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86. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Moliere, génie unique, & plus admirable qu’Aristophane, puisqu’il n’avoit pas la même liberté, sut réunir les deux Genres, celui d’Aristophane & celui de Menandre, & força les Nations voisines, peu favorables à notre Poësie, à le regarder comme le Maître de la Comédie. […] De quel genre étoient les anciennes Comédies des Italiens, & dans quel Ville celle qui est regardée comme la meilleure, & qui a pour Auteur Machiavel, a-t-elle pû trouver un Théâtre & des Spectateurs ! […] Lorsque Moliere qui nous avoit accoutumés à une censure enjouée du Ridicule, mourut, Boileau regarda la Comédie comme morte avec lui.

87. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

C’est contre ces jeux et ces spectacles profanes que je veux parler aujourd’huy à l’exemple de tous les saints Pères, qui les ont toujours regardés avec horreur : et afin que les mondains ne me puissent rien objecter, nous verronsDivision. […] On doit regarder ces sortes d’occasions dans lesquelles une necessité de bienséance engage quelques personnes ; on doit, dis-je, les regarder comme une espèce de persécution, où il faut s’armer de courage et de vertu.

88. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

J'allais me regarder comme un monstre dans la société, si je n’eusse eu recours à ma conscience, au sens commun et à la Religion : je les ai consulté tous trois : tous trois m’ont assuré que vous aviez tort. […] Chrysostome de qui vous tenez ce fait, et de joindre les circonstances qu’il y ajoute : vous appelez magnificences du Cirque ce que ce Père de l’Eglise et le Barbare ne regardaient avec raison que comme des abominations. […] Voilà Monsieur les spectacles utiles qu’on doit autoriser : les Comédiens qui les exécutent, loin d’avoir des reproches à se faire, doivent se regarder comme les défenseurs de la vertu, aussi bien que les Auteurs dont ils sont les organes.

89. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Car comme nous avons dit auparavant, suivant le sentiment de plusieurs Docteurs anciens très considérables par leur sainteté, et par leur doctrine, les danses ne sont point permises que pour des sujets raisonnables, et importants, qui regardent le bien de la société civile, aux jours mêmes qui ne sont pas particulièrement dédiés à la piété et au culte de Dieu. […] Il est vrai que pour ce qui regarde les Fêtes, quelques Casuistes ont ajouté, par une condescendance excessive, des exceptions très dangereuses, par lesquelles ils donnent aux Chrétiens une liberté contraire aux sentiments de l’Eglise, et à l’esprit de leur profession.

90. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

Reste donc à examiner si ces sortes de divertissements sont licites, et s’ils ne sont point accompagnés de circonstances et défauts qui les rendent illicites et condamnables ; et pour cet effet considérons-les, et les regardons dans l’esprit, et selon la règle des plus saints hommes qui nous aient précédés. […] C’est donc des spectacles infâmes où l’on ne voit, et on n’entend que postures méfiantes et déshonnêtes, et paroles équivoques, quelquefois même brutales, dont j’ai eu dessein de parler ; et c’est encore sur ceux-là mêmes sur lesquels, mon cher Lecteur, je veux vous faire entendre derechef les sentiments de ceux qui les ont regardés dans l’esprit de Dieu.

91. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Le Sage nous y avertit de ne pas fréquenter une femme qui fait profession de danser et de chanter ; de ne pas même la regarder, ni l’écouter, de peur que nous ne périssions, vaincus par la force de ses charmes. […] Qui ne regarde celles qui sont dans une profession si contraire aux engagements du Baptême, comme des esclaves exposées, en qui la pudeur est éteinte ? […] … On ne joue point la Comédie pour une seule personne : c’est un spectacle offert à toutes sortes d’esprits, dont la plupart sont faibles ou corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux… C’est leur faute, direz-vous, d’y assister en cet état… Il est vrai, mais c’est aussi la vôtre, puisque vous contribuez à leur faire regarder la Comédie comme une chose indifférente. […] On y apprend à juger de toutes choses par les sens, à ne regarder comme bien, que ce qui les satisfait, et à ne considérer comme réel, que ce qui les frappe. […] L’Opéra lui paraît excessivement dangereux dans toutes ses parties : il regarde la musique et la danse, qui en sont l’âme, comme des écueils où la modestie et la pudeur échouent presque toujours35.

92. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

 143.) disent : Si l’on ôte au théatre cette modesti nécessaire aux bonnes mœurs, si on cherche à corrompre l’esprit & le cœur par des peintures agréables du vice, comme dans tous les maquignonages de Dancour, avec quelque génie qu’on exécute un dessein si pernicieux, on doit être regardé comme un empoisonneur qui donne un goût agréable à des liqueurs mortelles. […] On seroit étonné de voir la sainteté d’une si vénérable assemblée si peu respectée, si on ne savoit que les Comédiens ne respectent rien ; mais on auroit tort de tirer avantage de son silence, pour autoriser le théatre, soit dans le mystère donné à l’Empereur, auquel vrai-semblablement grand nombre de Prélats assistèrent, parce que ce spectacle, jusqu’alors inconnu, fut regardé dans les idées du siecle comme un acte de religion, soit pour les Batteleurs & les Courtisannes, qu’on ne le soupçonnera pas sans doute d’avoir approuvé, parce que ces saintes assemblées, uniquement occupées des affaires de religion, n’ont jamais prétendu avoir inspection sur la police. […] Et en général il regarde le théatre comme une école du vice ; il blâme le goût du peuple, que le gouvernement ne devoit pas souffrir, & qui a été toûjours reprouvé par les gens sages & pieux, dont il cite un grand nombre : Se hasion con tan excessivo gusto, con tanta profanidad y vanidad non ai cosa tan contraria à las buenas costombres, como assistar a las comedias, que son escuelas publicas de peccados. […] Ces loix Romaines ont subsisté dans les deux Empires, & subsistent encore chez tous les peuples, malgré toutes les révolutions des religions & des États, & à l’exception de quelques têtes théatrales qui voudroient rendre tout le monde Comédien, elles ont toûjours été regardées comme très sages par l’univers entier. […] Labienus à Rome fut regardé & se regarda comme dégradé, pour avoir joué une fois, à la priere de César, dans une de ses pieces.

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