C’est sur le public encore que sont réparties ces exemptions ; car les Comédiens ne veulent rien perdre, on a beau leur payer le théâtre, les décorations, les habits, les machines, et leur donner des pensions, le public n’en est pas moins rançonné à la porte. […] C’est une chose incroyable que les sommes excessives dont il fit profusion à de magnifiques badineries : il joua et perdit un soir quatre-vingt mille écus. […] Les coffres de l’épargne étaient vides, il fallait avoir recours aux plus fâcheux expédients pour recouvrer de l’argent, surtout par la création de nouveaux offices, dont les Italiens fournissaient les titres, et persuadaient au Roi que c’était un excellent moyen d’avoir de l’argent sans violenter personne, et de rendre la puissance du Roi absolue, en remplissant toutes les villes de créatures qui fussent à lui, et que par la crainte de perdre leurs charges, il tint obligées de lui aider à fouler ses sujets. » L’Abbé de S. […] Le public déteste avec raison ces malheureux brelans si souvent défendus et si fréquentés, ces coupe-gorge où l’on se ruine sur un dé ou sur une carte : le théâtre est un brelan et un coupe-gorge plus funeste ; on y va publiquement, impunément, en foule, on y perd son bien, son corps et son âme. […] « Lorsqu’un mortel a été assez malheureux pour tomber dans les pièges de ces enchanteresses, il est perdu dans un labyrinthe d’où il ne sort plus ; l’adresse, la fourberie, les faux serments, le désespoir simulé, sont des détours dans lesquels il ne saurait se retrouver.
Tu as brisé déjà trois fois ses chaînes ; tu comptes sur son ancienne force ; & c’est ta sécurité présomptueuse qui va te perdre. […] On prétexte l’expérience commune, sa propre expérience ; & moi je dis, en second lieu, que l’expérience commune & générale, c’est que le théâtre a perdu de tout temps, & perd encore aujourd’hui toutes les mœurs. […] J’ai dit, en second lieu, que l’expérience commune & générale est que le théâtre a perdu de tout temps, & perd encore aujourd’hui toutes les mœurs. […] Qu’est-ce qui perdit les florissantes Républiques de la Grece ? […] Allez donc à présent, si vous êtes tout-à-fait obstinés à vous perdre, allez, courez encore au théâtre.
Un Prédicateur ainsi formé aurait plus perdu que gagné ; il aurait perdu cette grâce, ces lumières, cette inspiration du ciel, qui seules peuvent mettre sur la langue ces paroles de vie dignes de la sainteté de nos mystères, « dabo vobis os et sapientiam » ; cette force, cette élévation, cette profondeur divine, qui peuvent seules la rendre efficace dans les auditeurs ; cette douceur, cette onction, cette piété, qui seules peuvent inspirer le goût et persuader la pratique de la vertu, sans laquelle on n’est qu’un airain sonnant, et une cymbale retentissante. Il aurait perdu pour lui-même ce recueillement, cette modestie, cette gravité, ces mœurs édifiantes, aussi importantes pour lui que pour les autres, sans lesquelles on détruit d’une main ce qu’on bâtit de l’autre. Quelle école, où l’on commence par tout risquer, et l’on finit par tout perdre et se perdre soi-même pour convertir, et scandaliser le public pour l’instruire ! […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté.
Et où sont ceux, qui gardant par tout ailleurs la gravité & la modestie, ne la perdent pas dans ces lieux d’intempérance & de délices ? […] Et en quels dangers n’y estes-vous pas de vous perdre ? […] Mais bien loin que ces vertus croissent & se fortifient dans les spectacles, elles y perdent au contraire toute leur force ; & ce n’est que dans ce dessein, dit S. […] Tout ce qu’elle a d’ennemis s’y assemble, pour deliberer des moyens de la perdre. […] C’est que si saint Cyprien n’eût plaidé la cause de l’Eglise contre les partisans des spectacles, devant un peuple affermi dans l’Evangile, il couroit risque de la perdre.
Je n’attends que le désordre de ses habits & de la coeffure lui fera perdre l’éclat de sa beauté, elle y est cent fois plus aimable. […] Vous venez du néant, d’où le Créateur vous a tiré, de la terre d’où il vous a formé, du péché dont le Rédempteur vous à sauvé, d’une femme que la vanité a perdue, & qui par le dangereux poison de ses charmes, a perdu son mari, & tout le genre humain. […] L’industrie toujours ingénieuse, à flatter la vanité, mit tout à contribution pour satisfaire les petits maîtres, ensuite on en rasa une partie, on n’en laissa qu’une petite pointe au menton, ou sur la levre inférieure, & des moustaches, à divers crochets, plus ou moins grandes ; enfin, la barbe a disparu, & n’est plus que chez les Capucins, où même elle a beaucoup perdu de son vaste empire. […] Si on ne veut plaire qu’aux hommes, on est plus à plaindre encore, puisqu’on déplait à Dieu, & qu’en perdant la grace on perd tout pour l’éternité ; même les hommes à qui on avoit eu le malheur de plaire. […] Ce qui nourrit l’un, & fait perdre l’autre ?
Or la passion d’amour la plus pure peut perdre sur le Théâtre toute son innocence, en faisant naître des idées corrompues, même dans l’esprit du Spectateur le plus indifférent. […] Vis-à-vis d’elle la nature même perd ses droits : la gloire et le propre intérêt lui sont également sacrifiés. […] Ne doit-il pas paraître extraordinaire qu’un si grand nombre de gens d’esprit perdent leur temps à traiter une matière, qui, par le fréquent usage qu’on en a fait jusqu’ici, est presque épuisée, et dans laquelle on est réduit, pour trouver le moyen de plaire, à emprunter le secours illicite des paroles et des actions licentieuses, comme en font foi plus d’une Comédie que le Lecteur connaîtra, sans que je les nomme.
J’écris à monsieur de Longepierre ; voila la copie de ma Lettre : EN vous instruisant, Monsieur, je connaissais bien votre prudence : j’y compterai toujours ; & ce n’est pas à vous qu’il faut dire, qu’un éclat, des reproches, une simple indiscrétion pourraient tout perdre. […] La bonne Tante ne peut ici voir faire une caresse aux enfans, sans s’écrier qu’on les gâte, qu’on les perd, qu’on va les élever en Paysans.