. (1675) Traité de la comédie « XXII.  » p. 310

Et quand elles reviennent dans leurs maisons avec cet esprit évaporé et tout plein de ces folies, elles y trouvent tout désagréable, et surtout leurs maris qui, étant occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours en humeur de leur rendre ces complaisances ridicules, qu'on rend aux femmes dans les Comédies et dans les Romans.

118. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Dans votre réponse à vous, Monsieur, on trouve les reproches répétés de mauvaise foi, d’absurdité, de mensonge et de ridicule. […] J’avais invoqué les autorités religieuses, et vous ne contestez point que des cardinaux et des Jésuites aient composé des pièces de théâtre ; mais, quoique celles dont j’ai parlé, aient été représentées dans des maisons d’éducation et par conséquent devant des ecclésiastiques respectables et fort instruits, ce qu’on ne rencontre pas partout, vous répondez « le clergé ne s’abuse pas au point de croire que chacun de ses membres soit une divinité infaillible. » Je reconnais avec vous qu’il serait plus que. ridicule de croire à la divinité du clergé ; cependant un Pape est infaillible, du moins en bon catholique vous devez le penser : or, j’ai cité le Pape Léon X, qui faisait jouer des pièces de théâtre dans son palais, et vous avez glissé sur cette citation…. […] Allons, Monsieur, exécutez-vous de bonne grâce : laissez-nous entendre quelque bonne comédie, où le vice et l’hypocrisie soient livrés au ridicule ; laissez danser nos enfans, ne les envoyez point en enfer, et Dieu vous bénira.

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