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196. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

J’ai vu des écoliers de seconde & de réthorique, après avoir vu représenter quelques pieces, se dire comme cet ancien, & moi aussi je suis peintre, & composer des drames, qui valoient beaucoup, de ceux qu’on donne au public. […] C’est se jouer du public, de crier au miracle, l’homme est naturellement imitateur & critique : qu’il prenne un moment la peine d’arranger les idées que la malignité lui suggere, il sera une comédie. […] Le vice est commun dans les Cours, la protection publique du vice y est très-rare. […] Mais ce n’étoit que dans les spectacles publics des cérémonies, qu’il y avoit ce leger reste de décence ; dans son particulier avec ses gens, & les bouffons, il assistoit à découvert à toutes leurs farces ; mais pourquoi toutes ces précautions & ces mystères si la comédie n’a rien de mauvais : Les théatres particuliers de société sont pires que les théatres particuliers de société sont pires que les théatres publics. […] Le théatre est dévot, aussi bien que les lieux publics.

197. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Moliere pour pouvoir jouer tout le genre humain, pour trouver le ridicule des choses les plus sérieuses, & pour l’exposer avec finesse & naïveté aux yeux du Public. […] Bouhours, semble n’avoit pas été du sentiment de ce Pere sur le peu de reconnoissance que le Public a témoigné pour tous ses services après sa mort. […] Les Comédiens & les Bouffons publics sont des personnes décriées de tout tems, & que l’Eglise même par voie de droit considére comme retranchées de son corps, parce qu’elle ne les croit jamais dans l’innocence. […] On est surpris que Baillet n’ayant donné au public son Recueil de Jugemens sur les Poëtes qu’en 1686. ait pu ignorer qu’il avoit paru quatre ans auparavant, savoir en 1682. une édition des Oeuvres de Moliére en 8. volumes, dans le septiéme desquels se trouve le Festin de Pierre.

198. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

« Ce qu'il y a de plus tolérable, écrit Saint Augustin, ce sont les Comédies et les Tragédies, où les Fables des Poètes sont représentées parmi les Spectacles publics, avec quelques choses indécentes, mais sans aucunes paroles impudentes et dissolues, comme en beaucoup d'autres Jeux du Théâtre. […] Et je ne sais comment il s'est pu faire que certains Canonistes prévenus de l'erreur public, et sans avoir examiné les sentiments des Anciens, ont allégué deux Canons, tirés des paroles de Saint Jérôme, comme une condamnation absolue de la représentation des Poèmes Dramatiques, car il n'en parle point ; il ne s'agit que des Ecclésiastiques qui lisaient les Comédies, au lieu de s'appliquer à l'étude des Ecritures Saintes, et l'on ne peut en tirer aucune conséquence, parce qu'il confond dans cette défense Virgile, et toutes sortes d'Auteurs profanes.

199. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

Cela ne se fait point parmi nous, et ne sommes tant irrévérencieux b en notre Religion, que de profaner l’honneur de Dieu et des saints : mais en lieu, ès jeux et processions publiques, du moins en quelques-unes, on fait entre les Chrétiens jouer et marcher les Diables en la forme qu’on les peint, non pas enchaînés, encore cela serait tolérable, mais déchaînés, comme si c’était au plus fort du Paganisme, et qu’on voulût représenter des furies enragées dessus un Théâtre ou Spectacle public, non plus de Païens, mais des Chrétiens qui doivent être assurés que le Diable a la puissance bridée.

200. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Il paraît que nous ignorons encore tous les usages de notre Théâtre, & que nous ne connaissons pas toute l’utilité qu’on en peut tirer, pour exciter l’émulation, donner aux recompenses de la Vertu un champ digne d’elles, au châtiment des fautes publiques un tribunal redoutable. […] Au lieu d’improuver ces divertissemens publics, il serait à desirer qu’on les protégeât plus spécialement, qu’on les annoblît, qu’on en fît, comme chez les Grecs & les Romains, une affaire d’Etat ; que, s’il était possible, le Citoyen y fût admis sans paraître contribuer en rien à la dépense*. […] Pourquoi les Citoyens d’une Ville médiocre seraient-ils pour jamais privés des plaisirs que le Spectacle procure, surtout si l’on considère, que les desordres publics des Acteurs, & des Particuliers avec les Actrices, y seront plus rares ; parce que le deshonneur qui suit le vice, est toujours sûr dans un pays où tout le monde se connaît ? […] Si d’un côté, vous ôtez aux Comédiens actuels la considération, l’estime publique, les honneurs, en un mot, tout ce qui a du pouvoir sur l’âme des honnêtes-gens ; & que de l’autre vous accumuliez les obligations, les devoirs ; que voulez-vous qui les soutienne, & comment la balance gardera-t-elle l’équilibre ? […] Le Spectacle serait soutenu sur les fonds publics ; & ce que l’on propose ici pourrait avoir lieu, même en exécutant le nouveau Plan, quoiqu’on ne suive pas cette idée dans la disposition des articles qui regardent les Salles de nos Spectacles.

201. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

D’abord si l’on observe sans prévention le moyen dont l’auteur se sert pour réprimer l’avarice et l’usure, on voit avec peine qu’il met en spectacle, devant les enfants comme devant leurs parents, le fils d’un avare qui manque de respect à son père, qui l’insulte cent fois, tâche de lui attirer le mépris et la risée publique, le vole, le goguenarde et se rit de sa malédiction, de manière à mériter l’approbation des spectateurs ; on voit que la fille même manque à son père et s’en moque avec autant de succès dans cette pièce. […] La révolution qui a ruiné tant d’honnêtes gens fournit nombre d’exemples d’une pareille conduite qui est naturelle, qui a été celle de beaucoup d’émigrés élevés dans l’aisance, et qui doit être imitée par tous les malheureux faits pour exciter l’intérêt des particuliers et mériter des applaudissements et l’estime publique. […] Cette dissolution des mœurs publiques, qui avait déjà dans des rangs supérieurs un ancien foyer indicatif aussi de la route que pouvaient suivre les objets de cette autre leçon violente, est descendue, par la voie des spectacles, jusque dans les derniers rangs de la société. […] Le public ne fait pas de syllogismes, ni ces raisonnements profonds ; on ne doit pas être obligé de les faire pour détermine l’effet d’une comédie. […] encore bien éloigné peut-être, et que nous ne pouvons pas espérer de voir, où la cause pourra être plaidée et jugée au tribunal d’un public désintéressé et impartial, que le comble du mal aura forcé enfin à rétrograder de ce côté là, en regardant et jugeant alors les causes et les effets de la révolution morale aussi sainement que nous-mêmes, lorsque nous fûmes accablés de malheurs et forcés aussi d’un autre côté à retourner sur nos pas, avons régardé et jugé les causes et les effets de la révolution politique d’où nous sortons.

202. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Qu’avoit-il besoin de donner au public les Juventia, comme Muret & Bese ? […] Le temps perdu ou les écoles publiques. […] C’est, disent-ils, pour donner à la jeunesse la hardiesse, le ton, la contenance, pour parler en public ; mais pourquoi choisir des pieces de théatre ? […] Il débuta par un Roman médiocre, suivi de l’Echo du Public, feuille périodique, que sa liberté sit proscrire, & de deux Opéras comiques. […] Il réforma le luxe & la licence des gens du théâtre : défendit d’exposer dans les lieux publics, les portraits des pantomimes, histrions, &c.

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