Il semble que pour ôter la prévention que le nom de Saint Thomas pourrait jeter dans les esprits, il faudrait commencer ces réflexions par la discussion des passages tirés de ce grand auteur en faveur de la comédie : mais avant que d’engager les lecteurs dans cet examen, je trouve plus à propos de les mener d’abord à la vérité par un tour plus court, c’est-à-dire par des principes qui ne demandent ni discussion ni lecture.
Tertullien Et en effet, c’est de ce principe que naissent tous les jours les relâchements dans la morale chrétienne. […] Car du moins si c’étoient les pasteurs des ames, si c’étoient les maîtres de la morale, si c’étoient les ministres des autels, les directeurs, les prédicateurs de la parole de Dieu, qui maintenant et parmi nous eussent sur la question que je traite, des principes moins séveres que ceux de toute l’antiquité ; et si ces principes étoient généralement et constamment suivis par la plus saine partie des chrétiens, peut-être seroit-il plus supportable alors d’examiner, de délibérer, de disputer. […] Je dis plus : n’est-il pas vrai que par l’usage et l’habitude que vous vous êtes fait de ces lectures, l’esprit du monde s’est peu-à-peu emparé de vous, que vous avez senti celui du christianisme diminuer à proportion et s’affoiblir, que les heureux principes de votre premiere éducation se sont altérés, que vous n’avez plus eu dans la tête que de folles imaginations, que la galanterie, que la vanité ; et que tout le reste, beaucoup plus solide et plus sérieux, vous est devenu insipide, ensuite fatiguant, enfin odieux et insupportable ? […] Principe de mille malheurs, et passion que je ne puis trop fortement combattre, puisqu’elle est la source de tant de désordres. […] Toutefois on veut jouer, et c’est un principe qu’on a tellement posé dans le systême de sa vie, que nulle considération n’en fera jamais revenir ; on le veut à quelque prix que ce soit, et pour cela que fait-on ?
a A juger d'un Chrétien par les principes que vous avez établis, quelle doit être sa vie ? […] Ce serait se moquer de Dieu, et des hommes que de dire que l'on va à la comédie pour l'amour de Jésus-Christ, oserait-on lui offrir cette action, et lui dire : « Seigneur c'est pour vous que je veux aller à la comédie ; ce sera votre esprit qui m'y conduira ; ce sera vous qui serez le principe de cette action ; c'est par votre Croix que vous me l'avez méritée.
Les désordres infinis du clergé de France excitèrent les craintes de la nation et du roi Henri III, aux états de Blois, tenus en 1588 ; le garde des sceaux de Montholon prononça dans cette assemblée, au nom de ce prince, un discours dans lequel on remarque le passage suivant : « Sa majesté demande donc d’abord au clergé puisqu’il est chargé de la réformation des autres, qu’il commence par se réformer lui-même, et donner bon exemple aux autres ordres de l’Etat. » Cette mercuriale, justement méritée et justement appliquée, devait porter le clergé à écouter la parole royale et le vœu de la nation, et à rentrer de lui-même dans les principes de l’Evangile et dans les dogmes apostoliques, qui indiquent et ordonnent aux ministres du culte une soumission entière à la volonté du prince ; mais loin de produire un effet aussi salutaire, aussi conforme aux préceptes de la religion, cette mercuriale ne fit qu’allumer le feu de la vengeance dans le cœur du clergé, et le prince qui l’avait ordonnée fut cruellement assassiné l’année d’ensuite par Jacques Clément prêtre et dominicain ! […] C’est sous le règne d’Henri III que le clergé et les jésuites eurent la criminelle audace de proclamer les principes subversifs de toute monarchie légalement instituée : « Qu’un prince qui maltraite ses citoyens est une bête féroce, cruelle et pernicieuse ; « Qu’il y a des cas où il est permis à tout le monde de tuer, même celui qui est prince de droit, soit par succession, soit par élection, mais qui devient tyran par sa conduite ; « Que si un prince légitime devient tyran jusqu’au point de piller les fortunes publiques et particulières, s’il méprise notre sainte religion, s’il charge ses sujets d’impôts injustes, s’il fait des lois avantageuses pour lui et peu utiles au public, la république doit s’assembler et l’inviter à se corriger : que s’il ne répare pas ses fautes, elle peut lui faire la guerre, et si les circonstances le permettent, lui porter le fer dans le sein.
Vous qui prétendez nous faire accroire tant de choses extravagantes ; qui nous assurez que nos sens nous font illusion ; apprenez que ce que vous nommez illusion, cet éternel sujet de vos déclamations, que vous nous reprochez avec tant d’aigreur, est le principe ou l’occasion de vos jugements ainsi que des nôtres. […] [NDA] Quoique contraires dans leurs principes, leur résultat se trouve le même : ces deux grands Ecrivains sont à l’unisson pour les injures.
Malgré cette décadence de la bonne Comédie Latine, Plaute et Térence n’abandonnèrent pas le principal but de la Comédie, qui est celui de corriger en critiquant : mais, comme ces deux Poètes sentaient que, pour parvenir à corriger, il fallait plaire ; ils crurent devoir retenir quelque chose de l’Atellane ; et, sur ce principe, ils critiquèrent les vices qui dominaient dans leur pays d’une manière trop favorable à la licence. […] Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter.
Depuis, ayant eu chez les Turcs plus de loisir & moins d’instruction, il étendit plus loin son indifférence ; c’est-à-dire, qu’il l’étendit à tout : il ne conserva de ses premiers principes que celui de la nécessité & prédestination absolue : dogme qui favorisoit & justifioit sa témérité. […] Le Czar, quoique sans Religion, étoit Schismatique Grec, & tout-à-fait intolérant contre les principes de la Philosophie. Leibnitz étoit un homme à systême, qui ne tenoit à rien dans la Religion comme dans tout le reste de ses systêmes inintelligibles, comme ses Monades, ou impies, comme son Optimisme & sa Théodicée, dont les principes conduisent à l’Athéisme.