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364. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

On doit beaucoup se défier des jeunes personnes qui ont du goût pour le théatre, & le leur permettre moins qu’à d’autres. […] On voit aisément ce qui frappe le plus une jeune personne, & dans ce qui lui plaît davantage, quelle est la corde de son ame montée à l’unisson. […] Je me borne à ce qu’il dit sur le théatre, dont il veut, avec toutes les personnes qui ont de la religion & des mœurs, qu’on éloigne les jeunes-gens, même les jeunes Seigneurs destinés à vivre dans le grand monde où les spectacles sont la moitié de la vie. […] C’est l’écueil le plus certain & le plus terrible de la pureté, presque personne qui ne s’y brise. […] Mais les Romans ne sont que des fictions ; personne n’a garde de donner dans le romanesque, & de se conduire comme ces héros imaginaires ; il y en a même de très-obscenes.

365. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Avertissement. » pp. -

La critique que je fais du nouveau Spectacle, révoltera peut-être bien des personnes dont tout me porte à désirer l’estime, leur donnera lieu de m’accuser de malignité, & de vouloir décrier absolument le Théâtre applaudi d’une grande partie de la Nation.

366. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — X.  » pp. 464-465

Un Chrétien qui sait ce qu'il doit à Dieu ne doit point souffrir dans son cœur aucun mouvement, ni aucune attache de cette sorte sans la condamner, sans en gémir, et sans demander à Dieu d'en être délivré : et il doit avoir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en quelque façon son idole, puisque l'amour est un culte qui n'est dû qu'à Dieu, comme il ne peut être honoré que par l'amour. « Nec colitur nisi amando.

367. (1675) Traité de la comédie « XI.  » pp. 288-289

Un Chrétien qui sait ce qu'il doit à Dieu, ne doit point souffrir dans son cœur aucun mouvement, ni aucune attache de cette sorte sans la condamner, sans en gémir, et sans demander à Dieu d'en être délivré ; et il doit avoir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en quelque façon son idole; puisque l'amour est un culte qui n'est dû qu'à Dieu, comme Dieu ne peut être honoré que par l'amour. « Nec colitur nisi amando.

368. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Je le ferais encor, si j'avais à le faire. » C'est par la même corruption d'esprit qu'on entend sans peine ces horribles sentiments d'une personne qui veut se battre en duel contre son ami, parce qu'on le croyait auteur d'une chose, dont il le jugeait lui-même innocent.

369. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Quand la raison cède et n’a plus d’empire sur les sens, comment persuadera-t-elle à une jeune personne, de trancher dans le vif, de se priver d’un plaisir qui entraîne ? […] Qu’on le demande à des personnes assez amies de la vérité pour convenir des effets funestes d’une cause, dont elles n’ont pas le courage de s’interdire la jouissance. […] Des personnes dévouées à la piété, détrompées des illusions du monde ; des gens pour qui les farces mimiques n’ont jamais eu d’attraits, n’ont pu tenir contre le plaisir de voir l’innocence devenir, comme parle St.  […] Incendie de celui de Saragosse, où périt le capitaine-général d’Arragon avec un grand nombre de personnes de toutes les conditions, 1 Janv. 1779, p. 38 : de celui de Goritz, 15 Mai 1779, p. 141 : de celui d’Esterhas en Hongrie, 15 Déc. 1779, p. 625. […] Imaginez dans quelle crise doit se trouver l’état physique d’un homme, qui se tenant dans une situation immobile et gênée, l’espace de trois ou quatre heures, dans une place hermétiquement fermée, respire 30 ou 60 mille fois l’haleine de 3000 personnes asthmatiques, pulmoniques, scorbutiques, hydropiques, éthiques, lépreuses, etc., effrayant mélange d’air, épaissi encore et détérioré par la fumée de quelques centaines de chandelles, lampes, bougies, flambeaux, etc. ; qui en même-temps éprouve toutes les commotions de volupté, de haine, de tristesse, de vengeance, etc., que le spectacle fait naître.

370. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Son ministère étant libre, il peut & doit rendre la cause dont il s’est chargé sans le savoir, & ne pas s’exposer à l’odieux dénouement de ruiner la personne qu’il aime, ou se rendre suspect à sa partie, si elle vient à connoître l’intrigue. […] Il est impossible que la musique la plus parfaite forme des conversations même avec les gestes de l’acteur, quoiqu’à la vérité l’un aidât à l’autre, lui donnât de l’énergie, en fit un meilleur tableau, car tous les deux sont pittoresque, il faudroit doubler l’orchestre pour faire entendre de plus loin ; aussi les Romains avoient dans leurs amphitéatres vingt & trente mille personnes, je ne sache pas qu’ils aient jamais employé la musique pour aider les pantomimes, ni qu’ils aient connu ces musiques pittoresques, telles qu’on les entend, encore moins telles qu’on les voudroit, qui même sont impossibles. […] Catherine de Médicis & le Cardinal Mazarin ont fait venir des troupes Italiennes à Paris ; personne n’y a fait venir des troupes Espagnoles, cependant les Italiens ne se sont jamais francisés, ils n’ont jamais pris le goût de la nation, ni la nation le leur ; ils ont toujours fait corps à part, & quoiqu’ils parlent François, ce sont deux spectacles toujours différents, qui n’ont pu s’incorporer, ni se fondre l’un dans l’autre. […] Il eût pu n’en pas faire la confidence au public, & ne pas donner une idée si peu favorable de sa personne. Ses intrigues sans nombre, sont presque toutes avec des actrices ; ce sont les héroïnes de Paphos : son imagination & sa plume ne pouvoient choisir de plus vaste champ ; il fait leur histoire avec la sienne, & celle de plusieurs personnes distinguées, aussi libertines que lui, qui, comme lui fréquentoient le théatre, & ne pouvoient manquer de fournir bien des aventures : ses folies quoiqu’innombrales & très-variées, n’ont rien que de vraisemblable.

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