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36. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Si le public a perdu la vénération qu’il avait pour les hommes respectables, on peut dater ce changement du temps où ce goût ayant gagné la robe, on l’a vue s’y confondre avec les libertins et le peuple. […] Le libertinage ne s’en accommoderait pas ; pourrait-il se résoudre à perdre le plaisir de la dissolution qu’il y va chercher ? […] Ils montent et descendent avec une adresse surprenante, d’étage en étage, de haut en bas, dans toutes les loges ; on les perd, ils reparaissent, etc. […] Cependant on perd le goût et l’esprit de son état ; les devoirs qu’on n’aime pas, se remplissent toujours mal. […] Tout cela mis dans une juste balance, il est démontré que le public, que la religion y perdent beaucoup plus qu’ils n’y gagnent.

37. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

laquelle se fait paraître plus, lors qu’il y a plus de danger de la perdre. […] laquelle d’ordinaire se perd en ses divertissements, et les bonnes âmes l’y conservent avec toute douceur, comme je dirai ci-après. […] C’est un grand trait d’imprudence, pour avoir un peu, perdre beaucoup ; et pour une récréation extérieure, perdre les intérieures ; pour un plaisir d’une heure, se mettre en danger de perdre les éternels, et d’encourir une cuisante peine ou au purgatoire, ou en l’enfer ; à l’un desquels infailliblement vous seriez condamnée, si sans avoir loisir de vous reconnaître, la mort vous trouvait en telle récréation, comme il peut arriver : Saint Cyprien a dit, « Que la plus grande volupté est d’avoir surmonté, et quitté la volupté » :59 aussi je vous dis, que la plus belle récréation est, d’avoir quitté telles récréations, on dit que l’herbe Sardonique fait mourir en riant ; les plaisirs pris en telles assemblées, vous chatouillent, et vous font rire, mais en riant ils vous tuent. […] Vous imiterez les bons Anges qui portent toujours leur Paradis, et leur béatitude avec eux, et quoiqu’ils soient dans cette misérable terre, parmi tant de pécheurs, ils ne perdent néanmoins jamais Dieu de vue, et ne sont point endommagés par eux. […] ou d’être cause que les autres l’offensent : l’amour que vous devez à Dieu, vous oblige à cela, trouvez quelque excuse pour vous en exempter ; le salut de votre âme, et de votre prochain, vaut bien plus que le plaisir d’une danse, c’est folie se mettre en danger de perdre celui-là, pour jouir de celle-ci.

38. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Ces mariages de théatre furent la plupart accompagnés de circonstances odieuses ou extravagantes ; il y perdit ses Etats, & se perdit lui-même. […] Ce triomphe figuratif ne dut pas plaire au Duc réellement chassé de ses Etats, & le vainqueur n’auroit rien perdu de sa gloire, en ne donnant pas cette comédie. […] Le Prince perdit tous les deux. […] Il est mort sans avoir pu recouvrer ses Etats, que les comédies de son oncle lui avoient fait perdre, & qui, après la mort du Roi Stanislas, ont été unis à la France. […] Il en fit à son retour en France, sans que l’expérience de tant de malheurs ait pu le rendre sage, ce qui le perdit par-tout.

39. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

une fille Chrétienne qui aura vécu dans la modestie, croyant qu’il lui est permis de prendre quelque chose d’extraordinaire, se met au hasard de se perdre. […] Parce qu’on y perd le temps que Dieu ne nous a donné que pour faire notre salut. 2. Parce qu’on y perd son argent, ce qui est une source nécessaire d’une infinité de crimes et de désordres. 3. Parce qu’on y perd la grâce de Dieu par les emportements auxquels on s’abandonne.

40. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

On y parle à la vérité de consolation et de joie, mais on n’y perd point de vue la tristesse qui les a précédées. […] Ceux que nous proposons ici pour modèle, parlaient dans des actes publics qui étaient vus de tout le monde, et ils ne faisaient point de difficulté d’y témoigner que ce qui causait leur joie dans2 l’Election de leur Pasteur était qu’il avait autant de mérite que celui qui venait de leur être enlevé, et qu’ils espéraient de retrouver dans le Successeur le même avantage qu’ils venaient de perdre avec le défunt, « Ut quidquid boni in illo amisimus, in hoc nos invenire indubitabiliter confidamus.

41. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XI. Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. » pp. 105-107

Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. […] Mais, quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le théâtre, il n’y aurait pas moins d’inconvénients, et, si j’ose le dire, moins de cruauté à leur donner, sur une matière si délicate, des leçons prématurées et infiniment dangereuses, et à leur faire encourir le risque de perdre leur innocence avant qu’ils sachent quel est son prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable.

42. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Si ces vérités glissent sur les scélérats décidés, elles trouvent dans le cœur des autres une entrée plus facile, elles s’y fortifient quand elles y étaient déjà gravées ; incapables, peut-être, de ramener les hommes perdus, elles sont au moins propres à empêcher les autres de se perdre ». […] De même qu’une lampe s’éteint lorsqu’on cesse d’y mettre de l’huile ; de même l’esprit & le talent se rouillent & se perdent lorsqu’on manque de les exercer. […] Que de jeunes-gens perdus pour leurs familles, par cette malheureuse facilité ! […] Rien de plus constant, ils corrompent, ils perdent entiérement les mœurs. […] Je frémis quand je pense qu’il ne faut qu’une misérable équivoque pour perdre une jeune personne de l’un ou de l’autre sexe.

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