Voilà ce qui fait sa vogue, la même pièce sur tout autre sujet sans y mêler la dévotion, seroit très-médiocre. Dans le Commentaire du sienr Bret sur les œuvres de Moliere, il y a des traits sur le Tartusse que je crois devoir rassembler pour les ajouter à ce que nous avons dit sur cette célèbre & très-mauvaise pièce, Louis XIV la défendit, il fut choqué de voir dans Tartuffe trop de ressemblance du vice & de la vertu. […] L’Auteur qui fait cette remarque en cite d’autres exemples, & rapporte le témoignage d’un Auteur Italien qui a traduit cette pièce en sa langue, & qui observe de même que le Tartuffe doit être un homme du monde vêtu modestement. […] Pressée par le plaisir qu’elle ressentoit ; elle se soulagea par des soupirs, j’étudiai tous ces mouvemens que la nature produisoit en elle, je lui vis faire pendant cette pièce qui est assez variée un petit cours de sentimens, je n’en connois guère dont son cœur n’ait fait l’épreuve dans les trois heures que nous fumes là. […] Malgré les revolutions de l’empire des lettres ; je garantis la durée de mes pièces ; qui veut peindre pour s’immortaliser, doit peindre des sots.
Ils indiquent à la vérité quelque différence dans le jeu, les pièces, la conduite ; une dissolution, une impudence plus ou moins grande, excite la sévérité des lois, le zèle des Princes et des fidèles. […] Il peut y avoir du plus ou du moins, toutes les troupes ne sont pas également corrompues, toutes les Actrices ne sont ni aussi artificieuses ni aussi vénales, il est des pièces plus décentes, tous les siècles, toutes les villes, ne sont pas aussi dépravés, etc. […] Il dit que les Mimes sont différents de ceux qui représentent les pièces. Les Pantomimes représentaient aussi des pièces muettes, etc. […] On ne voit pas dans l’histoire que les Officiers Grecs, Romains, ou d’aucune nation guerrière, aient jamais fait représenter des pièces dans leur camp, encore moins y aient joué des rôles.
Mais, à confesser la vérité, nos Auteurs ont fait un aussi méchant usage de cette belle passion, qu’en ont fait des Anciens de leur crainte et de leur pitié : car, à la réserve de huit ou dix Pièces, où ses mouvements ont été ménagés avec beaucoup d’avantage, nous n’en n’avons point où les Amants et l’Amour ne se trouvent également défigurés. […] Alors nous n’aurons que faire de porter envie aux Anciens : sans un amour trop grand pour l’Antiquité, ou un trop grand dégoût pour notre siècle, on ne fera point des Tragédies de Sophocle et d’Euripide, les modèles des Pièces de notre temps. […] On la jouait aussi en France : et j’ai une Pièce imprimée en 1541 sous ce titre : S’ensuit le mystère de la Passion de notre Seigneur Jesus-Christ. […] » Je donnerai cette Pièce toute entière dans mes Additions au Colomesianae.
Plusieurs même très peu populeuses ont le leur, et dans les petites villes il y a toujours quelques gens officieux qui jouent des pièces. […] Nous avons vu que les Clercs des Procureurs s’avisèrent de composer et de jouer des pièces qui ne furent d’abord que des mystères, qu’on déguisa sous le nom de moralités. […] Ce serait en mal connaître l’institution que de la comparer avec nos pièces dramatiques. […] « Le luxe, dit cet Historien, à peu près dans les mêmes termes que le Journal d’Henri III, le luxe, qui cherchait partout des divertissements, appela du fond de l’Italie une bande de Comédiens, dont les pièces toutes d’intrigue, d’amourettes et d’inventions agréables pour exciter et chatouiller les passions les plus douces, étaient de pernicieuses écoles d’impudicité. […] Depuis ce refus authentique, ils n’ont plus osé se présenter, ni obtenir des lettres, qui sans doute leur auraient été refusées ; mais ils s’en consolèrent aisément par la liberté que le Roi leur laissa de jouer, l’honneur qu’il leur faisait de venir à leurs pièces, la pension qu’il leur payait, et l’argent que l’affluence du peuple leur apportait.
Laurent, plus zélés pour les pauvres, offrirent de donner sans abonnement, sans déduction des frais, le sixième de leur entière recette, si l’on voulait leur permettre de jouer de petites pièces ; ce qui forma la matière d’un grand procès avec la Comédie Française, lequel dura plusieurs années, occasionna bien des arrêts, et ne fut enfin terminé que lorsque abandonnant (par charité) l’intérêt des pauvres, les Acteurs forains traitèrent avec la Comédie Française, et en obtinrent la permission de représenter de petites pièces, qu’ils achetèrent très chèrement. […] Les Français un an après forment de nouvelles plaintes, et demandent au Parlement qu’il soit défendu à la Foire de faire même des monologues, puisqu’on en abuse et que les monologues sont de vraies scènes dramatiques, dont on voit des exemples jusques dans les plus grandes pièces, comme le Cid, Polyeucte, etc. […] Petite pluie abat grand vent : une somme d’argent a terminé cet importance affaire, on joue à la Foire de petites pièces toutes entières, et les Comédiens ne verbalisent plus, on les a rendu taisantsq. […] L’Opéra se mit sur les rangs aussi, et le théâtre de la Foire ayant voulu donner des pièces en chansons, ou y chanter des vaudevilles, il lui chercha querelle, et prétendit qu’il n’était permis de chanter qu’à l’Académie de musique. […] Les Français ont fait tout ce qu’ils ont pu pour détruire les Italiens, et ceux-ci se sont vengés en parodiant leurs plus belles pièces.
Voilà, ce me semble, l’idée la plus juste des Comédies les plus innocentes que l’on ait vues de nos jours ; car je laisse à part les Pièces purement comiques, que le Docteur lui-même abandonne. Or il va paraître clair comme le jour que la Comédie, suivant cette idée, se trouve aussi combattue par les raisons que Tertullien emploie contre les Pièces de Théâtre. […] Prenez-vous plaisir aux Pièces qui se récitent au Théâtre ? […] Il assure que « cette incomparable Pièce est d’une grande instruction pour la morale, et qu’elle fait beaucoup plus d’impression que n’en feraient les leçons les plus sérieuses ». […] C’est ici la dernière Scène de la Pièce de notre Docteur, qui n’est pas moins abondante en paradoxes que les précédentes.
On a lieu d’être surpris qu’on n’ait point encore rassemblé dans un même ouvrage tout ce qui concerne les différens genres des pièces Théâtrales tant anciennes que modernes, & les diversités que le goût & les usages des Peuples y repandent. […] En achevant d’éclairer les Auteurs des Pièces d’un genre tout-à-fait neuf, & dont on fait tant d’éloges, je rapellerai à tous les Poètes dramatiques en général, les principes qu’ils ne doivent jamais oublier.