Il semble qu’il suivrait de là que ce sont les murs et les loges du Théâtre public, les décorations, les habits des Comédiens, les Symphonistes, etc. qui attirent la censure des personnes graves que nous entendons déclamer tous les jours contre les Spectacles, et qu’elles ne condamnent pas la représentation en elle-même, ni la nature des Pièces que l’on représente ; ce qui serait absurde et insoutenable. En effet, c’est sur les Pièces de Théâtre que doit principalement tomber la réformation ; tout ce qui les accompagne, et qui n’a rapport qu’à l’appareil de la représentation, n’est pas bien important, ni par conséquent bien difficile à corriger. Si ces Pièces ne nous enseignaient que la vertu et une bonne morale, la Comédie pourrait être généralement goûtée et représentée sans scrupule, non seulement par les Comédiens de profession, mais par des personnes de tout état. C’est en suivant ces principes et en prenant ces précautions que l’on écrit et que l’on représente tous les ans dans les Collèges des Poèmes dramatiques ; et, loin de croire que ces Pièces soient capables de corrompre les mœurs des jeunes gens qui les jouent, ou de gâter l’esprit des Spectateurs, je pense, au contraire, que c’est un exercice honnête, dont les uns et les autres peuvent retirer une véritable utilité. Ce ne sont donc pas les Pièces de cette espece que je propose de réformer ; mais c’est à l’exemple de celles-ci que je voudrais qu’on réforme les autres ; en sorte que le Théâtre soit également par tout un délassement utile et un amusement instructif.
Ceci confirmerait le sentiment de d’Aubignac, qui semble soutenir qu’on ne doit point s’attacher au stile dans une Pièce de Théâtre. […] Quand j’avoue de bonne-foi que les Pièces de notre Opéra ne sont pas trop bien écrites, on doit me savoir gré de ma franchise. […] L’Auteur veut peut-être marquer par-là, que ce personnage de sa Pièce a un grand penchant à la jalousie. […] Il règne dans ses Pièces une douceur & une harmonie singulière. […] Je conseille néanmoins aux Poètes du nouveau Théâtre de polir leur stile, d’éxpulser de leurs Pièces toute éxpression triviale, mauvaise ou douteuse.
Cet émule de Richelieu voulut encore l’imiter par une pièce allégorique. […] Il y a pourtant une grande différence entre ces deux pièces. […] Ainsi la comédie fut approuvée, et l’« enjouement, (la licence) de l’Italienne se sauva sous la protection des pièces sérieuses ». […] Ils supposent qu’on ne représente que des pièces sérieuses, où il n’y a rien de dangereux pour les mœurs. […] Ce Poète la suivit, quand elle vint à Paris, il en était amoureux, et croyait sans doute que les charmes de ses vers et de ses pièces de théâtre l’en feraient aimer.
Cette Lettre a été mise au commencement du Volume de Pièces de Théâtre du Sieur Boursault. […] On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les Pères et les Mères prennent de s’opposer aux engagement amoureux de leurs enfants. […] Les Pièces de Sénèque y sont préférées à cause de leur modestie, aux Tragédies de ce siècle. […] On se lassa bientôt de ces Pièces pieuses ; ce qui y fit ajouter des Farces que le Parlement de Paris défendit en 1541. sous François I. comme contraires aux Saints Canons. […] L’Auteur fait voir dans les Pièces du Théâtre les plus approuvées dans ce siècle, le vice loué et estimé.
Des valets que vous avez chassés, engoués comme tous ceux de leur espèce de ces ridicules théâtres, se sont plûs à leur en vanter les pièces, à leur en citer des traits, à allumer leur curiosité. […] J’ai suivi les représentations des pièces les plus renommées, j’ai été jusqu’à les lire ; j’ai observé ce qui se passoit parmi les spectateurs ; que vous dirai-je ? […] Un jour que Nicolet devoit donner, disoit-on, deux de ses meilleures pièces, je me déterminai à aller chez Nicolet. […] La seconde pièce fut le Valet Favorable. […] Mais qu’est-ce que sept à huit pièces décentes contre tant d’autres qui ne le sont pas ?
En un mot, Madame, pour avoir un plaisir parfait à la Comédie, il y faut de bonnes Pièces, et qu’elles soient bien représentées : et c’est ce que vous n’y trouvez plus. […] Racine disait des choses, au lieu que ceux qui tâchent à l’imiter se contentent de dire des paroles ; et si quelques Pièces ont réussi, il y a eu plus de Constellation que de mérite. […] Pour revenir au Théâtre, je conviens avec vous qu’il a un peu dégéneré de ce qu’il était, et que dans toutes les Pièces nouvelles qui ont été faites depuis dix ans, il y a eu peu de nouveauté. […] Toutes les fois que vous allez à la première Représentation d’une Pièce sérieuse, vous croyez, dites-vous, aller à Athènes ou à Rome : vous ne trouvez en votre chemin que Grecs et Romains, encore sont-ils tout défigurés depuis que Corneille et Racine ne les font plus parler. […] J’en fis une Pièce de Théâtre dont j’espérais un si grand succès, que c’était le fonds le plus liquide que j’eusse pour le paiement de mes Créanciers, qui tombèrent de leur haut quand ils apprirent la chute de mon Ouvrage.
Non seulement les auteurs dramatiques mettent des passions dans leurs pièces ; mais ils y mettent encore des passions fort vives et violentes ; car les affections communes ne peuvent procurer aux spectateurs le plaisir qu’ils y cherchent. […] La nature, dira-t-on, est assez bien exprimée ; et, si cet effet n’accompagne pas l’exécution de la pièce, on regarde le secret de l’art comme manqué, et l’auteur en est puni sur-le-champ par le mépris public qu’on fait de son ouvrageaj. On sait, dit Nadal, qu’on ne peut faire réussir une pièce dramatique qu’en flattant les passions des cœurs corrompus. Peut-être même qu’en recherchant la mécanique des pièces qui ont fait le plus de bruit, on trouvera que c’est en elles un fonds de ce même libertinage qui produit dans la représentation je ne sais quelle espèce d’illusion et d’ensorcellement. La raison pour laquelle presque toutes les pièces de théâtre sont fondées sur une intrigue amoureuse, c’est que les femmes, qui parent les spectacles, ne veulent point souffrir qu’on leur parle d’autre chose que d’amour.