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6. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Troisième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 25-27

Oui, mon amie, sauvez-moi de moi-même : il n’est que trop vrai que j’ai des devoirs à remplir ! […] Vous savez que j’ai des devoirs à remplir ; je ne vous en serai pas moins cher ; mais vous espérez avoir la force de vous immoler à cette que vous nommates votre trop heureuse Rivale… Non, je ne méritai jamais ni son amour, ni votre estime : vous êtes toutes deux trop au-dessus de moi… Mon cœur se déchire.

7. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Il y en a même, dont les Pièces en tirent leur principal lustre ; & cela suffit pour déterminer les autres à ne remplir leurs ouvrages que de vers, & à ne meubler leur tête que de mots. […] S’il y a quelques compositions littéraires, qui ne remplissent pas cet objet, on doit l’attribuer aux Auteurs & non au genre de ces Piéces. […] Une dignité nouvellement acquise remplit toute l’ame d’un ambitieux encore dans la poussiere. […] Les idées, dont un Poëme est rempli, sont nobles ou sublimes, brillantes ou délicates, simples ou naïves. […] Ce discours est rempli d’images & de peintures, & c’est à notre imagination, qu’il parle contre l’abus de l’imagination. » C’est donc elle qui est la source des images, & non la Poësie de style : Celle-ci n’est donc pas la cause du plaisir qu’on éprouve à la lecture d’un Poëme ?

8. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre X. Des entrées faites aux Rois & aux Reines. » pp. 205-208

S’ il est quelque chose parmi nous qui puisse estre comparée aux triomphes Romains, & remplir en quelque façon les idées qui nous en restent, ce sont sans doute les Entrées que les bonnes Villes font à leurs Souuerains ; la depense, la magnificence, & la foule du peuple & des aclamations r’appellent dans le souvenir, & representent assez fortement ces anciennes & fastueuses Pompes dont on recompensoit les Vertus & les Succez des grands Hommes. […] Un Gustave pouvoit se passer de la simple peinture de ses belles actions ; ses victoires pouvoient remplir plusieurs Arcs triomphaux, & les Heros comme luy fournissent toûjours assez de matiere pour joüir d’une pleine gloire sans le secours des beaux Esprits.

9. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

L es Auteurs de nos jours, peu capables de remplir un Poëme d’action, parce que leur tête est vuide, & qu’ils ne savent pas tirer d’un sujet toutes les ressources qu’il fournit, se jettent sur les Sentences ou maximes, sans réfléchir qu’elles ne sont pas le moindre obstacle à leurs succès. […] Il prétend qu’on n’y doit pas moins instruire que toucher & comme ce premier devoir est plus facile à remplir que l’autre, parce qu’il n’y a rien qui coute moins à trouver qu’un lieu commun, & que l’homme est naturellement porté à donner des avis, on les séme avec profusion.

10. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre V. Du nombre des Acteurs. » pp. 252-256

Il est certain que lorsqu’on remplit trop le Théâtre de personnages parlants, on court risque d’embrouiller l’intrigue, surtout s’il ont des choses à dire assez importantes pour qu’il faille les entendre. […] On en voit la preuve dans le Sorcier, dans Tom-Jones, où le Théâtre est long-tems rempli de presque tous les Acteurs nécessaires à l’action de la Pièce.

11. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

N’est-ce pas là que tout l’art s’épuise à raffiner les plaisirs, à faire entrer le luxe et la volupté, par les oreilles et par les yeux, pour en remplir l’âme, et pour les faire triompher ? […] Oui, le Théâtre est le tableau du monde, et un tableau qui, par les traits dont il est rempli, est plus dangereux que le monde même. […] N’est-ce pas là qu’il domine, en foulant aux pieds les lois de l’Evangile, et les règles de la pénitence ; qu’il vous arrache des pleurs sur des aventures criminelles et scandaleuses ; qu’il attache votre esprit et votre cœur à des récits pernicieux ; qu’il remplit votre mémoire d’images impures ; qu’il vous fait avaler un poison d’autant plus dangereux, qu’il flatte votre goût, et qu’il est mieux préparé ? […] Combien de fois n’avez-vous pas senti des mouvements d’orgueil et d’impureté s’élever dans votre âme, et la remplir de toutes sortes d’images, lorsqu’on exprimait le langage de ces passions avec tant de force et tant d’énergie ? […] Mais qui est-ce qui ne sait pas que les hommes changent ; que la loi de Dieu demeure éternellement, et que par conséquent il est aussi certain aujourd’hui qu’il l’était autrefois, que l’innocence fait presque toujours naufrage au milieu des Spectacles ; qu’on en revient avec le cœur rempli des plaisirs et des vanités du monde, et qu’il n’y a rien qu’on doive plus redouter que leur fréquentation.

12. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Montagne qui se déclare aussi grand amateur de ces bonnes odeurs, dit qu’il désireroit fort de connoître & d’avoir une pareille cuisine, afin de goûter en même-temps le double plaisir du goût & de l’odorat quand on dépeçoit les viandes, non-seulement toute la table & toute la chambre, mais tout l’appartement étoit rempli de ces odeurs ; elles se répandoient dans la rue, ce qui arrive à toutes les grandes cuisines, dont l’odeur de ce qu’on apprête se répand au loin. […] C’étoit une vraie Actrice qui remplit l’Europe & l’Asie de scènes tragiques, ou comiques. […] Tout passe, disent-ils, jouissons des biens que la jeunesse nous offre, remplissons-nous des parfums, faisons-nous des couronnes de roses, moissonnons pour notre plaisir toutes les fleurs des prairies, unguentis nos impleamus, coronemus nos rosis, nullum sit pratum quod non pertranseat luxuria nostra . […] Votre sein est rempli de parfums, ubera fragrantia unguentis optimis . […] Source intarissable de mauvaises odeurs elles fait du corps de l’homme un cloaque qu’il faut couvrir d’un nuage d’ambre gris ; Le crime le tient toujours dans l’ordure, il ne peut trop se parfumer, le vice transpire par tous les pores, c’est un cadavre embaumé, un momie que l’art du baigneur comme celui des Égyptiens remplit d’aromates ; que la décoration n’en impose pas.

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