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73. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Le Démon remplit votre esprit toute la nuit de l’attente des plaisirs ; quand il vous montre ce que vous aviez tant désiré, il vous lie en esclave. […] Vous courez en foule au théatre, comme vous iriez à l’entrée de quelque Ambassadeur ou de quelque Général d’armée, pour remplir vos cœurs & vos oreilles d’infamie. […] Vous portez du théatre dans vos maisons ces ordures empestées dont par les yeux & les oreilles vous avez rempli vos ames, & qui s’y sont comme établies.

74. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

Trop heureux si je puis l’amener jusqu’au bout ; La remplir dignement et satisfaire à tout !

75. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

La voilà donc la grande Pythonisse, vêtue de blanc, pour marquer la pureté de ses mœurs ; car depuis la défunte Daphné, Apollon n’aime que les vierges ; aussi les muses font-elles appellées les chastes sœurs ; pere des poëtes, aussi chastes qu’elles ; la voilà l’intime amie de Voltaire, l’héroïne de toutes les pieces, qui a rempli de son nom tous les théatres, depuis Rouen jusqu’à Vienne, à Varsovie, à Petesbourg & au Palais de délices ; qui a fait résonner tous les échos, de sa voix mélodieuse, qui a allumé tant de passions, fait composer tant de vers, fait tourner ; la tête à l’Avocat Huerne, qui voit à ses pieds toutes les autres actrices, comme un grand chêne porte sa tête chenue au-dessus des nuages, & daigne à peine régarder les petits arbrisseaux qui croissent au tour de lui ; qui a formé pour le théatre sa chere fille, la charmante Hus, vestale comme elle ; en un mot, & c’est tout dire, ce mot renferme tous les éloges ; la voilà l’incomparable Clairon, qui à pas lents, & d’une démarche majestueuse, d’un air de reine, accompagnée des graces, des jeux, des ris, des talens, s’avance vers la statue du Dieu Voltaire. […] toi qui sans doute incrédule A tant de prodiges nouveaux, Diras de lui comme d’Hercule, Un seul n’a point fait ces travaux ; Ne divise point ton hommage, Fixe tes régards incertains, Porte les yeux sur cette image, Vois celui qui dans quinze lustres, Egal à vingt hommes illustres, En a seul rempli les destins. […] Il en reste des médailles, comme des Empereurs Romains, où il est représenté avec les attributs de la divinité : quels cantiques n’ont pas chanté en son honneur, les savants & les savantes, jusqu’à Madame d’Acier, dont le tendre amour pour Homere, a rempli tant de volumes, & soutenu une si rude guerre. […] Titon du Tillet a rempli son livre, & chargé son parnasse.

76. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

La magie du Spectacle, la vue d’une aimable Actrice ; les beautés qui remplissent les loges ; tout nous porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des Drames dont l’intrigue agréable & galante, dont le stile léger & délicat, nous invitent à nous livrer à la tendresse. […] Or une semblable Pièce peut-elle remplir les Spectateurs d’idées honnêtes ? […] Le jeu de l’Actrice, le charme de la musique, le souffle de la volupté qu’on respire aux Spectacles lyriques, remplissent nos sens dans cet endroit d’un trouble, d’une langueur involontaire ; & font presque tomber la gaze légère qui cache aux Spectateurs une partie de la vérité La manière dont s’èxprime Isabelle, qui se lasse de faire le guet, achèverait de montrer de quoi il s’agit, si l’on était encore à l’ignorer. […] Votre transport Etait rempli d’un respect pitoyable ; Avec timidité vous vous rendiez coupable ; Il faut, dans certains cas, avoir tout-à-fait tort.

77. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Elle gène plus d’un Auteur, qui trouve souvent son sujet trop court pour remplir la tâche prescrite. […] La plus-part des Opéras-sérieux remplissent d’ennui leurs Spectateurs, malgré l’éxcellence de leur musique : retranchez-en deux Actes, vous en ferez des Ouvrages charmans.

78. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

Nicole, qui est la semence de la vie, & la parole du diable qui est la semence de la mort, ont cela de commun qu’elles demeurent souvent longtems cachées dans le cœur sans produire aucun effet sensible… Le diable se contente quelquefois de remplir la mémoire des images (du spectacle) sans passer plus avant, & sans en former encore aucune tentation sensible : mais ensuite après un long tems, il les excite & les réveille sans même qu’on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits dignes de mort, Rom.

79. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, ou qu’on ne veuille pas ranger parmi les pièces d’aujourd’hui, celles d’un auteur qui a expiré pour ainsi dire à nos yeux, et qui remplit encore à présent tous les théâtres des équivoques les plus grossières, dont on ait jamais infecté les oreilles des Chrétiens.

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