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71. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Si le personnage vicieux qui fait le sujet de la piece, se déclare lui-même injuste, peut-on craindre qu’il surprenne l’approbation de son iniquité ? […] L’Avare, le Tartuffe sont des personnages vicieux : je crois qu’il est inutile de le prouver. […] De l’embarras des personnages, embarras où les jette le desir de s’approprier les dépouilles du défunt. […] Auguste, Glaucias, Luzignan, Burrhus, Narbas, Palamede, font-ils dans nos Tragedies des personnages de tyrans ou d’usurpateurs ? […] Mais le Comédien ne couroit pas le même risque, celui dont le personnage représentoit un caractere injuste & vicieux, étoit toujours condamné de droit, il étoit sur le Theatre pour perdre sa cause.

72. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

Thirouin, ces deux vers ne peuvent pas être les vers cités par Nicole dans son Traité de la Comédie, puisque le personnage « piqué de jalousie » doit être le Comte et que les citations du Traité ne sont pas prononcées par ce personnage.

73. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

 2, permet d’introduire dans la tragédie, des personnages scélérats, comme on met des bourreaux dans le tableau d’un martyr. […] Une morale corrompue sur la pureté a rendu ses personnages intéressans, comme on fait toujours. […] Si c’est la morale qu’on apprend dans Térence, ce n’est pas un sermon à prêcher dans les chaires ; mais les personnages odieux sont des valets fripons, des femmes de mauvaise vie, qui sont punies par le mépris. […] Il y a deux personnages, invisibles qui remplissent ce poëme du commencement jusqu’à la fin, la terreur & la pitié. Les beaux personnages, le noble employ de premier acteur.

74. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

 » Ce Benducar-là est un éloquent personnage pour un premier Ministre ! […] Il est donc certain qu’Homère et Virgile, ces deux grands personnages respectent toujours les Prêtres, et les représentent avec toutes les qualités qui peuvent les rendre aux autres respectables. […] Le premier exclut Tirésias même de son Œdipe ; quoique le retranchement de ce personnage estropie la fable et se trouve bien à dire dans sa Tragédie. […] Le Grand Prêtre Joad est l’un des premiers rôles de son Athalie : le Poète a égard à la dignité du personnage, il le fait un homme de probité et de valeur, et lui conserve jusqu’à la fin un caractère éclatant. […] Mais il prévient sur cela les Spectateurs et leur demande grâce ; parce que ce ne sont que des personnages comme détachés du corps de la pièce.

75. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Mais l'usage l'a adoptée, on ne cesse de la répéter, elle est l'apologie et l'éloge du théâtre, on la fait remonter jusqu'à la poétique d'Aristote ; et supposant sans autre examen la vertu de ce purgatif, comme une chose certaine, on s'épuise en dissertations sur la manière dont il opère, par la terreur, la pitié, le malheur des personnages, ou tel autre ingrédient, qu'on ne trouvera jamais dans toute la matière médicale du théâtre. […] Nous mettons les préjugés à la place des vertus ; dans les personnages intéressants nous faisons presque aimer les faiblesses par l'éclat des vertus que nous y joignons ; dans les personnages odieux nous affaiblissons l'horreur du crime par de grands motifs qui les élèvent, ou de grands malheurs qui les excusent. […] L'Auteur de la nouvelle Héloïse conclut son roman singulier par cette pensée très vraie pour quiconque mérite d'en sentir la vérité. « Je ne saurais concevoir quel plaisir on peut prendre à imaginer, à composer, à jouer le personnage d'un scélérat, à se mettre à sa place, et à lui prêter l'éclat le plus imposant. […] On met au contraire la religion, la modération, la modestie, les vertus chrétiennes, dans les personnages subalternes ou ridicules, pour les décréditer ou les dégrader. […] [NDE] On pourrait penser que La Tour mélange Sextus Julius Frontinus, auteur romain des Stratagemata ou Stratagèmes militaires, et Frontin, le valet du 18e siècle, rusé et malin, qui est devenu presque un personnage type dans la lignée de Scapin, etc.

76. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Voici donc comme ils ont raisonné : Les François trouvent un plaisir singulier à jetter du ridicule sur tout ; nous sommes donc sûrs de les divertir, en chargeant de ridicules les personnages vicieux que nous mettons sur la scène : les François en outre craignent plus d’être ridicules que d’être vicieux ; il faut donc leur faire envisager le vice dans ce qu’il a de ridicule, & nous peu embarrasser de ce qu’il a de funeste & de dangereux pour la Société. […] J’avertis par avance que quand même Moliere ne sortiroit pas de cet examen aussi pur que je le souhaiterois, je ne l’en regarderois pas moins comme le meilleur Poëte comique que la France ait eu, & qu’elle aura peut-être jamais ; il sera toujours vrai que ses portraits sont de main de maître, & que les dialogues de ses personnages sont d’un naturel inimitable : ce que je dis ici, est pour me garantir de la malignité de ceux qui croiroient que je choisis Moliere au hasard, sans en connoître le mérite. […] Le ridicule de ces deux personnages non-seulement est naturel, mais il concourt encore à mettre dans un plus grand jour l’hypocrisie de Tartuffe.

77. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Ce mot èxprime encore, que tous les Personnages, entraînés par les circonstances, n’agissent plus sur la Scène. Enfin l’entre-Acte est un moment de repos qu’on accorde, non aux Personnages du Drame, puisqu’ils doivent toujours agir tant que l’action dure ; mais aux Spectateurs, dans la crainte que leur attention ne se fatiguât, si elle était toujours tendue. […] Si les Tragiques Grecs avaient établis la règle des divisions des Drames, pour accorder aux Spectateurs quelques tems de repos, auraient-ils souvent laissé sur la Scène un de leurs principaux Personnages, qui se mêlait quelquefois avec le chœur, ou qui gardait le silence ?

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