Qui peut envier un plaisir si pur, si sain, si salutaire ?
Mais c’est quelque chose de plus que la pure danse ; sur-tout, & c’est là tout ce qui nous occupe dans cet ouvrage, tout cela peut porter & porte en effet très-dangereusement sur les mœurs, ces attitudes, ces gestes, ces attributs, cette énergie de langage passionné, indécent, tout ce pantomime peut n’être & n’est ordinairement que la peinture du vice, le langage des passions les plus séduisantes, qui font du spectacle l’écueil de l’innocence.
Ils se sont humanisés, leurs mœurs ne sont pas plus pures que celles des Catholiques, les superstitions magiques n’ont pas fait chez eux les mêmes progrès, soit par esprit de contradiction, soit parce que dans ces apparitions aussi absurdes qu’horribles, il entroit beaucoup de cérémonies des Catholiques, qu’on profanoit en les y mêlant ; les saintes huiles, les Agnus Dei, les signes de Croix.
On apprendra de Corneille à donner au style une majesté simple, au dialogue une vigueur pressante, &c, de Racine, un choix heureux des expressions pures & élégantes, insinuantes, &c. de Voltaire, à donner une couleur mâle, une philosophie touchante, &c. de Marmontel, tout, &c.
Ensuite parut la vertu d’une beauté ravissante, véritable & sans fard, lumiere pure, air noble & majestueux, la modestie & la pudeur.
Térence, cet auteur élégant, pur et correct, y a puisé toutes ses pieces, et cependant rien n’est plus contre la décence théâtrale que les cris de l’Andrienne qui accouche, et la comédie entiere de l’eunuque.
Bergier flatté par ces éloges, & endormi par cette espece de profession de foi, lut la tragédie, il n’y trouva pas la moindre trace d’opposition au Christianisme ; il écrivit au bas son approbation pure & simple, sans exiger aucun changement ; en conséquence la piéce fut jouée, d’abord à Versailles, ensuite à Paris avec applaudissement, ce n’est qu’après la douzieme représentation, qu’elle a été arrêtée, ce n’est pas la seule, qui, sous l’emblême fausse d’une Réligion, ait attaqué la véritable.