Si jamais il approche des sacremens, ils ne se regardent entr’eux comme des gens pieux & dans la bonne voye, & ne s’y croyent pas eux-même. […] Tous les anciens casuistes qu’on pourroit regarder comme relâchés sur l’article du spectacle, n’ont fait & ne pouvoient faire autre chose ; leur indulgence prétendue n’a aucune application au vrai théâtre dont on n’avoit aucune idée, ni aucun modele. […] Ne se borne-t-on pas aux exhortations générales, d’éviter le danger, de ne pas écouter de mauvais discours, fréquenter de mauvaises compagnies, regarder des objets obscénes. […] Que si on veut blâmer tout ce qui ne regarde pas directement Dieu & notre salut, on ne doit pas trouver mauvais que la comédie soit condamnée, &c. […] On a dit ce qu’on n’a pas dit de Moliere, qu’il se reconnut avant sa mort, & dit en versant des larmes : Voilà celui que vous regardez comme un Dieu, qui dans un moment ne sera plus : J’étois trop heureux ; il faut vouloir ce que Dieu veut.
L’on ne nous dira pas non plus que le Décret du Concile regarde un de ces points de discipline, qui ne peuvent être reçus partout. […] Ces admirables marques de la divine puissance doivent être gravement annoncées ou sérieusement méditées, et elles doivent servir à faire entendre à tous les hommes, que Dieu sera fidèle dans toutes les promesses spirituelles du nouveau Testament, comme il l’a été dans celles de l’ancien, qui ne regardaient que les biens ou les maux de ce monde et qu’on verra accomplir à la lettre ce que Jésus-Christ a dit si souvent. […] Ils ne peuvent ignorer que l’Eglise les regarde comme des pécheurs publics ; et puisque par leur état ils sont pécheurs, qu’ils écoutent avec frayeur ce qui est dit au Psaume 49. « Peccatori autem dixit Deus, quare tu enarras justitias meas, et assumis testamentum meum per os tuum. […] Car outre qu’Origène nous a dit qu’il ne faut s’en nourrir que dans les lieux saints, « In loco sancto edi jubentur », le Prophète Jérémie qui regarde les divines paroles comme « la nourriture de son âme et la joie de son cœur », ajoute d’abord après, que la parole de Dieu lui a appris à ne pas s’asseoir avec ceux qui jouent Jerem[ie]. 15. 17. […] , regardait comme une chose indigne, que dans un temps de disette on eût souffert à Rome un aussi grand nombre de danseurs et autres gens de cette nature, qu’il y en avait auparavant.
Ses infortunes doivent être regardées comme la suite de quelque mauvaise action ; mais il ne faut pas qu’elle parte d’un mauvais fond, ou d’une âme noire ; il faut plutôt que ce soit l’effet d’une certaine fragilité, qui n’est pas incompatible avec une grande vertu : C’est ainsi, que la jalousie injuste de Thésée, l’infidélité de Jason, qui abandonne Médée, pour prendre une autre épouse ; la présomption de Niobé, qui se glorifiait dans le grand nombre de ses enfants, et qui méprisait Latone, ont été punies avec justice. […] Eschyle, ni Sophocle n’y ont pas regardé de si près ; ils ont représenté Oreste poignardant Clytemnestre sa mère, sur le Théâtre : quelque sujet qu’il eût de la haïr, il n’y a point de raison, qui puisse autoriser un fils à commettre un parricide, et à tremper ses mains dans le sang de sa propre mère. […] La Comédie en elle-même, et séparée des circonstances qui la rendaient vicieuse du temps que les Pères déclamaient contre elle, peut être regardée comme une chose purement indifférente ; mais les meilleures choses peuvent devenir criminelles par le mauvais usage que l’on en fait : Les mêmes sucs, et les mêmes herbes dont on compose d’excellents remèdes, deviennent des poisons pernicieux, quand on les apprête d’une autre manière. […] C’est peut-être pour cela que les Comédiens, dans le Digeste de Justinien, sont traités comme des infâmes, à cause qu’ils abusaient de leur profession pour corrompre les bonnes mœurs, par les infamies qu’ils mêlaient dans leurs pièces, et par les postures honteuses, qui accompagnaient leurs Représentations ; mais puisque l’on ne peut rien reprocher de semblable ni à la Comédie, ni aux Comédiens modernes, on ne doit pas regarder leur état, des mêmes yeux, qu’on le regardait au temps de Justinien ; car les Comédiens vivent en honnêtes gens ; ils sont soufferts et estimés des plus grands Seigneurs de la Cour, qui les admettent à leurs tables, à leur jeu, dans leurs parties de plaisir ; les pièces qu’ils donnent au public, sont châtiées, tous les sentiments en sont beaux, et portant plutôt à la vertu, qu’au vice et au libertinage. […] On regardait les Comédiens comme des infâmes ; et ils n’étaient pas même reçus à former des accusations.
Quel avantage tireriez-vous d’être avoue de cette Epouse de Jesus-Christ, si vous continuez à lui faire répandre des larmes, à perdre ses enfans que vous regardez comme vos freres, en versant dans leur cœur le venin de la séduction, à faire revivre en un mot toutes les passions que le Sauveur a combattues, entretenant vous-même une guerre ouverte avec cet Homme-Dieu, dont vous détruisez l’empire dans les ames. […] Aussi-tôt, dit Tertulien1, qu’un Spectacle n’ébranle pas les personnes qui y assistent, que ceux-ci demeurent froids & tranquilles, on regarde la piéce comme un corps sans ame.
Car ce qu’en dit M. de Saint Evremond n’est que comme un léger crayon, qui n’est pas même ressemblant, au moins pour l’essentiel. « Il n’y a point de Comédie (ce sont ses termes) qui se conforme plus à celle des Anciens que l’Anglaise, pour ce qui regarde les mœurs. […] Collier, lequel combat la Comédie Anglaise par un parallèle continuel avec celle des Anciens, dont l’Anglaise s’écarte si fort pour ce qui regarde les mœurs.
Quand on ne sent donc pas la même aversion pour les folles amours, et les autres dérèglements qu'on représente dans les Comédies, et qu'on prend plaisir à les regarder, c'est une marque qu'on ne les hait pas, et qu'il s'excite en nous je ne sais quelle inclination pour ces vices, qui naît de la corruption de notre cœur.
Dans ce qui regarde l’Eglise, il avait pour maxime, que les Princes étant plus exposés que personne, à la tentation, et au péché, ont aussi besoin plus que personne, d’implorer le secours, et la miséricorde de Dieu. […] On crut que le changement d’air, et le repos le pourraient soulager ; mais il était si ponctuel en ce qui regarde le service du Roi, qu’il ne voulut point quitter les Etats sans un ordre exprès de sa Majesté. […] Cette nouvelle proposition mérite d’être examinée ; mais il faut auparavant remarquer 1° que la religion comprend le culte divin, qui regarde la croyance : et la manière de rendre ce culte qui regarde l’usage, et la pratique de la religion. […] On ne peut pas douter qu’en cette rencontre le peuple ne regardât ces Jeux comme un simple divertissement. […] ; ce qui fait voir clairement que ces lois regardaient les Païens.