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94. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

On en excepte celles qui se font dans les Collèges pour l'exercice de la jeunesse ; « Leurs Règlements portent que les Tragédies, et les Comédies qui ne doivent être faites qu'en latin, et dont l'usage doit être rare, aient un sujet saint, et pieux ; que les intermèdes des actes soient tous latins, et n'aient rien qui s'éloigne de la bienséance ; et qu'on n'y introduise aucun personnage de femme, ni jamais l'habit de ce sexe. » Rat. […] Une de leurs principales raisons était, qu'ils portent à la corruption des mœurs, et qu'on n'y voit que des objets de passion.

95. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

Dieu lui redemandera son innocence, et lui fera porter la peine des péchés auxquels elle l'aura exposée. […] Les périls où l'on est exposé sans les avoir pu prévoir, éloignent moins la grâce de Dieu, et nous laissent une légitime confiance de l'obtenir par nos prières ; au lieu que ceux qu'on cherche de gaieté de cœur, portent Dieu à nous abandonner à nous-mêmes.

96. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

S’il n’y a rien là que d’honnête, rien qu’il faille porter à la confession, hélas quel aveuglement faut-il qu’il y ait parmi les chrétiens ! […] Ils n’ont garde, tout gâtés qu’ils sont, d’apercevoir qu’ils se gâtent, ni de sentir le poids de l’eau quand ils en ont par-dessus la tête : et pour parler aussi à ceux qui commencent, on ne sent le cours d’une rivière que lorsqu’on s’y oppose : si on s’y laisse entraîner on ne sent rien, si ce n’est peut-être un mouvement assez doux d’abord où vous êtes porté sans peine, et vous ne sentez bien le mal qu’il vous fait que tôt après quand vous vous noyez.

97. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

C’est pourquoi non seulement ils tâchaient de leur donner une grande horreur du vice ; mais ils les portaient aussi à fuir et à éviter les personnes qui pourraient les y porter.

98. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Il fut d’abord marié avec la Princesse Nicole, sa cousine, fille & héritiere de son prédécesseur, qui lui porta en dot les Duchés de Lorraine & de Bar. […] Ainsi les Triomphateurs Romains faisoient porter devant leur char les statues des Princes qu’ils avoient vaincus, & n’avoient pu faire prisonniers. […] Quand le traité, signé par le Duc, fut porté à Louis XIV, on le trouva jouant dans une de ces foires où par des billets de loterie il distribuoit des bijoux aux Dames : Je viens , dit-il en souriant, d’acquérir le plus riche bijou qui soit dans la foire. […] Il en fait en Espagne malgré les horreurs d’une prison, & le danger continuel de porter sa tête sur un échaffaud. […] Sans doute aujourd’hui plus modestes, ces Magistrats ne portent que des habits decents, ils en ont prêté le serment quand il ont été reçus Avocats.

99. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Jamais nos plus graves Théologiens n’ont porté plus loin la sévérité. […] Elles portent ordinairement à toutes sortes d’impuretés ; l’habitude de les voir entraîne à la licence, les yeux et les oreilles des gens sages les ont toujours redoutées : « Comœdiarum argumenta adulteria et stupra commendant, spectandi consuetudo imitandi licentiam facit, aures oculosque gravissimorum virorum formidant. » La réflexion et les bonnes mœurs les ont fait bannir de l’Italie : « Ex Italia explosæ severitate morum et religionis sanctitate. » Leur retour depuis ce temps-là et leur vogue sont-ils l’éloge de la pureté des mœurs Italiennes ? […] « La qualité de Magistrat est sacrosainte, ceux qui la portent sont des Dieux ; les hommes passent, comme la monnaie, plutôt par la marque extérieure que par la valeur intrinsèque. […] Le premier, sous les habits de Reuchlin, fameux grammairien, maître de Melancthon, porta au milieu de l’assemblée un fagot mal lié composé de branches tortueuses qui ne pouvaient s’arranger ensemble. […] Sur les plaintes qu’on en porta à Théodoric, ce Prince répondit : Il faut distinguer le genre d’insulte ; qu’on punisse celles qui sont faites à un révérendissime Sénateur, reverendissimo Senatori ; mais qui peut répondre de ce qui se passe au théâtre ?

100. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

L’expérience ne prouve que trop que les menaces du Ciel ne sont pas toujours les moyens les plus sûrs de porter à la perfection. […] Gresset rend compte de ses scrupules pour autoriser son abjuration du Théâtre, le Public me permettra sans doute de lui rendre compte des motifs qui m’ont porté moi à monter au Théâtre et de ceux qui m’engagent à persister dans l’état de Comédien. […] Je puis répondre de la ferveur de ma foi, de mon attachement à la Religion auquel ma profession ne portera jamais d’atteinte. […] Une Demaiselle porterait son nom, ses talents et sa pension pour Dot. […] On peut d’autant mieux me pardonner d’aimer à la fais mon Maître et ma Patrie, que je ne suis pas de taille à porter le mousquet ni pour ni contre, et que quand bien même j’en aurais la force j’avoue très humblement que je n’en aurais point le courage.

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